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KNOX


comme la réfutation de l’ouvrage d’un anabaptiste anglais, que l’on suppose être Robert Cooke, paru, d’après Knox, sous le titre : Le Pécheur par nécessite, The careless bg necessity, et qui ne semble pas être venu jusqu’à nous. Du reste, l’ouvrage n’ajoute absolument rien aux arguments bien connus de Calvin et le tempérament de Knox n’était pas fait pour adoucir les angles et la rigidité fie cette doctrine.

Pendant qu’il s’occupait ainsi de théologie, les événements qui se déroulaient en Angleterre et en Ecosse prenaient une tournure favorable à ses idées. En raison même des circonstances politiques, le groupe des réformés écossais acquérait de jour en jour une importance plus considérable. Knox continuait d’entretenir avec eux d’étroites relations et, pendant le séjour plus ou moins clandestin qu’il lit dans son pays, de l’automne 1555 jusqu’au mois de juillet 1556, il s’entendit à réchauffer le zèle de ses néophytes, en particulier de leur chef, lord Erskine de Dan. En Angleterre, Marie Tudor mourait, le 17 novembre 1558. Lorsque sa sœur Elisabeth l’eut remplacée sur le trône, le réformateur crut son heure venue. Il s’adressa directement à elle pour obtenir un passeport. Mais la nouvelle reine se souvenait du Premier éclat de la trompette sur le monstrueux gouvernement des femmes, et de quelques autres pamphlets du même genre sortis des presses de Genève. Pendant quelque temps encore, il fallut se contenter d’agir par la plume. Knox le fit en particulier dans une Lettre à la reine douairière, Marie de Lorraine, où il lui adressait, sur le ton habituel des prédicants de Genève, les remontrances les plus sévères à" propos de son mauvais gouvernement et surtout de son < idolâtrie ». Cette lettre parut en 1558.

En attendant, la mort de Marie Tudor l’avait décidé de se rapprocher de la Grande-Bretagne. Il quitta Genève pour Dieppe en février 1559, et, de là, dirigea requête sur requête pour obtenir d’Elisabeth l’autorisation de passer en Angleterre. Il désirait, disait-il, aller visiter ses coreligionnaires de Berwick et de Newcastle. Mais la reine ne voulut rien entendre, ni même son ministre Cecil, malgré son inclination bien connue pour les doctrines de Calvin. Aussi, las d’attendre, Knox s’embarqua-t-il directement pour Edimbourg, où il arriva le 2 mai 1559. Il y trouva la révolution sur le point d’éclater. Les lords protestants avaient formé une association, une congrégation, en vertu de laquelle ils se promettaient mutuelle assistance. Plusieurs villes étaient, en tout ou en partie, gagnées à leur cause. C’était le cas pour Saint-Andrews, Dundee et Leith. D’un autre côté la régente ne pouvait compter que sur les troupes françaises qu’elle avait sous la main, à peine quelques milliis d’hommes. <ar la plus grande partie de l’Ecosse ne s’intéressait en aucune façon à cette querelle et refusait d’y prendre part. Aussi, l’arrivée de Knox fut-elle, pour Marie de Lorraine, une surprise désagréable et, pour ses adversaires, une grande raison de persévérer dans leur résistance.

Comme les forces en présence étaient à peu près égales, les hostilités prirent la forme d’une série de soulèvements, coupés de trêves et d’arrangements, que bientôt chaque parti s’empressait de rompre. Knox vit bien du premier coup d’œil que les réformés laissés à eux-mêmes n’arriveraient à rien. Il reprit sa vieille idée d’une alliance avec l’Angleterre, de plus en plus inquiète de la présence des Français en Ecosse. Le mariage de Marie Stuart, qui avait en plus des prétentions au trône d’Angleterre, avec François II, n’était pas fait pour calmer ces inquiétudes. Aussi Knox se fit-il appointer comme secrétaire de la Congrégation pour traiter cette affaire. Pourtant, elle ne marcha pas toute seule, et c’est tout juste si, d’abord,

Elisabeth offrit une misérable somme d’argent, pour soutenir les protestants, qui, à la fin de 1559, s’étaient de nouveau soulevés. Le souvenir du Premier éclat île la trompette sonnait encore aux oreilles de la reine d’Angleterre. Aussi la cause de la Congrégation paraissait-elle irrémédiablement perdue, lorsque, à la fin de janvier 1560, une flotte parut dans le Firth of Forth. Mais ce n’étaient pas les navires français qu’attendait Marie de Lorraine. Elisabeth, sur les instances de Knox et de son envoyé Maitland, avait enfin cédé, et elle avait lancé ses vaisseaux pour interdire à la flotte française l’accès des côtes d’Ecosse, cela, du reste, sans déclaration de guerre. Ils arrivèrent juste à temps pour sauver Saint— Andrews, la capitale des réformés. Sur ces entrefaites, Marie de Lorraine mourut. Les troubles qui augmentaient chaque jour en France décidèrent cette puissance à faire la paix avec l’Angleterre. Le traité, signé à Leith, fut proclamé à Edimbourg le 6 juillet 1560. Les deux gouvernements s’engageaient à évacuer l’Ecosse l’un et l’autre.

Ce traité ne parlait pas de religion, mais il stipulait que les États d’Ecosse seraient convoqués en Parlement. Ils se réunirent le 1 er août, et leur souci fut immédiatement de régler la question religieuse. La foi catholique n’y fut guère défendue, même par ceux qui avaient charge de le faire. La Congrégation était maîtresse absolue de la situation. Elle requit le Parlement d’ordonner la rédaction d’une confession de foi. Une commission, dont Knox fut certainement l’inspirateur, fut nommée à cet effet. En quatre jours, elle rédigea 35 articles, qui s’inspiraient dû très près de la confession de Calvin et de celle que les ministres huguenots avaient publiée à Paris, en mai 1559. Ces articles furent soumis un à un à l’Assemblée, qui les adopta sans grande opposition. En même temps, Knox voulut achever son œuvre en unissant plus étroitement encore l’Ecosse et l’Angleterre. Il prit une part active à la négociation du mariage d’Elisabeth avec le comte d’Arran, alors régent, dont la mort de Marie de Lorraine avait fait le premier personnage du royaume. Celui-ci inclinait alors aux doctrines protestantes et avait pris le réformateur pour son conseiller. Mais la négociation échoua.

La confession de foi publiée au nom des États n’était qu’un premier pas.. Il fallait détruire l’ancien état de choses et le remplacer par un nouveau. Sur une nouvelle pression de la Congrégation, le Parlement prit, le 21 août, trois mesures destinées à remplir la partie destructive de cette tâche. Il émit d’abord un décret qui annulait tous les statuts antérieurs concernant les censures de l’Église et le culte des saints. Un* second déclarait la juridiction du pape abolie dans le royaume. Par un troisième, le fait de dire la messe était déclaré crime puni par la confiscation des biens ; celui de l’entendre, crime puni de bannissement ; et les récidivistes encouraient la peine de mort. Mais il fallait aussi organiser la nouvelle Église. Une commission, la même très probablement qui avait déjà rédigé la confession de foi, reçut ordre de faire ce tra ail. Knox semble y avoir joué un rôle plus considérable que dans la première. Il passa les derniers mois de 1560 à « mettre en un volume la police et la discipline de l’Église. » > Les États l’avaient chargé en outre de rédiger un récit des événements qui venaient d’avoir lieu, idée à laquelle il avait déjà lui-même pensé. Ce fut li l’origine de deux œuvres importantes, le Book of discipline et l’Historié of the neformalion in Scotland.

Pas plus crue la confession de loi, le /-’ok of discipline n’est une œuvre originale.. Il est l’adaptation avec quelques changements nécessités par les circonstances, des Ordonnances de l’Église de Genève, d’une