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1907

    1. JUIFS (CONTROVERSES AVEC LES)##


JUIFS (CONTROVERSES AVEC LES), DE 1500 A 1789

1908

animaux paisibles. Cf. c. ix-xiii, p. 317-330, la discussion de cinq autres arguments, lnibonali, Adi’enlus Messise, § v, Home, 169-1, p. 91-111, expose sous une forme un peu différente les objections juives. Tous nos controversistes répondent que l’ancienne Loi est abrogée, que le Messie est bien venu, que c’est Jésus de Nazareth, que les prophéties sont réalisées en lui, car elles annoncent non pas un royaume terres tic, glorieux et prospère, au profit des Juifs, mais un royaume du Messie tout spirituel, elles se réfèrent a une Eglise universelle.

b) La Trinité divine. — Elle est défendue non seulement contre les Juifs, niais aussi contre les musulmans et les athées. Contre les Juifs on reprend et amplifie des arguments tirés du Talmud et de la cabbale. Un des plus appuyés est celui qu’on tire des noms de Dieu dans l’Ancien Testament, en particulier du tétragramme. Cf. Galatinus, t. II, c. x-xi, p. 74-84, et, pour les autres noms, c. ix, xii-xviii, p. 70-74. 84-97 ; Jean Etienne Rittangel. peut-être j uif, puis luthérien, Veritas religionis christianæ in articulis de SS. Trinilate et Christo ex Scriptura, rabbinis et cabbala, Franeker, 1699.

c) La vie et la mort du Christ et l’offensive juive. — La contre-offensive contre les livres juifs se poursuit. L’affaire de Reuchlin finit par une condamnation de YAugenspiegel comme « dangereux, suspect, plein de partialité pour les Juifs » (1520). Jules III ordonne de rechercher et de brûler le Talmud (1554). Un nombre incalculable d’exemplaires sont livrés aux flammes sous Paul IV, surtout à Crémone, où un juif converti, Sixte de Sienne, vient poursuivre leur destruction. Cf. sa Bibliolheca sancta, Paris, 1610, p. 120, 310. L’Index librorum prohibilorum de Pie IV (1564) prohibe le Talmud, ses gloses, annotations, interprétations et expositions, en spécifiant que ces livres seraient tolérés s’ils paraissaient sans le nom du Talmud et sans injures pour le christianisme. De là des éditions expurgées, Bartolocci, Pfeiffer, Eisenmenger, Wagenseil, Schudt, nommés plus haut ; d’autres encore tels que le protestant J. Wiilfcr, Theriaca judaica, Nuremberg, 1681, stigmatisent les livres juifs pour leur hostilité à tout ce qui est chrétien, doctrines et personnes. Les libri cabbalistici, à leur tour, sont condamnés par Pie V (1566) et Clément VIII (1593), comme les thalmudici. Cf. Sixte de Sienne, p. 63-64.

En désaccord sur le cas à faire des livres juifs, les polémistes chrétiens s’entendent pour reconnaître qu’on peut en tirer parti dans l’apologétique antijuive. Dieu peu les négligent, l’a Pascal se rend compte de leur utilité ; non préparé à les aborder directement, il les étudie à travers le Pagio fidei de Raymond Martin. Les Juifs convertis et les hébraïsanls de jour en jour plus nombreux puisent sans intermédiaire aux sources juives. Les prédicateurs même allèguent la cabbale et le Talmud. Le vir des 100 sermons de J. M. Vincenti, // Messia venuto, Venise, 1659, prouve le mystère de la Trinité par les explications de l’Écriture dues a des rabbins, le viii° par la cabbale ; le i.me est intitulé : Cite’l Messia è venuto per la famosa cabala delli antichi savi ebrei, etc.

La valeur des écrits.

Les preuves du dogme de

la Trinité que Vincenti dégage de la cabbale et îles écrits des rabbins, celles que Galatinus tire du tétragramme biblique et des autres noms divins ne sont pas vraiment démonstratives. Trop souvent encore l’exégèse est superficielle et peu critique. Un savant même de la valeur de lluet, dont la longue prop. IX, Jésus Nazarenus est Messias, p. 330 639, qui contient l’harmonie de l’Ancien et du Nouveau Testament, est, en somme, remarquable et vraiment impressionnante, y mêle « les détails défectueux, et

dans l’ensemble de son livre il y a des prétentions

injustifiées, des bizarreries, de l’embrouillamini, des faiblesses choquantes.

La dilliculté principale était toujours celle du sens de l’Ecriture. Si, dans tous les cas, le sens littéral seul avait dû être admis, il y aurait eu plus de chances d’arriver à une entente. Mais, quand on passait au sens spirituel, la manière de voir juive était malaisément entamable par la polémique chrétienne. Soit l’objection juive que Galatinus réfute, t. V, c. xi, p. 423-425, et qu’Imbonati, expose de la sorte, Adventus Messise, p. 91-92 : Messiam fuisse a Deo promissum ad sulvundum liberandumque Isrælem de captioitate…, uiulr. secundum hoc. erat expediens quod, tempore sui adventus, Judœi positi essent in caplivitale, de qua ipse Messias trahere debebat eosdem : sed isle quem dicis Messiam fecit contrarium quia, quando venit, Judwi eranl in Judœa ci Jérusalem in bona tranquillitale, et, paulo post ejus adventum, fuerunt ab eorum inimicis expugnali, victi et destructi, a patria expulsi, et per diversas mundi parles dispersi ac positi in caplivitale… : ergo ille non erat verus Messias in lege promissus. Soit encore l’objection, en elle-même parfaitement puérile, mais très exploitée par les Juifs, in qua maxima tripudiant, dit Imbonati, p. 107, qui se réclame des textes d’Ézéchiel sur Gog et Magog ; cf. Galatinus, t. V, c. xii, p. 425-428 ; Imbonati, p. 107-111. Parmi les interprétations juives, il y a celle du fameux rabbin Abarbanel, qui voit, dans Gog et Magog, tout simplement Édom et Ismaël, Edom c’est-à-dire les chrétiens, venant combattre Ismaël, c’est-à-dire les Turcs, et ajoute que, d’après le prophète, Édom et Ismaël étant exterminés, Israël cessera d’être soumis, ainsi que Juda, aux nations et servira le Messie que Dieu suscitera alors. Comment rejoindre des gens qui acceptaient de pareilles explications, et y tenaient ?

Toutefois, du moment que la tradition juive admettait que l’Écriture en général et les prophéties en particulier sont susceptibles d’un sens spirituel, il y avait quelque espoir, malgré tout, d’avoir prise sur eux en insistant sur le sens spirituel. Dans un passage remarquable de son Histoire critique du texte du Nouveau Testament, c. xxii, Rotterdam, 1689, p. 261-262, Richard Simon qui n’est pas suspect d’une complaisance exagérée pour l’allégorisme, dit : « Je me suis toujours servi de cette méthode, lorsque je me suis rencontré avec des Juifs qui attaquaient les écrits des évangélistes et des apôtres… Ils ne m’ont jamais fait d’autre réponse, se voyant pressés par les principes mêmes de leurs docteurs, sinon que les interprétations mystiques et allégoriques de leurs anciens maîtres donnaient un grand avantage à la religion chrétienne… On doit prendre cette voie dans les disputes qu’on a avec les Juifs sur la religion, o En fait, des arguments pour nous sans valeur frappèrent et retournèrent des Juifs. On cite toute une série de Juifs convertis par l’étude de la cabbale. Cf. P. L. B. Drach, De l’harmonie entre l’Église et laSi/nagogue, Paris, 184 1, t. ii, p. xxxitxxxv. Voir, dans Bartolocci, t. iv, p. 528-549, comment le rabbin Salonion Meir ben Moïse Navarra, cabbaliste renommé, baptisé (25 juin 1644) sous le nom de Prosper Rugerii, convertit le riche joaillier David Tintore, appelé « le duc des Juifs », en lui montrant les mystères de la foi chrétienne enfermés dans le premier mot de la Genèse et dans le rational du grand prêt re.

Pour convaincre les Juifs attentifs et de bonne foi, il n’y avait pas uniquement des arguments de ce genre, fragiles en eux-mêmes mais capables de mettre nue finie en branle et de. la livrer à l’action de Dieu. qui élève ensuite cette aine à « les clartés meilleures et la dispose connue il convient à recevoir la vérité divine. Quand Galatinus, t. IV, c. xx, p. 259-265, et imbonati, s tv, p. 86-91, reprenant la thèse de Raymond Martin, prouvent, par l’autorité des rabbins,