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JUSTIN, ŒUVRES

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vin, 5 ; xvii, 1. P. (i.. t. xx. col. 324 B, 368 B. Dans la Chronique, Eusèbe ne mentionne également qu’une seule apologie, Chrome, ad an.. Christi J4J, t. xix, col. 559. Cf. A. I larnack, Die Chronologie, t. i, p. 274.

11 faut remarquer cependant qu’Eusèbe signale dans son Histoire ecclésiastique une seconde apologie présentée à Marc-Aurèle. H. B., IV, xviii, 2. t. xx, col. 373 B. La date de la petite apologie recevrait quelque précision, si l’on pouvait déterminer les limites entre lesquelles Urbicus a été préfet de Rome, mais ces limites ne nous sont pas connues, et tout ce qu’on peut affirmer, c’est qu’Urbicus n’a occupé cette charge qu’après 150.

Il est plus important de noter le progrès des idées accompli par l’écrivain entre la grande et la petite apologie. Dans la grande apologie, Justin ne s’occupe guère du stoïcisme qu’il paraît connaître assez mal : la philosophie qui l’intéresse surtout est celle de Platon. Dans la petite apologie au contraire, il donne aux doctrines stoïciennes la première place : il les expose et les discute avec intérêt. On comprend mieux ce changement du point de vue, si l’on songe que l’arrivée de Marc-Aurèle a marqué pour le stoïcisme le début d’une nouvelle faveur. Marc étant devenu maître de l’empire, et témoignant une prédilection spéciale pour la doctrine du Portique, il était naturel que Justin eût compris la nécessité de renouveler la défense intellectuelle du christianisme. La seconde apologie apparaîtrait dès lors comme la réponse de l’apologiste à l’avènement de Marc-Aurèle, et sa composition ne serait pas antérieure à 161. Cf. G. Bardy, Saint Justin et la philosophie stoïcienne, dans Recherches de science religieuse, t. xiii, 1923, p. 491-510 ; t. xiv, 1924, p. 33-45.

On a supposé que « l’exorde est trop brusque même pour un appendice et que tout s’expliquerait au mieux si le début de la seconde apologie avait disparu de la tradition manuscrite. » M. J. Lagrange, Saint Justin à propos de quelques publications récentes, dans le Bulletin d’anc. liltér. et d’arch. chrét., t. iv, 1914, p. 10. On pourrait alors admettre que, dans cette prélace perdue, Justin renvoyait à sa première apologie, et qu’il donnait le nom des empereurs à qui la pièce était adressée. Cette hypothèse n’est pas indispensable. La première apologie est un ouvrage complet qui se suffit à lui seul, et qui se termine par une conclusion d’allure définitive. / Apol., lxviii, 1-2, P. G., t. vi, col. 432 AB. Quelques années après l’avoir achevée, Justin est, à Rome, le témoin indigné de nouvelles persécutions contre tes chrétiens. Un empereur philosophe est cependant sur le trône. Bien vite, l’apologiste reprend la plume ; il peut rappeler à Maie-Aorèle l’un des destinataires du premier plaidoyer, la pétition à lui adressée, // Apol., ii, 8, col. 445 A, et lui demander finalement de l’aider à fai le connaître partout la vérité chrétienne.// Apol., xiv, l.col. 468 AB.

11 ne s’agit plus, dans ce nouvel ouvrage, de présenter une défense complète du christianisme, mais simplement de répondre à quelques objections : les païens conseillent par ironie aux chrétiens de se donner la mort s’ils veulent aller plus tôt rejoindre leur Dieu ; ils leur demandent pourquoi leur I >ieu ne les délivre pas de l< uis persécuteurs. Ce sont des questions de détail. Justin sait pourtant en montrer l’importance. Plus encore que dans la première apologie, il l usse ni vitrer son ime gtnereuse t Je suis chri tien, déclare-t-il, el je m’en fais gloire ; tout mon désir est de le paraître. Ce n’esl pas que la doctrine de Platon soit étrangère à celle <’n Christ, mais elle ne lui est pas en tout semblable, non ph’s que celle des antres, stoïciens, poïles ou prnsai eurs. Chacun d’eux en eff< I. grâce à la portion du verbe séminal qui

est en lui, a vu ce qui lui est apparenté, et il a alors bien exprimé les vérités partielles. Mais comme ils se contredisent eux-mêmes sur des points importants, il est manifeste qu’ils ne possèdent pas la science infaillible et la connaissance irréfutable. Ainsi tout ce qui a été dit de bien par tous, nous appartient à nous les chrétiens. > xiii, 2-4, col. 465 B.

3. Le Dialogue avec Trijphon.

Le Dialogue a été rédigé après la grande apologie, à laquelle il fait une allusion certaine. Dial., < : xx, 6, col. 756 B. Il a été écrit pendant une période d : 1 paix relative, où les autorités romaines résistent aux perfides dénonciations des Juifs. Dial., xvi, 4, col. 512 A. La période qui répond le mieux aux conditions indiquées est celle qui est comprise entre 150 et 160, et vraisemblablement la première partie de ce décennium.

Le Dialogue ne nous est pas parvenu dans son intégrité. Il lui manque d’abord une dédicace. Nous apprenons en effet au c. cxli, 5, col. 800 B, que l’ouvrage est adressé à un certain Marcus Pompeius, inconnu d’ailleurs, mais qui est qualifié par Justin de très cher, cpiVroere, viii, 3, col. 493 A. Mention de ce personnage devait être faite dès le début du livre. D’autre part, Eusèbe savait que l’entretien de Justin et de Tryphon avait eu lieu à Éphèse, et comme il emprunte aux ouvrages de l’apologiste ce qu’il sait de sa personne, il est vraisemblable que l’adresse contenait aussi l’indication de cette ville. G. Archambault, Justin, Dialogue avec Trijphon, t. i, p. lxvh LXIX.

Une lacune plus considérable se trouve c. lxxiv, bien qu’elle ne soit pas indiquée par le ms. Justin a commencé dans ce chapitre le commentaire du psaume xcv, lorsqu’on se trouve, après une phrase inachevée, jeté dans une citation du Deutéronome dont manquent les premiers mots. Dom Maran, P. G., t. vi, col. 649, avait supposé que la lacune devait être très brève, de trois ou quatre mots seulement. Th. Zahn, Studien : u Justin, dans la Zeitschrijl fur Kirchengeschichte, t. viii, 1885, p. 44-60, a fourni au contraire de bonnes raisons pour faire croire qu’un important fragment du Dialogue nous manque. Nous savons en effet, tant par le Dialogue lui-même que par les Sacra Parallela de saint Jean Damascène, que l’entretien était divisé en deux livres, ou plus exactement en deux journées. Rien dans notre texte ne marque la fin de la première journée et le début de la seconde, mais il y a lieu de croire que cette division était précisément indiquée dans le passage perdu. Cf. <) Bardenhewer, Gcschichte der altkirchlichen Literatur, t. i, p. 210 ; G. Archambault, op. cit., t. i,

]). I.XIX-LXXXI.

la composition du Dialogue n’est pas plus rigoureuse que celle des apologies. Ici encore Justin se laisse aller à des digressions, à des retours en arrière, à des sauts brusques de pensée, qui déconcertent le lecteur, et qui dépassent les limites de la liberté permise dans un Dialogue. On peut essayer cependant de discerner une certaine progression dans les idées. Justin, après avoir raconté, en manière d’introduction, son entretien avec le vieillard inconnu et sa conversion au christianisme, i-vm, développe successivement trois idées principales : ta caducité de l’ancienne alliance et de ses préceptes, l’identité du Verbe avec le Dieu qui est apparu dans l’Ancien Testament, a parlé aux palriarches et aux prophètes, puis s’est incarné dans le sein de la vierge Marie ; enfin la vocation des gentils qui après l’abandon des Juifs sont devenus le vrai peuple de Dieu. La difficulté commence lorsqu’il s’a.L’.il d’apporter des précisions plus grandes et (pl’on se propose de déterminer les limites exactes des

développements. Plusieurs s’y sont essayés sans grand succès. Otto, suivi par Bardenhewer, op. cit.,