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JULIEN L’APOSTAT, ŒUVRES


le Grand. Le troisième, Jules Constance, était un personnage considérable avec de très grandes richesses. De sa première femme, il eut un fils Flavius Julius Gallus, qui devint César ; de la seconde, Basilina, il eut Flavius Claudius Julianus, qui devint l’empereur Julien. Frères de père seulement, Gallus et Julien étaient les deux seuls neveux, par le sang, de l’empereur Constantin. Julien est né à Constantinople, le 6 novembre 331. Il ne connut pas sa mère, morte l’année suivante, et fut élevé surtout par sa grand’mère, dans la résidence paternelle, jusqu’en 337.

Cette année-là, l’empereur Constantin mourut, laissant trois fils, déjà associés à l’empire : Constant, Constance et Constantin, entre lesquels l’empereur partageait sa succession. Les troupes de Constantinople acceptèrent les trois nouveaux empereurs, mais massacrèrent impitoyablement les autres membres de la famille impériale, en particulier Jules Constance. Elles épargnèrent Gallus, âgé d’environ douze ans, maladif, et dont on espérait la mort. Julien, qui avait à peu près six ans et demi, fut caché sous la table d’un autel par Marc, évêque d’Aréthuse, avec l’aide de quelques prêtres, et sauvé. Constant et Constantin se trouvaient alors retenus en Occident. Constance, présent à Constantinople, présida les obsèques de son père, et fut témoin, sinon complice, du massacre de ses parents. Le soin des deux enfants, ses cousins germains, lui incombait. Il envoya Gallus à Éphèse, en Ionie, où son père, défunt, possédait de grandes richesses, et lui fit donner l’instruction qui convenait à un prince ; il confia Julien à l’évêque de Nicomédie, Eusèbe, parent de l’enfant par la mère de celui-ci. Après 339, Eusèbe fut transféré sur le siège de Constantinople, et Julien revint avec lui dans la capitale. En 342, Eusèbe mourut. En 343 ou 344, Constance réunit les deux frères, et les envoya au château royal de Macellum, près de Césarée, en Cappadoce. Les jeunes gens, élevés princièrement, avaient des professeurs pour leur instruction profane et des prêtres pour leur instruction religieuse. Gallus avait environ dix-sept ans ; Julien, environ douze ans ; le séjour à Macellum dura sept ou huit années.

Constantin II et Constant étaient morts sans laisser d’enfants. Devenu seul empereur en 350, Constance n’en avait pas non plus et ne pouvait en espérer. Le poids de l’Empire devenait de plus en plus lourd. Constance rappela de Macellum ses deux cousins germains. En 351, il éleva Gallus à la dignité de César, et lui confia le gouvernement de l’Orient, avec résidence à Antioche. Il envoya Julien à Nicomédie, où l’enfant avait passé ses premières années. Mais Julien a maintenant vingt ans ; il est son maître, il est riche ; il est le troisième personnage de l’Empire. Sa résidence officielle est Nicomédie ; mais il n’y est pas attaché. Il séjourne à Astakia, proche de Nicomédie, où il possède un joli domaine. Il se fait communiquer les leçons de Libanius, alors professeur à Nicomédie ; il voyage à son gré ; se rend, par exemple, à Pergame, à Ephèse, et fait connaissance avec les philosophes néoplatoniciens, /Kdésius, Chrysanthe, Prisais, Eusèbe, Maxime, el d’autres encore, tous païens, comme Libanius.

Les plaintes et les dénonciations affluaient contre Gallus, auprès de Constance, lui 35 1, l’empereur envoie l’ordre au jeune César de venir le rejoindre à Milan, el il le fait décapiter en roule, près de Pola. Les espions el les délateurs se tournent alors contre Julien. Constance lui envoie l’ordre de se rendre à Milan, auprès de lui. Défiant, Julien obéit et garde un silence absolu sur tous les événements. Sept mois durant, il est comme le prisonnier de l’empereur. Mais l’impératrice Eusébie le prend en amitié, lui concilie l’esprit de Constance, et lui obtient l’autorisation de retourner

en Bithynie. A peine Julien y est-il arrivé qu’un nouvel ordre le rappelle. Grâce à une nouvelle intervention de l’impératrice, Julien est autorisé à se rendre à Athènes pour ses études de philosophie, en 355, à l’âge de vingt-quatre ans. Son séjour à Athènes fut court, mais décisif pour ses convictions religieuses ; il en revint foncièrement païen.

Cependant, à l’Est, les Perses menaçaient la frontière ; en Occident, les Francs se remuaient en Belgique ; les hordes germaniques franchissaient le Rhin, pillaient et dévastaient la Gaule. Constance sentait le besoin d’un auxiliaire. L’impératrice intervint de nouveau en faveur de Julien. Le 6 novembre 355, à Milan, Julien est créé César par Constance ; il reçoit le gouvernement de la Gaule et de la Grande-Bretagne ; il reçoit aussi pour épouse Hélène, sœur de l’empereur. Le 1 er décembre, Julien quitte Milan et vient hiverner à Vienne en Gaule. En 356, dans sa première campagne, il délivre Autun, Auxerre, Troyes, Coblence, Cologne ; puis il prend ses quartiers d’hiver à Sens. En 357, il remporte une victoire décisive sur les Germains à Argentoratum (Strasbourg). Les campagnes de 358 et 359 achèvent et consolident la libération de la Gaule jusqu’au Rhin. Entre temps, Julien prenait ses quartiers d’hiver à Paris. Quatre années lui avaient suffi pour accomplir son œuvre ; il s’était acquis un prestige irrésistible sur l’armée ; une administration intelligente et impartiale lui avait mérité l’attachement inébranlable de la population.

Tout à coup, en 360, Constance, alors en Orient, réclame d’urgence l’aide des meilleures troupes des Gaules contre les Perses. Les soldats se mutinent et proclament Julien Auguste, en faisant de lui l’égal de Constance (mars 360, à Paris ou Lutèce). L’année se passa dans l’attente. Julien avertit Constance des événements de Paris et lui demanda de confirmer l’acte de l’armée (360-361). Constance répondit en sommant Julien de reprendre son rang de César. Julien refusa ; c’était la guerre, et la fortune des armes déciderait. En 361, l’hiver terminé, Julien, à la tête de ses troupes, traversa la Rhétie, la Pannonie, l’IUyrie, et se dirigea sur Constantinople. Constance revint en arrière pour marcher à sa rencontre. La mort le surprit à Mopsucrênes, en Cappadoce, et Julien se trouva seul empereur. Il entra triomphant à Constantinople, et, libre enfin, pratiqua ouvertement le paganisme.

La guerre contre les Perses pressait. Pour la mieux préparer, Julien vint s’établir à Antioche, cité chrétienne, populeuse, frondeuse, hostile à l’empereur. Il n’y éprouva que des désagréments. Il jura que, à son retour de la guerre, il ne reparaîtrait pas à Antioche. et qu’il irait, mort ou vivant, à Tarse en Cilicie (362). Entrant en campagne en 363, il envahit le territoire des Perses et remporta d’abord quelques succès. Puis son génie parut l’abandonner : il devint hésitant et téméraire, crédule, imprévoyant, et commit des fautes irréparables. Obligé de battre en retraite avec une année épuisée, payant vaillamment de sa personne dans les combats d’arrière-garde, il eut un jour le cote droit percé d’une javeline. La blessure était mortelle. Julien expira bientôt, dans les derniers jours de juin 363, à trente-deux ans. Son corps fut embaume, rapporté et déposé dans le tombeau qu’il s’était fait préparer à Tarse. Son année, vaincue et harassée. s’était aussitôt détachée de lui ; elle lui donna pour successeur un officier, chrétien pratiquant, appelé Jovien, et elle revint tout entière au christianisme.

IL ŒUVRES DE JULTEN. — Julien maniait c culainc plus volontiers que l’épée, et il a laisse (les écrits assez considérables. — 1° Panégyriques ou Éloges. Un Éloge proprement dit de l’Empereur Constance, ’K>yxcô|j.iov eîç tôv aÙTOxpocropa KwvaTaVTiov, composé sans doute en 355, à Milan. Le second est intitulé ITepl twv toû