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KIRCHER — KLEE


nisme voudrait donner la certitude par l’Écriture, dont il donne lecture à ses fidèles ; mais de la Bible il ne peut garantir ni le texte, ni la traduction, ni le canon, ni l’exégèse ; au contraire l’Église catholique, par sa simple durée, par son infaillibilité, par son identité avec l’Église apostolique, suffit pour donner à ceux qui viennent à elle pleine certitude ; que l’on ajoute à cette considération celle de l’anarchie qui règne dans le monde luthérien par contraste avec l’ordre qui se manifeste dans le catholicisme, et l’on aura dans ce dernier la plus entière confiance. Tout cela est ramassé en dix chapitres, nerveux, substantiels, sans phrase, vrai modèle de sérieuse apologétique.

L’écrit lit une grosse impression dans le monde luthérien. Plusieurs théologiens essayèrent de le réfuter. Calovius de Konigsberg opposa à Kircher un Examen antikircherum, Schragmuller un Aniikircherus, mais surtout le célèbre J. D. Dorsch, professeur à Strasbourg, crut devoir s’attaquer au converti dans un volume compact. M. J. Kircherus devins, sire hodegetieus catholicus, quo ostenditur M. J. Kircherum Tubi.nga Wurlembergicum migrationis sua : ex synagoga, quam vocal, luiherana in Ecclesiam catholicam inslitulione ivisse, non quo eundum est, Strasbourg, 1641. La truculence même des attaques montre que Kircher avait touché juste. Ce dernier d’ailleurs ne dut pas avoir connaissance du livre strasbourgeois ; à celui-ci une réponse sera faite quelques années plus tard par II Wagnercck, professeur à Dilingen : Anti-Dorscheus, sine conversionis ad fidem catholicam causæ M. Joannis Kircheri Tubînga-Wirtembergici defensse, Dilingen, 1653. La mince plaquette de Kircher, après avoir donné naissance aux 871 pages in-12 de Dorsch, faisait éclore finalement les 484 pages in-l° de Wagnereck. Tout cet ensemble n’est pas sans intérêt pour l’étude de la controverse entre catholiques et luthériens au milieu du Nvne siècle.

On trouvera une traduction allemande de l’ouvrage de Kircher dans Mgr A. Ræss.Die Converliten seit der Reformation tiacli ihrem Leben und aus ihren Schri/ten dargeslellt, t. v, Fribourg-en-B., 1867, p. 546-590. Voir aussi Bavle, Dictionnaire critique ; Mortri, Le grand dictionnaire ; Allgemeine deulsclie Biiqra] liie, t. xvi, p. 6-7.

E. Amann.

KIS Emeric, controversiste, né à Tyrnau, en 1631, entré au noviciat de la Compagnie de Jésus en 1648, publia de nombreux ouvrages d’apologétique et de polémique contre les calvinistes, la plupart en hongrois. Il s’attache surtout à démontrer que les t lu ses calvinistes sont de pures innovations et non comme l’enseignaient les professeurs de théologie calviniste, une antique tradition remise en lumière. Atteint de la peste au siège de Vienne, en soignant les malades dans les hôpitaux, le P. Kis mourut le 25 octobre 1683.

X. Milles, Snmboln : ad illustr. historiam Ecclesiæ orientalis, Inspruck, 1885, t. i, p. S49-853.

P. Bernard.

    1. KLAPWELL ou CLAPWEL Richard##


KLAPWELL ou CLAPWEL Richard, domi nicain anglais, maître en théologie à l’université d’Oxford, à la fin du xhi c siècle, au moment des conllits les plus aigus provoqués par la diffusion de l’aristotélisme thomiste, et qui se trouva être le protagoniste du mouvement en face de l’opposition violente de Jean Peckham, franciscain, archevêque de Cantorbéry. En 1282, dans leur chapitre général de Strasbourg, les mineurs avaient pris des mesures contre la lecture des œuvres de Thomas d’Aquin, et avaient fait du récent Correclorium fralris Thomæ de Guillaume de la Mare, l’un de leurs maîtres anglais, la réponse quasi-officielle aux principales thèses thomistes. Les dominicains anglais défendirent leur docteur, d’autant que leurs chapitres généraux leur en faisaient un

devoir : point par point ils répondirent au Corruplorium de Guillaume, comme ils le qualifiaient, dans un Corrcctoriiun corruptorii qui débute par ces mots : Quare detraxistis sermonibus veritaiis. Klapwel est sans doute l’auteur de ce correctoire, en collaboration du moins avec son compagnon Guillaume de Macklfield. Dans l’effervescence provoquée à Oxford par ces querelles, Peckham intervint, et, après une visite à l’université, renouvela, en trois lettres consécutives, les 10 et 14 novembre, puis le 7 décembre 1284, la condamnation, portée par son prédécesseur Kilvardby„ en 1277, contre plusieurs propositions ; il insistait sur la condamnation de la théorie de l’unité des formes, précisément l’un des points cardinaux de la doctrine thomiste. Klapwell, appuyé par Guillaume de Hotham le prieur provincial, s’éleva avec véhémence contre la décision de l’archevêque. L’année 1285 fut remplie par ces polémiques, dont on peut soupçonner l’âpreté en lisant la longue lettre de Peckham, 1 er juin 1285. sans doute dirigée contre Klapwell. Le 30 avril 1286 Peckham condamnait huit (ou selon d’autres douze 1) propositions, thèses et applications théologiques de la théorie de l’unité des formes. Les prêcheurs en appelèrent à Rome. Klapwell se rendit en Italie ; mais il n’obtint pas ce qu’il désirait du pape franciscain Nicolas IV, qui venait de monter sur le trône. I mourut à Bologne, en 1288, ipsas hæreses renovando, dit la chronique de Dunstable. Des œuvres de Klapwell, nous connaissons, outre sa contribution au correctoire indiqué, des Noiabilia super primant Sententiarum, ms. Oxford, Magdalen Collège, 56, 1° 184-194. sans doute le début du commentaire sur les Sentences que lui attribue L. Pignon ; des Quæsliones quodlibetales, ms. Cambridge, Peterhouse, 128, ꝟ. 91-113. D’après Pignon, il serait aussi l’auteur de deux opuscules, relevant des polémiques thomistes : De unitalc jormarum et De immediata visione divinæ essentiæ. Le Correctorium : Quare detraristis, qui fut longtemps attribué à tort à Gilles de Rome, a été édité plusieurs lois sous son nom, Venise, 1486, 1501, 1516 ; Strasbourg, 1501 : Cologne, 1624 ; Naples, 1644 ; Cordoue, {702.

I, Sources. — L. Pignon, (). P., Tabula magislrorum de ordine prædicatorum, n. 12, c’ditée par Denifle, Archiv fur Lileratur und Kitchengeschichte des Mittelalters, t. ii, p. 227. Deux séries de documents nous permettent de reconstituer le conflit avec Peckham : les Annales de Dunstable et les Annales d’Osney, à l’année 1286, publiées par R. Luard, Annales’monastici, Rolls Séries, t. iii, p. 323-325, 341 et t. iv, p. 306-307, et le Registre des lettres de Peckham, Registrum epislolarum Jobannis Peckham, édit. Martin, t. iii, p. 608, 612, 619, 620, 622, 025, 645, 661, 681, reproduites en partie par Wilkins, Concilia Magnæ Britannix, t. ii, p. 123-121 ; les Annales rapportent douze propositions condamnées, les lettres de Peckham huit.

II. Travaux.

La question du conflit et l’attribution du correctoire sont brièvement traitées par Quétif-Echard, Scriplores ordinis prædicatorum, t. i, p. 414 et 503. On trouvera le résultat des recherches présentes dans : M. Grabmann, Le « Correclorium corruptorii » du dominicain Johannes Quidort de Paris, dans Revue itéo-colastique, 1012, t. xix, p. 406-411 ; P. Mandonnet, Siger de Brabunt, 2 ; édit., Louvain, 1908, p. 102, 236, xxviii ; Premiers travaux de polémique thomiste, dans Revue des sciences philosoph ques et théologiques, 1913, t. vii, p. 54-56 ; F. Ehrle, Der Kampj um die Lehre des hl. Thomas v. Aquin in den ersten 5U Jahren nach seinem Tod, dans Zeitschrift fur die katholische Théologie, 1913, t. xxxvii, p. 278-284, 312-314. Une brève notice est donnée par R. L. Poole dans le Dictionarij of national biography, 2e édit., t. iv, p. 374-375.

M.-l >. Chenu.

    1. KLEE Henri##


KLEE Henri, théologien allemand (1800-1840).

— Il naquit le 20 avril 1800 à Munstermaifeld en Riiénanie d’une mère wallonne, et fit ses études à Mayence où son père venait de s’établir. Le séminaire dirigé par Liebermann donnait à ses élèves une solide