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il -TIN. DOCTRINES : SYMBOLE

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dit-il, qui professent qu’ils sont chrétiens, qu’ils reconnaissent ce Jésus qui a été crucifié comme Seigneur et Christ, et qui enseignent non pas sa doctrine à lui, mais celle qui vient des esprits d’erreur… Nous n’avons rien de commun avec eux ; nous savons qu’ils sont athées, impies, injustes, iniques, qu’au lieu de révérer Jésus, ils ne le confessent que de nom. Ils se disent chrétiens, tout comme les gentils inscrivent le nom de Dieu sur les ouvrages de Purs mains ; ils participent aux cérémonies iniques et athées. Parmi eux, les uns sont appelés mareionites, d’autres valentiniens, d’autres basilidiens, d’autres saturniliens ; chacun prend un nom ou un autre d’après le fondateur de son système, de la même manière que tout homme qui pense philosopher croit devoir, d’après le père de son système, porter le nom de la philosophie qu’il professe. » Diul., XXXV, 2, 4-6, col. 552 AB ; cf. / Apol., xxvi, 6, col. 3C9 A. Les hérésies sont inspirées par les démons : de là les impiétés, les blasphèmes, les scandales, qui les accompagnent. Parmi toutes ces hérésies, Justin connaît spécialement celle de Simon le samaritain, I Apol., xxvi, 2 ; lvi, 1-2 ; DiaL, cxx, 6, celle de Ménandre, lui aussi samaritain, / Apol., xxvi, 4 ; lvi, 1 et celle de Marcion. xxvi, 5 ; Lvm, 1. Il a pu voir dans son pays d’origine les ravages exercés par les deux premières sectes ; à Rome même il a connu Marcion, qui enseigne encore au moment où il écrit.

Ce qu’il enseigne, c’est ce qu’il a appris : ojç s81MyoY ; (jt.sv Xs^/om-teç, / Apol., xiii, 1, col. 345 D : TaÙTx SsSt8âype0a xai Siââaxocisv. lbid., xiv, 4, col. 349. Or, ce qu’il a appris c’est l’enseignement des prophètes, du Christ et des apôtres : « Les enseignements que nous axons reçus du Christ et des prophètes sis prédécesseurs sont seuls vrai s par rapport aux fables’les Grecs. » lbid., xxiii, 1, col. 364. Les apôtres eux-mêmes ont annoncé la doctrine du Christ. « Douze hommes sont partis de Jérusalem pour parcourir le monde. C’étaient des hommes simples et qui ne savaient pas parler ; mais au nom de Dieu, ils annoncèrent à tous les hommes qu’ils étaient envoyés du Christ pour enseigner à tous la parole de Dieu. > / Apol., xxxix. 3. Ce que croient les chrétiens c’est ce qu’ont enseigné les apôtres. Ibid., j.xi, ’.i ; i.xvi, .’!. S ; ms doute il y a encore, dans le christianisme au temps où écrit Justin, des charismes prophétiques ; on peut trouver parmi les fidèles des hommes et des femmes qui ont reçu les charismes de l’Esprit de Dieu, DiaL, lxxxii. 1 ; Lxxxviii, 1 ; et l’apologiste est heureux de pouvoir signaler ces témoignages manifestes de l’assistance divine. Mais ce n’csl pas cela qui est l’important à ses yeux. Ce qui compte, c’est la tradition qui vient des apôtres, et qui est fondée sur la doctrine du Christ.

Cette tradition est répandue dans le monde entier, lustin n’emploie nulleparl le mol cal holique sinonavee, le sens d’universel pour désigner par exemple la résuricition des morts, DiaL, i.xxxi, I. ou les jugements uni ( i sels, DiaL, en. 1 ; mais il a au plus haut degré le sens tic la catholicité. Il sait que « la àirt-L///) répandue dans le monde enlier est une foi partout identique

a elle-même Le baptisé, au sortir di bain de son baptême est conduit la oti soni assemblés ceux qui sont appelés du nom de frères. / Apol., i.w. l. Des prières

sont adressées a Dieu par Ions les assistants pour la

communauté présente, pour le baptisé nouveau-venu, enfin’pour tous les autres de partout » ; c’est-à-dire

pour les frères dispeTSé8 dans le H icr et eu

quelque lieu qu’ils soient, afin que I Heu accorda à tous les chrétiens qui savent’a vérité teul ce qui

leur est prescrit, lbid. La liturgie qui a commencé par celle prière s’achève par l’eucharistie a laquelle personne n’a h’droit de participer s’il neorotl Mai ce

que nous enseignons, el si, baptisé, il ne vil comme le

Christ nous a enseigné de vivre. » P. Batifîol, L’Église naissante et le catholicisme, Paris, 1909, p. 226.

11 est vrai que Justin n’emploie que rarement le mot d’Église : ce mot est absent des Apologies, et même dans le Dialogue il ne paraît au sens chrétien que deux fois. Mais le mot ne fait rien à l’affaire. En commentant le psaume xliv, l’apologiste écrit : « C’est à ceux qui croient en lui, lui sont unis dans une même âme, une même synagogue et une même église, que le Verbe de Dieu parle comme à sa fille l’Église qui est constituée de par son nom et participe à son nom, car tous nous nous appelons chrétiens. tDial., lxiii, 5, col. 621 B. Ne nous étonnons pas de voir ici Justin prendre comme des synonymes les ternies Église et synagogue : ils le sont en effet au sens étymologique ; et Justin pour mettre en relief le caractère social du christianisme est amené à multiplier les expressions ; mais il connaît aussi l’usage qui réserve à l’assemblée chrétienne le nom d’Église et l’oppose ainsi à la synagogue des juifs, car il écrit un peu plus loin : « Lia c’est votre peuple et la synagogue ; Rachel c’est notre Église. » DiaL, c.xxxiv, 3, col. 788 A. Ce qu’il y a de plus important en tout ceci, c’est que Justin a le sentiment très profond d’être un membre fidèle de la grande Église, répandue à travers l’univers, de parler comme parlent tous ses frères, de croire ce qu’ils croient tous, et qui n’est pas autre chose que l’enseignement du Christ, transmis parles apôtres.

Qu’est-ce donc enfin qu’a enseigné le Christ et que croient ses disciples’? Justin ne donne nulle part la formule définitive d’un symbole. Mais on trouve chez lui les traces, extrêmement nettes de ces deux kérygmes, l’un trinitaire et l’autre christologique, qui s’uniront dès la fin du second ou les premières années du nre siècle en une seule profession de foi. Cf. 1 1. Lielzmann, Si/mbolstudicn, dans la Zeilschrift fur nculeslumenllichr Wissenscha/t, 1922, t. xxi, p. 1-34 ; du même. Die Urform des apostolischen Glaubensbekenntnisses, dans les Sitzungsberichte der Akad. der Wissensch. zur Berlin, 1919, p. 269-274 ; F. Brinktrine, Die trinitarische Bekenntnisformel und Taujsymbole. Beilràge zur ihrvr lùitstehung und Enlwicklung, dans la Theologische Quartalscliri/l, 1921, t. on, p. 156-190 ; J. Hausleiler, Trinitarischer Glaubc und Christusbekenntuis in der alten Kirche, Neue Untersuchungen zur Geschichte des apostolischen Bekeidnisses, Gutersloh, 1920 ; P. A. Xussbaumer, Dus Ursymbolum nach der Epideixts des hl. I rendus und dem Dialog Justins des Martijrers mit Tnjphon, Paderborn, 1921.

Dans la première Apologie, afin de prouver « pic les chrétiens ne sont pas des athées, Justin exprime ainsi sa croyance, qui est celle de ses Frères : « Nous insomnies pas des athées, car nous vénérons le démiurge de cet univers ; nous vous montrerons aussi que nous adorons justement celui qui est devenu notre didascale et qui a été engendré pour cela, Jésus-Christ, qui crucifié sous l’oncc-l’ilale, gouverneur de Judée au temps de Tibère César : nous avons appris qu’il est (ils du Dieu vrai et le plaçons au second rang ; et eu

troisième lieu l’Esprit prophétique. » / Apol., xiii, l

el : i, col..’! 15 I !. Le meule schéma trinitaire se i, trouve lorsque Justin parle du baptême : < Au nom de Dieu, le père et martre de toutes ehos s, el de notre Sauveur Jésus Christ, <l de l’Esprtt Saint, ils sont alors fines dans l’eau. » J Apol., LXI, .'>. col. 120 C. De même un peu plus loin : < On nomme dans l’eau le nom de Dieu, le père et maître de toutes choses. I.e néophyte (littéralement : l’illuminé) est encore lavé au nom de Jésus Christ qui a été crucifié sous Louce-l’ilale. et au nom du Saint Eflpril qui a prédit par les prophètes toui ce qui concerne Jésus. » / Apol., i.m. in ci L3, col. 121 Alt.