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LAMBERT GUERRIC — LAMBRUSCHINI


une supplique en vue d’obtenir un poste de scriptor à la Sacrée Pénitencerie. Bien qu’il soit d’un caractère essentiellement intéressé, cet opuscule est précieux tout d’abord pour l’histoire de l’époque, par le jour qu’il ouvre sur les mouvements divers de l’opinion ecclésiastique au plus vif du conflit entre le pape et l’empereur, mais également pour la théologie. L’auteur y développe les thèses les plus absolues sur la plénitude du pouvoir pontifical.

D’après lui, le pape est spiritualis et temporalis dominas omnium terrenorum. On ne peut lui refuser ce droit sans tomber dans l’une de ces deux hérésies : ou que le Christ n’est pas le souverain universel de ses créatures, ou que le pape n’est pas le vicaire du Christ. Ce pouvoir se manifeste à l’origine de toutes les souverainetés par le rite du couronnement : l’empereur est couronné directement par le pape ; mais les autres souverains, le roi de France en particulier, le sont tanquam per summi pontificis vicarium. La sujétion des souverains est encore attestée par les serments qu’ils prêtent à l’Église et par les dîmes qu’ils lui paient « comme une sorte de tribut spirituel ». Constantin lui-même ne devint véritable empereur qu’après son baptême et sa célèbre Donatio ne fut, en réalité, qu’une restitution. Par toutes ces doctrines Lambert se rattache à ce groupe de théologiens extrémistes qui reprenaient contre Louis de Bavière la thèse d’un pouvoir direct du pape en matière politique déjà opposée sous Boniface VIII aux prétentions de Philippe le Bel. — Voir dans la suite les art. Megenberg, Opicino de Canistris, Pérouse (André de), Sciiilditz, Spiritaus, Ton.

Notice sur l’auteur et analyse de l’ouvrage dans R. Scholz, Unbekannie polilische Streitschriften aus der Zeil Ludwigs des Bayern, Rome, 1911, 1. 1, p. 60-70 ; texte publié avec des coupures considérables au t. ii, Rome, 1914, p. 154-168, d’après un ras. de la Ribliothcque nationale, I.at., n. 4370. I" 1-23.

J. Rivière.

    1. LAMBERTINI Prosper##


LAMBERTINI Prosper. Voir Benoit XIV.

    1. LAMBRUSCHINI Jean-Baptiste##


1. LAMBRUSCHINI Jean-Baptiste, théologien (1755-1826). — Frère aîné du cardinal, il est né à Gênes, le 28 août 1755, commence sa carrière ecclésiastique comme professeur de théologie au séminaire de Gênes. Il publia deux ouvrages : un résumé de théologie, divisé en trente-trois articles et intitulé : Theologia dogmatica, Gènes, 1788, et un traité De gratia, Gênes, 1789. Les troubles révolutionnaires interrompirent son enseignement. Opposé aux idées nouvelles, il fut enfermé à Savone, 1797, puis relâché, avec ordre de s’éloigner de Gênes. Il y rentra en 1799 pour remplir les fonctions de vicaire général ; bien Loi après, Pie VII le nommait évêque d’Azot in partibus et lui confiait l’administration du diocèse d’Orvieto, dont il devenait évêque en 1807. Très attaché aux droits de l’Église, il refusa de prêter le serinent exigé par Napoléon, ce qui lui valut de nouvelles rigueurs : il vécut exilé à Turin d’abord, puis à Bourg-en-Brcsse et à Belley. L’année 1814 lui rendit la liberté : il se retira à Orvielo, où il resta jusqu’à sa mort, 21 novembre 1825, donnant tous ses soins à ses devoirs épiscopaux, travaillant à la réforme religieuse de son diocèse. En plus des deux ouvrages de théologie, cités plus haut, il est l’auteur d’une Guida spirituelle parue a Vilerbe, en 1869.

Kirchenlei Ikon, t. vii, col, 1348-13 19 ; Hurler, Nomenclator, 3 « (’dit., i. v, col. sjssjd ; Gains, Geschichte der Kirche.I. Christi Im XIX Jahrh., Inspruck, 1853, t. ii, p. 530— : » : w.

L. Marchai..

    1. LAMBRUSCHINI Louis##


2. LAMBRUSCHINI Louis, cardinal, secrétaire d’État sous le pape Grégoire XVI (1776-1854).

— Il naquit à Gênes, le 6 mai 177C. Entré très jeune

chez les barnabites, il se signala par sa science, sa piété et son observance de la règle et ne tarda pas à s’élever aux plus hautes dignités de son ordre. Ses qualités attirèrent sur lui l’attention de la cour romaine : il devint consulteur de plusieurs congrégations, puis secrétaire de lu S. C. des Affaires extraordinaires, appelé ainsi à prendre part aux négociations des concordats avec la Bavière et avec Naples. Nommé archevêque de Gênes, en 1819, il écrit des lettres pastorales et prononce des discours demeurés célèbres.Quelques années après, en 1827, il est envoyé en qualité de nonce à Paris, où il remplit ses fonctions à la satisfaction de la cour romaine, jusqu’à la révolution de Juillet 1830.

Il fut le premier cardinal nommé par Grégoire XVI, 30 septembre 1831 : le nouveau pape voyait en lui un auxiliaire précieux pour le gouvernement de l’Église ; aussi, lorsqu’il dut se séparer du cardinal Bernetti, antipathique à l’Autriche, n’hésita-t-il pas à offrir la charge de secrétaire d’État au cardinal Lambruschini. La situation était des plus difficiles : les États pontificaux s’étaient révoltés à plusieurs reprises depuis 1830 ; les puissances, l’Autriche et la France, cherchaient toutes les occasions d’intervenir en Italie ; les Romains, trouvant exagéré le nombre des Piémontais au Sacré-Collège, étaient mécontents de la nomination d’un nouveau Piémontais à ce poste si important de la secrétairie d’État. Lambruschini sut s’imposer : il peut prendre une des premières places parmi les hommes d’État du Saint-Siège au xixe siècle.

Au point de vue politique, il s’inspire des mêmes idées absolutistes que Grégoire XVI, opposé comme lui au libéralisme et aux idées nouvelles, exagérant même sur ce point la prudence nécessaire : lorsque Lacordaire voudra rétablir en France l’ordre des Frères prêcheurs, il ne trouvera pas auprès du cardinal secrétaire d’État tout l’appui qu’il était en droit d’espérer. Il revendiquera toujours avec la plus grande énergie les droits du Saint-Siège en face des puissances, ainsi dans ses écrits diplomatiques relatifs à l’affaire de Cologne.

Son activité et son influence politique prirent fin avec l’élévation au trône de Pie IX. Au premier tour de scrutin pour l’élection du successeur de Grégoire XVI, les cardinaux donnèrent dix-sept voix au secrétaire d’État ; mais dans les trois tours suivants, ses voix diminuèrent au profit du cardinal Mastaï Ferrctti, 14-16 juin 1846. Les débuts du nouveau pontificat allaient être, au point de vue politique, l’opposé du précédent ; Pie IX voulait faire l’essai des idées que Grégoire XVI et Lambruschini avaient combattues. Lambruschini fut nommé par le pape membre de la Consulte d’État nouvellement instituée, et confirmé dans ses fonctions de secrétaire des brefs pontificaux et de bibliothécaire du Vatican. La révolution romaine de 1848 fut particulièrement dure pour l’ancien secrétaire d’État : les révolutionnaires poursuivirent en lui avec une haine furieuse l’homme d’État absolutiste et le partisan de l’Autriche. Il réussit à se sauver, vêtu, dit-on, en palefrenier, et à gagner Gaète, pour revenir à Rome, en 1850, avec le pape. Il mourut le 12 mai 1854, et fut enterré, suivant son désir, dans l’église du couvent des barnabites de Calinari, où il avait vécu longtemps comme simple moine. Les nombreuses dignités du cardinal Lambruschini, préfet de la S. C. des Rites, évêque de Civitta-Vecchia. Ste-Ruline et Porto, sous-doyen du Sacré Collège, abbé de Santa.Maria di Farfa, grand prieur des Johannites, protecteur d’un grand nombre de communautés, ne nuisirent pas à sa simplicité : il vécut toujours avec l’austérité qui convient à un moine.

Les lettres et les documents du secrétaire d’État