Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/25

Cette page n’a pas encore été corrigée
1445
1432
JOACHIM DE FLORE. VIE

1459

JOB (LIVRE DE). ANALYSE DU LIVRE

1460

Le sdlùn ne se tient pas pour battu. Dieu (qui a toujours ses.le -lins, et qui voit plus profond), permet volontiers une seconde épreuve : Job. frappé d’une horrible maladie, perd cet Le fois la santé. Sa femme aussi le pousse au blasphème. * Il lui lit ;

Comme radote la première folle venue, Ainsi toi-même tu radotes. De Dieu nous acceptons le bien, N’en accepterions-nous le mal ?

Ainsi Job ne pécha point par ses lèvres, » ii, 1-10.

Si non sur les lèvres, le péché peut-être est dans le cœur. A Job il ne reste plus que la vie et sa justice. ni touchait a celle-ci ?… Mais il ne convient pas que sur ce sujet le sdlùn puisse avoir gain de cause. Dieu même se retire pour laisser faire le temps et ne reparaître qu’au moment voulu….

Trois amis de Job s’approchent. Ayant appris ses malheurs, ils viennent pour le consoler. Mais le spectacle de sa déchéance les terrifie : ils restent sans voix ; sept jours et sept nuits, ils demeurent assis près de lui, silencieux, étreints par la pensée qui les assiège : pensée* que Job devine et partagerait peut-être s’il n’était conscient de sa par/aile justice : pensée qui toutefois le tient, lui aussi, muet sous les regards attristés et mine peu à peu sa patience. Celle-ci s’épuise enfin : sous l’impression d’une réprobation qui l’écrase, Job éclate et maudit — non Dieu sans doute, mais son destin :

« Périsse le jour où je suis né ! …. » ii, 11-m, 3.

L’imprécation s’élève et grandit, véhémente, atteignant sinon Dieu, (du moins le don qu’il fait de la vie aux malheureux ; car Job souhaite n’avoir point vécu, iii, 3-19, se plaint ami renient des souffrances inouïes qui lui sont infligées, iii, 20-26. Il ignorait que Dieu avait fait réserve expresse à son endroit de cette vie qu’il repousse, ii, 6 ; mais n’eùt-il pas dû le soupçonner ? En tout cas, voici que s’est effritée sa belle résignation de naguère ; et le péché n’est-il pas sur ses lèvres, maintenant ?…

Si l’on en croyait les amis de Job, celui-ci serait un grand coupable, et, pour en être réduit à subir un sort aussi cruel, aurait dû commettre mainte mauvaise’action ignorée du public. C’est ce qu’insinue d’abord Eliphaz le Témanite : Nul ne périt ainsi, que le criminel, iv, 6-11 ; nul, ange ou homme, n’est sans péché 12-21 ; Job doit venir à résipiscence, et Dieu lui rendra paix et bonheur, v, 1-27. — C’est, du reste, ce dont témoignent les vies des ancêtres, xv, 17-35. — Nul doute, enfin, que Job n’ait mérité son malheur soit par scélér : xii, 5-11, soit pai pensées impies

12-20 ; seule, une conversion peut mettre fin à la situation, 21-30. Bildad le Subite iient les mêmes propos, de façon beaucoup plus tapageuse, vin et xviii : c’est lui qui terminera les discours accusateurs. Sophar le Xaamalitc, rude et passionné, n’y ajoute rien de son cru qu’un appel à la sagesse divine à qui nulle faute n’échappe, et qui n’ignore nullement celles de Job, xi et xx. En un mol : la vie 1 1 le sort de l’homme sont en parfaite correspondance ; le juste véritable ne doit point souffrir ; les souffrances de Job sont la preuve éclatante de sa culpabilité secrète ; ses protestations

et dénégations n’y i’eronl rien.

Aigri, blessé’!  ; ’" i la conseil née qu’il a de son innocence, et constatant l’erreur de ses amis, Job se plaint de leur perfide abandon, vi, 1 I 30 ; leur sagesse n’esl cpie dureté, voire lâcheté, ii, 2-6 ; faux avocat-, de Dieu, ils éprouveronl sa justice, xiii, 1-22 ; fous aveuglés, ils donnent en spectacle leur propre injustice, JCVH, 2-9 ; nue telle conduite est indigne. XIX, 2 6. Leur thèse i i fausse : souvent l’impie prospère, xxi,

I il : ici bas nulle différence dans le sort des bons

et des méchants, xxi, 22-26 ; ces amis qui veulent le

confondre ne savent rien du train du monde, et leurs répliques ne sont que trahison, xxi, 27-34. — Se convertir ? Job ne le peut, puisque irréprochable, xxiii.

Son sort, à lui, n’en est pas moins étrange. Dieu a toujours droit — il le concède à Bildad, ix, 2-20 ; mais lui-même est sans reproche, et Dieu n’y a nullement égard, ix, 21-31 : au contraire II l’accable de maux, son sort est le pire de tous, vii, 1-10 ; ix, 8-19 et passim ; comment ne pas se plaindre et ne désirer point la mort ? vi, 2-13 ; x, 20-22. Puisse Dieu l’épargner enfin et lui laisser quelque répit avant son dernier jour ! vu, 11-21 ; xiv, 1-6 sq.

Et Job ose demander : Pourquoi Dieu, qui n’a rien des faiblesses et des aveuglements de l’homme, me persécute-t-il sans raison ? x, 1-7. U me traite en ennemi, xvi, 3-17 ; xix, 2-6, me ravit tout appui moral, écarte de moi toute humaine sympathie, xix. 7-12 ; 13-22. Et pourtant, juste ? injuste ? lui seul est mon recours, car il est la plus haute instance en jugement. Qu’il m’épargne quelque peu, et je lui rendrai raison de mon innocence, ix, 32-35 ; xiii, 13-27 ; iixv 10-16. Si ce n’était un vain rêve, s’il y avait quelque espoir encore après la mort, j’attendrais même qu’il me rappelât du royaume des ombres pour entrer avec lui en discussion, quand il aurait déposé sa colère. xiv, 13-22 ; bien [dus, c’est mort sans retour que j’exigerais de lui que fût reconnu mon droit, xvi, 18xvii, 1. Mais non, plutôt, si j’en appelle du Dieu qui m’afflige injustement, au Dieu qui seul peut résoudre l’énigme de ma destinée :

« C’est des vivants qu’est mon goël (garant),

C’est sur terre qu’il dira le dernier mot (de ma cause) ;

C’est de mon corps en telle ruine.

C’est de ma chair, que je verrai Dieu :

Je me le verrai favorable,

Mes yeux ne le verront pas ennemi,

Mon cœur en brûle dans mon sein… » xix, 25-27.

Cet appel de Job sera entendu peut-être….

En attendant, les amis se sont tus. Job leur décoche une dernière ironie : il leur sied bien de vouloir enseigner Dieu lui-même, xxvi, 2-3 ; cf. xiii, 6-12 ; xxi, 22 : puis continue son discours.

Malgré la véhémence de sa plainte et de sa revendication, il reconnaît aussi bien que personne la grandeur de Dieu, xxvi ; mais

" Par !e Dieu vivant qui lui ravit son droit,

Parle Tout-Puissant qui le jette au désespoir, » xxvii, 2,

il n’a point commis de faute et il se trouve déçu d’avoir cru à la commune doctrine que le juste prospère et le méchant périt, xxvii. On lui parle de la Sagesse (Sophar, xi et xx) : quelle sagesse résoudra l’énigme de sa souffrance ? L’homme, qui sait trouver tous les trésors et se les approprier, xxviii, 1-11, n’a pas cette sagesse qui, du reste, ne se rencontre point dans le domaine de la création, xxviii, 12-22. Dieu seul la possède, mais la refuse à l’homme, auquel il ne suffit pas vraiment de dire :

« Écoute : me craindre, voilà sagesse ;

Fuir le mal, voilà intelligence. « xxviii, 2 : >-28.

Cela, Job ne l’avait-il pas fait ?… i, l-8 ; ii, 3, 10.

Nul mot il alors de se résoudre à la résignation. Puisque j’étais le favori de Dieu et l’homme le plus fortuné, xxix ; puisque je suis aujourd’hui en totale disgrâce et le plus infortuné, xxx, et que pourtant ji n’ai commis aucun mal, j’en fais le serment, xxxi, 1. :  !  ; 38-40 a, c’est mon droit d’exiger explication de mon divin adversaire. Comparer les passages : ix. Il ; x, 2 ; xiii, 19 ; xxiii, 6 ; xxxiii, 13 ; XL, 2 ; » Voici ma croix ! que Schadilaï (le Toul-Puissaut)

Quant au libelle qu’écrira ma partie, [me réponde ! Vraiment, à l’épaule je le veux poi ici’.

Comme un diadème je le veux ceindre.