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à Munich, en trois petits tonus in-16. Doni Jean de Billy, chartreux, en donna aussi une traduction française, en 1570, à Paris. Finalement dom l'>. Pez se ravisa et inséra ce traité (plus exactement ce Dialogue) dans le t. w de sa liibliotheca mscelica, p. 1-21 ;. sous le nom de dom Henri Arnold, son véritable auteur. Cf. Nicklès, La chartreuse du al SainteMarguerite à Bac, 1903, p. 132, où dans la note, en latin, nousmème avons résumé les raisons qui permettent de restituer ce hialmiuc a dom 11. rnold. Quant àV.Mpfmbelarium ttùnni amorh publié plusieurs fois sous le nom de Gers m. il nous semble plus juste de l’attribuer avec le cardinal Botta et les PP. Ouétil et Ecliard. au dominicain Jean Nvder.

N. Paulus, I >i r Karthàuser Nikolaus von Slrasburg und seine Schrift De recta studiorum fine, dans DorKathoUk, 1891, t. ii, p. S46-364 ; du mênre l’art. Nicolatts von itrassburg du Kirchenlexicon, t. ne, col. 338.

S. Ai i oui.

    1. KÉNOSE##


KÉNOSE. Le terme de Kénose. dérivé de

xivedOtç, dépouillement, anéantissement. et de l’expression paulinienne èxévcuasv êacuvôv, Philip., n. 7 (littéralement le Christ se vida lui-même) désigne un système, né sur le terrain de la dogmatique luthérienne, qui tente d’expliquer le mystère de l’union des éléments divin et humain dans le Christ terrestre par un dépouillement, une limitation une diminution de la divinité. — I. Antécédents historiques du système. — II. Théories des protestants modernes.

III. Critique de ces théories.

I. Antécédknts historiques du système. — Luther, par une exagération de la communication des idiomes, avait attribué à la nature humaine du Christ ce que la logique et la vérité permettent d’attribuer à la seule personne : les qualités divines devenaient ainsi transmissibles à la nature humaine ; la toute-puissance, l’omnisciencc. l’ubiquité, la majesté passaient à l’humanité de.Jésus. Voir IIyvostatique (Union), t. vii, col. 542. Il fallait mettre d’accord cette théorie avec l’histoire, c’est ici qu’intervient par la distinction des deux états de Jésus, status exinanilionis et status c.raltationis, la théorie du dépouillement. Le Christ n’a pas utilisé dans sa carrière terrestre les attributs divins que son humanité possédait de droit ; il les a laissés par un renoncement volontaire. C’est ce que dit saint Paul. Philip., ii, 6-11. Ce texte, en effet, ne s’applique pas au Verbe préexistant. Immuable, il n’a pu, avant l’incarnation, se dépouiller lui-même. Loin de s’amoindrir, en s’imissanl a l humanité, il lui communique ses perfections souveraines. C’est la nature humaine du Verbe incarné qui renonce à faire éclater sa gloire. Luther, De libcrtute < lirisliana, édition de Weimar, 1883, t. vii, p. 65. Vers 1616, les théologiens luthériens se divisèrent sur la conception de « l’état d’abaissement, i D’après les théologiens de Giessen, lésus, pendant sa vie terrestre, possédait en droit les qualités divines, mais il s’en était volontairement dépouillé en refusant d’en faire usage, xévoaiç TÎjç xpYjaswç. Selon les théologiens de Tubingue, iï les possédait en fait, mais n’en faisait usage qu’en secret, xpô’J/Lç ty) ; yp7)o-scoç. Cf. Dorner, Gcschichte der prolest. Théologie, 1867, p. 35 1 à 361. l.a théologie luthérienne revenait ainsi au docétisme en ne faisant de l’humanité qu’un voile qui dérobe au regard les propriétés divines du Verbe incarné.

Par réaction contre cette tendance docéliste, sous

l’influence d’une part des sciences historiques qui

lixaient davantage l’attention sur la réalité concrète du Sauveur, sous l’action, d’autre part, de la philosophie hégélienne du devenir qui concevall l’incarnation comme éternelle et permanente dans l’humanité Cl le Moisi seulement comme le point culminant de la réalisation du divin dans l’histoire, on certain nombre

de théologiens luthériens développèrent vers le milieu du xix’siècle une théorie de la kénose qui, au lieu de diviniser l’humanité, humanisait la divinité en Jésus Contrairement a Luther, ils faisaient du Verbe préexistant le sujet d’un dépouillement : le Verbe en s’incarnant s’était vidé en quelque sorte, plus ou moins complètement, de ses attributs divins Chacun mesure aux exigences de la philosophie particulière le sacrifice prétendument consenti par le Verbe. De Crandmaison, art. Jésus-Christ, dans le Dictionnaire apologétique, t. ii, col. 1397. De là les formes ariées, plus ou moins radicales, qu’a prise la théorie de la Kénose depuis un siècle.

11. Formes modernes de i a Kénose. — Il convient de distinguer les formes les plus outrées, de certaines formes plus adoucies, en faisant remarquer qu’entre les unes et les autres se remarquent des formes de transition.

1° Théories radicules. Thomasius n’est pas le

premier a avoir expose la Kénose. Sartorius, dans Lehrc von der heiligen I.icbe, et Kônig, Die Menschii’crduny Hottes ah cinc in Christs geschchenc und in der christlichen Kirche noch geschehende, Mayence, 1844, p. 338-315, l’avaient fait avant lui : mais il est un des principaux théoriciens du système dans l.eilràgc zur kirrhlichen Théologie, 1845, et dans un grand ouvrage, Christi Person und Werk, 1853 à 1861. D’après lui, le Fils de Dieu s’est dépouillé non après l’incarnation, en ne se servant pas de ses attributs divins, mais par le fait même de l’incarnation. Ce qui a rendu possible l’union du Aôyoç avec l’humanité, c’est la faculté que possède la divinité de se limiter et quant à son être et quant à son activité. Lu l’ait, durant la carrière terrestre de Jésus, la vie absolue qui constitue l’essence de la divinité a existé limitée dans les bornes étroites de la vie d’une créature. Thomasius se contente d’affirmer, mais il n’explique pas cette surnaturelle puissance de la divinité à se limiter soi-même. Pour se défendre de l’accusation qu’on lui faisait d’introduire un changement dans la divinité, il distinguait entre les propriétés essentielles, immanentes de la divinité (absolue puissance, vérité, sainteté, amour) dont le Verbe ne pouvait se dépouiller et les attributs relatifs (toute-puissance, omniseience, omniprésence ) dont en fait il s’est dépouillé en s’incarnant Thomasius croyait ainsi, tout en restant tidèle à l’orthodoxie luthérienne, avoir trouvé la tormule exigée par l’évolution du dogme ehristologique jusqu’à lui : il assurait la complète unité de la personne historique du Christ, , il sauvegardait, par l’autolimitation de la divinité dans les bernes étroites d’une vie humaine, le véritable dévelop peme nt du Sauveur, tout en lui laissant les perfections nécessaires à son rôle de rédempteur : il gardait aussi la communication des idiomes puisque le Aoyoç n’avait rien que n’ait l’homme et réciproquement, Ainsi était saué le principe luthérien : < Aoyoç non extra carnem nec caro extra A6yov, le Aôyoç n’est pas hors de l’humanité, ni l’humanité hors du Aôyoç. »

Que dans l’ancienne Fglise. la pensée des Peu s ait été différente, notre théologien ne le méconnaissait pas, mais il pensait trouver des points d’appui à sa théorie chez saint Ignace, saint Irénée, Terttillien. Origène et saint llilaire. Voir Loofs. art. Kenosis. dans l’rotestantisclie llettlent //< lofâlie, t. x, p. 217 et l.ichtenberger, art. Christologie. dans Encyclopédie des sciences religieuses, t. iii, p. 153.

Le représentant le plus conséquent et le plus radical de celle doctrine est Gcss, I.ehre von der Person Christi, 1854, et Christi Person und Werk, 1870. Il maintient la divinité complète du Aôyoç préexistant et se demande comment le Fils éternel de Dieu a pu vivre comme l’un de nous sur la terre ? En laissant,