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bien qu’il fasse grand cas de l’orthodoxie de l’auteur, que celui-ci ; i mieux réussi à poser les problèmes qu’à les résoudre. — Dans l’analyse « pie donne le critique byzantin, il n’esl pas toujours facile de voir comment les diverses questions s’amenaient les unes les autres, et l’ensemble donne l’impression que l’on a affaire avec un de ces esprits confus, pour qui tout est dans tout : mais il n’est pas impossible que la rédaction même de l’ouvrage ait masqué ce défaut originel.

L’idée générale du traité répondrait assez bien à la question que posera plus tard saint Anselme : Car, Deus homo. Il s’agit d’étudier les raisons de convenance de l’incarnation. Pourquoi est-ce la seconde personne de la Trinité qui s’est incarnée, et non la première ou la troisième ? Pourquoi convenait-il que le Verbe s’incarnât pour venir en aide a l’humanité déchue alors que nulle des personnes divines ne s’est portée au secours des anges tombés ? Pourquoi cette incarnation, si nécessaire au salut de l’homme, a-t-elle été si longtemps différée ? Telles sont les questions principales sur lesquelles notre auteur s’exerce ; mais elles ne vont pas sans en soulever d’autres. Le problème des rapports entre les trois personnes de la Sainte Trinité lui donne prétexte à développer une théorie assez poussée de l’appropriation. Il a bien compris que le mystère de la vie intime de Dieu ne s’est révélé que lentement sous l’ancienne alliance, et il en a déduit les raisons avec assez de bonheur. Sa doctrine relative à la valeur universelle de la rédemption apporte, à côté d’archaïsmes, tel que l’idée de la prédication de l’Évangile dans les enfers par Jésus lui-même aux hommes qui l’avaient précédé, des vues assez personnelles sur la distribution des grâces et l’extension du bienfait rédempteur. L’angélologie a pris des contours assez arrêtes : il n’esl pas sans intérêt de relever l’application qui est faite au prince des démons du nom de Lucifer, que le texte d’isaïe, xiv, 12, accolait au nom du roi de Babylonc. Aussi bien n’est-ce pas la seule liberté que notre auteur se permette avec le texte scripturaire. Il n’a guère échappé à la tentation de torturer les textes bibliques pour les faire déposer en faveur de ses thèses théologiques. Le nom d’Origene n’est jamais prononcé (ce qui est assez curieux si l’ouvrage est de l’époque justinienne) ; mais on sent à plusieurs reprises l’influence du maître alexandrin.

On voit que, si on l’avait au complet.ee traité du moine byzantin pourrait donner quelques aperçus sur le mouvement des idées en Orient. Toute fragmentaire qu’elle soit, notre connaissance de cet écrit ne laisse lias que de fournir un certain nombre de jalons pour l’histoire de la théologie byzantine.

Photius, Biblioth., cod.ccxxii, P. < :., t. > iii, col. 736-828 ; les fragments conservés dan-. Mai, Classicorum auctorum, t.. p. :, mi et 601-604, reproduits dans P. G., t. i.wxvi b, col. 3313 sq. ; notice dans Fabricius, Biblioth. grinça, t. ix, >. 173 ; analyse 1res complète do texte de Photius dans Dom Ceillier, Histoire des auteurs ecclésiastiques, 2° édit., Paris, 1808, t. xi, i). 181-185,

E. Amans.

JOB J AS I TES, controversiste grec de la seconde moitié du mi’siècle. Son nom de Famille paraît avoir été Mélias, comme il résulte d’un passage de Pachymere, De Mich. Palæol., , 1 I, P. <.. I. cxi.in, col. 833 ; celui de lasites indiquerait plutôt son pays d’origine, et non, comme on l’a écrit souvent, le monastère du 1 asile to"j’LxjItou, à moins qu’il n’en ait été lui-même le fondateur. Parmi les lettres récemment publiées de Grégoire de Chypre, il en est quatre, la 3 la I e, la 71’ci la 113°, dont le destinataire est le moine lasite, >.’////< i’Iaatrn, le même Bans doute que Job. Celui ci joua un rôle important dans les querelles religieuses

du règne de Miche ! VIII Paléologue (1261-1282).

Adversaire obstiné de l’union romaine, c’est lui prin cipalement qui soutint le patriarche Joseph (12681275) dans son opposition aux projets de l’empereur, d’abord en composant, au nom du patriarche, un mémoire contre les latins, puis en faisant jurer à ce même patriarche, dans une circulaire à ses fidèles, de maintenir l’orthodoxie, même si l’union venait à être solennellement proclamée au concile qui allait se tenir à Lyon. Aussi l’empereur, qui lui avait déjà infligé, le 6 octobre 1272, l’ignominieux traitement décrit par Pachymère, ibid., v, 20, P. G., loc. cit., col. 848, l’exila-t-il, en 1275, après la chute de Joseph, dans la place forte de Kabaia, sur les bords du Sangarius, le moderne Sakaria, en Bithynie. A partir de cette date, nous ne savons plus rien sur le compte de notre fougueux polémiste.

Le mémoire antilatin ou lomos de Job, encore inédit, se trouve dans le Monacensis 68, ꝟ. 1-64, dans le Vindob. theol. 172 (Nessel), ꝟ. 1-49. Le titre en est démesurément long, mais comme il résume toute cette élucubration, il est utile de le reproduire dans une traduction littérale : Apologia sanctissimi et œcumenici palriarchæ domini Josephi adversus objectiones latinorum, Michæle et Thcodora imperantibus, élaborais iussu Josephi a Jobo hieromonacho, eius discipulo, et demonslrans, non debere esse primas, neque, tanquam archiepiscopo, papx eas cedi, neque appellationem ei dari, neque in sacris diptychis eius nomen pronunliari, quamdiu subsistant innouationes vêler is Romie contra sunctorurn Patrum tradilioncs et décréta. Hsec tria capila proponcbanl quidam et eorum concessionem prseiudicio carere arbilrabantur, licet his gauderet papa, regiam assumais personam ; contra quos divinus patriarcha obnisus et renisus, auxilianle Spiritu, lolum demonslral conlrarium et propositioncm ex abuntlanti réfutât, ut in particulari quilibet oolens légère inlclliget. I. Hardt, Calalogus codicum manuscriptorum bibliotheciv regiæ Bavdricse, Munich, 1806, t. i, p. 423-424. A ce Job appartient encore l’Acolouthia ou oITice de sainte Théodora d’Arta, femme de Michel II Ducas, despote d’Épire, qui se retira, à la mort de son mari, en 1267, dans un monastère dédié à Saint-George., fondé par elle à Arta même. Cette pièce, imprimée pour la première fois à Venise en 1772, fut réimprimée, à Venise encore, en 1812, puis à Athènes en 1841 et en 1874 ; son auteur y est dit Job Mélès, évidemment pour Job Mélias, personnage identique, comme nous l’avons rappelé ci-dessus, à Job Jasitès, et non point quelque moine épirote du xvn° siècle, comme l’affirme C. Sathas, dans sa Littérature néohellénique, p. 414. En effet, l’office en question est expressément attribué au moine Job dans le codex Nanius 71, p. 215-255, d’où Mingarelli a tiré ce qui reste de la vie, le manuscrit étant mutilé de la liii, Grseci codices manuscripti apud Nanios asservati, p. 136 sq., C. H. Doukakès, dans son Grand Sunuxuristc, mois de mars, Athènes, 1891, p. 181, 203, s’est borné à reproduire l’édition de 1812, sans tenir compte des additions relatives à la translation des reliques survenue en 1873.

C’est encore au même moine Job qu’il convient, ce semble, d’attribuer un curieux traité des sacrements adressé aux habitants de Phocée. Si l’on songe, en effet, aux intimes relations qui reliaient notre moine au patriarche Joseph, ancien prieur du mont GalésiOS, près de Smyrne, on est naturellement amené à faire de lob un moine de cejmême mont Galésios.et comme Phocée se trouve dans le voisinage, ou conçoit qu’il

ail eu des rapports spirituels avec les habitants de cette petite ville maritime. Ce traité, assez souvent cité par Arcudius et par Allatius, a élé imprimé, mais avec des modifications, par Chrysanthe de Jérusalem dans son Syntagmation, Tergovist, 1715, p. 123 135 ; 2e édition, Venise, 177s, p. 130-145. Le texte authentique est contenu dans VOllobonianus 418, I" 19 1-202,