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JOB JASITÈS — JOËL. INTERPRÉTATION DU LIVRE


dans le Parisinus Suppl. gr. 64, ꝟ. 239-254, sans compter d’autres manuscrits de l’Athos. A la suite du commentaire sur les sacrements proprement dits vient une considération de même genre sur l’habit monastique, que l’on a souvent assimilé, au moins pour ses effets, à un sacrement. Pasini, Codices manuscripli bibliothecæ regise Taurinensis Alhenœi, Turin, 1749, t. i, p. 265, P. G., t. CLviii, col. 1056, a publié la préface à une Considération morale sur les saintes paroles du prophète David ; cette œuvre paraît appartenir, comme la précédente, à notre Jasitès, bien que les manuscrits les attribuent toutes les deux à un Job le pécheur. Si cette attribution est fondée, elle nous permet d’ajouter un détail biographique, c’est que Job, avant de se faire moine, s’appelait Jean, comme l’indique le manuscrit 192 de Kosinitza, ꝟ. 260-273, contenant une épigramme de Job le pécheur en l’honneur de saint Jean Chrysostome, un éloge du saint homme Job, tiré des homélies du même Chrysostome, et un office ou acolouthie pour la fête du saint homme Job. Voir A. Papadopoulos-Kérameus, Anecdota grœca, Constantinople, 1884, p. 98, note 2. Quant au commentaire du moine Job sur les canons du concile de Césarée (sic) mentionnés par N. Comnène Papadopoli, Pra’notiones mijstagogicæ, Padoue, 1698, p. 398, on peut être certain qu’ils sont le fruit de l’imagination féconde du trop fameux faussaire.

Voir A. Démétracopoulos, ’Iirop : a to-j T/JTaato :, Leipzig, 1872, p. 57-60 ; ’O ? ûoo-. ; o ; ’EXXàç, i&id., "l867, p.60-62 ; J. Hergenrôther, Photius Patriarch non Kon^tantinopel, Ratisbonne, 1869, t. iii, p. 818 sq. ; S. Pétridès, Le moine Job, dans les Échos d’Orient, 1912, t. XV, p. 40-48, et la note complémentaire de G. S. Sakellaropoulos, ibid., 1914, t. iixv p. 54-55.

f L. Petit.

JOËL. L’un des douze petits prophètes et l’auteur du livre qui porte son nom. — L Époque de son ministère. IL Objet et signification du livre. III. Unité du livre. IV. Idées eschatologiques.

I. Époque de son ministère.

Sans l’indication que Joël était le fils de Phatuel, i, 1, le livre ne nous donnerait sur son auteur » aucun renseignement. Cependant, puisque le prophète parle uniquement de Jérusalem et de Juda et qu’il s’adresse aux enfants de Sion, on peut conclure que le lieu de son activité était sans doute la capitale du pays.

Il n’est pas aussi aisé de fixer la date de son ministère. Il existe à ce sujet de profondes divergences entre les exégètes.

Tous les anciens et bon nombre de modernes rangent Joël parmi les prophètes préexiliens. Comme arguments ils allèguent surtout la place qu’il occupe dans le livre des douze petits prophètes entre Osée et Amos, le caractère classique de son style, le fait qu’il est cité ou imité par d’autres prophètes Jo., iii, 16 = Ain., i, 2 ; Jo., iii, 18= Am., ix, 13 ; Jo., iii, 10 = Mich., iv, 3, et Is., ii, 4 ; Jo., ii, 2 = Soph., i, 14-15 ; Jo., iii, 18 = Ez., xlvii, 1 sq. ; Jo., ii, 32 = Abd., 17 ; Jo., iii, 18 = Zach., xiv, 8 ; Jo., ii, 11 = Mal., iv, 5 ; le fait encore qu’il ne connaît parmi les ennemis d’Israël que les Philistins, les Édomites, les Égyptiens, mais pas encore les Syriens, les Assyriens et les Babyloniens. Parce qu’il n’est pas question de roi et que les prêtres semblent avoir le gouvernement en main, beaucoup d’historiens du peuple juif proposent de situer son ministère au temps de la minorité de Joas.

Cependant la plupart des exégètes modernes placent le prophète au temps qui suit l’exil. D’après eux la thèse qui le fait vivre avant l’exil offre d’insurmontables difficultés. On ne trouve chez lui aucun de ces reproches au sujet de l’idolâtrie et du culte des hauts lieux qui tiennent tant de place chez les prophètes préexiliens. La promesse que les captifs de Juda seront

DICT. DE THÉOL. CATIIOL.

ramenés et la menace que les païens seront punis pour avoir dispersé Israël parmi les nations et partagé son pays, iii, 1 sq., font penser au temps d’après 586. Et cela d’autant plus que le peuple de Juda représente tout Israël (n, 27 ; iv, 2, 16), qu’aucun roi n’est mentionné, que les prêtres paraissent être à la tête de l’État. Si les Syriens, les Assyriens et les Babyloniens ne figurent pas dans Joël, ce n’est pas parce qu’ils n’ont point encore apparu sur la scène de l’histoire israélite, mais parce qu’ils en ont déjà disparu. La conception du jour du Seigneur qui paraît ici est sensiblement différente de celle que nous retrouvons chez les premiers prophètes-écrivains. En ce qui regarde les rapprochements de son texte avec d’autres prophètes, il est plus naturel de supposer l’emprunt du côté de Joël que de faire dépendre de lui tous les autres. Enfin on prétend constater chez Joël des expressions et des tournures aramaïsantes et caractéristiques des livres tardifs. La plupart de ces arguments sont rigoureux et permettent avec une suffisante probabilité de placer Joël après l’exil plutôt qu’avant.

IL Objet et signification du livre. — 1° Analyse. — On doit dans le livre de Joël distinguer deux discours. 1. Le premier roule autour d’un fléau (invasion de sauterelles) qui est envisagé comme signe avantcoureur du jour de Jahvé. Joël en parle d’abord au passé. Les insectes ont ravagé tout le pays.i, 1-12. Le prophète invite le peuple, surtout les vieillards et les prêtres, à la pénitence, caria calamité est grande et le jour du Seigneur est proche, i, 13-20. Il annonce ensuite comme imminente une seconde invasion qui sera encore plus formidable que la première. Les insectes sont comparés à une immense armée de guerriers et de chevaux à la tête desquels marche le Seigneur lui-même ; ce qui fait dire de nouveau au prophète que le jour du Seigneur est proche. D’où il tire comme conclusion un appel à la conversion et demande aux prêtres de convoquer une assemblée générale pour implorer la pitié du Seigneur, ii, 1-17.

2. Un verset historique, ii, 18, relate que Dieu épargna son peuple et fait la transition avec un second discours où Joël passe du fléau des sauterelles au jugement du monde. Il annonce d’abord l’anéantissement des insectes ravageurs et une grande fertilité du pays, n, 19-27. « Après cela » Dieu répandra son esprit sur tous les membres de la nation. Il y aura dans le ciel et sur la terre des signes précurseurs du jour du Seigneur. Tous ceux qui invoquent en ce temps le nom du Seigneur seront sauvés, ii, 28-32. (En hébreu ces versets forment un chapitre à part, de sorte que le troisième chapitre de la Vulgate est le quatrième dans le texte massorétique.) Alors Dieu ramènera les Israélites dispersés, assemblera toutes les nations païennes dans la vallée de Josaphat où elles seront jugées à cause des crimes qu’elles ont commis contre le peuple élu. iii, 1-17. Finalement une transformation merveilleuse de la Terre sainte aura lieu qui ouvrira pour les Israélites une période de grande prospérité, ni, 18-21.

Interprétation.

Tandis que tout le monde est

d’accord sur le sens eschatologique du livre à partir de ii, 28, la signification de ce qui précède est très discutée.

S’agit-il d’abord véritablement de sauterelles, ou ces insectes ne sont-ils que le symbole d’une puissance ennemie ? Les anciens ont généralement interprété le passage i, 1-n, 27 dans le sens symbolique. Les sauterelles seraient l’image de peuples païens qui dévastent la Palestine (saint Jérôme, Hengstenberg, Hilgenfeld, L. Reinke). Plusieurs exégètes modernes (par ex. Crampon, Knabenbauer, Kaulen-Hoberg) maintiennent encore aujourd’hui cette explication, au moins pour le second chapitre. A cause de ii, 20, où l’ennemi est nommé « le Septentrional », ils préten VIII. — 48