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JOB (LIVRE DE). TEXTE ET VERSIONS

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lologie au même stade de développement que Zacharie, c. i-viii. Cf. spécialement Zach., i, 10-11 les anges qui parcourent la terre et font leur rapport ; iii, 1-2 le sdtdn i accusateur » du grand prêtre Josué ; i, 12 et m. ::sq. les anges intercesseurs ci interprètes, auxquels fait allusion Job., v. 1 et xxxni, 23 dans un esprit individualiste que l’on jugera san^ doute postérieur au point île vue national encore affirmé dans Zacharie. — La notion du Dieu universel de plus en plus dégagée de tout particularisme national nous rapproche enfin de la période grecque où cette idée s’ancre dans la mentalité juive et les écrits bibliques de l’époque, tels que l’Ecclésiaste, la Sagesse, l’Ecclésiastique….

L’auteur serait un judéen de la seconde moitié d< la période persane, contemporain des restaurateurs Ni hémie et Esdras, aux approches du iv c siècle, bien placé pour connaître la steppe de l’est et du sud palestiniens, où il situe l’action du livre, de même que l’Egypte qu’il doit avoir visitée (description de l’hippopotame et du crocodile, et autres traits). Aucun élément positif ne s’offre i la recherche critique qui puisse engager à descendre plus bas que l’an 400. Budde, op. cit., p. xi.ix-i.v.

3° Texte et versions. - L’auteur utilisa sans doute pour son œuvre l’histoire de Job telle qu’elle se racontait à son époque, et dont les c. i-n ; xiii, 7-lti nous représentent l’essentiel. Il en développa sous forme poétique la partie centrale, à savoir les conversations du patriarche avec ses amis. Le texte hébreu, au jugement des critiques, nous en a été moyennement bien conservé dans les manuscrits. Il lient toujours la troisième place dans le canon hébraïque, après les Psaumes ou les Proverbes, parmi les Ketoubim écrits » (hagiographes). La traduction grecque, dite des Septante, ne nous est parvenue dans sa teneur première que par l’intermédiaire d’une traduction dérivée dont nous n’avons qu’un ms., celui d’une version copte-sàbidique découverte en 1883 dans la bibliothèque du musée Iïorgia, à Rome. Cette traduction suppose un texte hébreu plus court que le nôtre d’environ un cinquième. Le texte grec reçu est celui des Ilexaples d’Origène constitué par la somme de ce texte de teneur première et des additions faites d’après les autres versions grecques, principalement celle de Théodotion, d’étendue égale à l’original hébreu tel que nous le possédons.

Cas additions, primitivement marquées de l’astérisque, n’ont gardé cette armature que dans un tout petit nombre de mss., cinq en tout, dont deux grecs, deux latins (révision de saint Jérôme, cf. P. L., t. xxix, col. 61-11 I) ei l’unique syrc-hexaplaire de l’Ambrosienne. Là où le texte grec premier rencontre l’hébreu, la traduction est toujours extrêmement libre, pour des raisons bien connues ; original difficile à comprendre ; données dogmatiques déplaisantes au traducteur ; totale ignorance des lois de la poésie hébraïque ; souci d’obtenir un style égal, coulant, classique, sans relief, que ne pouvait engendrer une traduction littérale de l’hébreu. Le plus probable est que le traducteur grec a abrégé systématiquement le texte des discours dans les passages qui semblaient a son avis contenir des ionus ou des développements relardant la marche de la discussion. Voir surtout Budde, op. cit., p. i.vni. xni, et l’.ickell, De indole ne raiione l’rrsionis alcxandrinsB in interpretando libro Jobi, Mai-bourg, 18(32, p. 30, 11-45. Dans la Bible grecque Job vient iniméditemenl aines les livres historiques et avant les Psaumes.

Le Dit ii’iiiniiin-de la Bible de M. Vigouroux D’ayant donné que des renseignements trop soin maires SUT la vieilli-Iraduclion latine du livre île Job, l. m. col. 1563-1564, et iv, col 104-105, nous tentons d’suppléei par les suivants : Du texte si important

de l’ancienne version du livre de Job antérieure à saint Jérôme, nous ne possédions que quelques lignes, c. xl, 3-9, P. Sabatier, Biblior. sacror. latinse versiones antiqu.se, Reims, 1743, t. i, p. 904. Des fragments de cette ancienne version se trouvent, sous forme de

« variantes tirées du grec » (d’une version faite sur le

grec) dans la grande Bible de San Isidoro de Léon (an. 960, Codex gothicus legionensis), variantes qui diffèrent profondément de la révision de saint Jérôme » (voir ci-après), et « avec lesquelles se rencontrent le plus souvent saint Augustin et saint Ambroise ». Elles « s’attachent de très près au grec, si bien que, là où le traducteur ne trouve pas de mot latin, il laisse subsister le mot grec (mots de l’histoire naturelle). » La syntaxe aussi « se moule sur le grec. » Cette version

« repose à peu près exactement sur le même texte grec

que nous retrouvons dans le Codex alexandrinus ; et bien souvent ce manuscrit est le seul témoin des leçons de notre ancienne traduction. » Samuel Berger, Notices sur quelques textes latins inédits de l’Ancien Testament, Paris, 1893, p. 20-23. — Quant à la révision de l’ancienne latine faite par saint Jérôme d’après le texte grec d’Origène, nous l’avons, en entier ou par fragments, dans quatre mss. : celui de Marmoutiers (bibliothèque de Tours, n. 18), complet, édité par Martianay, P. L., t. xxix, col. Gl-114 ; celui de la Bodléienne, E. injra I, édité par P. de Lagarde, Miltheilungen, Gœttingue, 1887, p. 189 sq. ; celui de Saint-Gall, ms. 11 (vme siècle), incomplet, contient seulement(ià xxxviii, 16), texte inférieur à celui des précédents en tant qu’incorrect et dépourvu des signes diacritiques d’Origène et de saint Jérôme ; celui de la bibliothèque du chapitre de Tolède, 2. 2 (xie siècle), sous forme de nombreux extraits à la marge de la Vulgate, « tous très courts » et de texte « presque identique à celui des manuscrits de Tours et de la Bodléienne. » Samuel Berger, op. cit., p. 15-20, et Histoire de la Vulgate pendant les premiers siècles du Moyen Age, Nancy, 1893, p. 86 87. Quant il entreprit la traduction directe de l’hébreu, saint Jérôme visa à la faire toute neuve et des plus exa-tes : Ihec autem translatio nullum de veleribus sequitur interpretem, sed ex liebraico arabicoque sermone et interdum syro nunc verba, mine sensum, nunc simul utrumque resonabit. Præjalio in librum Job, P. L., t. xxviii, col. 1080-1081. Son texte représente un original généralement très voisin du texte hébreu actuel. Kàvn, Einleitnng in die Hcilige Schrifl, Fribourg-en-Brisgau, 1913, 5e édit., de Gottfried Hoberg, p. 149, y a trouvé matière à quelques améliorations de ce texte hébreu. L’étude complète des rapports des versions latines avec le grec ou l’original est encore a faire, du moins en ce qui concerne l’œuvre du saint Jérôme.

La version syriaque, Pcschitto, pour ce qui concerne le livre de Job, est très ancienne ; œuvre d’un juif converti, elle offre des ressemblances avec les Targum. Dans le Codex Ambrosianus B 21, de Milan, qui renferme tout l’Ancien Testament, Job vient immédiatement après le Penlaleuque, avant Josué.

I. Éditions.

Éditions critiques du texte hébreu. S. Bær, Liber lobi (texte et noies de la massorc). Leipzig, 1875 ; C. Siegfried, The Bookof Job (Bible polychrome de P. HaupU, Leipzig, 1895 ; G. Béer, Job, dans liibUu hebraica de H. Kittel. 2e édit., Leipzig, 1913, p. 1061 sq. (apparat critique à la marge). La meilleure est cette dernière, qui n’introduit point de corrections dans le texte m : issoi clique comme celle de Siegfried, mais donne les éléments des corrections possibles.

II. Commentaires. 1° Pères et commentateurs catliollques, 1. Grecs : Aucun commentaire entier des Pères

grecs ne nous est parvenu. Des fragments de vingt-quatre d’entre eux ont été réunis, vers la fin du xr siècle, par Nicétas, es cque d’I lérac.léc, et publiés, d’abord eu latin, par Paul Comitoli, S..1., Culeiia in bcatissimum Job absolu-