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KLEE KNIPPENBERG

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formation théologique et sacerdotale. Klee fut employé dans l’enseignement avant même son ordination, devint professeur au grand séminaire en 1824, à l’université de Bonn en 1X29, en lin à Munich, à la place de Môhler, en 1839. Il y mourut dès le 28 juillet 181(1. sa faible santé n’ayant pu résister à un travail excessif.

Sa direction théologique correspondait à l’esprit traditionnel de l’école de Mayence. Aussi les hennésiens de Bonn s’étaient opposés vivement à sa nomination, et le poursuivaient d’intrigues indignes et mesquines. Insuffisamment armé pour l’exégèse, Klee négligeait le côté philologique en faveur de l’interprétation dogmatique. Ses préférences allaient vers la théologie dogmatique qu’il présenta en plusieurs exposés positifs et sobres. Ses écrits témoignent d’une remarquable érudition scripturaire et patris tique ; par contre la pensée scolastique ne lui était que très imparfaitement connue et sa philosophie est d’inspiration cartésienne. Cependant il voulait retourner de toutes les forces de son âme pieuse et intègre à la pure doctrine de l’Église, et son exemple a puissamment contribué au renouveau des traditions catholiques en Allemagne.

Écrits : De chiliasmo primorum sseculorum, thèse de doctorat à l’université de Wurzbourg, 1825 ; — Die Beichte, 1827 ; — Commentar ùber dus Evangeliiun hach Johannes, 1829 ; — Commentar ùber des Apostel Paulus Sendschreiben an die Rômer, 1830 ; — Kurzes System der katholischen Dogmatik, 1831 ; — Eneyklopâlie der Théologie, 1832 ; — Auslegung des Briefes an die Hebrà-r, 1833 ; —Die Ehe, 1833 ; 2e édit., 1835 ;

— Katholische Dogmatik, son œuvre principale, 1834 et 1835, éditions postérieures en 1840, 1844, 1861 ; — Lehrbuch der Dogniengeschichte, 1837-1838, essai très remarqué, un des premiers du xixe siècle, il a été traduit en français par l’abbé Mabire, Paris, 1848 ; — Grundriss der Ethlk, posthume, publié par Himioben en 1813, 2e édit.. 1817.

Mentionnons quelques idées particulières. L’immaculée conception et l’infaillibilité pontificale sont nettement affirmées. Par contre l’auteur est aussi décisif en faveur du génératianisme et rejette la vision béatifique dans le Christ. Les enfants morts sans baptême sont justifiés en vue de la foi de leurs parents, ou se décident eux-mêmes librement pour le bien ou le mal au moment de la mort. Les rapports entre naturel et surnaturel, raison et foi sont mal précisés : la religion est essentiellement positive, et la révélation paraît absolument nécessaire même pour les vérités rationnelles. L’idée de Dieu est innée ; la doctrine scolastique sur les preuves de l’existence de Dieu à partir du monde sensible, et sur la triple voie positionis, negationis, supereminentiæ, est formellement rejetée. 11 est indécent, dit Klee, de vouloir prouver l’existence de Dieu avant d’y croire. Les « soi-disant » preuves de son existence ne servent qu’à faire passer l’idée innée de l’état de foi immédiate (Zustand der Glaubensunmittelbarkeit ) à la forme conceptuelle. Il faut croire à Dieu pour croire raisonnablement à la valeur rie n ol re propre raison et à l’existence du monde extérieur.

F. S., Lebensabriss îles Verfassers, dans la : î" et I’édit. de la liiKjmulique ; lleinrich, Vorwort, 4° édit. de la Dogmatique ; <la même, l’art, du Kirchenïexikon, I. vii, col. 743 sq. ; Allgemeine deulsche Biographie, t. xvi, p. 69 ; Karl Werner, Geschichte der katholischen Théologie, seil <lem Trienter Concil bis zur Gegenwarl, Munich, 1866 ; .1. Bellamy, La théologie catholique mi w v siècle, Paris, 1904, p. 127.

I.. SCHALCK.

    1. KLEUTGEN Joseph##


KLEUTGEN Joseph, théologien dogmatique el

ml rovcisislc, né a I)orl iiiiniil ( W est phalic) en 1811,

agrégé à l’Académie de Munster et de Paderborn,

demanda son admission dans la Compagnie de Jésus oii il entra, le 28 avril 1834, sous le nom de Peters qu’il porta jusqu’en 1816 afin d’éviter des complications avec le gouvernement prussien. Professeur de droit naturel au collège de Fribourg, puis d’éloquence sacrée à Rome au Collège germanique, il ne tarda point à acquérir une immense réputation de doctrine et de savoir par ses remarquables travaux sur la théologie et la philosophie scolastiques : Die Théologie der Vorzeit, Munster-en-W., 1853-1860. 3 vol. in-8 » ; 2e édit., 8 vol. in-8°, 1807-1874, et Die Philosophie der Vorzeit, Munster-en-W., 1860-1803. 2 vol. in-8° ; 2e édit., Inspruck. 1878. Le P. Kleutgen fut salué en Allemagne du titre de « restaurateur de la théologie scolastique » et l’enthousiasme suscité par ces ouvrages dans les milieux catholiques s’explique par le désarroi des esprits en face des succès du kantisme et par l’état déplorable où se trouvait réduit l’enseignement de la philosophie et de la théologie dans les séminaires et les universités. La conciliation tentée par Hermès, Gunther, Froschammer, entre la philosophie nouvelle et le dogme indiquait assez le danger que courait l’Eglise d’Allemagne. C’est à ramener dans l’enseignement les méthodes et les principes scolastiques que Kleutgen voua toute sa vie : il eut la joie de réussir pleinement dans cette tâche salutaire. Traduite en italien par le cardinal de Reisach et par le P. Curci, en français par le P. Sierp, la Philosophie der Vorzeit exerça en Italie et en France une influence profonde. Nommé préfet des études au Collège romain, consulteur de la Congrégation du Saint-Office, le P. Kleutgen n’en continua pas moins la publication de savants ouvrages dont on trouvera la liste dans Sommervogc’l. Il mourut à Kaltern (Tyrol), le 13 janvier 1883, sans avoir pu achever ses Inslilutiones théologien’, ri mt le premier volume parut à Ratisbonne en 1881.

lluiter, Nomenclator, 3e édit., t. v, col. 1501-1503 ; Sommervogel, Bibliothèque de la Compagnie de Jésns, t. jv, col. 1113-1116 ; Zeitschrifi fur katholische Théologie, t. mi, p. 197-229 ; Stimmen aus Maria Laach, t. xxv, p. 105-124.

P. Bernard.

    1. KNIPPENBERG Sébastien##


KNIPPENBERG Sébastien, né à Helrien, village du Limbourg hollandais actuel, vers le milieu du xviie siècle, entra dans l’ordre des frères prêcheurs au couvent de Cologne.. Il y conquit successivement les grades académiques ; en 1687, le maître général le nommait régent du collège des prêcheurs ; le 6 novembre 1688, il recevait le titre de maître en théologie. Choisi bientôt comme inquisiteur pour la province de Cologne, il demeura dans celle charge pendant quarante ans, jusqu’à sa mort, le 31 mai 1733. à l’âge rie quatre-vingt-neuf ans. Intelligent, très personnel dans son travail, il ne sut pas demeurer fidèle aux traditions de l’école thomiste, à laquelle le rattachait sa formation dominicaine ; cela lui valut une vive opposition et de multiples réprimandes de la part du général, le P. Cloche, attentif entre tous à conserver jalousement la tradition thomiste. Ses ouvrages sont : Opusculum de Providentiel Dei gu.bernan.te per motum, Cologne, 1700 ; Deus movens juxta mentem S. Thomte Doctoris Angelici non absque prsedeierminatione physica, sive responsio ad libellum.. R.etE. P. P. Kirsch, S..L. Cologne, 1708. C’est à l’occasion de ce volume, où Knippenberg attaquait vivement la Panoplia de i emos, que le 1’. Cloche lui écrivit une lettre sévère pour le rappeler a l’ordre. Knippenberg s’entêta et publia un Opusculum, doctrina s. Thomee in materia de gratia ab erroribus ipsi falso impositis liberaia, Cologne, 1718. Le chapitre général de Milan condamna l’ouvrage, en 1721, et en 1722.1c Saint-Office l’inscrivit au catalogue de Y Index. En 1721, nouvel opuscule contre le P. Jean Van Bilsen, O. P., qui l’avait attaqué ; Opusculum contra librum aulhoris anonymi inti-