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JUNILIUS AFRICANUS


lente sed regulariler singula docereniur… Sunt alia illius viri præclara monumenta ; nam et beati Pauli ad Romanos epistolam audivi subtilius, ut arbitror, exponeniem, quam ego ex ejus ore ne memoria laberetur excepi.

Les Instiluta se divisent en deux petits livres, in duos brevissimos libellos, dit Junilius lui-même dans sa préface. Le premier livre contient 20 chapitres ; le second, 30. Ces chapitres sont d’ailleurs d’une longueur fort variable ; certains n’ont que quelques lignes, trois à cinq, t. I, c. i et u ; t. II, c. i, v, xiv ; d’autres comprennent plusieurs pages : t. I, c. iv ; t. II, c. ii et xxiv.

Livre I". — Junilius divise en quatre classes les livres de la Bible : livres historiques, prophétiques, proverbiaux et de simple enseignement ; il les répartit en trois groupes selon qu’ils sont de parfaite, de moyenne ou de nulle autorité. Les livres d’autorité parfaite sont’ceux qui sont admis par tous ; les livres d’autorité moyenne sont ceux qui ne sont admis que par quelques-uns ; les livres de nulle autorité sont tous les apocryphes, c. i-vi. Nous connaissons certains auteurs des livres saints par les titres ou les préambules de leurs livres mais il y en a d’autres dont les noms nous sont totalement inconnus ; les auteurs ont écrit en prose ou en poésie, sous l’ancienne ou la nouvelle Alliance ; leur but a été de nous entretenir de Dieu, du siècle présent et du siècle futur, c. vu-xi. La fin du premier livre est consacrée par Junilius à dire comment l’Écriture parle : de Dieu, c. xii, de l’essence divine, c. xiii, de la Trinité, c. xiv, du Père, c. xv, du Fils, c. xvi, du Saint-Esprit, c. xvii, comment elle met en lumière ce que chacune des trois personnes divines a de commun ou de particulier, c. xviii et comment elle décrit l’activité divine, c. xix. Le xxe et dernier chapitre indique quelle représentation peut avoir de Dieu la créature et comment elle peut s’appliquer à elle-même, en un autre sens évidemment, des qualités qui ne conviennent qu’à Dieu.

Livre II. — Ce livre traite du siècle présent, de son origine, de son gouvernement par Dieu et des éléments divers qui le composent, c. xiv. A l’occasion du siècle futur. Junilius aborde la grande question des prophéties, distingue le type de la prophétie proprement dite et énumère les prophéties diverses qui furent faites sous les Patriarches, depuis Moïse et sous la loi de grâce. Ces prophéties littérales ou typiques concernent, au nombre de 22, l’Ancien Israël ; au nombre de 26, le Christ ; au nombre de 17, la vocation des Gentils. Celles qui furent faites sous la loi de grâce débutèrent avec l’annonce de la naissance de saint Jean-Baptiste, elles se poursuivirent par l’annonciation, par les prophéties de Notre-Seigneur et par celles des apôtres ; elles sont au nombre de 32. Un chapitre assez curieux, le xxixe, dit comment peut se démontrer l’inspiration des livres saints ; deux autres chapitres traitent de la connaissance religieuse, c. xxvii, et des rapports de la science et de la foi, c. xxx.

III. Doctrine de Junilius sur les saintes Écritures. Origine de sa doctrine. — Comme a pu déjà le révéler cette trop brève analyse et comme le montrerait mieux encore une lecture, même rapide, des Instiluta Regularia, Junilius reproduit des opinions très particulières. A la façon dont il parle de la Trinité, du Christ, de la création du monde et de son gouvernement, du monde présent et futur, de la grâce, on reconnaît sans peine en lui un auteur tout imprégné de nestorianisme. Certes, il n’y a pas lieu d’en être surpris puisqu’il n’est dans ses Instiluta que l’écho de Paul de Nisibe. Ce n’est pas toutefois sur ce point qu’il convient de s’appesantir ici, car toutes ces questions quelqu’importantes qu’elles soient, il ne les a abordées qu’en passant et on a des documents

autrement complets et originaux pour étudier le nestorianisme ; il sutlira d’avoir noté pour mémoire ces traces nombreuses de l’hérésie nestorienne que l’on trouve dans son écrit. C’est avant tout par son catalogue des saintes Écritures, par son opinion sur l’autorité différente des livres saints que Junilius mérite de fixer l’attention.

Son catalogue des saintes Écritures se distingue par un nombre inusité de deutéro-canoniques : pour l’A. T., les deux livres des Paralipomènes, Esdras Job, le Cantique des cantiques, Tobie, Esther, Judith, la Sagesse, les deux livres des Macchabées ; pour le N. T., l’épître de saint Jacques, la seconde épître de saint Pierre, la seconde et la troisième de saint Jean, l’épître de saint Jude et l’Apocalypse. Ces livres, que quelques-uns seulement admettent, ne jouissent d’après lui, que d’une autorité moyenne. L. I, c. ra-vn.

Par son originalité très caractéristique pour un milieu que l’on croyait africain, ce catalogue exerça longtemps sans succès la sagacité des critiques. Cf. Martianay, Traité historique du Canon des Hures de la sainte Écriture, Paris, 1703, p. 203-208 ; Bichard Simon, Critique de la Bibliothèque des ailleurs ecclésiastiques par M. Ellies Du Pin, t. i, p. 229-232, Paris, 1730, et, de nos jours, Franzelin, Tractatus de divina tradilione et scriptura, 2e édit., Borne, 1875, p. 478. Bichard Simon ne voyait qu’une solution : ou bien le texte des Institula Regularia avait été corrompu ou bien cet « évêque africain » n’avait pas su ce qu’il disait. Ni le fait que Junilius se donnait pour l’élève de Paul le Persan, ni les doctrines christologiques qui transpiraient à travers son œuvre n’avaient pu éclaircir pour Franzelin un problème de théologie scripturaire si facile à résoudre. Pourtant de ce problème la solution, avant d’avoir été parfaitement mise en lumière en 1880 par Kihn, avait été déjà indiquée, dès 1802, par Mûnscher, Handbuch der christlichen Dogmengeschichte, Marbourg, 1802, t. iii, p. 90, et reproduite par Keil en 1859, Lehrbuch der hist. crit. Einleitung in die Schriflen des A. T., 2e édit., 1859, p. 631 et par Ed. BeUss, en 1871, Die Geschichte der heiligen Schriften des N. T., Brunswick, 1874, 5e édit., 2e part., p. 53.

Le catalogue des saintes Écritures de Paul le Persan, exposé par Junilius, n’a absolument rien d’original. Il vient en droite ligne du véritable père du nestorianisme, de Théodore de Mopsueste qui exerça, comme on le sait, une influence prépondérante par son exégèse aussi bien que par sa théologie sur l’école d’Édesse et sur celle de Nisibe qui n’en fut que la continuation.

Une comparaison entre le canon de Théodore et le catalogue fourni par Junilius démontre cette parenté d’une façon absolument indiscutable. Tous les livres que Théodore a rejetés, soit dans l’A., soit dans le N. T., sont mis par Junilius au nombre de ceux que quelques-uns seulement admettent. Cf. L. Pirot, L’œuvre exégétique de Théodore de Mopsueste, Borne, 1913, p. 153. C’est là le seul motif pour lequel on voit figurer dans cette liste des livres comme les deux livres des Paralipomènes, Esdras, Job, le Cantique des cantiques, l’épître de saint Jacques. Seulement, à Nisibe, on avait quelque peu mitigé l’opinion trop radicale du maître ; on n’avait pas relégué au rang des apocryphes, au rang des livres d’une autorité absolument nulle, ces livres que Théodore excluait absolument de son canon, auxquels il ne concédait pas même ce degré inférieur d’inspiration qu’il accordait aux Proverbes et à l’Ecclésiaste mais qu’il considérait comme des livres tout à fait profanes. L. Pirot, op. cit., p. 148, n. 3, p. 158, et p. 159-163. Sous l’influence de la tradition qui, chez les Juifs comme chez les chrétiens, était favorable aux Paralipomènes, à