Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/462

Cette page n’a pas encore été corrigée
2333
2334
KELLAWE — KELLER


d’un couvent. U mourut à Slamford en 1313 (et non en 1350, comme le disent à tort quelques-uns), laissant à la postérité : Quscstiones de anima libri très et Quarumdam propositionum liber unus. Pour comprendre comment Lezana et d’autres ont pu donner dans cette confusion, il faut savoir que Jean Baie, pendant qu’il était encore carme et catholique, avait fait de copieuses notices sur les carmes anglais, prises des bibliothèques et archives des couvents où il passait. Les mss. en sont conservés partie à Londres (British Muséum [Harley] et Lambcth). partie à Oxford (Bodleian library. Selden), à Cambridge (University library). et ailleurs. Ensuite, en 1536, Baie écrivit son Anglorum Heliades (non imprimé et conservé au British Muséum, ms. Harley 3838), qu’il dédia à Jean I.eland. Celui-ci se servit largement du ms. de Baie, pour, ses Commentarii de seriptoribus Angliæ, mais il lui arrivait bien des inexactitudes et il donna libre cours à ses sentiments anlicatholiques. Puis Jean Baie, après son apostasie, publia en 1557 son livre De seriptoribus Angliæ, mais n’ayant plus sous la main ses anciennes notes, il se servit pour les carmes du livre de Leland en y ajoutant de nouvelles inexactitudes et renchérissant sur les diatribes de Leland. C’est le livre imprimé, De seriptoribus Anglia de Baie qui a servi à Pitseus, et les deux (Baie imprimé et Pitseus) ont servi à Lezana. Daniel de la V. M. et à Cosme de Villiers. v

Walter Kellawe ou Kello ne peut non plus être confondu avec un autre carme anglais contemporain, à savoir avec Rodolphe Kelle, dont le véritable nom est O’Kelly. Voici un abrégé de ce qu’en dit lcP.B. Zimmerman dans les Aela eap. gênerai., Rome, 1912, t. i, p. 27-28, noie 2 : O’Kelly (Rodolphe), fils de marchand, naquit à Drogheda (Irlande) et entra dans l’ordre des carmes à Dublin suivant Baie, à Kildare suivant d’autres. Il fit ses études à Avignon. Toulouse et Montpellier, de sorte qu’ « il fut très versé en théologie et les deux droits. Il était d’un esprit sagace, d’une parole douce et affable et d’un caractère intrépide (Baie). » Il fut procureur général de l’ordre de 1327 à 134 1, date à laquelle le pape le nomma évêque de Leighlin (6 février 13-11). Arrivé en Irlande. Rodolphe O’Kelly constata que le siège de Leighlin n’était pas vacant. Le souverain pontife l’éleva à l’archevêché de Cashel. 9 janvier 1316. Dès la même année, le nouvel archevêque résista courageusement au roi et au parlement et défendit vaillamment les droits de l’Eglise en invoquant la Grande Charte. En effet, le roi avait imposé des contributions au clergé ; l’archevêque et ses suffragants résistèrent canoniquement ; le roi n’en exigea pas moins de l’archevêque une indemnité de mille livres anglaises. On ne sait si la somme a été versée. En 1353, O’Kelly eut un différend avec l’évêque de Waterford, qui, sans le consulter, avait fait brûler vifs deux hommes blasphémateurs de la sainte Vierge. En 1361, il visita l’Angleterre et, après son retour, il réconcilia beaucoup d’églises polluées. Il mourut le 20 novembre 1 361 et fut enseveli dans son église métropolitaine. Il écrivit un livre sur le Droit eanonique et un volume de Lettres fawiUhrr.

P. Benedict Zimmorman, C D., Aciu capilulorum gencralium O. Fr. B. Y. M. de M. Carmelo, Rome, 1912, t. i, p. 27-28, note 2, 31, 37, 40, 42, 44, 46 ; Norbert de Sainte-Julienne, C. D., De seriptoribus belgieis ex ordine carmelitano, ms. 16 492 de la Bibl. royale, Bruxelles, fol. Uv-13, n. 9 ; J.-B., de i.fzana, carme. Annales, Rome, 1656, t. iv, p. 572, n. 2 ; p. 586, n. 2 ; p. 597, n. 2 ; p. 616-617, n. 3 ; Daniel de la V. M., carme, Yinea Carmeli, Anvers, 1662, p. 498, n. 890 ; Speeulum carmelitanum, Anvers 1680, t. ii, p. 950^, n. 3343 ; 11147), n. 3943 ; 1123a, n. 3953 ; Cosme de Villiers, carme, BiMiotheca Carmelitana, Orléans, 1752, 1. 1, col. 579, n. 104 ; 581, n. 106 ; t. ii, col. 666, n. 4.

P. Anastase de S. Paul.

    1. KELLER Georges-Victor##


1. KELLER Georges-Victor, théologien allemand, naquit le 14 mai 1760 à Éwatting, près de Bonndorf, dans le grand-duché de Bade. Après de brillantes études chez les bénédictins de Villingen, chez les jésuites de Fribourg, et à l’université de Vienne, il entra en 1778 à l’abbaye de Saint-Biaise, où, encore novice, il enseigna la philosophie, les antiquités, la diplomatie et le droit ecclésiastique, laissant déjà paraître ses tendances au rationalisme. Il entreprit ensuite de nombreux voyages d’étude pendant lesquels il recueillit des matériaux pour une histoire des évêchés de Verden. d’Augsbonrg et d’Eichstœdt, qu’il n’arriva pas à publier. Ambitieux, il avait espéré en 1801, à la mort de Maurice, abbé de Saint-Biaise, recueillir sa succession et devenir prince-abbé. Déçu dans son attente, il commença contre les moines des attaques, qui rappellent celles de Luther : le cloitie est la grotte cimmérienne, asile de ténèbres, la geôle et la géhenne de l’esprit, le poulailler de l’hérésie, etc. A partir de ce moment, ne voulant pas vivre sous les ordres du nouvel abbé, Bertold, il mena une vie errante. C’est ainsi qu’après avoir déjà été curé de GurtweiL, près de Schluchsee, il obtint successivement la cure de Wislikon, en Argovie, celle d’Aarau, où ses idées libérales et ses relations avec les rationalistes Zschotte, Sauerlânder, LIerzog, etc., lui obtiennent d’abord un succès de mauvais aloi, puis le contraignent à se retirer, 1814. Il n’est pas plus heureux comme curé et doyen du chapitre de Zurich ; ni comme curé de Grafïenstaden, d’où la population le force à s’enfuir, 1816. Il brigua sans succès la chaire de théologie dogmatique de l’université de Fribourg-en-Brisgau, pour dégager la théologie et la purifier des scories scolastiques. Son dernier refuge fut la cure de Pfaffenweiler, 1820, aux environs de Fribourg : la proximité de la bibliothèque de cette université lui permit d’occuper ses loisirs. U mourut le 7 décembre 1827.

On a de lui : des conférences pastorales, pleines de chaleur et d’onction, mais d’orthodoxie douteuse. — Idéale fur aile Siûnde oder Moral in Bildern, Aarau, 1818, 3e édit., 1831, ouvrage captivant, mais qui n’a pas été à l’abri des critiques. — Katholieon oder fur aile, unler jeder Forni das Eine, Aarau, 1821, 3e édit., 1832. C’est une série de petits traités, où trop souvent la fureur de l’ex-moine contre les moines, du prêtre contre la papauté se donne libre carrière. U est plein d’invectives contre le catholicisme. Barbisch a publié plusieurs des manuscrits de Keller : Das goldei.e Alphabet, dictionnaire philosophique, théologique et politique, Fribourg, 1830, 2 vol. : Blàtter der Erbauung und des Nachdenkens, Fribourg, 1832, 2e édit., 1854, 4 vol. On a attribué à Keller les Stunden der Andacht, ouvrage, traduit en français par Monnard et Gence : Méditations religieuses, Paris. 1830, 8 tomes en 16 volumes. Cette publication à tendances rationalistes eut un grand succès en Allemagne (29e édit., Aarau, 1852). D’après le témoignage des auditeurs de Keller, on y trouve l’esprit, la forme et les idées de ses discours. Mais Keller vu a rejeté la paternité. « Je voudrais pouvoir m’attribuer le grand honneur d’avoir composé les Stunden der Andacht, mais je ne le puis pas. » Zschotte en a revendiqué la composition. Il est certain cependant que Keller y a collaboré, mais poirr une part qu’il est difficile de déterminer. Il fut combattu et réfuté : Die Stunden der Andacht, ein Werk des Satans mit Anmerkungen, Soleure, 1820-1821. Keller a dû collaborer également à V Archiv fur die Konstanzer Pasloralcon/erenzen. que publiait le vicaire général de Constance, Wessenberg, son ami, dont ri partageait les doctrines.

Michaud, Biographie universelle, 2e édit., t. xxi, p. 490492 ; Hœfer, Nouvelle biographie générale, 1858, t. xxvii, col. 520-521 ; Hurter, Nomenclator, 3’édit., t. v, col. 898-