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LALLEMANT LOUIS — LALLOUETTE


forme et dont certaines nuances ont pu échapper à l’un ou l’autre de ses auditeurs.

IV. L’école. — On a parlé d’une école Lallemant ; mais, comme on en convient, « cette école a fait peu de bruit ; les contemporains l’ont à peine remarquée… Aucune organisation ; rien de sensible ; pas de bannières déployées ; pas de cri de guerre. Au lieu de publier leur doctrine, ils se contentent de la vivre et de régler sur elle leur ministère. » Bremond, op. cit., p. 469.

Ecole ou non, il est certain, au dire du P. Champion, que « le P. Lallemant eut pour disciples les hommes les plus intérieurs et les plus spirituels que la Compagnie ait eus (à cette époque), et que tous ceux qui ont fait sous lui leur premier ou leur second noviciat se sont communément distingués des autres par une conduite religieuse qui répondait aux excellentes leçons qu’ils avaient apprises de lui, » p. 37.

Dans cette pléiade, il faut au moins signaler le P. Jean Rigoleuc (1595-1658) et le P. Jean— Joseph Surin (1600-1665).

Le P. Rigoleuc, un modeste, d’une incontestable valeur, se dépensa sans bruit dans les humbles fonctions de l’enseignement et des missions bretonnes. Il serait inconnu de la postérité, si l’on n’avait publié, un tiers de siècle après sa mort, les notes qu’il avait recueillies et les traités spirituels qu’il avait lui-même composés. Ses notes nous ont conservé à peu près tout ce que nous connaissons de la doctrine du P. Lallemant. Ses traités qui s’inspirent habituellement de cette doctrine, sont remarquables de clarté, de sagesse et de piété. Cependant son culte pour le maître n’allait pas jusqu’à enchaîner son jugement personnel. C’est ainsi qu’au sujet de l’oraison il donne une note assez différente de celle qu’il avait entendue au pied de la chaire de Lallemant. « Il y a des âmes, dit-il, pour qui Dieu n’a que des grâces communes, et qu’il a résolu de ne conduire que par la voie ordinaire pour des raisons qui nous sont cachées, mais qui tendent à sa gloire et au bien de ces âmes… Après tout, ajoute-t-il, il y a plusieurs saints dans le ciel qui n’ont jamais marché que dans le train commun, et cependant qui n’ont pas laissé d’arriver à la perfection. » La vie du P. L. Rigoleuc, 4° édit., 1739, p. 327, 330. Dans les traités du P. Rigoleuc, les pages peut-être les plus remarquables sont celles où il traite de l’oraison de silence, cette oraison qui tient le milieu entre l’oraison affective et la contemplation infuse.

Le P. Surin est le plus célèbre des disciples du P. Lallemant. Il est connu comme exorciste de Loudun et comme auteur de spiritualité. C’est lui, semble-t-il, qui s’est montré le plus fidèle à l’esprit et à la doctrine du maître. Il écrit à propos des états mystiques, en deçà des visions, extases, etc. : « En quelque sens, on peut dire à chacun qu’il y peut atteindre et que c’est sa faute s’il n’y parvient pas. » Traité, de l’amour de Dieu, 1879, t. III, c. i, p. 116. On a du P. Surin un certain nombre d’ouvrages fort remarquables, où il traite les questions les plus délicates de l’ascétisme et de la mystique. Le Catéchisme spirituel, publié sans la révision des supérieurs, et, au dire de l’auteur, sans sa propre permission, a été mis à l’Index, dans une traduction italienne, en 1695.

On a rattaché à l’école Lallemant deux auteurs spirituels d’un véritable mérite, appartenant à la Compagnie de Jésus, le P. Jean-Pierre de Caussade (16931751) et le P. Nicolas Grou (1731-1803). Il est difficile de montrer que ces deux auteurs dépendent du P. Lallemant ; mais, comme lui, ils ont traité de la vie intérieures comme lui, il ; ont cherché à orienter toutes les âmes vers la contemplation ; comme lui, enfin, ils ont été soupçonnés de quelque tendance vers le sémi-quiélisme. Le P. Grou a reconnu loyalement la justesse des observations que provoqua la première édition de ses Médi tations sur l’amour de Dieu. Il disait, en tête d’une nouvelle édition, qu’il avait préparée, mais qui n’a été publiée qu’en 1903 : « Cette retraite a essuyé quelques critiques, et j’avoue sans peine que j’y ai donné lieu, à quelques égards, par des expressions peu correctes et pas assez précises » page xii.

Darls les éditions qu’ils ont données de leurs œuvres, le P. Ramière pour le P. de Caussade, le P. Cadrés et le P. Aug. Hamon, pour le P. Grou, se sont crus obligés de faire des corrections ou d’accompagner le texte de notes explicatives pour rendre inoffensive la lecture de livres qui sont excellents dans leur ensemble. Cf. Poulain, Des grâces d’oraison, c. xxvii, n. 28.

Pour la biographie du P. Lallemant, voir la notice que le P. Champion a mise en tête de son édition ; voir également Bremond, Histoire littéraire du sentiment religieux en France, t. v, p. 1-G5.

Édition Champion : La vie et la doctrine spirituelle du Père Louis Lallemant de la Cie de Jésus, 1091, Michallet, Paris. Ce texte a passé intégralement dans les éditions suivantes, mais avec des fautes assez nombreuses. Ces fautes ont disparu dans l’édition Pottier, 1924, Paris, qui reproduit fidèlement le texte primitif, en l’accompagnant de notes historiques et doctrinales. Cf. Sommervogel, Bi Wi’o(/ ? èçue de la Compagnie de Jésus, t.iv, col. f 409, et appendice, p. xiv ; t. ix, col. 566.

Pierre Bouvier

LALLOUETTE Ambroise (1656-1734), né à Paris en 1656, ordonné prêtre en décembre 1679, entra à l’Oratoire le 12 octobre 1681 et fut employé quelque temps dans les séminaires oratoriens de Montpellier, Grenoble et Orléans. Il sortit de la communauté de l’Oratoire en 1687, et, à partir de cette date, il publia quelques écrits ordinairement très courts et en style très sec. Il devint prêtre habitué à la paroisse Saint-Eustache ; il y mourut le 9 mai 1724.

On a de lui : Discours sur la présence réelle et sur la communion sous une seule espèce, in-16, Paris, 1687. Ces deux sermons sont dédiés aux nouveaux convertis de France. — Histoire des traduclions françaises de l’Écriture Sainte, tant manuscrites qu’imprimées, soit par les catholiques, soit par les protestants, avec les changements que les protestants y ont faits en différents temps, dont on donne la preuve, en marquant les bibliothèques de Paris où elles se trouvent, in-16, Paris, 1692 (voir le Journal des Savants, du 1 er juin 1693, p. 191201). Dans cet écrit fait pour les Nouveaux Réunis, l’auteur déclare qu’il s’est inspiré de Genève plagiaire du P. Cotton, mais qu’il a consulté les originaux. Il ne parle ni de la Bible de Sacy, ni de la Version de Mons, mais il cite le livre des Réflexions morales de Quesnel. L’ouvrage se termine par des Avis aux nouveaux catholiques pour lire utilement l’Évangile. Cet appendice a été publié séparément sous le titre : Avis pour lire l’Évangile avec de courtes réflexions pour tous les jours de l’année, sur les Évangiles choisis dans le nouveau missel de Paris, in-16, Paris, 1695. — Addition au livre intitulé : Histoire des traductions françaises de l’Écriture Sainte et des avis et réflexions pour les lire ; paroles dictées par le Saint-Esprit dans la sainte Bible et expliquées par les saints Pères, sur le luxe et les chansons mondaines, in-16, Paris, 1696. — Histoire des ouvrages sur la comédie et l’opéra, d’après le Journal des savants de 1698. Lelong, dans sa Bibliothèque historique de la France, t. iv, supplément, n° 47 779, cite l’ouvrage suivant : Histoire et abrégé des ouvrages latins, italiens et français, pour et contre la comédie et l’opéra, in-12, Orléans, 1097. — Extraits des ouvrages de plusieurs Pères de l’Église et auteurs modernes, sur différents points de monde, sur les mauvais livres, sur les peintures dangereuses, sur les spectacles, sur le luxe, in-12, Paris, 1710. Barbier parle d’une édition de 1694. (Journal des savants, du 6 mai 1697, p. 198-199). — Abrégé de la vie de la Révérende Mère Marie-Catherine-