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2. Il LACORDAIRE, CONFÉRENCES DE N.-D. DE PARIS ET DE TOULOUSE 2412

Conférences de lé I i : De Dieu. — La divinité de ! a doctrine catholique est donc prouvée par les effets divins qu’elle produit dans L’intelligence, l’âme et la société, et encore, surtout, par la divinité de son fondateur. Il reste a étudier cette doctrine, non plus indirectement dans ses effets et dans sa cause, mais directement en elle-même, et à constater derechef sa divinité par la plénitude de lumière qu’elle répand, plus que toute autre doctrine, sur les mystères d’icibas et de l’au-delà. Le premier de ces mystères est celui-ci : quel est le principe des choses ? Le rationalisme dit : c’est la nature elle-même. Le christianisme réplique : c’est un être indépendant de cette nature et dont il est la cause. La nature nous montre des caractères incompatibles avec un être qui existerait par soi-même ; les idées de vérité et de justice nous nomment Dieu, sans quoi elles ne seraient rien, la société nous nomme Dieu par la nécessité qu’elle en a pour subsister (45e conf.). — Comment vit Dieu ? La vie, c’est l’activité. Dieu est éminemment actif, d’une activité tout intime d’abord. Il pense et il aime, mais sa pensée et son amour sont élevés par leur infini jusqu’à la personnalité : mystère des trois personnes divines : Verbe procédant du Père, Esprit procédant de l’un et de l’autre, tous trois restant un, inséparables et pourtant toujours distincts (46 e). — Dieu agit en dehors de lui, il est le principe des choses. Il les a tirées non d’une matière pic-existante ni de sa propre substance ; il les a créées de rien par amour et par bonté (47 e). — Comme matériaux de son œuvre, Dieu a créé et employé la matière et l’esprit ; il a pris pour modèle de l’univers sa propre perfection, métaphysique, intellectuelle et morale ; il a distribué les êtres en trois mondes : matériel, humain, angélique (47 e). — Dieu est principe et fin de l’homme. Celui-ci a, comme moyens d’atteindre Dieu, tout d’abord l’intelligence qui découvre en Dieu la vérité, avec l’aide des idées, de l’univers et de la parole qui nous le l’ont connaître (48 e). —. Il a la volonté, c’est-à-dire le pouvoir d’atteindre Dieu co i, de l’aimer, c’est-à-dire de le choisir, de se dévouer, de s’unir à lui dans la spontanéité de la liberté i 19). Il a la société, pour laquelle il a été fait. La société n’est pas le fait d’un contrat libre ; l’homme est par nature un être social c’est Dieu qui a créé la famille et sou agrandissement dans la société (50 e). — Intelligent, moral, social, l’homme a été créé pour l’action, c’est-à-dire pour le travail. C’est Dieu qui a posé la loi du travail et la loi du repos hebdomadaire, par lequel l’homme répare ù la l’ois ses forces corporelles ei ses forées spirituelles (51 e).

Si l’on était tenté de mettre en doute l’esprit théologique et l’esprit métaphysique de Lacordaire, il suffirait de lire celle série de conférences sur Dieu. Lacordaire met en œuvre directement les connaissauces qu’il a acquises dans son étude assidue de saint Thomas, ei lui, qui n’a pas l’habitude de faire des citations, cite iris souvent le Docteur Angélique au cours de ses développements.. Il n’en reste pas moins mi icieux <li’s’adapter aux besoins intellectuels de ceux qui l’écoutent, Ce-, conférences sont remarquables, toutes, par lc.ii— valeur dogmatique, leur précis et magnifique Lan du remarquera particulière

16, 17 et IX : puis les ide s suis ailles :

comment la vérité < ! la perfection ei la béatitude de

lligence (Œuvres, t. iv, p. 357-364) ; comment le

bien est la perfection de la béatitude de la volonté

( p. 392— 109) : comment l’ordre social n’esl ni une insl i i ni ion contre nature ni iwe institution facultative (p, 129-444). Il faut noter que sur la question « le la prescience par Dieu des actes libres, Lacordaire est infidèle a lu tradition de l’école thomiste, suit que, sur ce point il ail connu imparfaitement celle-ci, soit que, au point de vue apologétique, Il ait trouvé plus coin

mode de s’en tenir à la théorie de la science moyenne qui, de prime abord, semble écarter plus vite l’objection du déterminisme de nos actions sous la causalité divine (p. 420-423).

Conférences de 1848 : Du commerce de l’homme avec Dieu. — La doctrine catholique nous dit que Dieu est notre principe ; mais elle nous dit aussi qu’il est notre fin. Dieu nous attire à lui ; il y a un commerce établi entre nous et lui, une communication directe et intime, non sous la forme rationnelle, mais sous la forme prophétique el sacramentaire (53e conf.). — Parmi tous les cultes, le christianisme, à rencontre de ce qu’en dit le rationalisme, présente une physionomie vraiment divine : il est le seul qui ait honoré la raison et opéré dans le monde une révolution morale, les autres cultes étant frappés d’incapacité logique et d’incapacité morale (54 e). — Par quoi sommes-nous menés à Dieu el établis dans l’ordre surnaturel ? Par la prophétie, qui est le complément de notre lumière intérieure ; par le sacrement, qui est le complément de notre activité libre (55 e). — La prophétie, qui n’est pas autre chose que la révélation, a pour objet le mystère. Le mystère, qui dépasse la raison, n’est pas l’absurde. L’absurde est l’apparente évidence du taux : le mystère est seulement l’incompréhensible, celui-ci étant d’ailleurs appuyé sur la parole infaillible de Dieu (56 e). — A la prophétie ou révélation de la part de Dieu, correspond la foi de la part de l’homme, la foi qui joue un rôle important dans l’ordre humain avant d’être nécessaire dans l’ordre divin, la foi à laquelle l’homme résiste quand il cède à l’ignorance volontaire, à l’orgueil de l’esprit, aux passions de la sensibilité (57 e). — Le sacrement est un instrument principe de force. Créé pour une fin surnaturelle, l’homme a besoin des forces surnaturelles contenues dans les sacrements (58 e).

C’est eu face du rationalisme qui refuse l’ordre surnaturel que Lacordaire se place constamment dans cette série de conférences. A noter ces passages principaux : l’.humanité est religieuse sous la forme surnaturelle (Œuvres, t. v. p. 13-23) ; le christianisme a amélioré et divinisé les mesura publiques (p. 62-65) ; les limites naturelles de l’esprit humain (p. 6 ! » -82) ; l’infirmité naturelle de la volonté quand il s’agit d’aimer Dieu (p. 82-91) ; la nécessité d’une parole divine révélatrice pour manifester à l’homme les vérités nécessaires à sa destinée et que sa raison toute seule ne saurait atteindre (p. 94-115) ; l’esprit de Dieu venant illuminer l’esprit de l’homme (p. 115-121) ; le scepticisme a l’intelligence trop faible pour respecter, dans le mystère, la limite inévitable imposée à tout esprit créé (p. 138-146) ; les causes de l’incrédulité (p. 167-173) ; la nécessité et la nature du sacrement (p. 179-199).

Conférences de tê’<) : De lu chute et de la réparation de l’homme — L’existence, la nécessité et l’organ sation de l’ordre surnaturel ayant été précédemment établies, deux questions restent à traiter : Qu’est-ce que la grâce ï Quel est le rapport de la grâce avec la nature ? La nature et la grâce, incapables l’une et l’autre de se passer lune de l’autre, s’épanouissaient en perfection dans le premier homme, dans d.nn (iin conf.). — 11 était libre. Mais la liberté appelle l’épreuve qui est l’occasion offerte à un être libre sacrifier au devoir ou « le sacrifier le « levoir à lui-même.

présenta à l’homme l’occasion « le l’épreuve la forme symbolique de l’arbre du bien et du mal (il i — A côté de l’épreuve, intervint la tentation, de même qu’à côté d’Adam, être intelligent, intervint un autre être Intelligent, pour l’induire au mal : l’ange déchu ((. !)’-es phases de la tentation primitive,

qui sont celles de toute tentation, sont : le doute émis sur l’autorité de Dieu, la Dégât ion de la vérité, l’allirtnalion contraire ; la conséquence : le règne des sens