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JUSTINIEN 1 er, DOCTRINE ET INFLUENCE


ce qu’ils ont écrit touchant la foi et la condamnation des hérétiques. » Mansi, op. cit., t. ix, col. 183 ; Hardouin, Concil., t. iii, col. 58. Ainsi notre théologien canonise la doctrine des quatre Pères latins, Hilaire, Ambroise, Augustin, Léon. On peut affirmer que si les théologiens byzantins avaient, sur ce point, marché sur les traces de Justinien ; s’ils avaient imité sa largeur de vues, de grands maux auraient été évités à l’Eglise. On ne voit pas, en effet, comment Photius eût pu^ dans la suite, chercher la base dogmatique du schisme dans la question de la procession du Saint-Esprit, si ks Orientaux avaient gardé le contact avec la tradition latine représentée par les quatre Pères nommés.

Ecclésiologie.

La doctrine de Justinien sur

l’Église est également digne de mémoire. L’empereur théologien distingue très nettement entre l’Eglise universelle « sainte, catholique et apostolique », et les diverses Églises particulières, qui sont les parties de ce tout. Il répète souvent que son souci est de maintenir la paix et l’union des Églises. Si l’on excepte ceux de Chypre, tous les diocèses de l’empire, sous son règne, sont groupés autour des cinq grands sièges de Rome, de Constantinople, d’Alexandrie, d’Antioche et de Jérusalem. Les titulaires de ces sièges reçoivent officiellement le nom de patriarches. Justinien attribue une importance particulière à ces cinq sièges, qui représentent à ses yeux l’Église universelle. C’est à eux, par exemple, qu’il adresse son Livre contre Origènc, P. G., t. lxxxvi a, col. 981 A. On peut dire que la théorie de la pentarchie ecclésiastique commence déjà à s’élaborer dans’l’ombre. Ce serait cependant se tromper que de prêter à Justinien une conception oligarchique de l’Église, car il proclame très clairement en de nombreux passages de ses écrits la primauté romaine. Signalons seulement quelques textes particulièrement explicites :

Dans la lettre au pape Jean II, du 8 juin 533, reproduite en 535 dans une lettre au pape saint Agapet, et insérée dans la seconde édition du Code (16 novembre 534) avec la réponse pontificale, P. L., t. lxvi, col. 17-20, Code, I, i, 8, ce qui donne au document un caractère tout à fait officiel, l’empereur déclare qu’il s’est fait toujours un devoir de tenir le pape au courant de tout ce qui regarde l’état des Églises, parce qu’il est « le chef de toutes les saintes Églises », et qu’en particulier il s’est hâté de soumettre et d’unir au Saint-Siège tous les prélats d’Orient : omnia quee ad Ecclesiarum slalum pertinent, feslinavimus ad notiliam déferre vestrse Sanclilalis… Itaque omnes sacerdotes universi Orientalis tractas et subjicere et unire Sedi veslrie Sanclitatis properavimus… Vestra Sanctitas est caput omnium sanctarum Ecclesiarum. P. L., col. 15. La Confession de foi envoyée au pape Agapet en 536, débute par la magnifique profession’de foi à la primauté et à l’infaillibilité du Siège Apostolique que le pape saint Hormisdas fit signer à l’épiscopat oriental, ù la fin du schisme d’Acace (519) : Prima salus. Cf. t. vii, col. 164. En terminant, Justinien déclare qu’il emploiera son autorité à soumettre les patriarches au pape : ut sanctissimi quidem patriarchæ ad veslram faciantsanctilalem, metropolitani vero patriarchis, P.L., t. lxvi, col. 43 C. Dans une lettre au pape Hormisdas, il est dit que l’unité ecclésiastique est procurée par l’enseignement et l’autorité du Saint-Siège : unilas sanctarum Ecclesiarum per doctrinam et auctoritatem Aposlolalus veslri provenu. P. L., t. lxiii, col. 475 13. Les mêmes idées sont exprimées dans une constitution de 533 adressée au patriarche de Constantinople, Code, I, i, 7 : toutes les questions d’ordre religieux doivent être communiquées à l’évêque dcl’ancienne Rome « comme au chef de tous les saints prêtres de Dieu », d’autant que l’Église romaine a toujours réfuté les hérésies orientales. On lit dans la novelle IX : « Que

la sublimité du souverain pontificat soit à Rome, il n’est personne qui en doute. » Zachariaa, 1. 1, p. 12 G ; et dans la novelle 131, § 2 : « Suivant les décisions des conciles, nous décrétons que le très saint pape de l’ancienne Rome est le premier de tous les hiérarques, 9e57Û^o|Jt.ev. xaxà toùç ocjtcôv ôpou ;, tÔv àyiàvaLTOv

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tûm Upétov. » Zachariæ t. ii, p. 267. Quand il veut créer l’archevêché autonome de Justinianopolis aux dépens du siège de Thessalonique, le basileus a soin d’obtenir d’abord la permission du pape Vigile, et dans la même novelle CXXXI, il déclare expressément que le titulaire sera le vicaire du Siège Apostolique de Rome, conformément à la décision du pape, T6vTÔTCOv ères^sw aùr6v to5 à7rotffoXixo"i’Pciii-qc, Gpôvo j, x.xT-à rà ôpiaOsvi-qe àrco toû àyîou v : xkx Bi, Yt.X’.oo. Même quand l’autocrate se heurte à l’opposition du successeur de Pierre, même quand il obsède ou tourmente, sept ans durant, l’infortuné Vigile, il ne peut s’empêcher de rendre hommage à la primauté du Siège Apostolique. C’est alors qu’il invente sa fameuse distinction entre le Siège et la personne de celui qui l’occupe. Au moment même où il demande aux Pères du Ve concile, de rayer Vigile des diptyques, il écrit : Unilalem vero ad Apislolicam Sedem et nos servamus, et certum est quod et vos custodietis. Epistola ad sijnodum, Mansi, t. ix, col. 3(37 BC. Pour mieux se défaire de la personne du pape, il a commencé par dire qu’il s’était contredit, et qu’il était tombé dans l’hérésie.

Tout en reconnaissant la primauté romaine, une véritable primauté de juridiction, il n’adopte pas cependant le point de vue romain dans la question de l’ordre de préséance des patriarcats orientaux, et, conformément au 28e canon du concile de Chalcédoine, que les papes rejettent toujours, il accorde le second rang au patriarche de Constantinople. Novelle C K X XI, § 2. L’Église de Constantinople reçoit mêmj le titre « de tête de toutes les autres Églises », Novelles CIX et C XXXII I ; Code, I, ii, 14 ; ce qui doit s’entendre évidemment d’une manière relative, c’est-à-dire par rapport aux Églises d’Orient. Quant au titre de patriarche œcuménique, décerné à l’évêque de la capitale, il apparaît déjà en plusieurs endroits du Coda et des Novelles : Code, I, i, 7 ; iv, 34 ; Nov., III, V, VI, XVI, LV, LVI, LVII.

Dogme trinilaire.

Justinien formule d’une

manière impeccable le dogme de la Trinité dans ses diverses ^confessions de foi. Ce qui est digne de remarque, c’est l’interprétation qu’il donne du texte de Joa., xx, 28 : Insufflavit et dixit ets : Accipite Spiritum sanctum, dans le xie (le xii 8, d’après certaines éditions) anathématisme de la Confessio reclx fidei adversus tria capitula, P. G., t. lxxxvi a, col. 1017 B, interpréta tion reproduite dans le xiie anathématisme du Ve con cile. D’après lui, Jésus-Christ, par cette insufflation, communiqua bien réellement et non en figure seulement, le Saint-Esprit à ses Apôtres. On peut voir là une indication implicite de la procession du Saint-Esprit a Filio, et c’est, en tout cas, une exégèse directement opposée à celle que donneront plus tard les théologiens, disciples de Photius, qui prétendront que la personne du Saint-Esprit n’est pas donnée, mais seulement ses charismes.

Anthropologie.

Dans le Traité contre Origène,

notre théologien enseigne que l’homme complet est constitué par l’âme et le c’orps, que l’âme est immortelle et n’a pas préexisté au corps ; que Dieu a fait l’homme de ses propres mains, IBLcaç, yspol] que tous les hommes contractent la dette de la mort, en vertu de la condamnation portée à cause de la transgression d’Adam, ky.rric, Six ttjv 7txpà6a(nv xa-ocxpCasco ;, et que la nature humaine, yj àvOpconîvrj epiiaiç, a été privée du paradis à cause de la désobéissance, toutes