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KABAR (Sams ar-Ri’âsah Abûl-Barakât Ibn Kabar), écrivain ecclésiastique.copte, mort un peu après 1320. — Cet auteur, qui a été cité jusqu’ici en Europe, depuis Kircher et Vansleb, sous le nom d’Abûr-Barakàt, était connu de ses contemporains sous le nom d’Ibn KBR. En l’absence d’une vocalisation constante dans les manuscrits arabes pour la deuxième partie de ce nom, on a proposé récemment, Revue de l’Orient chrétien, 1921-2, t. xxii, p. 377 sq. de prononcer Ibn Kubr, par analogie avec les noms bien connus Ibn Rusd (Averroès), Ibn Zuhr (Avenzoar), Ibn Sukr ; mais le colophon d’un recueil liturgique copié pour notre auteur de son vivant, le ms. Borgia Arab. 112, écrit en l’an 1021 des Martyrs (= 1307-8 de notre ère) porte effectivement la vocalisation Kabar, c’est un témoignage qui mérite considération. Les renseignements que nous possédons sur la personnalité et la vie d’Abûl’-Barakàt Ibn Kabar proviennent des manuscrits de ses œuvres et de notices biographiques, écrites par des musulmans, sur l’émir historien Rukn ad-dîn Baybars al-Mansûrî al-Khitâyî. Ils se résument en ceci : fils d’un homme considéré, Ibn Kabar fut prêtre et peut-être médecin ; secrétaire de Rukn ad-dîn Baybars, soit privé, soit officiel, il aida celui-ci dans la composition de son œuvre historique. Son activité littéraire est à placer dans le premier quart du xive siècle ; il mourut après 1320, probablement dès l’année suivante, en tout cas avant 1327, et non en 1363, comme il avait été dit et répété depuis Renaudot et les Assémani.

L’œuvre principale d’Abû’l-Barakât Ibn Kabar, intitulée la Lampe des ténèbres, qui est l’exposition du service (divin), est une encyclopédie des sciences ecclésiastiques, contenant en dogme, histoire religieuse, liturgie et discipline tout ce qu’un prêtre copte pouvait désirer savoir. L’ensemble est divisé en 24 chapitres, d’importance et de longueur très inégales. Les deux premiers chapitres sont consacrés au dogme ; le premier comprend dix-huit articles, dont voici les titres : 1. de l’essence divine ; 2. de la substance ; 3. des attributs divins ; 4. de la trinité des personnes divines ; 5. de la signification des termes intellect, intelligent et intelligible Çaql, ’ùqil et ma qui) ; 6. des diverses significations de la parole « unique » ; 7. de la qualité de créateur unique, et de sa conciliation avec la trinité des personnes ; 8. du terme de l’union dans l’incarnation d’après les théologiens ; 9. en quel sens les chrétiens entendent l’union des deux natures dans le Christ ; 10. de l’incarnation ; 11. de ce que l’union des natures est un acte de la Trinité entière, et de ce qu’elle a son terme dans le Verbe, sujet de l’union ; 12. des causes efficientes de l’union ; 13. points de doctrine sur lesquels jacobites, nestoriens et melkites sont d’accord ; 14. de leurs différences ; 15. arguments des jacobites ; 16. des melkites ; 17. des nestoriens. 18. catalogue de dix-sept hérésies. Le chapitre ii, sur la foi orthodoxe et son explication, contient un double commentaire du symbole de Nicée-Constantinople, le premier par l’auteur, le deuxième par son

compatriote et coreligionnaire Sévère Ibn al-Muqaffa’, évêque d’al-Asmunain, puis une dissertation sur les causes de la dissension qui s’est produite dans l’Église après l’adoption du symbole, où l’on trouve en particulier le récit de ce qui s’est fait à Éphèse contre Dioscore et une histoire abrégée de Sévère d’Antioche et Jacques bar Addaï.

Les deux chapitres suivants ont trait aux origines historiques de la religion chrétienne ; après un excursus sur l’époque de l’incarnation, vient un bref exposé de la vie du Seigneur, du choix des apôtres et de la fondation de l’Église, que suivent de courtes notices sur chacun des douze apôtres et des soixante-douze disciples. A cette partie il convient de rattacher la liste des patriarches d’Alexandrie et les autres documents d’ordre chronologique, qui se trouvent à la fin de la Lampe dans le manuscrit de la Bibliothèque nationale, Paris arabe 203. Le chapitre v, participe à la fois de l’histoire et du droit canon, c’est un index général de toutes les collections canoniques vues par l’auteur : littérature pseudo-apostolique, conciles généraux et particuliers, canons des patriarches d’Alexandrie, mesures législatives des empereurs chrétiens de Byzance maintenues dans le droit ecclésiastique alexandrin. Le chapitre vi s’occupe des livres en usage dans l’Église, renferme des notices sur tous les écrits de l’Ancien et du Nouveau Testament, les canons d’Ammonius-Eusèbe aux évangiles et les titres des livres liturgiques ; un bref traité de la vérité de l’Évangile et de la foi chrétienne y est inséré. Le chapitre vii est un catalogue des auteurs ecclésiastiques et de leurs œuvres. Ici se termine la partie théorique de la Lampe ; les autres chapitres, dont nous indiquerons plus brièvement le contenu, se rapportent à la liturgie ou à la discipline : c. viii, traité de la construction des églises, de leur dédicace, de la consécration des autels ; c. ix, du saint chrême, de sa préparation, de sa consécration ; c. xxiii, du clergé, patriarche, évêques et prêtres, diacres et ministres inférieurs, leur présentation, leur élection, leur consécration ; c. xiv, de l’état monastique ; c. xv, baptême, consécration des baptistères ; c. xvi, l’office divin ; c. xvii, la messe ; c. xviii, carême et semaine sainte ; c. xix, temps pascal et dimanches ; c. xx, du mariage ; c. xxi, des funérailles ; c. xxii, des leçons scripturaires de la liturgie ; c. xxiii, du comput et du calendrier. Le chapitre xxiv contient une quantité de petits paragraphes, sur les sujets les plus divers, dont il importe seulement de relever ici ceux sur la fréquence de la communion, la confession auriculaire, la conservation de l’eucharistie.

Le deuxième ouvrage d’Ibn Kabar par ordre d’importance en matière]théologique est intitulé : L’illumination des intelligences et la science des fondements ; il est contenu dans les trois mss. arabes de la Bibliothèque vaticane 105, 118et 119. Bien que le titre de ce traité renferme seulement le surnom d’Abû’l-Barakât, sans les noms de Sams ar Ri’àsah et Ibn Kabar, il ne semble pas douteux que notre personnage en soit l’auteur. L’ouvrage est divisé en deux parties, dont la