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part, et d’autre part, de la Forma ac ratio tota ecçlesiaslici ministcrii, de Jean de Lasco, que Knox avait certainement connu à Londres, lorsqu’ils étaient tous deux chapelains d’Edouard VI, et qu’il avait retrouvé plus tard, en exil, à Francfort-Sur-le-Mein. En seize chapitres, l’ouvrage traite des ministres de l’Église, de leur élection et de leur admission ; puis du culte et des règles que l’on y doit suivre : enfin des biens de l’Église et de ses rapports avec l’État. La doctrine y apparaît fréquemment comme un compromis entre des vues divergentes. Ainsi, conformément à la théorie calviniste, les ministres de l’église sont groupés en quatre ordres : ministres proprement dits, lecteurs, anciens et diacres. Mais au-dessus d’eux, et nommés par l’État, le Book of discipline place des superintendants dont ils dépendent complètement. Aussi la controverse, s’est-elle prolongée en Ecosse, pratiquement, jusqu’aujourd’hui, de savoir si l’organisation de Knox est épiscopalienne ou presbytérienne. La dernière partie de l’ouvrage réglait l’attribution des biens de l’Église catholique dépossédée, et dressait, sur le papier, un beau plan d’organisation scolaire.

Ce dernier point réservait des déboires au réformateur. S’il avait pensé se servir des lords de la Congrégation, ceux-ci allaient lui montrer vivement que, pour leur part, ils entendaient se servir de lui. Pour eux. il s’agissait surtout de mettre la main sur ces biens d’Église et ils s’étaient déjà lancé. à l’œuvre. Ceux en qui Knox axait eu le plus de confiance, Erskine de Dun, le premier, se ruèrent à la curée. Aussi, lorsque les États se réunirent de nouveau, le 15 janvier 1561, pour se prononcer sur le Book oj Discipline comme ils avaient fait pour la confession de foi, à peine quelques-uns acceptèrent d’y souscrire. Knox se plaignit vivement. On le consola en lui procurant l’occasion d’un succès oratoire : une dispute fut instituée entre quatre représentants du catholicisme, dont l’official d’Aberdeen, John Leslie, et un professeur de théologie de cette université, Alexandre Anderson, et, du côté des réformés, les trois principaux ministres, Knox, John Wiïlcock et Christophe Goodman. Dans le récit qu’il nous a laissé, Knox présente cette dispute comme une brillante victoire ; Leslie qui la raconte aussi, est beaucoup moins allirmatif. Cependant le réformateur obtint alors des États que l’on détruirait les monuments de « l’idolâtrie >, et une campagne de démolitions commença qui devait durer plusieurs années et qui lit disparaître les plus anciens chefs-d’œuvre de l’art religieux en Ecosse. Les exécuteurs de cette décision, désignés par les États, furent les principaux lords de la Congrégation, Arran, Argyll, Glencairn, et le propre frère, bâtard, il est vrai, de la jeune reine, .lames St ; rt. Ce fut là pour le moment, le résultat le plus clair du Book o) discipline.

.Mais François II était mort à la fin de— 1560. Sa jeune veuve n’était plus reine de lïance : elle restait reine d’Ecosse. Ses sujets, protestants comme catholiques, la réclamaient. Après bien des hésitations et avec bien des regrets, elle s’embarqua pour l.eilh ou elle aborda le 20 août 1561. Quelle allait être son attitude’.’Elle avait obstinément refusé de reconnaître le traité d’Edimbourg. Elle pouvait dès lors contester la légitimité de la convocation (les I : t al s et considérer comme nul tout ce qu’ils avaient fait. Aussi Knox ne cachait-il pas son anxiété. De fait, pendant les quatre premières années qui suivirent le

retour de la reine, ce fut un véritable duel entre elle ci le réformateur. Marie employait toutes les séductions e1 toutes les ruses dont une femme a le secret, pour le circonvenir. Elle détachait Insensiblement de

lui les principaux chefs de la Congrégation, .lames Stuarl, dont elle faisait un comte de Moraj. Maitland

et Lcthinglon. qu’elle prenait comme conseillers. Elle cherchait à retourner la politique écossaise contre l’Angleterre. Chaque fois crue Knox, dans ses prêches de Saint-Gilles, la paroisse d’Edimbourg dont il était ministre, dépassait les bornes, elle le convoquait au palais de Holyrood et cherchait à le séduire par sa bonne grâce et des discours raisonnables. Mais le réformateur restait inflexible.. Il ne passait pas une occasion de tonner contre la reine et ses conseillers. Une démarche quelconque de IMarie, une soirée de danse au palais, étaient pour lui l’occasion de harangues enflammées et bibliques. Sur ces entrefaites, sa femme étant morte, il se remaria avec la tille d’un lord besogneux de la Congrégation, Ochiltree. Elle avait seize ans, il en avait cinquante-neuf. Comme la chose se passait en Ecosse, elle ne parut point ridicule (156-1).

Un autre mariage en effet y occupait alors tous les esprits : celui de la reine.. Il avait été l’occasion d’intrigues sans fin de la part d’Elisabeth et des Guises, du roi d’Espagne Philippe II et des grands seigneurs écossais. Le choix de Marie Stuart déçut tout le monde : elle épousa son cousin Darnley, des comtes de Lennox (29 juillet 1565). Le coup fut rude surtout pour le parti protestant, car le nouveau mari de la reine était resté très attaché à sa foi catholique. Ce fut une occasion pour Knox de redoubler ses attaques. De sa chaire de Saint-Gilles, il prêcha sur Achab et Jézabel justement le jour où Darnley était allé pour l’entendre. La reine trouva que cette fois il était allé un peu loin et lui lit interdire désormais toute prédication. Mais c’était une belle occasion pour le réformateur de reconstituer la Congrégation. Le comte de Moray, Maitland, Lethington, tous les protestants qui s’étaient ralliés à la politique de Marie, avaient été écartés du pouvoir. D’autre part, la reine s’était livrée entièrement aux conseils d’un personnage dogmatique, un italien, David Rizzio, que tous, en Ecosse, considéraient comme un agent du pape. Ainsi l’ancienne coalition allait-elle se reformer plus violente autour de Knox et par les soins du représentant de l’Angleterre à Edimbourg, Randolph.

Les meilleurs alliés de Knox dans cette tâche furent d’ailleurs la reine et son nouveau mari. Celui-ci, jaloux de l’ascendant de Pizzio, organisait un complot avec les seigneurs protestants pour le faire assassiner sous les yeux de la reine (9 mars 1586). Et si Knox ne prît pas directement part au complot, les historiens les plus dévoués à sa cause ne font aucune difficulté pour avouer qu’il l’approuva certainement. Le 10 février 1567, c’était le tour de Darnley, que Marie laissait assassiner par lord Bothwell, à qui le 15 mai suivant, elle donnait sa main. Pendant ce temps, Knox, qui ne se sentait pas en sûreté à Edimbourg, taisait un tour dans le sud de l’Ecosse, où il réchauffait le zèle des communautés protestantes et voyait venir à sa cause l’un des plus redoutables défenseurs du catholicisme, le comte de Cassilis. Il écrivait une lettre aux pasteurs et aux évêques d’Angleterre, en faveur des puritains que l’on exilait, parce qu’ils réprouvaient l’usage du surplis et du bonnet carré. Il se rendait lui-même sur l’autre rive de la Tweed, probablement à Berwick, où il trouvait son ancienne communauté très florissante.

Mais une fois de plus les événements tournaient en sa laveur, In soulèvement des seigneurs, catholiques et protestants, s’emparait de la reine et de son nouveau mari Bothwell et les retenait prisonniers au chai eau de I.ochleven (16 juin 1567). Aussi Knox

réapparaissait-il à Edimbourg le 25 juin, et, le même

jour, une Assemblée générale des protestants s’réunissait. Poussée par le réformai eur. malgré les avertissements de Throgmorlon que lui avait envoyé