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LAISNÉ

L AL AN DE

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séminaires de Pézenas, Montpellier, Avignon. Dans cette dernière ville, il ouvrit des conférences publiques sur l’Écriture Sainte qui lui acquirent une grande réputation ; l’archevêque y était très assidu. Mascaron, nommé évoque de Tulle en 1671, voulut avoir avec lui le P. Laisné ; ils prononcèrent tous les deux l’oraison funèbre du chancelier Séguier, Mascaron au couvent des carmélites de Pontoise, le P. Laisné dans la chapelle de l’Oratoire de la rue Saint-Honoré. Dans sa lettre du 6 mai 1672, Mme de Sévigné parle très avantageusement de lui : « Chacun, dit-elle, était charmé d’une action si parfaite et si achevée… Nous le voulions nommer le chevalier Mascaron, mais je crois qu’il surpassera son aîné. » A Tulle, il fit sur la Sainte Ecriture des conférences qu’il continua ensuite à Paris au séminaire de Saint-Magloire. En 1675, il prononça, encore à l’Oratoire, l’oraison funèbre du duc de Choiseul, les louanges sont mesurées, les endroits délicats touchés avec adresse. Sa santé toujours délicate s’épuisait ; on l’envoya à Aix pour s’y reposer, il y reprit ses conférences avec tant de succès qu’on était obligé de dresser des échafauds dans l’église. 11 mourut à Aix à l’âge de quarante-cinq ans. Son éloquence était à la fois fleurie et chrétienne ; il fût devenu un des plus célèbres orateurs de sa congrégation, si sa santé avait été plus robuste. On a de lui les oraisons funèbres de Séguier, du duc de Choiseul, des conférences sur le concile de Trente faites avec Mascaron, le P. Bordes, le P. Fromager, officiai de Paris, imprimées à Lyon. Ses conférences sur l’Écriture Sainte sont restées inédites ; elles formaient 4 volumes in-fol. conservés dans la bibliothèque d’un magistrat d’Aix. Il avait aussi dressé une méthode pour étudier qui fut présentée à une des assemblées de l’Oratoire et approuvée par elle ; elle ne fut jamais publiée.

La vie de Messire Jules Mascaron, évoque et comte d’Agen, imprimée au commencement des oraisons funèbres de ce prélat ; Ingold, Supplément de V lissai de bibliographie oratorienne, p. 21.

A. Molien.

    1. LALANDE Luc-François##


LALANDE Luc-François, évêque constitutionnel du département de la Meurthe (1732-1805). — Né à Saint-Lô le 10 janvier 1732, Lalande, entré jeune à l’Oratoire, y prit des idées jansénistes et gallicanes très accentuées. D’abord régent des humanités à Juilly, il enseigna ensuite, pendant près de quinze ans, la philosophie, la théologie et l’hébreu, dans la maison de son ordre à Montmorency. En 1789, il est à Paris, conventuel à l’Oratoire de la rue Saint-Honoré. Connu pour ses idées gallicanes et son érudition théologique, il devint l’un des conseillers du Comité ecclésiastique particulièrement de Camus, quand s’élabora la Constitution civile du clergé. En janvier 1791, il opposa même à l’Exposition des principes, que venaient de publier les évêques, une apologie de cette constitution : Apologie des décrets de V Assemblée nationale ou

Lettres à M. le curé de 63 p. in-8°, Paris, 1791. Cette

brochure comprenait deux Lettres. Elle fit beaucoup de bruit et eut trois éditions dans la même année. Les défenseurs de la Constitution civile annonçaient que, supérieure à toutes les autres apologies déjà parues, elle réduirait les adversaires au silence et l’Assemblée nationale en avait agréé l’hommage. Le résultat fut autre : une violente polémique s’engagea. Bientôt deux réfutations se suivirent : 1. Lettre au R. P. La Lande, prêtre de l’Oratoire, sur son Apologie de la Constitution civile du clergé, s. n. d. a., 58 p., in-8°, Paris ; 2. Le fanatisme de l’ignorance confondu ou Réponse à l’Apologie des décrets par le R. P. Lalande de l’Oratoire, 48 p. in-8°, datée du l or mars 1791, anonyme comme la précédente, mais aussitôt et unanimement attribuée à Jabineau. Voir ici col. 252-253. Tous deux accusaient Lalande de faux raisonnements, d’ignorance et

d’erreurs. Lalande répondit, au premier, par une troisième lettre, à la suite des deux premières, dans la deuxième édition de son apologie, qu’il intitula : Apologie des décrets… seconde édition, revue et augmentée de notes et d’une réponse à une critique anonyme, 118 p. in-8°, Paris, 1791 ; au second, par un Supplément à l’Apologie des décrets ou Lettre à l’abbé Jabineau par le R. P. Lalande de l’Oratoire sur un écrit intitulé : Le Fanatisme de l’ignorance confondu, 86 p. in-8°, Paris, 1791.

Sur les entrefaites, Gobel choisit Lalande comme vicaire épiscopal et le 8 mai 1791, le bruit fait autour de son nom mais surtout les recommandations du Comité ecclésiastique, de Grégoire et de la Société des Amis de la Constitution de Paris le font élire à l’évêché de la Meurthe, légalement vacant par l’émigration de Mgr de La F"are et par la démission de Châtelin, chanoine de la collégiale Saint-Gengoult à Toul, qui, élu le 15 mars, avait démissionné le 17 avril, sans avoir été sacré. Peu attiré par la vie active et par les luttes inévitables, Lalande essaya sincèrement de se dérober, mais il céda devant les instances de ceux qui l’avaient fait élire et les promesses de ses électeurs. C. Pfister, Les assemblées électorales dans le département de la Meurthe. Procès-verbaux originaux, Nancy, Paris, 1912, p. 107-111 ; Constantin, L’élection de V évêque constitutionnel de la Meurthe en 1791, dans Revue des questions historiques, octobre 1913. Le 29 mai Gobel, assisté de Saurine et de Grégoire, le sacrait à Paris et le 3 juin le nouvel évêque faisait son entrée à Nancy. Soutenu par les « patriotes », en particulier par la Société des Amis de la Constitution de Nancy et par les autorités constituées, il fut bientôt choisi comme électeur, puis élu administrateur, et président du conseil général du département et finalement député de la Meurthe à la Convention. Pfister, op. cit. passim. Mais en même temps les réfractaires lui faisaient une guerre acharnée de brochures, de chansons, voire de comédies. A son arrivée se répandaient dans son diocèse : 1. une ordonnance où les évêques de Metz, Verdun et Nancy, auxquels va s’adjoindre l’évêque de Toul, communiquent à leurs fidèles le bref Charitas qui condamne la Constitution civile, ses faux évêques et le serment ; 2. une Réfutation de l’Apologie des décrets de M. Lalande par M. le curé de… (Piérron, curé de Méréville, diocèse et district de Nancy), 53 p. in-8° ; 3. une Instruction pastorale et ordonnance de M. V évêque de Nancy, primat de Lorraine concernant le schisme, 17 p. in-8°, où M. de La Fare fixe les principes et les applique à Lalande. La première lettre pastorale de Lalande, datée du 29 juin, Lettre pastorale de M. l’évéque du département de la Meurthe, nouvelle apologie de la Constitution civile, suivie de la très courte lettre de communion qu’il avait adressée à Pie VI, 73 p. in-8° Nancy, 1791, provoqua de dures rispostes, entre autres : 1. Instruction pastorale de M. l’évéque de Nancy portant réfutation des erreurs contenues dans la lettre prétendue pastorale du soi-disant évêque du département de la Meurthe, 45 p. in-8°, datée de Bertrich, au diocèse de Trêves, le 28 juillet 1791 ; 2. Réponse du sieur Charles-Christophe Durez, prêtre, docteur en théologie, curé de Malzcvillc, à la municipalité du même lieu, 81 p. in-8°, datée de Nancy, le 6 septembre 1791, où ce curé, imprudemment provoqué, prétend démontrer que Lalande, « cite à faux, tronque ou altère les autorités qu’il invoque ». Lalande répondit ù l’évéque, par des Réflexions critiques sur une Lettre pastorale de M. de La {’arc, Nancy, 1791, très courte mais incisive ; au curé par une Dé/ense et justification de la Lettre pastorale de Luc-François Lalande, évêque du département de la Meurthe, Nancy, 1791, beaucoup plus longue, 112 p. in-4°. Mais cela ne termina rien. A partir de ce