Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/255

Cette page n’a pas encore été corrigée

1919

JULES II

JULES III

1920

Louis XII releva le défit. Par une maladresse, qui lui devait être fatale, il porta le conflit sur le plus mauvais terrain, le terrain religieux. Tout d’abord, il remit en honneur certains articles de la Pragmatique Sanction de Bourges, puis, il ne cacha pas son intention de réunir un concile qui déposerait le pape. A la vérité, le roi n’agitait ce projet que pour faire pression sur Jules II et l’effrayer. Ses actes et ses hésitations prouvent qu’il n’avait nullement la ferme intention de révolutionner l’Église, comme l’a assuré Pastor. Op. cit., t. vi, p. 307. En tous cas, agir comme il le fit, c’était méconnaître totalement le caractère intransigeant de son adversaire.

Une assemblée du clergé de France, réunie à Tours (14-28 septembre 1510), déclara que la guerre contre le pape était légitime et réclama la réunion d’un concile qui, seul, avait qualité pour rejeter l’autorité pontilicale. P. Imbart de la Tour, Les origines de la Réforme, Paris, 1909, t. ii, p. 131-137. La convocation du concile fut lancée le 16 mai 1511. Les cardinaux Carvajal, Briçonnet, Philippe de Luxembourg, François de Borgia, Adrien de Corneto, de Prie, Carlo del Caretto, San Severino, Hippolyte d’Esté signifièrent au pape une citation à comparaître à Pise, le 1 er septembre suivant. Raynaldi, Annales ecclesiastici, an. 1511, n. 5-6. Ils étaient soutenus dans leur révolte par Maximilien, roi des Romains, et Louis XII. Jules II leur porta le coup fatal. Le 18 juillet 1511, après avoir convoqué lui-même un concile au Latran, pour le 19 avril 1512, il destitua de leurs dignités Carvajal, Briçonnet, François de Borgia et de Prie, avant leur arrivée à Pise. Raynaldi, Annales ecclesiastici, an. 1511, n. 8-15, 33, 35^ 36.

Cependant le concile s’ouvrit à Pise le 1 er novembre 1511, sous la présidence de Carvajal. Il comprenait quatre cardinaux, deux archevêques, quatorze évêques, cinq abbés, presque tous français. Le 12, il dut se disperser après avoir tenu trois séances. Le séjour de Pise n’étant plus sûr, les Pères se réfugièrent à Milan. Là, ils annulèrent les censures pontificales et finalement, le 21 avril, déclarèrent Jules II suspens. La défection de l’empereur Maximilien, la coalition de l’Europe contre la France, l’annonce de l’arrivée des Suisses les obligèrent à fuir et à émigrer à Lyon. Mais, réduits à quelques membres, ils se hâtèrent de clôturer un concile qui n’avait pas même pu s’attirer la sympathie du clergé et des sujets du royaume. La parole resta à Jules II. Par ses soins, les assises solennelles de l’Église s’étaient ouvertes au Latran, le 3 mai 1512. L’Espagne et l’Angleterre y étaient représentées. Le 4 novembre suivant, un envoyé de l’empereur Maximilien signifia l’adhésion de son souverain. Louis XII restait donc seul. Persisterait-il dans son attitude schismatique ? La mort de Jules II, survenue dans la nuit du 20 au 21 février, mit fin au conflit. Le 26 octobre 1513, les ambassadeurs de France prenaient part au concile. En l’occurrence, leur démarche marquait la défaite, à tout jamais, des doctrines conciliaires que Louis XII, dans un but politique, avait essayé de faire revivre.

Quoique Jules II ait été avant tout un politicien et un homme de guerre, il ne négligea pourtant pas les choses d’Église. Certes, il n’eut pas les loisirs de réformer les abus dont la chrétienté souffrait. Il prit, pourtant, certaines décisions fort utiles. I.e. Il janvier 1505, la constitution. De jnilnim nostrorum déclara nulle toute élection pontificale précédée de pratiques simoniaques, frappa de censures ceux qui s’en rendraient coupables, de la perte de leurs biens et de leurs emplois ou dignités tons ceux qui y concourraient, ’fous contrats, promesses ou obligations contractés ; i l’occasion de l’élection étaient de nulle efficacité I i bulle, qui publiait ces prescriptions, ne fut adressée

aux princes chrétiens qu’en octobre 1510. Le concile du Latran la promulgua de nouveau. Raynaldi, Annules ecclesiastici, an. 1506, n. 1.

Jules II incita les inquisiteurs à remplir leurs fonctions avec zèle. S’il permit aux hérétiques de Bohême d’assister aux cérémonies du culte catholique, il condamna au bûcher certains religieux qui abusaient de la crédulité populaire. L’anthropomorphisme de Piero de Lucca fut condamné le 7 septembre 1511. Pastor, op. cit., p. 112.

On trouvera une bibliographie complète sur le règne de Jules II dans l’ouvrage de Pastor, t. VI, p. 171-567 ; t. v, p. ix-xxxix. Toutefois, il y a profit à consulter l’édition allemande qui, à rencontre de la française, a subi des retouches. Les jugements de Pastor doivent être contrôlés et revisés à l’aide de l’excellent ouvrage d’Imbart de la Tour, Les origines de la Réforme, Paris, 1909, t. H, p. 127181. Imbart de la Tour a, en particulier, renouvelé l’histoire du concile de Pise, les documents qu’il a consultés ayant été négligés par son devancier. L’article consacré au concile par M. Sandret dans la Revue des questions historiques, en 1886, assez complet, a perdu de sa valeur. Le livre de M. A. Henaudet, Le concile gallican de Pise-Milan (1510-1512). Documents florentins, Paris, 1922, contient une foule de documents d’un haut intérêt. — On peut encore consulter Klaczko, Rome et la Renaissance. Essais et esquisses. Jules II, Paris, 1898 et Hefele, Histoire des conciles, trad. Leclercq, Paris, 1917, t. vra a, p. 211-388.

G. MollT JULES 111, -pape du 7 février 1550 au 23 mars 1555. — Aprèi la mort de Paul III (10novembrel543), les cardinaux, réunis en conclave, signèrent un compromis. Ils jurèrent tous d’exécuter un certain nombre de conditions, s’ils obtenaient la tiare. Ils s’obligèrent, entre autres choses, à réformer l’Église et à terminer le concile général qui en fait était suspendu depuis le printemps de 1547. L’entente ne s’établit pas facilement entre eux. A la suite d’intrigues qui durèrent plus de deux mois, le cardinal Giovanni Ciocchi, dit del Monte, fut élu le 7 février 1550 et couronné pape le 22 février suivant sous le nom de Jules III.

Le nouveau pontife était né à Rome, le 19 septembre 1487. Jules II lui avait donné la charge de camérier. Il devint, dans la suite, archevêque de Manfredonia (18 mars 1513), préfet de Rome, cardinalprêtre du titre de SaintVital (15 janvier 1537), puis de celui de Sainte-Praxède. Il octobre 1542), évêque de Palestrina (5 octobre 1543). En tant que légat du Saint-Siège (1545), il avait été l’un des présidents du concile de Trente.

C’était un habile homme ; mais on lui connaissait un tempérament indolent, ce qui n’excluait pas chez lui les accès d’emportements d’une étrange violence. Ami de ses aises, il se construisit, sur la via Flaminia, à proximité du Tibre, une magnifique villa que l’on admire encore.

Jules III fut fidèle à la parole donnée au début du conclave. Les cardinaux Pôle, Morone et Cervini furent mis à la tête d’une congrégation de réforme, qui conclut dès le 23 avril à la reprise du concile et les évêques de la chrétienté furent convoqués, le 13 novembre 1550, à se réunir à nouveau en concile à’fiente le 1 er mai suivant. Le concile travailla très activement au cours de l’année 1551, où se tinrent les deux importantes sessions xiii et xiv, relatives aux sacrements d’eucharistie et de pénitence. Il ne tint pas qu’à Jules III que les travaux continuassent. Mais la situation politique devenait de plus en plus confuse. Au printemps de 1552, les Pères, effrayés par l’approche des troupes protestantes que commandait Maurice île Saxe, se dispersèrent pour longtemps. Voir sur tout ceci l’art. Trente (Concile de).

L’attention de Jules III se porta surtout sur les questions politiques. Après l’échec de sa diplomatie dans l’affaire de Panne, le pape consacra les der-