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KIl.WARDliY — KIHCIIER

le primat, il y eut sans doute quelque mécontentement de son œuvre : il semble Lien en tout cas que l’ordre dominicain, déjà officiellement attaché aux doctrines de Thomas d’Aquin, ait vu là un bon moyen d’écarter un puissant adversaire. Le 25 juillet, Kilwardby partit pour l’Italie ; très âgé déjà, il tomba malade en arrivant à la cour pontificale, à Yilerbe, et il y mourut le. Il septembre 1279.

Kilwardby joue, dans le développement de la pensée philosophique et théologique du xin siècle un rôle îles plus représentatifs : la condamnation du PS mars 1277. faisant écho à celle du 7 mars portée a Paris par Etienne Tempier, plaçait l’archevêque dominicain à la tête de l’opposition menée par l’augus tinisme traditionnel contre le mouvement aristotélicothomiste. C’est que, par sa formation et son activité scientifiques, Kilwardby se rattachait aux ancien : n s directions augustiniennes ; sa grande réputation cl sa position en faisaient un redoutable adversain i nouveautés » thomistes. Le document le plus significatif en cette affaire est la fameuse lettre qu’il adressa à son confrère Pierre de Conflans, archevêque de Corinthe, personnage influent, en résidence à la cour romaine, pour légitimer son intervention rigoureuse contre les doctrines de Frère Thomas : nous voyons la clairement ses idées et tendances personnelles,

(.elle lettre a Pierre de Conflans est sans doute la première réaction explicite de Kilwardby en face du thomisme triomphant ; car, a voir ses œuvres antérieures, il ne semble pas qu’il se soit rendu compte de l’inévitable lutte qui se préparait entre le courant augustinien et le nouveau courant aristotélicien. Certes, s’il fréquentait avec dévotion saint Augustin, il avait aussi acquis une connaissance très étendue des œuvres d’Aristote : les premiers maîtres dominicain. d’Oxford, et en particulier son prédécesseur immédiat 1 tichard Fishacre, lui avaient transmis leur admiration pour le philo ophe. Mais, si l’on en juge par plusieurs questions importantes de son commentaire du Lombard, Kilwardby a cru pouvoir concilier les doctrines en conflit, superposant par exemple Filluminismc augustinien à l’expérimentalisme aristotélicien ; là même oi’i il accepte le plus largement le vocabulaire el les cadres de la métaphysique d’Aristote, il ne paraît pas en avoir perçu profondément le sens et la portée. On ne pouvait pourtant, seinble-t-il, pousser plus loin que lui, avec les ressources d’une grande érudition el d’une large intelligence, l’effort pour unir Aristole et Augustin : c’est que l’entreprise était vouée, du moins alors, a un écliec.

lue étude approfondie des œuvres de Kilwardby permettra un jour de préciser sa position et sa doctrine, philosophiques ou théologiques ; elles sont en effet, sauf sa lettre à Pierre de Conflans, toutes inédites. Sans nous arrêter ici à ses nombreux ouvrages ophiques, commentaires des livres tant physiques que logiques d’Aristote, dont on trouvera la liste dans Echard, Scriptores, t. i, p. 37(i— : S77, nous tlerons ses œuvres importantes au point de vue théologique : l" Son volumineux commentaire des Sentences se trouve a Oxford, Merton Collège, 131 ; oi( ester, Chapter l.ibrary, F 43 ; Toulouse, bibl. mun., 01 (le livre II). — 2° Une collection de Quæationea à Bordeaux, Bibl. munie, 131.

— 3° Des Quæaiiones de conscientia, à Oxford, Bodl. 333 ; Londres, Harl., 106. — 4° in traité De relations, à Oxford, Merton Collège, 131, et Balliol, 3. 5° i ne Epitiola ad novitios de exeellentia ordinis predicatorum, conservée par l’écrit que Jean Peckham,

O. l, a consacré a sa relu lai ion ; le traité de l’eckham

a été édité par F. Tocco, Lu quistione delta povertà net

XIV, N’aples, 1910, p. 219-275. 6° Un traité

De anima facultattbus, inspire de saint Augustin, à

Oxford, Balliol, 3. — 7° Il importe de signaler le traité De oriu scientiarum, qui constitue une très intéressante introduction à la philosophie. Voir à ce sujet L. Baur, Dominiais Gundissalinus, De dlvisione philosophie, Munster, l ( J03, p. 368-376.. Il faut sans doute rattacher à ce travail deux opuscules De divisione philosophiu, Oxford, Merton, 261, et De divisione scientiarum, Oxford. Bodl., Digby, 220. — 8° Enfin Kilwardby a produit une série de tabula’sur la Bible, sur saint Augustin, sur certains ouvrages des Pères, sur les Sentences, dont il reste, comme témoignage de leur succès, de nombreux manuscrits.

I. SovitcES.

Le texte des propositions condamnées à Oxford en 1277 est édité dans Deniffe, Charlularium Vniversitatis l’arisiensis, t. i, p. 558-559. La lettre à Pierre de Conflans a été publiée par F. Ehrle, Beitràge zur Gcschiclite der mitlelalterlichen Scholaslik II. Der Augustinismus und der Aristotelismus in der Scholaslik gegen Ende des XIII Jahrhunderls, dans Archiv fur Literatur und Kirchengeschichle des Mitlelalters, 1889, t. v, p. 614-032 ; un complément important et des corrections de ce texte ont été donnés par A. Birkenmajer, Vermischte Untersuchungen, zur Gcschichte der mittelallerlicheu Philosophie, Munster, 1922, p. 36-69 : Der Brief R. Kilwardbgs an Peter von Conflans und die Streitschrifl des sEgidius von Lessines.

Pour la biographie : Nicolas Trevet, Annales, édit. Ilog^ Londres, 1815, p. 278-279 ; les Annales monaslici, 4 vol., édit. Luard, Londres, 1861-180 ;), passim : H. de Cotton, Ilistoria tmglicana, édit. Luard, Londres, 1859, p. 371 ; Reqislrum < pislolarum Fr, J. Peckham, édit. Ch. T. Martin, Londres, 1882-1885, passim.

IL Travaux. — Outre les anciens bibliographes anglais, Leland, Coninwntarii de scriploribus brilannicis, p. 286286, et Tanner, Bibliolheca brilannico-hibernica, p. 456-457, on trouve une notice fondamentale dans Ouétif-Fcliarcl, Siriptorcs ordinis prssdicalorum, 1719, t. i, p. 374-380 ; puis, récemment, R. Palmer, The Provincials of the friar-/>rcachers or Black-Friars of England (extrait du Reliquarif quarlerly journal), s. 1. n. d., p. 4-6, et un bon article de T. F. T(out), dans Diclionanj of national biography, nouv. édit., t. xi, 1909. Sur le rôle doctrinal de Kilwardby, voir avant tout P. Mandonnet, Siger de Brabant, 2’édit., Louvain, 1911, passim ; puis H. M. Martin, Quelques premiers maîtres dominicains de Paris et d’Oxford et la soi-disant école dominicaine augustinienne, dans Revue des ciences philosophiques et thiologiques, 1920, t. ix, p. 556-580 ; B. Hauréau, Histoire de la philosophie scolastique, t. n t p. 28-33 ; L. Thorndike, Historg of magie and expérimental science, New-York, 1923, t. ii, c. xxxviii.

M. 1). Cm m.

    1. KIRCHER Jean##


KIRCHER Jean, théologien et pasteur luthérien, converti au catholicisme, mort peu après 16 10. Les renseignements historiques n’abondent pas sur ce personnage. Originaire de Tubinguc, il a dû étu< ter la théologie à l’université de cette ville, et exercer le ministère pastoral en Wurtemberg, lui 1638 il passe au catholicisme et se retire en Hongrie, où l’archevêque de Cran lui confia quelque emploi, soit dans renseignement, soif dans le ministère. Sa conversion ayant été attribuée par certains protestants à des motifs peu avouables dont on trouve un écho dans L. M. Fischlin, Supptementa ad memoriam theologorunt Wirtembergensium, p. 176, Kircherse décida a publiei un opuscule latin où il exposait les raisons (le lord qui justifiaient son passage au catholicisme : M. Joannis Kircheri tetiologia, in qua migrationis sua— ex lutherana synagoga in Ecclesiam catholicam vertu et solidas ratiunes succincte exponit et perspicue, doctisque omnibus et judieandi dexteritate pollentibus, pie, aeeurate et modeste considerandas proponlt uucior. Vienne, 1640. Le raisonnement de KJrcher est simple : En théorie

l’Église doit (’lie une société à la direction de qui l’on puisse se lier pour ailixer a la vie élernclle : dans une soeielé de ce genre il laul que l’on houe la certitude

ci l’ordre. Or on chercherait vainement l’une et l’autre dans l’Église luthérienne, tandis qu’on les rencontre l’une et l’autre dans l’Église catholique. Le luthéra-