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LA TARE — LAFON


condamnée « comme contenant des expressions téméraires et séditieuses ». De 1732 à 1740, les lettres et observations de l’évèquc se succèdent et, en même temps, les arrêts du Parlement, Coll. Languet, t. xl, pièces 46 à 71, et t. xi. bis à xlvi. Par un mandement de 1731, contre les libelles, contre l’indocilité et l’esprit de rébellion de ses accusateurs, La Fare demande au roi la convocation d’un concile provincial à Reims pour juger sa doctrine. Les mandements se succèdent : en 1732, contre les Nouvelles ecclésiastiques, en 1733. contre l’Instruction pastorale de l’évêque de Montpellier ; en 1736, au sujet de trois imprimés qui se répandent dans son diocèse : instruction pastorale de l’évêque d’Auxerre au sujet du miracle de Seignelay (26 décembre 1733), lettre de l’évêque de Montpellier au pape Clément XII (5 septembre 1735) et enfin deux lettres de l’évêque de Senez à l’évêque de Babylone et à M. Le Gros. Entre temps, le 1 er octobre 1734, La Fare écrivait aux arebevêques et évêques de la province de Reims pour se plaindre des arrêts qui attaquent l’autorité épiscopale et il leur demande de sauver les droits sacrés des évêques, et, le 1 er février 1735, il renouvelle ses plaintes et ses demandes. Quelques mandements sont d’un intérêt plus général : en 1737, il veut mettre en relief l’autorité que Jésus-Christ a donnée à son Église et que les évêques doivent défendre ; en 1739, il rappelle l’obligation de refuser les sacrements aux quesnellistes notoires.

Les Nouvelles ecclésiastiques, tables, t. ii, p. 16-27, donnent de nombreux détails sur La Fare, tous malveillants ; Coll. Languet, t. xxxviii, xl-xi.vi. Cette collection manuscrite très riche au sujet du jansénisme se trouve à la Bibliothèque municipale de Sens.

J. Cabkeyre.

    1. LAFITAU Pierre-François##


LAFITAU Pierre-François, (1685-1764), né à Bordeaux en 1685 d’un riche commerçant, entra au noviciat des jésuites en 1708, peu de temps après son frère, Joseph-François (1681-1746) qui fut missionnaire au Canada. Pierre-François fut d’abord professeur de rhétorique à Pau, où il prononça le 20 décembre 1710, en présence du Parlement, une harangue latine sur la bataille de Villaviciosa. Lafitau était à Rome au moment où l’abbé Chevalier y fut envoyé par le Régent pour régler avec le pape Clément XI les affaires de la bulle Unigenitus. Le pape envoya Lafitau en France pour y poursuivre les négociations à ce sujet. Le Père partit de Rome le 20 août 1716 et il arriva à Paris le 6 septembre ; il repartit de Paris le 14 septembre et arriva à Rome le 7 octobre. Il resta l’agent officieux du régent jusqu’à la mort du cardinal de La Trémoille (10 janvier 1720) qu’il remplaça, comme ambassadeur le 6 février suivant ; il resta avec le cardinal de Rohan jusqu’à la fin du conclave de 1721 et ils furent tous deux remplacés, le 6 novembre 1721, par l’abbé de Tencin.

Entre temps, Lafitau avait été nommé à l’évêché de Sisteron, le 5 novembre 1719, et sacré à Rome le 10 mars 1720. Lafitau a été très malmené par les jansénistes qui lui attribuent, avec raison, l’échec de leurs négociations à Rome. U fut, au concile d’Embrun, un des juges de Soanen, l’évêque de Senez. Il mourut à Sisteron le 3 avril 1764.

Dans un Mandement de 1733, Lafitau signale les erreurs doctrinales et historiques contenues dans les Anecdotes ou Mémoires secrets sur la constitution Unigenitus par François-Joseph Bourgoin de Villefore, 6 vol. en 2 1. in-12, s. 1., 1730-1733 et 3 vol. in-12, Utrecht, 1734. Ce mandement est suivi de la Réfutation des Anecdotes, adressée à leur auteur, 3 vol. in-8°, Gray, 1734 ; le t. n a été édité à Avignon, sous le titre : Le schisme et la révolte des quesnellistes, et le t. m édité également à Avignon, sous le titre : Cinq lettres adressées à l’auteur des Anecdotes au sujet d’un libelle inti tulé : Histoire du livre des Réflexions morales et de la Constitution Unigenitus, 6 vol. in-12. L’ouvrage de Lafitau fut condamné par un arrêt du Conseil, comme d’ailleurs celui de Villefore. Peu après, parut un Essai critique de la Réfutation des Anecdotes adressé à M. l’évêqae de ** par l’abbé **.

Un Mandement du 18 novembre 1736 fut adressé par Lafitau à tous les fidèles de son diocèse peur publier l’Histoire de la constitution Unigenitus, 2 vol. in-4°, s. 1. et 2 vol. in-12, Avignon, 1737 et 1738, 2 vol. in-12, Avignon, 1766 ; nouv. édit., 2 vol. in-8°, Besançon et Paris, 1820. C’est une réponse en six livres aux histoires jansénistes de la Constitution et, en particulier, à l’Histoire du livre des Réflexions, 6 vol. in-12, Amsterdam, 1723, composée par plusieurs auteurs, et au Journal de Dorsanne. — Lafitau publia, le 6 mai 1739, une Instruction pastorale à tous les fidèles de son diocèse pour leur communiquer la Réfutation d’un ouvrage intitulé : Histoire de la condamnation de M. l’évoque de Senez (attribué à l’abbé Cadry), in-8° Avignon, 1739 : « Tout est faux dans les faits et dans les principes, soit que vous racontiez, soit que vous raisonniez, , vous vous écartez toujours également du vrai. »

Les autres ouvrages que Lafitau composa plus tard, loin des polémiques, sont de ton beaucoup plus calme. On peut citer : Sermons, 4 vol., in-12, Lyon, 1747 ; Retraite de quelques jours pour une personne du monde, in-12, Paris, 1750 : « Elle est infectée de la doctrine molinienne », disent les Nouvelles ecclésiastiques, du 30 juillet 1760, p. 140. — Avis de direction pour les personnes qui veulent se sauver, in-12, Paris, 1750, suivi d’un Avis pour gagner le Jubilé, 1752 ; Vie de Clément XI, 2 vol. in-12, Padoue, 1752 : ouvrage très documenté, car l’auteur avait vécu dans l’intimité du pape ; Lettres spirituelles, 2 vol. in-12, Paris, 1754-1757 ; Conférences spirituelles pour les missions, in-12, Paris, 1756 ; enfin La vie et les mystères de la très sainte Vierge, 2 vol., in-12, Paris, 1759. Le premier volume raconte la vie de la sainte Vierge, le second rappelle quelques dévotions pratiques « en style propre du sujet, c’est-à-dire, historique, facile, clair et affectueux ». (Mémoires de Trévoux de novembre 1759, p. 2864). L’ouvrage fut vivement critiqué par la Lettre d’un Bordelais à un de ses amis, attribuée à l’abbé Barthélémy de Laporte de Montpellier, à cause de quelques récits bizarres et de la confiance faite par l’auteur à des traditions apocryphes. Les Nouvelles ecclésiastiques du 30 juillet 1760 font une analyse de cette Lettre qu’elles approuvent nettement, mais Picot, dans ses Mémoires, écrit que cette Lettre est une critique souvent injuste.

Quérard, dans la France littéraire, et Hcefer, dans la Nouvelle biographie générale, attribuent encore à Lafitau les Entretiens d’Anselme et d’Isidore sur les affaires du temps, in-12, Douai et Paris, 1759, et le Catéchisme évangélique, 3 vol. in-8°, Paris, 1769.

Aux Affaires étrangères, dans la correspondance diplomatique avec Rome, voir les t. 584-589, 598-601, 606-653. Voir Recueil des instructions données aux ambassadeurs <l ministres de France depuis les traités de Wcslphalie jusqu’à la Révolution française, xvii, Rome, t. n ( / par Jean Hanoteau, in-S", Paris, 1911, p. 517-540 ; Michaud, Biographie universelle, t. xxii, p. 488-489 ; Hœfer, Nouvelle Biographie générale, t. xxiiii, col. 748-750 ; Quérard, La France littéraire, t. IV, p. 395 ; Chaudon et Dclandinc, Dictionnaire historique, critique et bibliographique, t. ix, p. 433-434 ; Nouvelles ecclésiastiques, tables, t. ii, p. 34-38 ; Sommervogel, Bibliothèque de la Cie de Jésus, t. IV, col. 13631364 ; Dom Bérengicr, Notice sur Lafitau, in-8°, Aix, 1887.

J. Carreyre.

    1. LAFON Jacques##


LAFON Jacques, dominicain français, né à Toulouse en 1656, fit profession en 1678. Excellent religieux, grand travailleur, ayant le goût de la recherche historique, il fut chargé de poursuivre une entreprise