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1893
1894
JUIFS (CONTROVERSES AVEC LES), DE 1100 A 1500


Raimuch de Fraga, médecin, écrit, après sa conversion, vers 1391, une lettre en hébreu pour le christianisme. Cf. H. Gràtz, Histoire des Juifs, trad. M. Bloch, Paris, 1893, t. iv, p. 316-317.

4. XVe siècle. — 4. Jérôme de Sainte-Foi, auparavant Josué Lorca, écrivit, en 1412, Y Hebrseomaslix ou Contra Judœorum perfidiam et Thalmut tractalus duo, dans M. de la Bigne, Bibliolheca Patrum, 4e édit., Paris, 1624, t. iv a, col. 741-774. Il soutint avec des rabbins une grande controverse à Tortose, en présence de Benoît XIII (Pierre de Luna) dont il était le médecin, en 1413 1414. Voir le procès-verbal en latin de cette conférence dans la Revue des études juives, Paris, 1922, t. lxxiv, p. 22-32. — Paul de Burgos ou de Sainte-Marie, auparavant Salomon Lévi ou Hallévi, baptisé en 1390 ou 1391, évêque de Burgos († 1435), Scrutinium Scripturarum, Strasbourg, 1469, en deux parties : l’une (dialogue entre Saul et Paul) de polémique contre les erreurs juives, l’autre (dialogue entre le maître et le disciple) d’exposition de la foi chrétienne. Il écrivit encore des Additiones aux Postilla : de Nicolas de Lyre, publiées parfois avec les Postillse, par exemple dans l’édition de Nuremberg, 1497 ; il y combat Nicolas de Lyre, qu’il juge trop favorable aux commentateurs juifs et au sens littéral de l’Écriture au détriment du sens spirituel. Cf. son Addilio aux deux prologues de Nicolas, t. i, fol. xvi£xixa, et sa réponse à la lettre d’un fransciscain qui avait défendu Nicolas, fol. xix-xx. Le franciscain Matthias Doering († 1469) défendit vivement Nicolas de Lyre dans des Replicw, ou Correclorium corruptorii, comme il les appelle, t. i, fol. xxi a, qui suivent les Annolationes dans les éditions de Nuremberg et autres. Nous avons encore de Paul de Sainte-Marie une courte lettre, édit. Geiger, Vienne, 1857, à Josué ben Josef ibn Vives (le même peut-être que Josué Lorca), son ancien élève, qui avait attaqué la foi chrétienne ; il lui recommande d’étudier le christianisme. Cf. Revue des études juives, t. lxxiv, p. 33-34. — Jean d’Espagne, connu également sous le nom de Jean l’ancien de Tolède, converti par saint Vincent Ferrier, combattit le judaïsme et écrivit sur sa conversion. Cf. H. Gratz, Histoire des Juifs, trad. M. Bloch, t. iv, p. 347. — Paul de Bonncfoy, juif baptisé à Dijon, en 1421, écrivit en hébreu un petit livre traduit par le protestant Paul Fagius (Buchlin), Liber fidei seu verilalis, Iéna, 1542, et déjà traduit en grande partie, mais avec des modifications qui avaient pour but de voiler l’emprunt, par Sébastien Munster, dans les 4 pièces, non indiquées par le titre, en tête de Y Evangelium secundum Matthœum in lingua hebraica, opus antiquum sed jam recens evulgatum, Bâle, 1537. Cf. M. Stcinschneider, dans la Revue des éludes juives, Paris, 1882, t. iv, p. 78-87 ; t. v, p. 57-67. — Pierre de la Caballeria, de Saragosse, écrivit, en 1450, Zelus Christi contra Judœos, saracenos et infidèles, Venise, 1592. — Alphonse de Spina, franciscain, écrivit, de 1458 à 1461, le Forlalilium fidei contra Judœos, Saracenos aliosque christianæ fidei inimicos, dont la l re édition parut à Strasbourg, sans date, vers 1471, et qui a été souvent réimprimé. Le 1. III est directement contre les Juifs. — Neurnia, fils d’Haccana, et Haceana, fils de Neumia, deux lettres pro rcligione christiana, traduites de l’hébreu. Cf. L. Ilain, Reperlorium bibliographicum, Stuttgart, 1831, t. iii, n. 11695. — Albert de Padoue. dit Noël (Novellus), augustin, écrivit, vers 1492, un Tractalus de advenlu Messiæ resté inédit. Cf. H. Hurter, Xomenclalor lilter., 3e édit., 1899, t. iv, col. 848. — Paul de Heredia, juif aragonais converti, du xve siècle, De mysleriis fidei, utilise contre les juifs le Talmud et la cabbale. Cf.Hurter, t. iv, col. 848.— -Jean-Baptiste Gratia Dei (évidemment son nom de converti), médecin romain,

Liber de conjutatione hebraicæ seclæ, Strasbourg. 1500.

4° Écrits où les Juifs sont combattus indirectement.

— En dehors des écrits de polémique directe contre les Juifs, on les trouve mentionnés et plus ou moins réfutés et combattus, personnes et doctrines, dans une multitude d’oeuvres du Moyen Age, théologie, commentaires de l’Écriture, sermons, histoire, littérature proprement dite : satiriques, conteurs, poètes, dramaturges, etc. Citons, parmi les théologiens, Guillaume d’Auvergne, De fide et De legibus, dans Opéra, Orléans et Paris, 1674, t. i, p. 1-102 : voir ici t. vi, col. 1970. Parmi les commentateurs de la Bible, Hugues de Saint-Cher ; cf. l’Index copiosissimus, qui forme le t. viii de ses commentaires, Lyon, 1645, au mot Judœi (7 colonnes). Parmi les prédicateurs, saint Bernardin de Sienne ; cf. K. Hefele, Der h. Bernhardin von Siena, Fribourg-en-Brisgau, 1912, p. 48-54. Le théâtre religieux du Moyen Age eut son point de départ dans la sermon pseudo-augustinien Contra Judœos, paganos et arianos, dont la partie contre les Juifs forma la 6e leçon, très longue, de l’office de Noël et se transforma d’abord en mystère liturgique, puis en mystère semiliturgique dans l’église et hors de l’église, en attendant de se retrouver, partie intégrante, dans le cycle dramatique du xve siècle. Cf. M. Sepet, Les prophètes du Christ. Étude sur les origines du théâtre au Moyen Age, Paris, 1878. Le De allercatione Ecclesiæ et Synagogæ dialogus influa également sur l’évolution du théâtre. L’exhortation religieuse affectionna la forme du débat, et l’on eut des débats de l’Église et de la Synagogue, du juif et du chrétien. Cf. De la despuloison de la Synagogue et de sainte Église, dans A. Jubinal, Mystères du XVe siècle, Paris, 1836, t. i, p. 404-408. Enfin l’art, comme la littérature, mena, à sa façon, la lutte contre le judaïsme. Cf. P. Hildenfinger, La figure de la Synagogue dans l’art du Moyen Age, dans la Revue des éludes juives, Paris, 1904, t. xlvii, p. 187-196.

Le caractère des écrits.

La controverse antijuive

se développe de moins en moins en Orient et de plus en plus en Occident, surtout en France et en Espagne. De plus en plus aussi il y a, pour y prendre part, avec des chrétiens de naissance, des Juifs convertis, qui documentent leurs nouveaux frères et entrent eux-mêmes en lice. Pour la première fois, grâce à ces convertis, la langue hébraïque est employée çà et là dans la controverse. Une autre nouveauté est due à l’un d’eux, le juif Judas de Cologne devenu le chrétien Hermann : nous avons de lui une véritable petite autobiographie bien attachante.

Quelques-uns des écrits ont leur origine dans des discussions orales. Elles se sont multipliées. Les unes retentissantes : celle de Paris (1240), à la cour de saint Louis, entre le juif baptisé Nicolas Donin et rabbi Yehiel de Paris ; celle de Barcelone (1263), en présence du roi Jayme, entre le dominicain Paul Christian], juif baptisé, et Moïse ben Naliman ; celle de Tortose (1413-1414), devant Benoît XIII (Pierre de Luna), entre le médecin, juif converti, Jérôme de Sainte-Foi et vingt-deux rabbins. D’autres controverses, moins solennelles, avaient lieu devant des auditoires plus restreints, tantôt d’un commun accord entre chrétiens et Juifs, tantôt imposées par les chrétiens, spécialement en Espagne où les Juifs baptisés, voulant à toute force convertir leurs anciens coreligionnaires, se prévalaient d’ordres royaux qui obligeaient les Juifs à discuter avec eux. Les controverses avaient, dans certains cas, une allure plus familière, plus intime : celles, par exemple, d’où sortit la Disputatio de Gilbert Crispin et, du côté des juifs, cette œuvre curieuse, attribuée à Joseph le zélateur ou