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JULES III — JULES AFRICAIN
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nières années de sa vie à se faire l’apôtre de la paix près de Charles-Quint et du roi de France. C’est sous le pontificat de Jules III qu’eut lieu la réconciliation éphémère de l’Angleterre avec le Saint-Siège, sous les auspices du cardinal Pôle, envoyé spécialement comme légat auprès de la reine Marie (décembre 1553). Très favorable à la Compagnie de Jésus, récemment fondée par saint Ignace, Jules III confirma et élargit, par la bulle Exposait debilum du 21 juillet 1550, les privilèges qui lui avaient déjà été reconnus par Paul III (Constitution Regimini, du 27 septembre 1540). Le 31 avril 1552 il signa la bulle d’érection du Collège Germanique. Il fondait les plus grands espoirs sur l’activité de la jeune Compagnie, tant en Europe, que dans les missions étrangères. Ce fut sous les auspices de ce pape que saint François-Xavier commença la conquête du Japon. Jules III mourut le 23 mars 1555, sans avoir pu réaliser ses généreux desseins.

Sources. — Journal de Jean-François Firmano, maître des cérémonies… sous Clément VII, Paul III, Jules III, dans Notices et extraits des manuscrits, t. n. ; les correspondances des nonces publiées dans les Nuntiaturberichte aus Deutschland ; A. Druffel, Monumenta Tridentina, Beilrdge zur Geschichle des Konzils von Trient, Munich, 1884-1899 ; S. Merkle, Concilii Tridentini diaria, t. n ; voir, en particulier, p. 146, l’ouvrage de Panvinio, De Julii III vita ante pontificatum, qui y a été réimprimé ; S. Pallavicini, Istoria del concilio di Trento, Rome, 16561664.

Travaux. — Tous les travaux relatifs au concile de Trente, à l’histoire de la Réforme, au schisme anglican font naturellement une place plus ou moins grande à Jules III. Comme travaux plus spéciaux on citera seulement L. Pastor, Geschichle der Pàpste, 1913, t. vi, p. 1-250 ; G. Constant, Une rivalité franco-allemande en conclave. L’élection de Jules III, dans Revue hebdomadaire, 18 février 1922, p. 333-343 ; G. de Leva, L’elezione di papa Giulio III, dans Rivista storica italiana, t. i, p. 21-37 ; L. Romier, Les origines politiques des guerres de relioi : >n, t. i : Henri II et l’Italie (.1547-1555), Paris, 1913, p. 216-528.

G. Mollat.

    1. JULES AFRICAIN##


JULES AFRICAIN, écrivain chrétien de la première moitié du iiie siècle — On est très mal renseigné sur les circonstances de sa vie ; quelques maigres allusions dans ses écrits, d’ailleurs mal conservés, etplus mal édités, quelques données des anciens auteurs, c’est bien peu pour écrire la biographie d’un personnage qui pourtant est l’un des plus curieux de la période archaïque du christianisme. Eusèbe, qui l’a consciencieusement utilisé, lui consacre une brève notice, H. E., VI, xxxi, P. G., t. xx, col. 589, où saint Jérôme a puisé le plus clair de ses renseignements. De vir. ill., 63, P. L., t. xxiii, col. 573 ; Georges le Syncelle, qui a transcrit des fragments importants de l’œuvre capitale de Jules, n’ajoute pas grand’chose aux données des deux auteurs précédents ; cf. édit. Dindorf, du Corpus de Bonn, p. 669, 1. 20 ; Photius analyse brièvement quelques ouvrages de l’Africain, mais n’est pas plus explicite que les précédents, Biblioth., cod. xxxiv, P. G., t. ciii, col. 65 ; Suidas, au mot’Atppixxvôç donne un renseignement qui a mis la critique sur une fausse piste pour mille ans. On peut tenir pour inutilisables les apports fournis par les écrivains syriaques postérieurs, Denys Bar-Salibi et Ebedjesu. Quant aux premières études consacrées à Jules Africain par les humanistes, spécialement par Scaliger et Henri Valois, elles ont surtout créé la confusion autour du personnage.

De son nom complet il s’appelait Sextus Julius Africanus, et il n’y a plus lieu de s’arrêter à la distinction imaginée par Scaliger d’un auteur chrétien, Julius Africanus, et d’un païen Sextus Africanus. Le cognomen Africanus a longtemps donné le change, et a contribué à faire chercher en Afrique la patrie de

notre écrivain. C’est vraisemblablement Suidas qui a créé la légende, en accolant au nom de Sextus, l’épithète de « philosophe libyen ». Une découverte toute récente donne une solution définitive. Dans un papyrus d’Oxyrhynque s’est conservé un fragment jusqu’alors inconnu d’une œuvre de l’Africain, les Cesles. L’auteur y déclare que le renseignement fourni par lui, il l’a trouvé dans les archives de sa patrie, la colonie d’/Elia Capitolina. Grenfell et Hunl, The Oxurhynchus Papyri, t. iii, n. 412. Ainsi Jules est né à Jérusalem, et sans aucun doute d’une famille militaire de la colonie, dont il est impossible de dire si elle était chrétienne ou païenne. Selon toute vraisemblance, il a dû suivre d’abord la carrière des armes. Les connaissances militaires dont témoignent les Cestes ne sont pas d’un profane ni même d’un simple soldat. On ne ss trompera guère en faisant de Jules un officier ; plusieurs des renseignements topographiques qu’il donne çà et là font supposer, non sans raison, qu’il a pris part, dans l’armée de Septime-Sévère, à l’expédition de 195 qui mena les troupes impériales en Oshroène et en Adiabène. C’est peut-être au cours de cette campagne qu’il a noué des relations avec la dynastie des rois d’Édesse, relations qui durent encore en 215. Un mot de la Chronique d’Eusèbe, ad an. 2237, Corpus de Berlin, Eusebius, t. v, p. 224, t. vu a, p. 214, nous montre l’Africain vers les années 220 installé à Emmaus-Nicopolis, où il s’est peut-être retiré après son congé. C’est de là qu’il.est envoyé à Borne en 224 pour régler les affaires de cette colonie. Cette négociation le met en rapport avec l’empereur Alexandre-Sévère, à qui l’Africain dédiera les Cestes, et pour qui il organisera à Borne, auprès du Panthéon une bibliothèque. Voir Oxyrh. Papyr., loc. cit. Il faut donc supposer un séjour assez prolongé à Borne. Ce ne fut pas le seul voyage qui égaya la retraite de l’ancien officier. Antérieurement il était allé à Alexandrie, attiré par la renommée de l’école catéchétique, aux destinées de laquelle présidait alors, en l’absence momentanée d’Origène, le disciple de celui-ci Héraklas. Avec Origène, Jules eut d’ailleurs aussi des relations personnelles. Il est impossible de fixer, même approximativement la date de sa mort, tant sont divergentes les données relatives à son ày.xi] qui figurent dans les divers chroniqueurs byzantins.

Les reliquiee de son œuvre que Migne a jugées dignes de figurer dans la Patrologie grecque, tiennent tout au plus une cinquantaine de colonnes, (t. x, col. 51-94). Elles ne donneraient qu’une idée tout à fait insuffisante de la production d’un auteur qui fut extraordinairement fécond. D’ailleurs aucune édition d’ensemble ne permet, à l’heure présente, de porter un jugement informé sur l’Africain. On ne doit donc pas s’étonner des appréciations assez divergentes que l’on rencontre sur lui dans les diverses histoires littéraires. Dans son œuvre il faut distinguer deux parts, l’une strictement profane, l’autre nettement chrétienne.

Si l’on n’était absolument certain de la date de composition des Cestes, qui sont dédiés à l’empereur Alexandre-Sévère, on serait tenté de les attribuer à une époque où l’Africain n’était pas encore chrétien. Mais cette supposition est impossible. Chronologiquement les Cestes viennent après la Chrono graphie, œuvre chrétienne ; ils sont donc d’un chrétien, mais dont les convictions, pour robustes qu’elles soient, admettent le voisinage des plus déconcertantes superstitions. Le titre, qu’il faudrait traduire littéralement, piqûres, broderies, correspondrait assez bien à celui de Slromates employé par Clément d’Alexandrie et Origène. On le traduira au mieux par Mélanges, et il est bien vrai que dans les Cestes l’on trouve un peu de tout. Les excerpteurs byzantins en ont tiré des préceptes relatifs à l’art militaire, à l’agriculture, à la phy.