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LALANDE — LA LANE


moment ses actes, ses discours ou ses écrits furent tous ridiculisés ou attaqués ; ainsi la Lettre pastorale de M. l’évêque du département de la Meurthe qui fixe l’ouverture de son séminaire au 12 novembre prochain, 9 p. in-4°, Nancy, 1791, datée du 22 octobre, provoqua une acerbe réponse de 61 p. in-8°, intitulée : La mèche éventée ou Réponse d’un sous-diacre à la lettre pastorale de M. Lalande, du 22 octobre, qui fixe l’ouverture de son séminaire et qui invite les jeunes ecclésiastiques à s’y rendre, et attribuée à M. Jacquemin. Voir col. 259260, et Mangenot, Mgr Jacquemin, Nancy, 1892, p. 42. Découragé, Lalande regagnait Paris le 16 novembre et de là, le 16 décembre, adressait sa démission au procureur général-syndic de la Meurthe. Mais on le faisait encore revenir sur sa décision ; il rentrait à Nancy et le 14 février 1792 publiait son mandement de carême. « S a fuite » comme l’on disait, avait encouragé l’opposition ; elle redoubla donc ses attaques, jusqu’à la dispersion des réfractaires qui coïncida avec l’entrée de Lalande à la Convention.

Voici les principales publications de Lalande durant cette période : Discours prononcé lors de la bénédiction des drapeaux de la garde nationale, le 18 mars 1792, 4 p. in-4°, Nancy, 1792 ; Réponse à un libelle anonyme qui a pour titre : Parallèle des principes de M. Lalande avec ceux des hérétiques et des catholiques, 48 p. in-8°, Nancy, 1792. Le Parallèle, 32 p. in-8°, encore attribué à l’abbé Jacquemin, Mangenot, op. cit., p. 43, continue l’attaque de Durez et s’en prend au mandement de carême de 1792 ; Lettre pastorale de M. l’évêque… qui ordonne des prières pour la prospérité des armes de la France, 8 p. in-4°, Nancy, 1792 ; Éloge funèbre de Jacques— Guillaume Simoneau, maire d’Étampes, prononcé le 3 juin dans l’église cathédrale de Nancy, 8 p. in-4°, Nancy, 1792 ; Discours prononcé par M. Lalande. .. au moment de la fédération du 14 juillet 1792, 4 p. in-4°, Nancy ; Lettre de M. l’évêque de Nancy sur l’injustice et la nullité des excommunications dont la cour de Rome menace l’Église de France, 43 p. in-4°, Paris, 1792. Cette brochure, adressée à toute l’Église constitutionelle, répondait au bref Novæ hse litteree. du 19 mars 1792, qu’une Ordonnance commune des évêques de Metz, Verdun, Toul et Nancy, datée du 22 avril 1792, avait fait connaître dans le département de la Meurthe.

A la Convention, Lalande fut parmi les modérés. Le 15 janvier 1793, il refusa de se prononcer sur la culpabilité de Louis XVI, ne se reconnaissant pas juge, et vota l’appel au peuple ; le 16, il demanda la réclusion, puis le bannissement le plus prompt, et le 19, le sursis. Mais le 17 brumaire an II (7 novembre 1793), il envoyait à la Convention, avec son anneau et sa croix pastorale, une lettre de démission où il disait : « J’abdique pour toujours les fonctions du ministère ecclésiastique et je ne veux plus que propager les dogmes éternels de la nature et de la raison. » Il demeura sécularisé après la Terreur. Non réélu dans la Meurthe, mais élu dans l’Eure aux élections pour le Corps législatif en l’an III, il fit partie du Conseil des Cinq-Cents jusqu’au 1 er prairial an VI. Le Directoire le nomma alors archiviste du département de la police. En 1801, M. Émery l’engage à écrire au pape une lettre de soumission. Accablé d’infirmités, il mourut, quatre ans après, 27 février 1805, réconcilié avec l’Église et dans les pratiques d’une réelle piété.

Archives de Meurthe-et-Moselle, série L ; Journaux : Le Moniteur, Journal du département de la Meurthe, Journal des frontières, Nouvelles ecclésiastiques ; Guillaume, Histoire du diocèse de Toul et de celui de Nancy, t. v, 1867 ; E. Martin, Histoire des diocèses de Nancy, de Toul et de Saint-Diè, t. iii, 1893 ; Pis ; ini, Répertoire tnonraphique de l’épiscopat constitutionnel, Paris, 1907, p. 214-218 ; Plistor, Les députés de la Meurthe sous la Révolution, dîins Mémoires de la Société d’archéolonie lorraine, t. ixi, 1911, p. 364-370.

C. Constantin.

LA LANE ou LALANNE (Noël de), (16181673), né à Paris en 1618, docteur de Navarre et abbé de Notre-Dame de Valcroissant, près de Die, se montra un des plus ardents défenseurs du jansénisme, jusqu’à la paix de Clément IX en 1668. Il fut délégué à Rome en 1652 pour défendre l’Augustinus avec Gorin de Saint-Amour, Brousse et Angran (voir ci-dessus, col. 475-476). Le Journal de Saint-Amour lui attribue une place importante dans l’accomplissement de cette mission : il fit devant le pape une harangue très éloquente, reproduite par le Journal, part V, c. ii, iii, iv, p. 461-469. Revenu en France, il s’attacha à montrer que les cinq propositions condamnées par Rome n’étaient point dans VAugustinus et il fut un des plus zélés à soutenir la distinction du fait et du droit. En 1663, il négocia avec le P. Ferrier, jésuite, et l’abbé Girard, pour l’accommodement. Voir G. Hermant, Mémoires, édit. Gazier, t. vi, p. 49-56, 61-62, 98-106, 132-135, 140-142, 220-223, 420-423, 448-450. La paix de Clément IX, en 1668, mit fin à la publication des écrits de La Lane ; celui-ci d’ailleurs mourut à Paris le 23 février 1673.

Les écrits que La Lane a composés en faveur du jansénisme sont très nombreux. Moréri en cite 36 et la liste qu’il donne est certainement incomplète. Voici la liste des principaux par ordre chronologique ; leur titre, ordinairement très développé, en indique le contenu :

Conditiones propositæ ac poslulatse a docloribus Facultatis theologicse Parisiensis ad examen de gratiee doctrina, in-4°, s. L, 1649, en collaboration avec Jean Bourgeois, abbé de la Merci-Dieu en Poitou, qui traduisit l’ouvrage en français. — Défense de saint Augustin, contre un sermon prêché par le P. Adam, jésuite, le second jeudi de carême de l’année 1650, in-4°, s. 1.,

— Disserlatio de initio piee voluntatis in qua divinse ad operandum gratiæ efficacia ex S. Augustino, hoc est, Ecclesiæ catholicæ et romanse doctrina demonstratur, ac exponuntur S. Augustini teslimonia quibus Alph. Le Moyne ulitur in tractatu de gralia quem, anno 1647, in scholis Sorbonæ prodidit ut probaret gratiam generalem ad orandum sufficientem ac libero arbitrio subjectam, in-4°, s. 1., 1650. — Notse præambulse in libellum Alphonsi Le Moyne, de dono orandi, in-4°, Paris, 1650. — Lettre d’un prélat à un bachelier de Sorbonne dans laquelle on examine si l’on peut sans intérêt de salut se départir de saint Augustin dans la matière de la grâce, in-4°, s. L, 1650. — De la grâce victorieuse de Jésus-Christ, par le sieur de Beaulieu (La Lane), pour le sieur de Beauvais, docteur en théologie, in-12, Paris, 1651, 2<= édit., 1666. — De la grâce victorieuse de Jésus-Christ, ou Molina et ses disciples convaincus de l’erreur des pélagiens et des semi-pélagiens, selon les actes de la congrégation de au xi lu s par l’explication des cinq propositions de la grâce équivoques et ambiguës, insérées dans une lettre envoyée depuis peu à Rome, in-4°, Paris, 1651. — Deux lettres au P. Annat du mois de février 1653 sur l’écrit qui a pour titre : jansenius A tbomistis condemnatvs… qu’il a donné et publié sous son nom et que M. Hallier a produit à Rome, sous le sien, in-4°, s. 1., 1653. — Distinction abrégée des cinq propositions qui regardent la matière de la grâce représentée par les théologiens qui sont à Rome pour la défense de la doctrine de saint Augustin dans leur écrit du 19 mai 1653, par M. La Lane et Girard, in-4°, s. 1., 1653. — Brevissima quinque proposilionum in varios sensus distinclio, apertaque de iis, tum calvinistarum ac lutheranorum quam pelagianorum ac molinistarum, tum sancti Augustini ejusque discipulorum sententia, in-4°, s. 1., 1653, en collaboration avec Arnauld et Nicole. — Défense de la constitution du pape Innocent X et de la foi de l’Église contre le P. Annal et son livre intitulé : CAViLLi janseniano-