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JUSTIN, ŒUVRES


résie, Adv. Valeniin., 5, P. L., t. ii, col. 548. Il est vraisemblable que d’autres hérésiologues des n c et m siècles ont également utilisé l’écrit de Justin.

3. Contre Marcion, — Irénée cite à deux reprises Justin, une première fois en indiquant sa source : Touatî. voç èv tco npbç, Mapx.tcova cuvTricy[ji.aTÎ çrpiy, Cont. Hæres., IV, vi. 2, P. G., t. vii, col. 987 ; une autre fois sans référence précise, mais en laissant entendre qu’il s’agit encore d’un écrit contre Marcion, ht., Y, xxvi, 2, col. 1194. L’ouvrage n’est pas autrement connu. Eusèbe n’en sait rien de plus que ce qu’en rapporte Irénée, H. E., IV, xviii, 9, P. G., t. xx, col. 373, et il lui arrive de citer comme provenant de cet écrit un passage de notre première Apologie. H. E., IV, xi, 8, P. G., t. xx, col. 332. On peut se demander s’il s’agit d’un ouvrage spécial, ou d’un chapitre du livre contre toutes les hérésies.

4. Discours aux Grecs. - — Eusèbe mentionne un X6yoç 7rpoç "EXXyjvocç parmi les œuvres de Justin. Nous possédons, sous ce titre, un texte grec, souvent fort incorrect, P. G., t. vi, col. 229-240, et une adaptation syriaque. « Cette dernière diffère notablement, par des additions comme par des suppressions, du texte grec, et se donne sous le titre de commentaires(’j7TO|xvrj[xaTa) pour l’œuvre d’un certain Ambroise. A. Harnack, Die pseudojustinische « Rede an die Griechen », dans les Sitzungsberichte der K. Akademie der Wisscnschaften zu Berlin, 1896, p. 627-646, a très bien montré qu’on ne peut attribuer vraisemblablement les additions au traducteur syriaque ; on est en droit de penser que le traducteur n’avait déjà plus en main la forme originale du discours, mais seulement un remaniement. Quoi qu’il en soit, ce petit ouvrage, très court d’ailleurs, et d’intérêt secondaire ne saurait être de Justin. » A. Puech, op. cit., p. 229. Suivant Harnack, on pourrait fixer la composition de ce petit pamphlet — car’c’en est un — entre 180 et 240. Cf. A. Harnack, Die Chronologie, 1. 1, p. 515-517.

5. Exhortation aux Grecs.

Eusèbe signale encore dans le catalogue des œuvres de Justin un s-repov 7rpoç "EXXr ; va< ; GÙyypa[jt.|j.a, ô’xal è7riypa<pev êXeyxov. Le ms. de Paris qui renferme les Apologies et le Dialogue contient aussi, sous le nom de Justin un Xôyoç Trapaivetixôç izpbc, "EXXr^vaç, connu habituellement par son titre latin Cohorlalio ad gentiles, et qui répond assez exactement au signalement fourni par Eusèbe. P. G., t. vi, col. 241-312. C’est un ouvrage assez développé, dont l’auteur se propose de comparer les maîtres de la religion païenne et ceux de la religion chrétienne, ainsi que les époques où ils ont vécu. Il est absolument certain que la Cohortatio n’a pas été écrite par Justin dont elle ne rappelle en rien la manière, ni par la composition ni par le style. Mais les historiens ne sont pas d’accord lorsqu’il s’agit de fixer la date de l’ouvrage. On peut résolument écarter l’hypothèse de Dràseke et d’Asmus, selon qui la Cohortatio serait l’œuvre d’Apollinaire de Laodicée. Une telle attribution, qui nous reporte à la seconde moitié du iv° siècle, fournit une date beaucoup trop récente. Selon les vraisemblances, la Cohortatio est antérieure au iv siècle. A. Puech et A. Harnack proposent la période comprise entre 260 et 300. W. Gaul, Die A bfassungsverhâltnisse der pseudojustinischen Cohortatio <nl Grœcos, Berlin, 1002, préfère les années 200-220 cl.1. Knossalla, Der pseudo-juslinische X6yoç TtapociveTixèç T.phc, "EXXyjvocç, dans les Kirchengeschichtliche Abhandlungen de Sdralek, t. ii, 2, Hrcslau, 1904, les années 1 M » 220. Le problème, pour être ulilement étudié, demande une connaissance précise des ailleurs grecs et païens que

la Cohortatio pourrait avoir utilisée. Ci. A. Puech, .Sur PXéyoç 7tapociveTix6ç (Cohorlalio ad Grœcos) attribué à Justin, dans les Mélanges Henri Wéil, Paris, 1898,

p. 395-406 ; Id., Les Apologistes grecs, p. 232-250 ;

A. Harnack, Die Chronologie, t. ii, p. 151 sq., 545 sq.

6. Sur la monarchie.

Un livre sur la monarchie, c’est-à-dire sur l’unité de Dieu figure encore dans le catalogue d’Eusèbe. Or nous possédons, toujours dans le ms. de Paris, un traité qui porte précisément ce titre -spl 6eov [iovapyjaç. P. G., t. vi, col. 311-326. L’opuscule prouve l’unité de Dieu par le témoignage de la littérature profane, et forme un tout avec une introduction et une conclusion. Il est sûrement inauthentique, mais sa date est difficile à fixer : on admet d’ordinaire qu’il est assez ancien et pourrait encore avoir été écrit vçrs la fin du iie siècle. On y remarque en particulier un grand nombre de citations apocryphes, empruntées soi-disant aux poètes classiques, et qui sont destinées à renforcer la thèse monothéiste. Cf. sur ces citations E. Schurer, Geschichte des jùdischen Volkes, t. iii, 4e édit., p. 595-603 ; A. Puech, Les Apologistes grecs, p. 263-266.

Il est très remarquable que les trois ouvrages dont nous venons de parler, VOralio ad Genliles, la Cohortatio ad Grœcos, le De monarchia, tous trois inauthentiques, correspondent par leur titre, et même par leur contenu, à ce que nous apprend le catalogue d’Eusèbe. On échappe difficilement à l’impression que, dès le temps d’Eusèbe, le corpus des œuvres de Justin comprenait déjà ces mêmes ouvrages et par suite que le nom du grand apologiste avait été utilisé, dans la seconde moitié du iie siècle et dans le courant du iiie, par des faussaires désireux de se recommander de son souvenir. Une telle explication est beaucoup plus vraisemblable que celle qui consisterait à admettre qu’Eusèbe a connu des ouvrages authentiques de Justin, portant, précisément les titres des écrits apocryphes. Ceux-ci étant antérieurs à Eusèbe, ce sont bien eux qui ont dû être connus et signalés par l’historien, dont le sens critique était souvent en défaut ; en bonne logique, il conviendrait de les faire disparaître de la liste des écrits de Justin.

7. Le psalmistc, ^âXTr, ç, mentionné par Eusèbe, est d’ailleurs complètement inconnu.

8. Sur l’âme, ayoXixôv Trepl ^o/îjç. — Mentionné par Eusèbe qui en résume le contenu. L’ouvrage est perdu, quoiqu’on ait fait de temps à autre circuler la nouvelle de sa découverte. H. Diels, Ueber den angeblichen Justin Tiepi.’^uyîjç, dans les Sitzungsberichte der K. preuss. Akad. der Wissensch. zu Berlin, 1891, p. 151-153.

9. Saint Jérôme, De vir. illuslr., 9, P. L., t. xxut, col. 625 A, semble attribuer à Justin une interprétation de l’Apocalypse, Apocalypsim, quam interprétatif Juslinus martyr et Irenœus. Il s’agit très probablement ici des thèses millénaristes exposées par Justin dans le Dialogue, c. lxxxi, et fondées sur une exégèse littérale de l’Apocalypse.

10. Maxime le Confesseur, dans son ouvrage contre le monothélisme : Dcduabus operationibus Jesu Christi, cite deux courts fragments qu’il emprunte à un écrit de saint Justin, npbç EùçpicuovaoqHcr-rrjv nepi 7rpovoiaç xoù TrtdTScoç. P. G., t. xci, col. 280. Ces citations sont sûrement inauthentiques.

11. Deux citations des Sacra Parallela, proviennent d’un ouvrage de Justin contre les Juifs, èx toù izpbç To’jSaiO’jç ou xaxà TouSaUov, et ne se retrouvent pas dans le texte actuel du Dialogue. Il est possible qu’elles aient figuré dans le texte complet, et plus probable que la référence des Sacra Parallela est inexacte. Cf. K. IIoll. Op. cit.. p. 49-50.

12. Photius, Bibliolh., cod. cxxv, P. G., t. ciii, col. 105 A, connaît un écrit de Justin contre les deux premiers livres de la Physique « l’Aristotc, et un autre pour réfuter les doutes contre la religion. Ce sont là deux ouvrages apocryphes que nous retrouverons tout

à l’heure.

13. Les Sacra Parallela contiennent un certain