Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/480

Cette page n’a pas encore été corrigée
2369
2370
KNOX — KŒLLIN


la reine Elisabeth, l’Assemblée déclara Marie Stuarl déchue de ses droits, et lui substitua le jeune fils de Darnley, James Stuart, en lui donnant, comme tuteur, avec le titre de régent, le comte de Moray lui-même, qui, depuis sa disgrâce, s’était rapproché de Knox. Ce fut Knox qui prêcha à la cérémonie du couronnement du jeune prince, à Stirling. Il réclama froidement à cet enfant la tête de sa mère. Mais sa cause n’était pas gagnée. Au commencement de mai 1568, Marie Stuart s’échappait avec Bothwell de la prison de Lochleven et se constituait une armée de partisans. Le 23 janvier 1570, Moray, passant à l.inlithgow, était assassiné en pleine rue. Le comte de Lennox, qui le remplaça, était loin d’avoir sa vigueur et son autorité.Aussi les partisans de la reine reprirent-ils courage, et l’Ecosse se partagea rapidement en deux factions, la plupart des —grands seigneurs, même protestants, ayant pris le parti de la reine, tandis que la petite noblesse et la bourgeoisie, excitées par Knox, soutenaient les décisions de l’Assemblée de 1567. Ces derniers étaient encore les maîtres de la capitale, Edimbourg. La garde du château avait été confiée à l’un des plus anciens compagnons de Knox, Kirkcaldy de Grange. Mais celui-ci, convaincu par Lethington, se rallia au parti de la reine et la position de Knox devint intenable. Le 5 mai 1571, il abandonnait la ville pour se retirer sur l’autre rive du Firth of Forth, à Abbotshall. Il était déjà très malade, mais n’avait rien perdu de son assurance. Il quitta bientôt Abbotshall pour Saint— Andrews et y reprit ses prédications et son activité. Il y publia aussi une réponse à l’ouvrage d’une jeune écossais, James Tyrie, qui était entré dans la Compagnie de Jésus, et qui avait attaqué la Réforme. L’ouvrage de Knox avait été composé en 1566, mais il le publia seulement au commencement de 1572. Dans un curieux appendice, il se défendit contre les bruits qui avaient couru au sujet de ses relations avec la mère de sa première femme, Mrs Bowers. Il prit part aussi à une controverse importante au point de vue religieux. L’archevêque de Saint-Andrews. Marmiton, avait été fait prisonnier, puis pendu, par ordre de Morton, qui avait succédé comme tuteur du jeune roi au comte de Lennox. Mais Morton, quoique protestant, s’était empressé de lui nommer un successeur dans la personne de John Douglas, recteur de l’université. Knox, tout en refusant de se mêler à l’a flaire et en réclamant contre cet attentat à la liberté de l’Église, accepta de prêcher l’inauguration du nouveau prélat.

La lutte entre les deux factions avait mis l’Ecosse dans un état indescriptible d’anarchie. Marie Stuart s’était confiée à Élisalieth qui en avait fait sa prisonnière. Pourtant, sur les instances de la France et de l’Angleterre, une trêve avait été conclue entre les deux partis, le 31 juillet 1572. Un article garantissait à tous le retour assuré dans leur demeure. Les coreligionnaires de Knox le pressèrent de revenir à Edimbourg. Il y rentra pour y mourir. Mais auparavant, il donna son avis sur le cas de Marie Stuart que la reine d’Angleterre, par un raffinement de cauteleuse politique, voulait livrer aux tribunaux écossais pour y être jugée.. Il déclara nettement qu’elle devait être condamnée et exécutée. Quelque temps après, le 24 novembre 1572, il mourait, le jour même où Morton était proclamé régent d’Ecosse. Ce fut le nouveau régent qui prononça son oraison funèbre.

Il laissait sans être publié le manuscrit de l’œuvre dont l’avaient chargé les États de 1560, Y Historié of the Rcjormalion in Scotland. Une singulière destinée attendait cet ouvrage, Le secrétaire de Knox, Richard Bannatyne, fit requête à l’Assemblée générale des protestants pour obtenir l’autorisation de le publier, moyennant une pension raisonnable. Sa demande

fut admise. Mais, selon Bannatyne lui-même, le manuscrit n’était complètement rédigé que jusqu’à l’année 1564. De là des retards, de sorte que c’est seulement en 1586 qu’un éditeur écossais, Vautrollier, essaya de le faire paraître à Londres. A ce moment, la Censure anglaise intervint et l’impression fut arrêtée. Enfin, en 1664, l’ouvrage parut à Londres. Mais cette ois encore, il avait passé par les mains des censeurs, qui l’avaient mutilé et défiguré à tel point que le grand poète Milton lui-même éleva contre eux, dans ses Arcopagilica, une véhémente protestation. C’est seulement au xixe siècle que le texte définitif a été publié par l’éditeur des œuvres de Knox, David Laing. L’ouvrage comprend six livres, dont le dernier n’a certainement pas été rédigé par le réformateur. Son dernier historien et admirateur, P. Hume Brown, le juge ainsi

« Si Knox n’avait pas écrit ce livre, on peut assurer

en toute certitude qu’il n’aurait pas la figure qu’il a dans l’histoire de l’Fcosse. Pour nous faire une idée de lui, nous serions réduits aux quelques notices des historiens contemporains ou aux références de hasard dans les papiers d’État… C’est dans l’Histoire de la Réjormation seule, qu’on trouve, avec toutes ses fins et tous ses caractères distinctifs, l’esprit essentiel de Knox et de son œuvre. » Op. cit., t.n, p.. Il sq. Ainsi, par un cas peu fréquent dans l’histoire, Knox a paru beaucoup moins grand à ses contemporains qu’à la postérité qui a bénévolement accepté son propre témoignage sur lui-même.

Knox, Works, 6 vol., éd. David Laing, Edimbourg, 1864 sq. ; John Cunningham, The Church History of Scotland, t. i, Edimbourg, 1882 ; P. Hume Brown, John Knox, a biography, 2 vol., Londres, 1805. Ces deux derniers volumes dispensent de toute la littérature antérieure.

A. Hujibert.

KŒLLIN Conrad, né à UJlm en 1476, entra en 1 192 au couvent des frères prêcheurs de cette ville, où son frère Ulrich l’avait précédé. Il y trouva une vie religieuse bien établie, sous la direction du P. Loifs Fuchs, prieur de grande réputation. En 1500, il poursuivait ses études à l’université de Heidelberg, où il subissait l’influence bienfaisante de Maître Pierre Siber, O. P. En 1505, le chapitre général de Milan l’assignait comme maître des étudiants et second lecteur à Heidelberg, aux côtés du régent Eberh rd de Clèves ; peu après il était élu prieur cl’Heidelberg. Les chapitres de 1507 et 1508 renouvelèrent son mandat de lecteur. C’est alors qu’il prit comme texte de ses leçons la Somme théologique de saint Thomas, contribuant ainsi à la substitution dans les écoles de l’œuvre personnelle du docteur Angélique au Liber sententiarum du Lombard, selon l’exemple de Gaspard Grùnwald à Fribourg, de Cajétan à Pavie et à Rome, de Crockært à Paris. Voir Frères prêcheurs, t. vi, col. 906-907. Son enseignement fut si apprécié que la Faculté de théologie de Heidelberg, en 1511, pressa le général de l’ordre, Cajétan. de favoriser l’impression de ces cours, ce à quoi consentit volontiers Cajétan. Ainsi parut à Cologne, en 1512, YH.rpositio comir.cntaria prima subtilissima simul ac lucidissima cunctisque theologice facultalis… studiosis maxime necessaria in primam secunde Angelicï Doctoris scli Tlwme Aqui natis. Une seconde édition devait paraître à Venise, 1589, par les soins d’Et. Guaraldi, O. P., puis une autre à Venise, 1602. Dès 1510, remplacé à HeidelbciL ; par Éberhard de Clèves, Koellin est nommé régent a Bâle ; le 1 ?’juillet 1511, on le voit immatriculé comme régent, B. M. Rcichert, Quellen und Forschungen zut deschichte des Dominikaneronlens in Deutschland, Fleft x : Reqislrum litterarum I h <>nt < de io Caietani. p. 158, 161. Il semble qu’il soit demeuré très longtemps dans cette charge, sans doute jusqu à sa mort ; il y est en tout cas mentionné encore en 1520. puis 1526.