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LA MARCHE

LA MARE

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LA MARCHE (Jean-François de), né dans le diocèse de Quimper, le 21 octobre 1700, entra dans la Compagnie de Jésus, le 21 septembre 1714, enseigna les mathématiques et la philosophie, dirigea l’œuvre des retraites à Nantes de 1736 à 1757. Envoyé en 1761 comme visiteur aux Antilles, pour informer sur la conduite du P. Lavalette, il rendit contre celui-ci une sentence motivée, le 25 avril 1762, l’interdit et le fit rentrer en Europe. Voir C. de Rochemonteix, Le P. Antoine Lavalette à la Martinique d’après beaucoup de documents inédits, Paris, 1907, p. 246-276. Le P. de la Marche mourut à la Martinique, le 16 octobre 1762. II a écrit divers ouvrages de piété, entre autres des Instructions dogmatiques et morales sur les indulgences et sur le jubilé, Nantes, 1751.

La théologie lui est redevable d’un important travail d’apologétique : La foi justifiée de tout reproche de contradiction avec la raison et l’incrédulité convaincue d’être en contradiction avec la révélation, avec une Analyse de la foi, in-12, Paris, 1762. Cet ouvrage eut plusieurs éditions et a été reproduit dans les Démonstrations évangéliques de Migne, Paris, 1843, t. xi, col. 8511008 ; mais dans l’édition de Besançon, 1817, puis dans la réimpression de Migne, l’auteur est appelé à tort Delamare. Il ne satisfit pas les jansénistes et fut vivement attaqué par l’un deux, l’abbé Pelvert, dans les Lettres où l’on examine la doctrine de quelques écrivains modernes contre les incrédules, 1776, p. 727.

Année lilléraire, 1762, 1. 1, p. 193-202 ; Journal des savants 1762, p. 451-60 ; Mémoires de Trévoux, 1762, p. 717-27, 1119-37 ; Sommervogel, Bibliothèque de la Cie de Jésus, t. v, col. 523 sq.

P. Bernard.

LA MARE (Guillaume de) appartient à la province franciscaine d’Angleterre. Le ms. 141, ꝟ. 1 r° de la bibliothèque municipale de Todi le dit explicitement : Hoc est (correctorium) theologiæ doctoris fralris Guillelmi de Marra, Anglici natione. Ehrle, Dcr Kampf um die Lehre des ni. Thomas von Aquin dans la Zeitschrift j. kath. Theol., 1913, p. 266-318. Malgré ses origines, la Mare enseigna habituellement en France, comme régent de l’école franciscaine de Paris. Le fait est attesté entre autres par le ms. 7 cod. theol. 100 de la Bibliothèque d’État de Stuttgart, où se trouve une partie de ses Quæstiones disputatse. On y lit en effet l’inscription suivante : Incipiunt quæstiones disputatoe et delerminatæ a magistro Wilhelmo Anglico, ordine fratrum minorum, tune régente Parisius. La date à laquelle il commença son enseignement est inconnue ; toutefois ses Questions disputées et son Commentaire sur le livre des Sentences de saint Bonavenlure sont certainement antérieurs aux crises doctrinales de 1270 et de 1277 auxquelles ils ne font point allusion. Le ms. A. Il de la bibliothèque ambrosienne de Milan, recueil de discours sacrés prononcés entre 1260 et 1270, conserve un sermon de La Mare prêché à Lincoln en présence du clergé. P. Fidèle de Fana, O.F.M., Ratio novæ collectionis operum omnium S. Bonaventuræ, Turin, 1874, p. 97. Après les condamnations parisiennes de 1277, Guillaume de La Marc rédigea son (Uirrcctorium fralris Thomæ. Ehrle, loc. cit., p. 273. Dans un recueil de sermons prononcés entre 1281 et 1283 et conservés dans le ms. 1788, ꝟ. 113, de la Bibliothèque de Troyes, il est encore appelé regens in theologia. D’après M. Lecoy de la Marche, La chaire française au Moyen Age, 2° édil., Paris, 1886, p. 151, La Mare a vécu jusque vers 1290.

Guillaume de La Mare n’csl pas nu écrivain de second ordre, mais une des personnalités scientifiques les plus remarquables du xm° siècle : il est de l’école de saint Bonaventure et de Roger Bacon. Son principal ouvrage scolastique est un Commentaire sur le livre des Sentences du Docteur Séraphique. Les deux pre miers livres, conservés dans deux traditions manuscrites différentes, se trouvent dans le cod. 59 de la bibliothèque communale de Todi et le ms. Conv. Sopp.A 2. 727 de la Bibliothèque nationale de Florence. Longpré, Guillaume de la Mare, dans La France franciscaine, 1921, t. iv, p. 288-302. D’après les indications de M. Molinier, Catalogue général des mss. des bibliothèques publiques des départements, t. vii, Toulouse, Paris, 1885, p. 159, le même ouvrage se trouve, mais anonyme, dans le cod. 252 de Toulouse, ꝟ. 1-157. Il n’est pas établi que le Commentaire sur le troisième livre des Sentences contenu dans le ms. Conv. Sopp. F 4. 728 de la Bibliothèque nationale de Florence soit réellement de La Mare. Longpré, loc. cit., p. 294-295. Dans cet ouvrage très considérable, Guillaume de La Mare expose saint Bonaventure et le complète ; il défend les thèses traditionnelles de l’augustinisme médiéval. L’écrit est d’une grande importance pour l’interprétation et l’histoire de la pensée bonaventurienne. Dès le xiiie siècle, on le jugeait ainsi puisque le ms. 39 de la bibliothèque communale de Todi, le plus ancien ms. du Commentaire de saint Bonaventure, voir Opéra omnia, Quaracchi, 1882, 1. 1, p. Lxxvii, porte en marge plusieurs explications ou questions de La Mare.

Selon les règlements scolaires de l’époque, le docteur franciscain rédigea aussi des Quæstiones disputatæ. Longpré, op. cit., 1922, t. v, p. 289-306. Elles se trouvent en tout ou en parties dans plusieurs mss : Rome, Borgh Lat. 361, ꝟ. 128 r°-167 r° ; Florence, bibl. Laur., plut, xrn sin, cod. 7, ꝟ. 1 r°-26 T° ; plut. XV il sin. cod. S, f°147 r° ; Stuttgart, bibl. publ. ms. 7, cod. theol. 160, etc. Des arguments internes de grande valeur permettent aussi de croire que La Mare est l’auteur d’un autre groupe important de Quæstiones disputatæ contenu dans le ms. Conv. Sopp. B 6.912, f° l-55r°de la Bibliothèque nationale de Florence et de huit autres Questions conservées actuellement dans le ms. 174, ꝟ. 26 r°32r°de la bibliothèque municipale d’Assise. Longpré. loc. cit., p. 295-296.

A ces écrits s’ajoute le Correctorium fralris Thomæ. Dans cet ouvrage, Guillaume de La Mare examine 118 propositions de saint Thomas d’Aquin ; les thèses qu’il leur oppose sont empruntées à saint Bonaventure et sont enseignées à la même époque par Peckam. Mathieu d’Aquasparla, le docteur Gauthier de Bruges, les disciples authentiques du Docteur Séraphique. Aussi est-ce justement que Matthieu Ferchi, O.M. Conv., De Angelis ad mentem S. Bonavenluræ, Padoue, 1658, p. 466, appelle La Mare singularis Divi Bonavenluræ defensor, qui et Bonaventuræ defensorium scripsit. La critique de Guillaume La Mare est serrée, objective et courtoise. Ehrle, loc. cit., p. 278. L’ouvrage, édite en 1501, est conservé encore aujourd’hui dans plusieurs mss. Ehrle, p. 274-277, 316-317, en a fait la liste : aux mss. qu’il signale, il faut ajouter le cod. Oltob. 184, î° 235r<>-286v°. Il existe même un fragment d’une seconde rédaction, peut-être due à La Mare. dans le Val. lat. 10 : ’. Ehrle, p. 306-309. L’ouvrage donna lieu a une grande controverse entre les écoles franciscaine et dominicaine. Ehrle, loc. cit. ; Grabmann, Le Correctorium corruptorii de Jean Quidorl, dans Revue néo-scolastique, Louvain, 1912, t. xix. p. 404-418 ; P. Mandonnet, (). P., Premiers travaux de polémique thomiste, dans Revue des sciences philosophiques et théologiques, 1913, t. vii, p. 46-49.

Les études bibliques de Guillaume La.Mare, beau coup plus importantes encore, le placent au premier rang des savants du Moyen Age. s. Berger, Qiiain notifiant lingute hebraicte habuerini christiani Medii JEoi temporibus in (, allia. Paris. IN 1.) :  !, p. 32-45 ; Dcnille. O. P., Die Handschrlften der Bibl. Corrcctorien des XIII Jahrhunderts. dans Archiv. fur I.ittcr. und Kit chengeschichte des M. A., 1888, t. iv, p. 265, 295-298,