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JUSTINIEN 1er _ JUVENCUS


6. Quand l’un des conjoints reste en captivité pendant un certain temps, hd Ttvà xpôvov. Ce temps est fixé à cinq ans dans la Norrocanon des quatorze titres. C’est le délai qui a été généralement adopté. On voit combien grave est l’atteinte portée par cette législation à l’indissolubilité du mariage. II faut cependant savoir gré à Justinien d’avoir aboli le divorce par consentement mutuel. Même novelle, § 10.

Eschatologie.

 Dans son Traité contre Origène,

Justinien défend le dogme de l’éternité de peines, qu’il met en parallèle avec l’éternité de la récompense. Col. 976. Dans sa Lettre contre les défenseurs des Trois-Chapitres, col. 1091 AB, il enseigne équivalemment le dogme du purgatoire, en reconnaissant que les aumônes et bonnes œuvres des vivants sont profitables aux fidèles défunts et leur procurent le repos, tandis qu’elles ne servent de rien à ceux qui sont morts dans l’impiété. Il cite, à ce propos, un passage des Constitutions apostoliques.

L’influence de Justinien sur la théologie christologique a été considérable. On peut dire que les formules des quatorze anathématismes du Ve concile sont en réalité son œuvre. Ces anathématismes dissipent la logomachie monophysite, en même temps qu’ils condamnent l’hérésie nestorienne d’une manière beaucoup plus claire et beaucoup plus explicite que ne l’avaient fait les conciles précédents. Les formules impériales, que patronnent de brillants théologiens, pénètrent dans la théologie byzantine, et on les retrouvera dans la synthèse de saint Jean Damascène.

Plus grande encore a été l’influence de l’empereur sur la législation canonique. Les décisions du Corpus juris civilis en matière ecclésiastique ont gardé force de lois, et on les a mises en relation avec les canons des conciles et des Pères. De cette confrontation sont nées ces collections essentiellement byzantines que l’on appelle Nomocanons et dont les premiers échantillons apparaissent sous le règne de Justinien lui-même. Cf. Pargoire, op. cit., p. 78-79. Cette influence a été parfois désastreuse, par exemple en matière matrimoniale. Les cas de divorce portés dans la novelle CXVII ont été pratiquement adoptés dans l’Église byzantine, qui les a augmentés dans la suite des siècles, au point qu’en 1453, leur nombre atteignait la quinzaine. On les retrouve en grande partie dans le droit canonique actuel des Églises issues du tronc byzantin. On sait aussi que le droit canonique de l’Église latine est à base de droit romain, et que la division des Institutes est devenue classique, et se retrouve même dans le Codex juris canonici promulgué par le pape Benoît XV.

Inutile d’ajouter que Justinien est le patron de tous les légistes qui à diverses époques et dans divers pays se sont efforcés d’asservir l’Église à l’État, et se sont mêlés de légiférer en matière purement ecclésiastique. L’idéal politico-religieux de l’empereur théologien est celui qui a dominé toute la période byzantine et qui inspire encore les gouvernements à Église nationale. Les tsars de Russie, en particulier, n’ont fait que marcher sur les traces du césar byzantin du vie siècle.

I. Recueils des œuvbes. —. Il n’existe aucun recueil complet des écrits théologiques de Justinien. Les principaux ont été insérés dans les collections conciliaires, et aussi dans P. L., t. lxix, col. 30-37, 119, 177-328 et dans P. G., t. lxxxvi a. Pour les lettres adressées au pape Hormisdas on préférera l’édition de Thicl, Epislolæ romanorum pontificum, Braunsberg, 1868. Il faut regarder comme supposées une lettre au pape Agapet sous forme de confession de foi, P. L., t. lxvi, col. 41, et une autre de même contenu au papeBoniface II, P. L., t. ixv, col. 45.

II. Travaux.

Hamilcar S. Alivisatos, Die kirchliche Gesetzgebung des Kaisers Justinians 1, Berlin, 1913 (16 e n. des Neue Sludien zur Geschichte der Théologie und der Kirchc, publiés par N. Bonwetsch et R. Seeberg) ; l’intro— j

DICT. DE THÉOL. CATHOL.

duction de cet ouvrage est consacrée à Justinien théologien ; J. Bryce, Justinianns I, dans Dictionary of Christian Biography de Smith et Wace, t. iii, p. 538 sq. ; Cauvet, L’empereur Justinien et son œuvre législative, Lyon, 1880 ; Diehl, Justinien et la civilisation byzantine au VI’siècle ; F. Diekamp, Die origenistischen Streiligkeiten im 6. Jalirhundert und das V ôkiimenische Konzil, Munster, 1899 ; Glaizolle, Un empereur théologien. Justinien, son rôle dans les controverses, sa doctrine christologique, Lyon, 1905 ; W. G. Holmes, The âge of Jiistinian and Theodora, 2 vol., Londres, 1905-1907 ; W. H. Hutton, The Church of the sixth century, Londres, 1897 ; Invernizi, De rébus gestis Justiniani Magni, Rome, 1783 ; Knecht, Die Religionspotitik Kaiser Justinians 1, Wûrzbourg, 1896 ; du même, System des justinianischen Kirchenvermôgens, Stuttgart, 1905 ; G. Kniger, article Justinian 1, dans Realencyclopàdie fur protestantische Théologie und Kirche, t. IX, p. 650 sq., Leipzig, 1901 ; Loofs, Leontius von Byzanz, dans Texte und Untersuchitngen, t.-m, fasc. 1 et 2, Leipzig, 1888 ; du même, Leilfaden der Dogmengeschichte, Halle, 1906 ; G. Pfannimiller, Die kirchliche Gesetzgebung Justinians, Berlin, 1902 ; Walcli, Entwurf einer vollslàndigen Historié der Ketzercicn, Leipzig, 1773-1778, t. vi-vm ; Zachariae de Lingenthal, Impcratoris Justiniani Novellee quæ vocantur sive Constitutiones quæ extra Codicem supersunt, ordine chronologico digeslæ, 2 vol., Leipzig, 1881 (voir un recueil abrégé des novelles dans P. L., t. lxxii, col. 921-1110) ; Pargoire, L’Église byzantine de 527 à 847, Paris, 1905, tout le 1 er chapitre, p. 11-141 passim ; Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, t. ii, 2e partie, p. 1120 sq. ; 1142 sq. ; 1182 sq., et tout le livre XIV, passim ; t. iii, p. 1-156 ; voir aussi les divers manuels d’histoire des dogmes.

M. Jugie.

    1. JUSTINIEN##


2. JUSTINIEN, évêque d s Valence en Espagne, au milieu du vie siècle. — Il nous est connu parla notice que lui consacre Isidore de Séville, De viris ill., n.33, et d’après laquelle il aurait fleuri au temps du roi Theudis (531-548). Effectivement on relève la signature d’un Justinianus parmi celles des prélats qui ont souscrit les actes du concile de Valence, 546. Mansi, Concil., t. viii, col. 622. Justinien était le frère de trois autres évêques, Juste d’Urgel, voir ci-dessus, col. 2001, Nébridius d’Égara et Elpidius dont le siège ne nous est pas connu. En réponse aux questions d’un certain Rustique, il avait composé, d’après Isidore, un livre où il traitait : 1. du Saint-Esprit ; 2. de Jésus-Christ, pour montrer contre les partisans de Bonose qu’il était Fils de Dieu par nature et non par adoption ; 3. du baptême, pour marquer qu’il est interdit de le réitérer ; 4. de la différence entre le baptême de Jean et le baptême du Christ ; 5. du Fils de Dieu, et comment il est invisible comme le Père. Il ne paraît pas qu’il subsiste des traces de ce traité. Sans doute M. Helfîerich a voulu retrouver dans le De cognitione baptismi attribué à Ildefonse de Tolède et publié dans P. L., t. xevi, col. 111-193 la partie du livre de Justinien relative au baptême. Voir Ildefonse, t. vii, col. 742. Pour avoir été acceptée par un certain nombre d’historiens, cette hypothèse n’en paraît pas plus défendable. A en juger par les titres de chapitre conservés par Isidore l’œuvre de Justinien était une œuvre de polémique anti-arienne. Cette préoccupation ne semble guère apparente dans le De cognitione baptismi.

Isidore de Séville, De viris ill., n. 33, P L., t. Lxxxiii, col. 1099, répété par tous les auteurs d’histoires littéraires ; dom. B. Ceillier, Histoire des auteurs sacrés et ecclés., 2e édit., t. xi, p. 264 ; A. Helfîerich, Der weslgothische Arianismus und die suanische Ketzergeschichle, Berlin, 1860, p. 4 ; G. Kriiger dans M. Schanz, Geschichte der rômischen Lilteratur, Munich, 1920, t. iv b, s 1255, n. r, .

E. Amann.

    1. JUVENCUS##


JUVENCUS, prêtre espagnol du iv° siècle. — D’après la notice que lui consacre saint Jérôme, De viris ill., n. 84, il a fleuri sous Constantin ; et suivant la Chronique du même auteur il aurait publié son œuvre l’an 2345 d’Abraham = 329 après J.-C. Nous

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