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KOKLLIN

KOHLER

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Koellin se trouva alors engagé dans les conflits théologiques qui divisaient de plus en plus l’Allemagne. En 1511. Reuchlin avait publié son Augenspiegel (Miroir des tjeux), qui renouvela et étendit une querelle alors en cours sur les traitements à appliquer dans la répression des juifs ; le dominicain Jacob Hoogstraten, inquisiteur des provinces de Cologne, Maycncc et Trêves, déféra le livre à l’université de Cologne, qui en remit l’examen à Arnold de Tungern et à Conrad Koellin. Voir Hochstraten, t. vii, col. 1 1. C’est ainsi que Koellin, au cours des années 15111512, entretint avec le grand humaniste Reuchlin, vieil ami des prêcheurs, une correspondance fort amicale Lorsque l’empereur Maximilien, puis de nombreuses universités eurent condamné Reuchlin. l’affaire s’envenima ; le pacifique Koellin se retira du conflit. De ses travaux poursuivis alors dans le calme de l’école, il nous reste un gros volume de questions publié en 1523 à Cologne, sous ce titre : Quodlibeta viginL septem per modum dialogi coneinnata, penitlssima moralis theologiæ crama si ire volentibus oppido idonea. Koellin allait pourtant se trouver engagé dans un autre conflit, beaucoup plus grave d’ailleurs. En 1523, paraissait à Wittemberg le commentaire de Luther sur le vii c chapitre de la I re épître aux Corinthi ns. A la prière de la Faculté de théologie de Cologne. Koellin entreprit une longue réfutation des doctrines de l’hérésiarque : un premier volume parut en 1527, sans doute à Cologne : Eversio Lutherani Epithalamii, puis en 1530, à Tubingue : Adncrsus ca ïi i ; s Martini Lutheri nuptias, adversusuiic alia ejiisdi.Ti uel gentilibus abominabilia paradoxa, opus novum.’Koellin, dit à ce propos N T. Paulus, était un excellent professeur de théologie, mais non un bon polémiste, et encore moins un écrivain populaire. A cet égard, il n’était pas de taille à se mesurer avec Luther. » Dans la suite Koellin fit partie du groupe des théologiens qui préparèrent la réfutation de la confession d’Augsbourg. En 1528, on lui confia la charge d’inquisiteur des provinces de Cologne, Mayence et Trêves ; à ce titre, il participa en 1528-152M au procès de deux fameux hérétiques Clarenbach et Fliesteden, qui furent livrés au bras séculier. En 1535, il dirige une enquête contre les anabaptistes. Le plus fameux de ces procès fut celui qu’il mena en 1533 contre Corneille Agrippa et son livre De occulta philosophie, dont le premier volume avait paru en 1531. Jadis il avait eu connaissance de cet ouvrage et ne l’avait pas jugé pernicieux ; mais depuis lors, éclairé sans doute par le récent ouvrage d’Agrippa, De vanilate et inccrlitudine scienliarum, 1530, il avait changé de sentiment, et il interdit la publication du De occulta philosophia. Violemment Agrippa se défendit en plusieurs pamphlets ; en 1533, une édition complète de l’ouvrage parut, sans nom de lieu d’origine, quelque temps avant la mort de son auteur réfugié en France. Koellin mourait bientôt lui-même à Cologne, le 26 août 1536.

Etant donnée la date de composition de son commentaire de la [ » [I æ de saint Thomas, juste avant la révolution doctrinale de Luther, il y a grand intérêt

i y relever L’étal de la théologie, en particulier sur

les notions de péehé originel, de grâce, de justification, de mérite, comme aussi dans les Quodlibeta, quelque peu postérieurs, il y a profit a noter les réactions de la théologis en face des problèmes soulevés par Us

novateurs.

u point « le vue biographique ci bibliographique, lu notice très complète de N. Paului dispense des travaux antérieurs ; elle a paru dans la Zeltschrlft pukatholische Théologie, 1896, i.. » - 17-72, puis dam Diozesanarchlv non Schivaben, 1896, t. i. p. 19-63, en Un dans le volume Die deutschen Domtnikaner in Kampfe gegen Luther, 1618 l.-, ’;  :. Fribourg, 1903, p. 111-134. Paulus a utilisé : Ouétif-Echard, d’ailleurs très bref, Scriplores Ordinis priedicutomm, t. ii, p. 100 ; la dissertation médiocre de.7. Ilenning Lose, Dissertatio inauquralis de C. Koellino… in/ensissimo landri Lutheri lioste, Helmstadt, 17-19 ; le bon travail de G. Veesenmeyer, Nachricht non K. Kôllin, dans Kirchenhislorisches Archiv von Stàudlin, Tzschirner und Vater, Halle, 1825, p. 471-501. Aux documents fournis par les actes des chapitres généraux, édit. Reichert, Monumenta ordinis pra-dicatorum historica, t. ix, p. 53, 74, 149, 211, on ajoutera quelques précisions d’après le registre des lettres du maître général, alors Cajétan : Registrum lilterartim Thomas de Vi’o Cajetani, édit. Reichert, dans Quellen und Forschungen zitr Geschiclde des Dominikanerordens in Deuischand, fasc. x, Leipzig, 1911, p. 158, 160, 161, 167, 168.

M.-D. Chenu.

    1. KOHLER Christian et Jérôme##


KOHLER Christian et Jérôme, fanatiques suisses, fondateurs de la secte des Rriiggler. — Les deux frères Christian et Jérôme Kohler naquirent, le premier en 1710, le second en 1711 àRriigglen, petit village de la commune de Riieggisberg, dans le canton de Derne. De condition fort modeste, ils n’eurent jamais qu’une intruction tout à fait élémentaire ; mais ils puisèrent dans les milieux piétistes où ils furent élevés la haine de L’Église réformée officielle, laquelle, depuis la fin du xvir siècle, persécutait avec rigueur tous les adhérents de ce mouvement séparatiste. Ce n’est pas le lieu d’exposer les crises intérieures qui ébranlaient alors les Églises suisses. Disons seulement que dans les dernières années du xvii c siècle et les trente premières du xviii « , il s’était formé, en dehors et à rencontre de l’évangélisme ecclésiastique, de nombreux conventicules, où des illuminés prétendaient recevoir directement les communications divines. In instant comprimé par des mesures vigoureuses, le mouvement reprit de plus belle en 17-15. Dans la région de Riieggisberg, des enfants passèrent pour avoir des visions, des extases, des révélations. Les enfants des frères Kohler étaient du nombre de ces privilégiés, leur illuminisme se transmit à leurs parents. Les frères Kohler eurent leurs transes et leurs extases, ou du moins feignirent d’éprouver ces phénomènes, qu’ils ne tardèrent pas à exploiter dans dis vues tout a fait intéressées. Prédictions et prophéties se multiplièrent. Bientôt les deux compères s’associèrent une femme d’assez piètre renommée, Elisabeth Kissling, et se présentèrent comme en relation très spéciale avec chacune des trois personnes divines. Christian était le temple du Père, Jérôme celui du Fils, Elisabeth celui du Saint-Esprit. Utilisant aussi quelques données de l’Apocalypse, et variant leur thème, les deux frères se donnaient pour les deux témoins dont il est question Apoc-., xi, 3 sq. ; quant à Elisabeth, elle n’était autre que la femme qui est représentée dans l’Apocalypse, xir, 1, 2, comme enfantant le Sauveur.

Tout cela, y compris les prédictions relatives à la f

du monde, n’aurait été que grotesque et n’aurait pas mérité d’attirer autrement l’attention, si les fanabiques n’avaient ajouté à cet illuminisme de bas étage une prédication nettement immorale. L’autlnomisme qui se retrouve si facilement dans toutes les sectes (l’illumines se manifesta une lois de plus ici. Au nom de la sainir liberté des enfants de Dieu », les nonveaux prophètes autorisèrent les pires dérèglements, et donnèrent, tout les premiers l’exemple.

les autorités civiles et ecclésiastiques du canton s’émurent. En 1750, les prédicateurs, qui avaient réussi à grouper un certain nombre d’adhérents appelés les Brflggler, du nom de la patrie des Kohler, furent COndamné6 par le conseil de lienie a un bannisseinenl de six ans. Réfugiés dans le Jura, ils continuaient,

soit par des lettres, soit par des visites à fanatiser leurs partisans, à qui ils prédisaient la prochaine lin