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LACTANCE, ŒUVRES


le troisième trois quarts de page ; en outre le premier est précédé, dans les paragraphes immédiatement antérieurs, par quelques remaniements importants du texte reçu. Dans l’édition Brandt, tous ces passages figurent seulement en note, du fait qu’ils ont été considérés par l’éditeur comme des interpolations, ajoutées de bonne heure, à l’œuvre authentique de Lactance. L’édition de Lenglet, reproduite dans P. L., t. vi, les donne également en note. — Agitée depuis le xvii siècle, la question de l’authenticité de ces passages ne semble pas avoir encore reçu de solution définitive. Pour ne parler que des critiques contemporains, S. Brandt a commencé par soutenir avec beaucoup de force l’inauthenticité des deux sérier, ; il a été suivi par M. P. Monceaux, llist. littéraire de l Afrique chrétienne, t. iii, p. 302. En sens contraire, J. G. Th. Millier, Quxstiones Lactantianre, Gœttingue, 1875 ; J. Belser, dans la Theologische Quarlalschrift, 1898, t. i.xxx, p. 548 ; M. Schanz, dans les diverses éditions de sa Geschichte der rômischen Lileratur, se sont portés garants de l’authenticité lactantienne. M. B. Pichon a présenté de cette position une si habile défense, qu’il a fini par rallier à son point de vue M. Brandt lui-même. Voir Berliner philoloqische Wochenschrift, 1903, col. 1235. M. Lfarnack, lui non plus, ne voit pas de difficulté à admettre l’authenticité des passages. 11 nous paraît aussi que les raisons favorables à l’authenticité sont des plus sérieuses. L’étude de la tradition manuscrite montre que la famille qui donne les textes discutés est tout aussi bonne que celle qui les omet ; de ce côté aucune conclusion ne s’impose avec netteté. On est donc réduit à l’examen interne des passages en question. Il va de soi que les dédicaces constantiniennes ne soulèvent aucune difficulté de fond ; le fait qu’on les regarde comme authentiques force tout simplement à modifier les théories relatives à la date du livre que certains critiques avaient préconisées. Quant aux dissertations dualistes, il est bien vrai que, prises en elles-mêmes, elles rendent un son peu orthodoxe, mais si l’on fait la comparaison des doctrines qu’elles développent avec celles d’autres passages considérés par tout le monde comme authentiques, on ne perçoit pas entre les textes contestés et les textes authentiques de différence fondamentale ; ! a doctrine dualiste s’exprime très clairement à divers endroits de l’œuvre de Lactance ; ici elle s’affirme plus crûment encore, si l’on peut dire ; c’est toute la différence. Il est donc plus simple de supposer qu’un copiste, scandalisé par certaines affirmations de son texte, a pris sur lui de supprimer les passages les plus scabreux, que d’imaginer un manichéen introduisant dans Lactance, qui, somme toute, ne fut jamais considéré par personne comme un docteur de premier plan, des interpolations tendancieuses. Si on ne cherche pas à y mettre une précision, impossible dans ces matières, l’hypothèse de M. Pichon nous semble en définitive celle qui rend le mieux compte des faits.

3. De ira Dei.

Ce court traité, que saint Jérôme, non sans raison, qualifie de très élégant, pulcherrimus, élucide une question relative à Dieu, qui avait été amorcée seulement dans les Institutions, II, xvii, 4, p. 172. Certains philosophes, les épicuriens entre autres, soutiennent que la divinité ne peut éprouver ces troubles de l’âme, que nous appelons les passions, qu’en particulier la colère, ou plus exactement la rigueur, lui doit demeurer étrangère. A rencontre de cette idée qui met dans la divinité même Vataraxie épicurienne, les chrétiens doivent faire valoir les nombreux passages scripturaires, où il est question de Dieu irrité, exerçant en toute rigueur de terribles vengeances sur les coupables. Au fait, dit Lactance, si l’on veut définir la colère motus animi ad coercenda peccala insurgentis, il est indispensable d’admettre

en Dieu un mouvement de ce genre. L’ira est en lui la contre-partie de la bonté. Prétendre la supprimer, ce serait faire de Dieu un père trop débonnaire, indifférent aux fautes de ses créatures, autant dire supprimer la Providence. L’argumentation, d’ailleurs assez faible, doit beaucoup plus aux philosophes profanes, spécialement à Cicéron, qu’aux Livres saints, lesquels sont à peine mentionnés. Les sibylles par contre, dont l’histoire est abondamment racontée dans l’épilogue, c. xxii et xxiii, t. ii, p. 123 sq. fournissent à l’auteur un certain nombre de preuves.

4. Epitome divinarum institutionum.

Saint Jérôme connaissait un abrégé des Institutions qui, de son temps déjà, était mutilé : librum acephalum. Il est bien possible que l’auteur du De viris n’ait connu du livre en question que la dernière partie (c. li-lxviii des éditions modernes), la seule qui ait été publiée avant 1711. A cette date la première partie fut découverte dans un manuscrit de Turin par Scipion Mafîei ; ellefut publiée par Chr..M. Pfafî, à Paris, en 1712. Postérieure au traité De ira Dei et sans doute aussi au De mortibus persecutorum, YEpitome, dédiée à un certain Pentadius, qui est qualifié de frère, Pentadi (rater, est mieux qu’un simple résumé des Institutions. Le plan a été amélioré, l’Écriture Sainte est citée plus fréquemment et avec plus d’à-propos, les sibylles laissées de côté, les prescriptions morales plus développées. Visiblement l’auteur s’est proposé de faire œuvre nouvelle, et de rendre son travail plus utile aux chrétiens, à qui dans sa pensée les Institutions n’étaient pas destinées. De ce travail de révision est sorti un opuscule qui n’est pas sans mérite.

5. Le fragment DE MO-TIBUS ANIMI.

Un ms. de la Bibliothèque ambrosienne, F. 60 sup., qui contient toute une série d’extraits, avec indication à la marge des auteurs responsables, attribue à Laclance, sous cette rubrique, De molibus animi, un fragment d’une dizaine de lignes sur les passions. Les idées et le style de ce morceau n’ont rien qui délonne avec ce que nous avons de Lactance. Il peut donc s’agir ici d’un fragment appartenant à un ouvrage perdu que saint Jérôme n’aurait pas connu, à moins qu’il ne faille le rapporter à l’une de ces lettres dont fait mention la notice du De viris.

2° Le pamphlet historique de MORTIBUS persecutorum. — En 1679 l’illustre érudit Baluze publiait à Paris, au t. n de ses Miscellanea un traité historique découvert par lui dans la bibliothèque de Colbert, et provenant d’un manuscrit acheté l’année précédente à l’abbaye de Moissac (aujourd’hui à la Bibliothèque nationale, lat. 2627). L’opuscule portait le titre suivant : Lucii Cecilli incipit liber ad Donatum confessorem de mortibus persecutorum. Après une entrée en matière, rappelant la fin de la persécution par le triomphe de Constantin et de Licinius, l’auteur annonce son dessein de montrer la main de Dieu s’abattant sur tous ceux qui avaient tourmenté les chrétiens : sero id quidem. sed graviter et digne ; dislulerat enim pœnas eorum Deus, ut ederet in eos magna et mirabilia exempta quibus posteri discerent et Deum esse unum et eundem fudieem digna videliect supplicia impiis ac persecutoribus irrogare. i, G, t. nb, p. 172. Très rapidement est évoqué le souvenir de la triste manière dont périrent les anciens persécuteurs, Néron, Domitien, Dèce, Valérien, Aurélien, c. ii-vi, puis vient, beaucoup plus longuement développée, l’histoire de la terrible crise du début du ive siècle. Avec la minutie d’un témoin immédiat des événements, l’auteur esquisse le tableau de la grande persécution, montrant à l’œuvre Dioclétien, faible et irrésolu, Maximien Hercule, grossier et vantard, Galère, haineux, sournois et cynique, Maximin Daia, crapuleux et violent. Sur eux, s’abattra tour à tour la main vengeresse de la Providence. Dioclétien et