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KENOSE — KERSBELE


extrêmes. Dans la mesure où elle aflirme un changement dans la vie divine, une limitation de l’être du Verbe, non seulement elle se met en dehors de la tradition patristique, mais elle affirme sur Dieu des choses qui apparaissent contradictoires. Dans la mesure où elle se contenterait d’affirmer une limitation dans l’usage de certaines prérogatives divines au cours de la vie mortelle du Verbe incarné, elle ne ferait qu’interpréter les paroles de saint Paul aux Philippiens et les affirmations des Pères cités plus haut. « S’il s’agit d’une limitation dans l’usage, dans l’exercice de certaines prérogatives divines, on n’aura nulle difficulté à reconnaître ce « dépouillement », cette « humiliation », cet « anéantissement » qu’imposait la pratique d’une vie humaine réelle : si l’on veut aller plus loin (et toute véritable théorie de la kénose va jusque-là), en soutenant que le Verbe incarné renonça en fait, abandonna quelqu’une des propriétés constitutives de sa nature divine ou consécutives à la possession de cette nature, on se met hors du terrain de la tradition chrétienne. » L. de Grandmaison, art. Jésus-Christ, du Dictionnaire apologétique, t. ii, col. 1394.

I. Sources.

1° Sur le texte de Phil., ii, 5-8, voir les commentaires et théologies de saint Paul : plus particulièrement J. Knabenbauer, Commentarii in S. Pauli Epistolas ad Ephesios, Philippensis et Colossenses, Paris, 1912 ; J. B. Lightfoot, S. Paul’s Epislle (o the Philippians.

Bibliographie complète dans H. Schumacher, Christus In seiner Préexistai— : und Kenose, etc., dans les Scripta ponlificii inslituti biblici, Rome, 1914, p.xm-xxx ; F Prat, La théologie de saint Paul, 1. 1, 1’édit., p. 371-386, 533-543 ; t. ii, 7 e. édit., p. 184.

2° Sur les textes patristiques, voir table très complète dressée par Schumacher, op. cit., p. 403-408.

3° Pour l’histoire de la théorie : Luther, Kritische Gesammlausgabe seiner Werke, Weimar, 1883, t. vii, p. 65 ; F. Chr. Baur, Die christliche Lehre von der Dreieinigkeit und Menschwcrdung Goties, 3 vol., Tubingue, 1841-1843 ; Dorner, Entwickelungsgeschichte der Lehre von der Person Chrisii, 2 vol., 2e édit., Stuttgart et Berlin, 1845 ; Ueber die richtige Fassung des dogmaiischen Begri/fs der Unverànderlichkeit Gottes, dans Jahriûcher fiïr dcitlsche Théologie, 1856, t. T, p. 361-416 ; Hasse, Ueber die Unveranderlichkeit Gottes und die Lehre von der Kenosis des gôttlichen Logos mit Rùcksieht auf die neuesten christolog. Verhandlungen, ibid., t. iii, p. 366-417 ; Thomasius, Chrisii Person und Werk, Erlangen, 1857, t. n ; Gess, Christi Person und Werk, t. iii, 1870 ; Mackintosh, The doctrine of the Person of Jesus-Christ, 1912, c. x, surtout p. 470 sq.

II. Travaux.

1° Catholiques : En dehors de l’ouvrage fondamental de Schumacher sur la question, et de l’excellente étude du P. Prat dans La théologie de saint Paul, cités plus haut, voir Waldhauser, Die Kenose und die neutre protest Christologie, Mayence, 1912 ; Bauer, Die neuere protesl. Kenosislehre, Paderborn, 1917 ; Michel, art. Hypostatique (Union) du Dictionnaire de théologie ; L. de Grandmaison, art. Jésus-Christ du Dictionnaire apologétique, t. ii, col. 1392 sq. ; A. d’Alès, Note sur Philipp., II, 6, dans les Recherches de sciences religieuses, 1910, t. i, p. 260 sq. ; J. Labourt, Notes d’exégèse sur Philipp., II, 5. Il dans Revue biblique, 1898, p. 402-415, 553-563.

2°’on catholiques : Loofs, Kenosis, dans la Realencyclopàdte /tir protesl. Théologie, t. x, p. 246-263 ; t. xxiii, col. 752 ; A. Jarvic, Kenosis, dans A Dictionary oj Christ and the Gospels, t. I, p. 947 ; Lichtenberger, Christologie, dans Encyclopédie des sciences religieuses, t. iii, p. 152-154 ; Bovon, Dogmatique chrétienne, t. ii, p. 106 sq. ; Grétillat, Dogmatique, t. ii, p. 184.

A. Gaudel.

KER3EECK Antoine, théologien belge, de l’ordre des ermites de Saint-Augustin, vécut à la fin du xvi> : et au commencement du xviie siècle. En 1581 il fut nommé vicaire général de son ordre pour les provinces du Rhin et de Souabe avec la mission de remettre en vigueur l’antique discipline dans les monastères qui avaient survécu à la tourmente protestante cl d’en fonder de nouveaux. Après avoir gouverné le séminaire de Salzbourg où il enseigna la

théologie, il mourut à Mayence en 1629, laissant le souvenir d’un sérieux adversaire des calvinistes. On a de lui : 1. Tractatum de sacramentis Veteris et Novæ I.egis, Mayence, 1600 ; 2. Colloquium habitum cum calvinista quodam via Spirensi, Mayence, 1602. En outre il laissa mss : a) Dialogismos controversiarum, en certain nombre ; b) Conciones quadragesimales Francisci Panigorolæ ex etrusco sermone in latinum versas ; c) Vita B. Matris Teresæ, virginis Ilispania’.

Foppens, Bibliotheca bclgica, 1739 ; Paquot, Mémoires pour servir à l’histoire littéraire des Pays-Bas, t. xvii, p. 138 ; Provinciæ belgica ; Coloniensis, seu In/erioris Alemaniæ Ord. Er. S. Aug. Descriptio a Fr. N. de Tombeur, ms. conservé au couvent des Augustins de Gand.

N. Merlin.

    1. KERSBELE Philippe##


KERSBELE Philippe, et non Caiserbele et Korpzon, naquit à Gand (Alègre de Casanate et quelques autres prétendent à tort qu’il naquit en Sicile), où il entra au couvent des carmes. Il étudia à Paris et y devint lecteur à l’Université ; il s’y fit remarquer par sa profonde science philosophique et théologique, la finesse de son esprit, la vigueur de ses disputes scolastiques et son ardeur au travail. 11 mourut à Paris le 20 novembre 1489, à peine âgé de vingt-sept ans ; telle est la date donnée par les premières sources ; quelques-uns assignent 1485 comme date de sa mort et Norbert de Sainte-Julienne 1484.

On lui doit : 1° un excellent traité sur l’Immaculée Conception de la vierge Marie (De concepeione Marie, lib. I) contre Vincent Bandellus de Castro novo, gérerai des dominicains († 17 août 1506), qui avait écrit un Libellus recollectorius de veritale conceplionis B. Mariée, (au British Muséum, /, A, 9885, et C, 62, c. 19, il y a un exemplaire de l’édition de Lùbeck, 1485, et de celle de Barcelone ( ?), 1502 : Disputatio solemnis de conceptione b. Virg., in-4°, 129 fol.) Au fol. 49 v°, c. xxvi, Vincent Bandellus apporte en faveur de sa thèse les carmes Guido Terreni (f à Aignon le 21 août 1342) et Paul de Pérouse (f à Paris vers 1344) ; le premier cependant, devenu évêque d’Elne, se rétracta. Voici le texte des trois thèses et des trois corollaires de Vincent Bandellus (édit. Lùbeck) : Prima conclusio est hœc ; Bealissima virgo Maria fuit sicut ceteri homines in originali pecct.tn concepta. Secunda conclusio : Dicere bcatissimam Virginem non /uisse in originali conceplam non est pium. Tercia conclusio : Opinio quæ asserit beatissinwm Virginem originale peccatum in sui conceptione contraxisse maxime congruit fidei piclali. Primiin correlarium (sic) ; Non est licitum credere aut ptTtinaciter asserere bealissimam Virginem non Juissc in originali peccato conceptam. Secundum correlarium : Non est licitum predicare assertive quod beatissima Virgo juerit in sui conceptione immunis ab originali peccato. Tercium correlarium : Periculosum est accedere ad predicationes illorum qui actu prwdicant beatam Virginem non fuisse in originali peccato conceptam. L’ouvrage du dominicain provoqua des luttes —violentes entre autres plusieurs réponses du carme Brugeois Charles Fernand (voir leurs titres dans Conrad Gesner, Biblioth., édit. de Simler, Zurich, 1574, p. 1156, 1. 51) ; Rupert Gagnini, français, ministre général de l’ordre de la Trinité, envoya une poésie sur l’Immaculée Conception au carme Gantois Arnold Bostius († 4 avril 149’. !. à l*£ge de cinquante-quatre ans) et composa en prose le De intvmcrute Virginis corne plu adpersus Vincenlium quendam decerlatio (1497 ?), in-I" ; Arnold Bostius lui-même écrivit le De Immaculata Conceptione Virginis Dcipuræ, contra Vinccntiuni a Novo Castro, commençant par : Usqæquo semper. le traité de Kersbele est fort loué par plusieurs auteurs qui traitent de la même matière, ainsi que par Arnold Bostius dans deux lettres qu’il