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LACROIX — LACTANCE, ŒUVRES

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archevêque et seigneur d’Auch (anonyme), Neuchâtel, 1764 ; Lettre de J.-J. Rousseau, citoyen de Genève, qui contient sa renonciation à la société et ses derniers adieux aux hommes (anon.), 1765 ; Lettres d’un avocat au Parlement à un avocat de la cour des aides de Montpellier. .. ; Lettres d’un philosophe sensible, La Haye, 1769. — Plus importants sont deux assez forts traités de philosophie : Connaissance analytique de l’homme, de la matière et de Dieu, Paris, 1772 ; Traité de morale, ou Devoirs de l’homme envers Dieu, envers la société et envers lui-même, Carcassonne et Paris, 1767 ; nouvelle édit., Toulouse et Paris, 1775 ; cet ouvrage constitue finalement une apologie de la religion révélée.

Quérard, La France littéraire, Paris, 1830, l. iv, p. 377.

E. Amann.

    1. LACTANCE##


LACTANCE, écrivain chrétien des débuts du ive siècle. — I. Vie.— II. Œuvres (col. 2426). — III. Doctrines (col. 2434).

I. Vie.

C’est à saint Jérôme, De viris illustribus, n. 80, que nous devons le plus clair de nos connaissances sur la vie et la personne de cet écrivain ; et il s’en faut que la notice du De viris soit aussi nette que nous le désirerions. Lucius Csecilius Firmianus, surnommé Lactantius, est certainement africain d’origine, bien que le patriotisme italien ait voulu le revendiquer à titre d’habitant de Firmo. Cette origine italienne, que l’on a pu soutenir pendant quelque temps, se heurte aux plus graves objections. La découverte, aux environs de Constantine, l’ancienne Cirta, de deux inscriptions, l’une d’un L. Cœcilius Firmianus, l’autre qui ajoute à un nom le sobriquet qui et Lactantius, Corp. inscript, latin., t. viii.n. 7241 et 17 767, ne peut laisser place à aucun doute. Ces deux inscriptions se rapportent selon toute vraisemblance à de proches parents de l’écrivain. Elles confirment la donnée hiéronymienne suivant laquelle Lactance fut élève d’Arnobe, lequel enseignait à Sicca Veneria, en Numidie proconsulaire. Nous ne pouvons déduire la date de sa naissance que par conjecture. Comme la floraison de notre écrivain se place dans les premières années du IVe siècle, il doit être né vers 260 ; sa famille était sans doute païenne, et lui-même nous fait entendre qu’il est venu assez tard au christianisme. Rhéteur en renom, il fut appelé. d’Afrique à Nicomédie par Dioclétien quand ce dernier fonda, dans sa nouvelle capitale, une sorte d’iniversité. Lactance y professa, sans beaucoup de succès, dit saint Jérôme : les loisirs dont il jouissait le décidèrent à écrire. Entre temps un événement très grave s’était passé pour lui ; il s’était converti au christianisme. C’est quelque temps après qu’éclata, en février 303, la grande persécution. Privé de son poste officiel, peut-être dès les débuts de la crise, Lactance chercha sans doute à se faire oublier et put traverser indemne les moments les plus durs de la tourmente. Jl était encore à Nicomédie en 305, mais, peu après cette date, il quitta la capitale, pour des raisons que nous ignorons. Où alla-t-il ? En Gaule, disent quelques critiques, selon qui il aurait été, dès ce moment, attaché à la suite de l’empereur Constantin. C’est bien difficile à admettre. Selon saint Jérôme, Lactance fut en Gaulele précepteur du César Crispus, fils de Constantin. Même si l’on admet, ce qui n’est pas prouvé, que ce prince soit né vers 300 (certains historiens retardent sa naissance jusqu’en 307), il était encore bien j une en 307 pour avoir besoin d’un rhéteur comme maître. Il n’est pas interdit de supposer que, pour se soustraire aux recherches, lors de la persécution de Galère, Lactance ait cherché un asile soit en Afrique, sa patrie, soit en quelque endroit de l’Occident, où le calme était revenu plus vite qu’en Orient, En tout cas il dut rentrer à Nicomède vers 311, au moment de la mort de Galère. S’il est, comme tout le fait croire, l’auteur

du De morlibus perseculorum, il est vraisemblable qu’il a séjourné à Nicomédie dans les années.’11-313. C’est après ce moment que se placeraient au mieux le séjour en Gaule et le préceptorat du jeune Crispus. Cette fonction a dû prendre fin d’assez bonne heure ; dès 320, Crispus est tout entier aux préoccupations guerrières ; h’rôle de lactance auprès de lui avait dû prendre fin ; nous ignorons tout des dernières années et de la mort de cet écrivain.

II. Œuvres. — C’est encore à l’aide de la notice hiéronymienne que nous pouvons dresser le catalogue des œuvres" de Lactance. Habemus cjus Symposium quod adulescenlulus scripsit AjricH’et Hodœporicum de Ajrica usque Nieomediam hexametris scriplum versibus, el alium librum qui inscribitur Gramniaticus, et pulcherrimum Le ira Dei, et Institulionum divinarum adversum génies libros septem, et Epitomen ejusdem operis librumumun aceplwlum, el Ad Asclepiadem libros duos, De persecutione librum unum, Ad Probum libros quatuor, Ad Severum epistolarum libros duos, Ad Demelrium auditorcm suum epistolarum libros duos, cul eundem De opificio Dei veljormalione hominis librum unum. De Vir. ill., n. 80. On voit qu’à l’époque de saint Jérôme il circulait, sous le nom de Lactance, un nombre assez cons’dérable d’ouvrages. De tout cela il ne nous reste guère que les œuvres apologétiques, et la pamphlet historique, qu’est le De morlibus. Après avoir étudié ces deux catégories, nous aurons à dire quelques mots sur les ouvrages mentionnés par saint Jérôme et perdus pour nous, et sur quelques œuvres non mentionnées par le De viris et attribuées à Lactance par quelques manuscrits. Les textes seront toujours cités d’après l’édition S. 1, ’randt, du Corpus de Vienne : le t. i (= t. xix de la collection) donne les Institutions et VEpitome ; le t. ii, fasc. 1 (= t. xxviia), le De opificio, le De ira, les poèmes et les fragments ; le fasc. 2 (= t. xxviiô) contient le De morlibus, et les tables générales.

Les ouvrages apologétiques.

De très bonne

heure, peut-être dès le v° siècle, ont été groupés en un seul corpus quatre ouvrages de Lactance dont le caractère apologétique est forteme, nt accusé : le De opificio Dei, les Instituliones Divin ; c, v traité De ira Dei, enfin VEpitome institulionum. De ce corpus les Institutions représentent la partie centrale longuement préparée et travaillée par l’auteur ; le De opificio doit en être considéré comme l’introduction ; le De ira Dei reprend un point de détail, traité un peu vite dans les Institutions, enfin VEpitome est un abrégé, exécuté avec grand soin, de tous les travaux antérieurs et spécialement des Institutions.

1. De opificio Dei vel formalione hominis. —-— Ce double titre n’est donné que par saint Jérôme : les mss. hésitent entre le titre simple : De opificio Dei et des énoncés plus ou moins justes du contenu : De opificio corporis humani ; De divina providentia ; il se pourrait que le sous-titre donné par Jérôme ne soit lui-même qu’une glose ajoutée par l’auteur du De viris. Composé après le début de la persécution, dédié par Lactance à un des ses anciens élèves, Démétrianus, devenu haut fonctionnaire bien que chrétien, cet opuscule se présente comme une apologie discrète du monothéisme par l’argument de finalité. L’étude de l’homme considéré soit dans son corps, soit dans son âme, révèle un créateur souverainement sage, puissant, provident, autant dire le Dieu des chrétiens. L’argument n’est pas nouveau. Lactance n’a guère fait que développer d s idées jadis indiquées par Cicéron. Cf. Op. Dei, i, 12 sq., t. ii, p. 6. A Varron et à Xémésius il a emprunté le plus clair de ses connaissances anatomiques et physiologiques qui sont assez précises pour l’époque ; les rudiments de psychologie proviennent d’Aristote, mais corrigé et complété par