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1497 JOLY (JOSEPH-ROMAIN) — JONAS (LIVRE DE). AUTEUR ET DATE

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les spectacles sont contraires à la religion catholique, in-8°, Avignon (Paris), 1762 ; Histoire de la prédication ou la manière dont la parole de Dieu a été prêchée dans tous les siècles. Ouvrage utile aux prédicateurs et curieux pour les gens de lettres, Paris, 1767. La préface est précédée d’une lettre dans laquelle on prend à partie

« l’auteur d’une brochure intitulée la Prédication, » 

qui était l’abbé Gabriel-François Coyer, dont l’opuscule avait paru l’année précédente ; suivant Joly, Adam et les patriarches furent les premiers prédicateurs, institués par Dieu ; Conférences pour servir à l’instruction du peuple, sur les principaux sujets de la morale chrétienne, 6 in-12, Paris, 1768 ; Conférences sur les mystères, 2 in-12, Paris, 1771 ; Dictionnaire de morale philosophique, 2 in-12, Paris, 1771 ; Lettres sur divers sujets importants de la géographie sacrée et de l’histoire sainte, avec des planches et des cartes géographiques, in-4°, Paris, 1772 ; reparut sous le titre de Géographie sacrée, ibid., 1784 ; Allas sur la géographie sacrée, 1786, c’est le plus important ouvrage du P. Joly et qui n’est point, même aujourd’hui, dépourvu d’intérêt ; Le Phaéton moderne, in-8°, Paris, 1772, poème satirique contre Voltaire ; L’Égyptienne, poème épique en douze chants, in-12, Paris, 1776, qui reparut dix ans après sous le titre plus complet de VÊgyptiade, ou le voyage de S. François d’Assise à la cour du roi d’Egypte ; « il n’est certainement pas sans défaut, écrivait l’abbé Dinouart, dans le Journal ecclésiastique, mais on y trouve des morceaux de poésie dont nos plus grands poètes se feraient honneur ;.) Leguidedes missionnaires, avec trois conférences sur la mission, le jubilé et la religion chrétienne, et deux lettres touchant les qualités nécessaires aux confesseurs et la prolixité des confessions, in-12, Paris, 1781 ; Les aventures de Mathurin Bonice, premier habitant de l’isle de l’Esclavage, 4 in-12, Paris, 1783 ; Le porte-feuille de Mathurin Bonice, servant de suite à ses aventures, 2 in-12, 1787, c’est un roman moral et allégorique ; Placide, tragédie, in-8°, Paris, 1786, dramatisation de l’histoire de S. Eustache, martyr ; Abrégé de la théologie, ou sommaire de la doctrine chrétienne, 2 in-12, Paris, 1790 ; L’ancienne géographie universelle comparée à la moderne… ensuite la géographie ecclésiastique… avec une table générale en forme de dictionnaire de tous les noms anciens comparés aux noms modernes, 2 in-8°, Paris, 1801, avec un Atlas de 18 cartes, in-4°. — Le P. Joly donna une préface et enrichit de tables ÏHisloire critique et apologétique des chevaliers du Temple, dits templiers, écrite par le P. Lejeune, prémontré, et éditée par les soins de son confrère le P. Baudot, 2 in-4°, Paris, 1789. Il écrivit en outre des Lettres et des articles sur les sujets les plus divers, en prose et en poésie, qui parurent dans l’Année littéraire, le Mercure et d’autres journaux. La Bibliothèque nationale possède (Mss. Français, 13 923) une Histoire du quiétisme, demeurée inédite ; quelques lettres sont conservées à celle de Besançon.

Michaud, Biographie universelle ; Quérard, Supercheries littéraires et France littéraire ; Hurter, Xomenclator, 3e édit., t. va, col. 672 ; Morey, Les capucins en Franche-Comté, Paris, 1882.

P. Edouard d’Alençon.

    1. JONAS (LIVRE de)##


JONAS (LIVRE de). L’un des douze écrits qui constituent la série des petits prophètes. — I. Contenu. IL Auteur et date de composition. III. Interprétation.

I. Contenu.

Le livre de Jonas se distingue de

tous les autres écrits prophétiques par le fait que ses quatre chapitres contiennent non pas des discours du prophète, mais un épisode de sa vie.

Jonas, fils d’Amathi, est envoyé par Jahvé prêcher à Ninive. Ne voulant pas accomplir l’oidre divin, il se met en route, non vers la capitale des Assyriens, mais vers Joppé et s’y embarque pour Tarsis. Une

violente tempête fait presque sombrer le vaisseau. Jonas est désigné par le sort comme le coupable qui attire la colère de Dieu et avec son consentement jeté à la mer. i. — Sur l’ordre de Jahvé un gros poisson engloutit le prophète. Celui-ci, se voyant miraculeusement sauvé, prononce dans les entrailles du monstre une action de grâces en forme de psaume. Au bout de trois jours, il est vomi sur la plage, n. — Lhie seconde fois Jahvé lui dit : « Lève-toi et va à Ninive. » Cette fois il s’y rend et se met à proclamer : « Encore quarante jours et Ninive sera détruite. » Immédiatement tous les habitants, même le roi et les grands, se convertissent. « Et Dieu se repentit du mal qu’il avait dit de leur faire et il ne le fit pas. » m. — Cette bonté de Jahvé irrite Jonas à tel point qu’il réclame la mort. Pour lui donner une leçon salutaire à cause de son esprit étroit et de son cœur dur, le Seigneur fait pousser en une nuit un ricin qui l’ombrage pendant le jour contre les rayons brûlants du soleil ; mais Jahvé fait périr également la plante en une nuit. Le prophète, sans abri contre le soleil et le vent chaud, se plaint amèrement et reçoit de la bouche du Très-Haut cet enseignement : « Tu es en peine pour le ricin et mot je ne devrais pas être en peine pour Ninive la grande ville ! » iv.

IL Auteur et date. — Au quatrième livre des Bois, xiv, 25, il est question d’un prophète Jonas, fils d’Amathi, qui a prédit, du temps de Jéroboam II (787-746) les victoires de ce roi. On ne peut guère douter que celui-ci ne soit identique au héros de notre livre.

D’après la tradition Jonas en serait aussi l’auteur. Le fait que le livre est inséré dans une série d’écrits prophétiques qui ont pour auteurs les prophètes dont ils portent le nom, favorise cette opinion. Cependant l’examen attentif de l’écrit, surtout dans son texte original, a contraint les exégètes modernes à se montrer plus réservés en fait d’attribution et à le situer au contraire assez bas dans l’époque postexilienne. Voici les principaux arguments :

Arguments d’ordre historique.

Ninive et son roi

sont mentionnés dans des termes qui font supposer que la puissance assyrienne n’existait plus du temps de l’écrivain et qu’elle appartenait même déjà à un passé lointain. On lit, iii, 3 : « Ninive était et non pas, est une grande ville devant le Seigneur. » Le souverain n’est pas désigné par son nom : il reçoit en outre, m, 6, le titre tout à fait inusité de « roi de Ninive », alors que les autres livres bibliques et les inscriptions cunéiformes parlent toujours du « roi d’Assour ». Enfin l’exagération, commise au sujet de l’étendue de Ninive, iii, 3 : « une grande ville de trois jours de marche, » s’explique mieux, si le livre fut composé longtemps après la destruction de la ville (606), en un temps où les précisions de l’histoire étaient supplantées par les hyperboles de l’imagination populaire.

Arguments d’ordre psychologique.

La manière

dont l’esprit égoïste, étroit et particulariste du prophète est décrit permet difficilement de voir dans le livre une œuvre de Jonas. La critique est trop mordante pour pouvoir être sortie de la plume de celui-là même qui en est l’objet.

Arguments d’ordre littéraire.

 Avec le fond c’est

aussi la forme qui empêche d’admettre que Jonas en soit vraiment l’auteur. Le style accuse une époque tardive. On trouve dans ie vocabulaire, aussi bien que dans la grammaire, bien des aramaïsmes et des néologismes qui rangent l’écrit parmi les derniers livres de l’Ancien Testament, comme ceux des Paralipomènes, d’Esdras et de Néhémie, d’Esther ; en voici quelques exemples : scphinàh, « vaisseau », i, 5 ; fa’am, « ordre », iii, 10, 29 ; be-*e ! lemi, « pourquoi », i, 7 ; hiCaset, « il pensa i, 6, etc.