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    1. LACORDAIRE##


LACORDAIRE, OUVRAGES ET ÉCRITS DIVERS

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à prendre, au point de vue de l’histoire, le Mémoire et

la Vie, ou ne peut cpie reconnaître, chez le grand orateur, une aptitude indiscutable à traiter les matières historiques. Son information est étendue, ses jugements sont exacts et son intelligence des événements très large. On peut discuter sur quclepies détails d’érudition, mais les vues générales sont justes.

Le Mémoire pour le rétablissement en France de l’ordre des Itères pêcheurs, paru en 1839, Œuvres, t. i., contient un appel en faveur des droits à la vie religieuse et une vue sommaire de l’histoire de l’ordre des frères prêcheurs telle que la comportait une semblable publication. Lacordaire y esquisse l’origine, la nature et le grand passé de l’institution qu’il veut faire revivre. Ces pages sont animées d’un souille ardent qui n’en altère ni la vérité, ni même la simplicité. D’aucuns ont mis en doute la valeur du jugement de l’auteur sur l’Inquisition et la participation de saint Dominique à l’établissement du célèbre tribunal ; mais à tort. Les historiens de l’Inquisition les mieux informés ne pensent pas autrement que Lacordaire. — Un autre Mémoire, écrit en 1852, pour être présenté à la Commission de réforme des ordres religieux, expose les vues du P. Lacordaire sur la nature de l’ordre des frères prêcheurs et celles qui l’ont guidé dans sa restauration. Les jugements historiques de l’auteur de ce Mémoire sont marqués au sceau d’un sens profond des réalités passées et présentes. Ce Mémoire, édité, et même réédité, à un petit noinbie d’exemplaires, n’a jamais été dans le commerce.

La Vie de saint Dominique, parue en 1840, Œuvres, t. i, n’est plus à louer au point de vue littéraire. Au point de vue religieux, il passe, dans cette œuvre, un souille de piété filiale, il y règne une atmosphère de paix, une luminosité discrète, qui la distinguent des œuvres similaires. Historiquement, le portrait et la vie de saint Dominique sont exacts.. Il n’y a pas de source importante qui ait échappé au 1 J. Lacordaire. La notice sur les monuments primitifs de la vie de saint Dominique représente bien la totalité des sources historiques qu’on pouvait exploiter alors et même aujourd’hui ; et bien que l’auteur ne fasse pas étalage d’érudition, il est visible qu’il a étudie de près la documentation qu’il a sous les yeux. — — C’est le P. Mandonnet qui veut bien nous communiquer cette appréciation autorisée sur les Mémoires et la Vie de saint Dominique ; nous la transcrivons textuellement.

Le volume des Mélanges, Œuvres, t. ix, qui contient le Mémoire pour le rétablissement en France, etc. dont nous venons de parler, contient en outre : 1. Lettre sur le Saint-Siège, écrite en 183(3, après la publication des A/jaires de Rome pur Lamennais. — 2. Lettres ù un jeune homme sur la vie chrétienne, écrites au collège de SoreLe, quand Lacordaire en était le directeur. Dans son intention, ces lettres devaient continuer près des jeunes gens la première éducation qu’ils avaient reçue au collège, pages charmantes, sur le culte de Jésus-Christ dans la vie chrétienne, dans les Écritures, dans l’Église. Lacordaire ne put achevés toute la série dont il avait conçu le pian. iî. Sainte Marie-Madeleine (1860), écril dans le but d’avancer L’œuvre < de la restauration des saints lieux de Provence ». Le c. i : i De l’amitié en Jésus-Chrisi », est célèbre par l’admiration qu’il a suscitée comme aussi par les critiques qu’il a soulevées. Quelques esprits chagrins ont voulu ouvrir des traits de sentimentalité et ont repro"i livre tout entier d’avoir trop humanise.1 Christ. La vérité est que le P. Lacordaire, ici comme i., a parlé’le l’amitié et de I tiaste avec

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celui qui la possède ; elle n’est un blâme que pour celui qui n’en comprend pas l’idéalisme. Il serait aisé de montrer que les descriptions des sentiments du cœur, très abondantes dans les Conférences et les’écrit s de Lacordaire, constituent un parfait commentaire de la doctrine de saint Thomas sur l’amour et l’amitié. Notons, en passant, que Lacordaiie admet l’authenticité des lé^eides provençales et que, dans son i il identifie Marie de Magdala avec Marie de Béthai ie et la pèche e^se du IIIe évangile.

Les œuvres de Lacordaire se terminent par deux volumes : 1. Œuvres philosophiques, t. vu : Considérations sur le système philosophique de M. de Lammenais, voir puis haut, col. 2 ! 00 : discours prononcé devant la Chambre des Pairs dans l’affaire de l’École libre : discours prononcé à la distribution des prix de l’école de Sorèze : discours sur le droit et le devoir de la propriété, sur les études philosophiques, sur la loi de l’histoire : opuscule sur la liberté de l’Église et de l’Italie, sur l’Église et l’Empire romain au ive siècle.

— 2. Notices et panégyriques, t. vin : Notices sur Marc René comte de Montalembert, sur Frédéric Ozanam : panégyrique du bienheureux Pierre Fourier : éloges funèbres de Mgr de Forbin-Janson. du général Drauol. de Daniel O’Connell : discours pour la translation du chef de saint Thomas d’Aquin : discours de récei à l’Académie Française. Il serait trop long d’analyser ces divers écrits et de relater les circonstances qui les motivèrent. Il est unanimement admis que les panégyriques et éloges funèbres, en particulier ceux de Drouot et du bienheureux Pierre Fourier, sont des modèles du genre.

Les opuscules, discours et écrits politiques tra duisent les opinions de Lacordaire dans l’ordre poli tique ; et parce que celles-ci ont été diversement interprétées, nous devons brièvement les définir. Et il s’agit de son attitude dans l’ordre politique, de son prétendu libéralisme et de son opinion dans la que-tion italienne.

Lacordaire a toujours voulu se tenir en dehors des partis politiques, et beaucoup des hostilités qu’il rencontra lui vinrent précisément des hommes de parti qui s’impatientaient de cette neutralité. Avant tout, il juge de la politique par sa relation avec la liberté et la prospérité de la religion. Toutefois, malgré cette réserve voulue, Lacordaire, par inclination personnelle, était monarchiste, et, dans cet o dre, partisan de la monarchie parlementaire. Il n’aimait pas les outrances de la monarchie absolue et les légitimistes montrèrent, à maintes reprises, qu’ils ne le lui pardonnaient point. Il n’admettait pas les gouvernements établis par la violence, en dehors de toute légalité ; aussi devint-il un adversaire irréductible du se cond Empire. Fut-il républicain et démocrate ? Il a ton jours protesté contre cette accusation, et à bon droit. Son attitude, lors de la Révolution de ISIS, n’infirme pas cette protestation. Convaincu que la monarchie était alors impossible en France, il accepta la république à titre d’essai et d’autant plus que la révolution avait donné des signes non équivoques de sou respr de la religion. Avec des amis qui pensaient comme lui sur l’opportunité d’un ralliement à la république, il fonda L’Ère nouvelle qui se présentait comme l’organe des catholiques non inféodés aux partis vaincus. Dans le but d’accroître la popularité de la

religion, il accepta, sans l’avoir sollicité et avec l’approbation formelle du maître général des frères pie cheurs, le mandat législatif que lui offrirent spontanément les électeurs de Marseille. Personne ne saurait lui faire un reproche sérieux d’avoir siégé dans un corps politique qui comptait, dans son sein, trois évêques et vingt prêtres. Sou tort fut d’aller s’asseoir à l’exl renie gauche. Ses amis de l’Ère nnurell— l*J