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LALLEMANT JACQUES-PHILIPPE

LALLEMANT LOUIS

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nais ne sont qu’une contrefaçon de celle du P. Lallemant. — Retraites spirituelles pour les personnes religieuses, in-12, Paris, 1746. Dans les Œuvres de Fénelon on trouve 41 lettres du P. Lallemant, écrites du 7 mars 1. Il au 21 février 1714 ; elles se trouvent aux t. vii et viii de l’édition en 12 vol. in-8°, Lille, 1851, et se rapportent presque toutes au jansénisme. Dans sa correspondance, Fénelon désigne le P. Lallemant sous le pseudonyme de M. Colin.

Les jansénistes attribuent au P. Lallemant le mandement de Mgr Vintimille de 1732 contre les Nouvelles ecclésiastiques. Il aurait composé ce mandement en collaboration avec le P. Berruyer à Auteuil, chez la Dame Galpin, « célèbre par les fréquentes assemblées des plus illustres molinistes ». Nouvelles ecclésiastiques du 18 juin 1732, p. 117.

Le P. Lallemant travailla probablement à la rédaction du Supplément aux Nouvelles ecclésiastiques que les jésuites firent paraître de 1734 à 1748 pour prendre le contre-pied du journal janséniste. De plus, il a révisé les Mémoires chronologiques et dogmatiques du P. d’Avrigny.

Michaud, Biographie universelle, t. xxii, p. 535-636 ; Hoefer, Nouvelle biographie générale, t. xxix, col. 11-12 ; Quérard, La France littéraire, t. iv, p. 462-463 ; Chaudon et Delandine, Dictionnaire historique, critique et bibliographique, t. ix, p. 457 ; Sommervoftel, Bibliothèque de la Cie de Jésus, t. iv, col. 1387-1400 ; Abbé Mullier, L’esprit de P. Lallemant, extrait des Réflexions morales sur le Nouveau Testament de Notre-Seigneur, in-12’, Tournai, 1764.

J. Carreyre.

    1. LALLEMANT Louis##


2. LALLEMANT Louis, jésuite français, a créé au xviie siècle, un mouvement d’ascétisme et de mystique peu étendu mais très caractérisé. I. L’homme. IL Le livre. III. La doctrine. IV. L’école.

I. L’homme. — Le P. Louis Lallemant, né à Châlonssur-Marne en 1588 (ou 1587), entra, en 1605, au noviciat des jésuites de Nancy. Son noviciat terminé, il suivit les cours de philosophie et de théologie à l’Université de Pont-à-Mousson, et enseigna lui-même la philosophie pendant trois ans au collège de La Flèche. Il fut ensuite appliqué à la prédication, d’abord dans la résidence de Bourges, puis dans celle de Rouen, où il devint maître des novices de 1622 à 1625. Après une année, qu’il passa à Paris comme professeur de théologie scolastique, il revint à Rouen, pour y diriger ce second noviciat que saint Ignace ménage aux prêtres de sa Compagnie, à la fin de leurs études, avant de les autoriser à prononcer leurs derniers vœux. C’est alors que le P. Lallemant donna cette série de conférences dont la substance nous a été conservée dans le livre intitulé : La vie et la doctrine spirituelle du P. Louis Lallemant. Obligé par la fatigue d’interrompre cet enseignement, il retourna à Bourges, où il mourut en 1635, à l’âge de quarante-sept ans.

Le P. Lallemant a laissé la réputation d’un homme de Dieu, absolument mort à lui-même, animé du plus pur esprit surnaturel et favorisé de grâces d’oraison plus qu’ordinaires. Il fut l’un des plus ardents promoteurs du culte de saint Joseph, il avait fait le vœu du plus parfait et les âmes avancées dans les voies intérieures recouraient à lui comme à un oracle.

II. Le Livre.

Le P. Lallemant n’a rien publié lui-même et aucun de ses écrits ne nous est parvenu. I)c son enseignement nous ne connaissons que les notes prises par deux de ses disciples, le 1°. Surin et surtout le P. Rigoleuc. Les notes du P. Rigoleuc étaient assez abondantes. A sa mort, elles passèrent entre les mains du P. Huby, le grand Initiateur des retraites fermées en Bretagne. Celui-ci comprit la valeur du trésor dont il étail dépositaire ; mais, absorbé par

ses travaux apostoliques, il ne disposait pas du

temps Indispensable pour revoir, classer et publier ces

précieuses notes. Il les confl.i au P. Champion, qui fut attaché à’la maison de Nantes pendant les vingt dernières années de sa vie (1680-1701). C’est le P. Champion qui publia, en 1694, les notes du P. Rigoleuc, précédées d’une biographie du P. Lallemant et suivies d’une sorte d’appendice contenant les notes du P. Surin, découvertes trop tard pour être fondues avec les premières.

Dans le texte de cette édition, quelle part revient au P. Lallemant, au P. Rigoleuc et au P. Champion ? En prenant des notes, soit au pied de la chaire, soit à la suite des conférences du maître, le P. Rigoleuc a-t-il toujours reproduit exactement toute sa pensée et uniquement sa pensée ? Que faut-il croire de cette affirmation inquiétante du P. Champion que le P. Rigoleuc, en recueillant la doctrine spirituelle du P. Lallemant, « loin de lui rien ôter de sa force et de son onction, lui en a plutôt ajouté » ? La vie et la doctrine spirituelle du P. Louis Lallemant, édition Pottier, 1924, p. 7-8. De son côté, le P. Champion, qui, huit ans auparavant (1686), publiait les œuvres du P. Rigoleuc, et, de son propre aveu, les corrigeait pour donner au style l’exactitude et la pureté qu’on recherchait si fort de son temps, mais de telle manière, assure-t-il, qu’il n’a rien changé à la pensée, (La vie du P. Jean Rigoleuc, 4e édit., 1739, préface), n’a-t-il pas fait le même travail sur des notes qui remontaient à plus de soixante ans ? A cette même époque, le P. Brignon donnait une édition de Y Introduction à la vie dévote de saint François de Sales, et se croyait obligé lui aussi d’en rajeunir le style. Ce sont des problèmes qui prêtent à des conjectures plus ou moins plausibles, mais qui, faute de documents, ne recevront jamais de solutions certaines. Ce qu’on peut affirmer, c’est qu’en 1630, plus de vingt ans avant les premiers sermons de Bossuet, le P. Lallemant ne parlait pas la langue dans laquelle sa doctrine nous a été transmise. On n’y trouve ni les expressions ni les tours qu’on rencontre jusqu’au milieu du xviie siècle dans tous les écrivains français, notamment dans le P. Saint-Jure, né la même année que le P. Lallemant.

Pour offrir au public les notes du P. Rigoleuc, il semble même que le P. Champion ne se contenta pas de leur enlever leur forme archaïque, il voulut les mettre en ordre, il réunit celles qui se rapportaient au même sujet, et il les distribua en sept parties, qu’il désigna sous le nom de Principes, s’inspirant vraisemblablement du P. Saint-Jure qui, un demi-siècle auparavant, avait divisé en huit Principes la seconde partie de L’homme spirituel. Chaque principe eut ses divisions et ses subdivisions, avec des titres correspondant, d’une façon plus ou moins heureuse, à chacun de ces multiples fragments. C’est ainsi que ces notes nous sont parvenues, sans qu’on puisse savoir au juste dans quelle mesure la pensée du premier auteur a été conservée ou modifiée, après ces copies, ces transpositions et ces rajeunissements.

Il faut donc en prendre son parti, ce n’est plus telle qu’elle a été enseignée, c’est telle qu’elle est contenue dans le texte du P. Champion qu’on doit désormais juger et au besoin discuter la Doctrine spirituelle du P. Lallemant.

III. La Doctrine.

Le P. Champion annonce clairement en tête de son édition, la distribution qu’il a cru devoir adopter : « Tout ce que le P. Rigoleuc a recueilli des instructions de son directeur, le P. Lallemant, touchant la vie spirituelle, se peut réduire â sept principes : la vue de la liii, l’idée de la perfection, la pureté de cœur, la docilité â la conduite du Saint-Esprit, le recueillement ou la vie intérieure, l’union avec Noire-Seigneur et l’ordre ou les degrés de la vie spirituelle, » p. 51.

A travers ces différents sujets, la pensée dominante