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2473 LAMBRUSCHINI — LAMENNAIS, VIE : LA FORMATION 2474

dans les luttes avec la Prusse, furent publiés à Rome en 1838, et traduits en allemand -.Darlegung des Rechts und Thalbestandes mit authentischen Dokumenten als Antwort auf die Erklûrung der Kgl. preuszischen Regierung, Augsbourg, 1839. Lambruschini publia des écrits ascétiques, réunis en trois volumes, sous le titre Opère spiriluali, Rome, 1836, Venise, 1838-1839 ; et des Meditazioni suite virtu di santa Teresa, suit’Immacolato Concepimento di Maria, et Divozione al sacro cuore de Gesù, Venise, 1839 et 1844.

Hœfer, Nouvelle biographie générale, 1859, t. xxix, col. 175-176 ; Michaud, Biographie universelle, 2° édit., t. xffl, p. 61 ; Hurter, Nonienclator, 3e édit., t. v, col. 1189-1190 ; Kirchenlerikon, t. vii, col. 1345-1349 ; Realennjklopàdie, t. xi, p. 229-231 ; Gualterio, Gli ultimi rivolgimenti ilaliani, Memorie sloriche, Florence, 1852 ; Piantoni, Eulogio funèbre di L. Lambruschini, Rome, 1854 ; Farini, Le Stalo romano dall’anno 1815-1850, 3e édit., Florence, 1853, 1. 1, p. 78 sq. ; Broscli, Geschichte des Kirchenslaales, Gotha, 1882, t. ii, p. 354 sq.

L. Marchai, .

    1. LAMENNAIS (Félicité de)##


LAMENNAIS (Félicité de), philosophe et publiciste français (1782-1854). — I. Vie. — II. Œuvres, (col. 2199). — III. Doctrines (col. 2510).

I. Vie.

/, la formation, 1782-1816. — l" Première formation, 1782-1804. — Félicité-Robert, dit de La Mennais, et qui, à partir de 1827, signera simplement Lamennais, naquit à Saint-Malo, le 19 juin 1782. Sonfrère, Jean-Marie, était né le 8 septembre 1780. Leur mère mourut en 1787, laissant les cinq enfants qui lui restaient à la garde de sa sœur. Cf. Chr. Maréchal, La famille de Lamennais sous l’ancien régime et la Révolution, Paris, 1913. Par suite de toutes sortes de circonstances, la mort de sa mère, les affaires qui absorbaient son père, son caractère indiscipliné et sa santé à ménager, enfin les temps troublés qu’on traversait, la formation intellectuelle, morale et religieuse de l’enfant fut un peu abandonnée au hasard. On peut dire que Lamennais fut un autodidacte. « Livré à lui-même et altéré de savoir, le jeune Félicité ou Féli, comme on disait par abréviation, lut, travailla sans relâche et se forma seul. C’était à la campagne pendant les étés, chez un oncle qui avait une belle bibliothèque ; … tout y passait, tout intéressait l’enfant ; mais il goûtait les Essais de morale de Nicole plus que le reste ; à dix ans, il avait lu JeanJacques, mais sans trop en rien conclure contre la religion… Vers douze ans, il apprit le grec et parvint à le savoir assez bien sans autre secours que les livres, car il ne rentra plus jamais dans aucune école. » Sainte-Beuve, Portraits contemporains, Paris, 1888, 1. 1, p. 209-210. (L’article est de 1832). Les premiers biographes de Lamennais affirment unanimement que ces lectures imprudentes ébranlèrent la foi de l’enfant et l’empêchèrent de faire sa première communion, à l’âge ordinaire : la tradition paraît solide et l’hypothèse d’une première communion « privée », la solennité seule n’ayant pu avoir lieu à cause des circonstances (en 1793-4), n’a guère de chances de prévaloir. Cf. Anatole Feugère, Lamennais avant V « Essai sur l’indifférence », Paris, 1906, p. 26-27 ; Ad. Roussel, Lamennais et ses correspondants inconnus, Paris, 1912, p. 9-10.

Le jeune homme va continuer dix années encore (1794-1804) cette vie agitée, incertaine : il étudie les langues en vue du commerce à quoi son père le destine ; il fait de la musique, des sports ; surtout il lit, il rêve, il s’ennuie. Cf. Feugère, op. cit., c. n. Eut-il aussi son roman ? Sainte-Beuve, en 1832, croyait pouvoir l’insinuer .L’hypothèse, déjà mise en doute par Sainte-Beuve lui-même, est aujourd’hui abandonnée. Cf. Maréchal, La jeunesse de Lamennais, Paris, 1913, p. 42. Mais sa foi, que devint-elle parmi ces « divertissements » et ces dépressions mélancoliques ? Les meilleurs « ménaisiens » s’en rapportent aujourd’hui au juge ment bien informé de Sainte-Beuve : « L’âge des emportements et des passions survint ; il le passa, à ce qu’il paraît, dans un état, non pas d’irréligion (ceci est essentiel à remarquer), [la parenthèse est de Sainte-Beuve], mais de conviction rationnelle sans pratique. Le christianisme était devenu pour le bouillant jeune homme une opinion très probable qu’il défendait dans le monde, qu’il produisait en conversation, mais qui ne gouvernait plus son cœur ni sa vie. Ce retour imparfait n’eut lieu toutefois qu’après un premier chaos et au sortir des doutes tumultueux qui avaient pour un temps prévalu. » Op. cit., p. 211.

Conversion.

En 1804. Lamennais se convertit.

Que faut-il entendre par là ? S’agit-il d’une conversion morale, ou intellectuelle, ou de l’une et l’autre à la fois ? Sous quelles influences et dans quelles circonstances ? On ne peut donner de réponse catégorique à toutes ces questions. Voir M. Duine, La Mennais, Paris 1922, p. 9, Mgr Laveille, Jean-Marie de Lamennais, t. i, p. 47. Peut-être trouverait-on, en certaines pages de l’Essai sur l’indifférence et dans les deux lettres à M. Morton, 24 et 26 mai 1815, des indications précieuses sur la nature de la crise traversée alors par Lamennais et sur les motifs qui en amenèrent l’heureux dénouement, s’il est vrai que notre apologétique reflète et traduit inévitablement notre propre expérience. L’Essai sur l’indifférence deviendrait ainsi 1’ « histoire d’une âme ». Or qui ne découvrirait le mal dont souffre l’âme de Lamennais, dans cette page du tome n de l’Essai, Paris, 1829, où il analyse si bien le « mal du siècle » ? « Nos sociétés modernes… renferment dans leur sein une race d’hommes inconnus aux siècles précédents… Ces hommes ne sont pas irréligieux ; néanmoins quelque chose les empêche d’arriver à la religion… Vainement ils tâchent de sortir d’un doute qui les fatigue ; la certitude les fuit. Cependant ils connaissent les preuves de la religion ; elles leur paraissent solides, du moins ils n’essayent pas d’y rien opposer… Un instinct vague les presse de chercher sans fin, ils voudraient qu’on leur prouvât les preuves mêmes… » Op. cit., p. 7. N’est-ce pas sa propre psychologie que nous révèle ici l’auteur ? Lamennais est un douteur assoiffé de certitude et d’infaillibilité, et que la certitude fuit sans cesse ; il n’ose pas affirmer ou nier par lui-même, comme il n’ose pas prendre une décision par lui-même, nous le verrons bientôt lorsqu’il s’agira de sa vocation ; il a besoin que d’autres décident pour lui, et il conclut, en généralisant son cas personnel : l’homme a besoin de croire, d’obéir, de se soumettre. S’il est vrai que les lettres à M. Morton expriment les « motifs qui ont déterminé (Lamennais) dans le choix d’une religion, » on peut dire que, dès 1804, Lamennais était en possession de son systèi apologétique, sinon encore de son système philosophique, qui n’en est d’ailleurs lui-même qu’une généralisation. Cf. Feugère, op. cit., p. 45-53 ; Maréchal, p. 497-512.

3° Seconde formation, 180 1-1815. — De la conversion au sacerdoce (9 mars 1816), douze ans s’écouleront encore, que l’on peut appeler, si l’on veut, des années de formation, mais de quelle formation ! Si Lamennais a pénétré dans les séminaires à l’occasion de ses ordinations, ce n’est pas là qu’il a reçu sa formation ecclésiastique. La collège de Saint-Malo, où l’abbé Jean enseignait la théologie à quelques étudiants, où Féli entra en 1804 comme professeur de mathématiques ; puis la Chênaie de la fin de 1805 à la fin de 1807 ; Paris, où les deux frères passeront les six premiers mois de 1806, prenant contact avec Saint-Sulpice, M.Émery et MM. Duclaux.Teysseyre et Brute, et avec la Congrégation ; enfin de nouveau le collège de Saint-Malo de 1808 à 1810, et de nouveau la campagne de la Chênaie de 1810 à 1814 pour écrire l’ouvrage sur