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JUIFS (CONTROVERSES AVEC LES), DE 313 A 1100


xvii. P. G., t. lxxviii, col. 275-278, 405-408, 541-544, 745-746, 798-800, 1063-1066. Cf. saint Jean Chrysostomc, Contre les Jui/s, serin, vii, n. 3, P. G., t. XLvra, col. 920 ; Théodoret, Epist., cxii, P. G., t. lxxxiii, col. 1316 ; la Vie de saint Nil le jeune, par un de ses disciples, c. vii, n. 50-51, dans les Acta sanetorum des Bollandistes, 2e édit., Paris, 1867, septemb., t. vii, p. 290-291 ; S. Pierre Damien, Anlilogus contra Juda>os. prsef., P. L., t. cxlv, col. 41, etc.

Que ce soit sous ferme de traité dogmatique ou de dialogue, la polémique antijuive se meut dans le même cadre d’idées. Mais, après le triomphe du christianisme et de plus en plus à mesure que se formule la législation, civile et ecclésiastique, contre les Juifs, t-lle offre un aspect juridique en même temps que théologique. Pour la première fois, le De altercatione Ecclesiæ et synagogse énumère les déchéances légales qui frappent les Juifs et les droits qui leur sont restés. Plus d’un de nos écrivains l’imitent. Et l’un des derniers venus, Amolon, s’appuie sur les institutions impériales et sur les décrets des conciles qui concernent les Juifs. Contra Judseos, P. L., t. cxvi, col. 172, 174-177, 181-183.

A côté des lois des empereurs et des conciles, Amolon cite les actes et les écrits des saints Augustin, Jérôme, Hilaire, Ambroise, Grégoire, d’Agobard son prédécesseur, col. 143, 145, 171, 176, 180-181. Agobard, lui, s’était réclamé « des exemples et des décrets des Pères », à savoir les saints Hilaire, Ambroise, Cyprien, Athanase, saint Avit de Vienne et le concile d’Épaone, saint Césaire d’Arles et le concile d’Agde (508), et quatre autre conciles ; puis il avait cité les saints Irénée et Jérôme, les Clémentines qu’il savait, du reste, apocryphes et, sans le nommer, saint Augustin, De judaicis superslilionibus, c. n-x, xvi, P. L., t. civ, col. 79-88, 92-93. Eusèbe, s’il n’avait utilisé que la Bible dans la Démonstration évangélique, qui s’adressait plus spécialement aux Juifs, avait entassé les témoignages païens dans la Préparation évangélique destinée particulièrement aux païens. Dans la si curieuse controverse entre chrétiens, païens, et Juifs, à la cour des Sassanides, les documents païens, y compris le pseudo-Uystaspe et les oracles sibyllins, sont d’un grand usage. F. C. Conybeare a signalé des emprunts aux évangiles apocryphes dans les deux Dialogues qu’il a publiés et étudié leurs rapports entre eux et avec la littérature antérieure ; tout n’est pas également sûr dans ces rapprochements et, en particulier, tant qu’on n’aura pas découvert le Dialogue d’Ariston de Pella, les tentatives que Conybeare et d’autres ont multipliées pour lui rattacher et ces Dialogues et d’autres écrits ne sauraient aboutir. Évagre, dans l’Aller catio, côtoie constamment les Traitait) ?. Origans, où l’on voit aujourd’hui l’œuvre de Grégoire d’Elvire.Cf. P. Batiffol, Revue biblique, Paris, 1899, t. mu, p. 337-345 ; (’. Morin, Revue d’histoire ecclésiastique, Louvain, 1900, 1. 1, p. 267-268. II. Vogelstein et P. Bieger, Geschichte der Juden in Rom, Berlin. 1896, t. i, p. 163-101, ont plus affirmé que démontré la dépendance de VAllercatio vis-à-vis de saint Jérôme, ri du Contra Judseos de.Maxime de Turin vis-à-vis de V Altercatio. Il n’est pas prouvé non plus que le Dialogue avec le juif llerban dépende de la lettre de sévère de Minorque, comme l’a supposé J. Juster, Examen critique, Paris, 1911, p. 49, note. Nous sommes mieux renseignés non sur les.sources des Trophées de Damas, qui rcstent inconnues, niais sur leur Influence : C’esl d’i-ux que s’inspirent le Dialogue des Jui/s PapÎBCUS et J’hilon avec un moine dans ses

<lcu rédactions, le pseudo-Anastase le SinaTte, le pseudo-Athanase des Questions à Anliockus. Cf. (.. Bardy, P. <>., t. xv.p. 184-188. I.a controverse antijuive s’est développée, d’abord,

surtout en Asie et en Afrique. Jusqu’au ixe siècle, elle est très vivante en Orient ; au temps des premiers progrès de l’islamisme elle commence une période singulièrement active. A partir du ixe siècle, l’ardeur théologique de l’Orient se ralentit ; désormais l’Occident fournira les principaux apologistes du christianisme contre les Juifs.

6e Le contenu des écrits. — L’apologétique antijuive est à peu près la même au fond que par le passé : argument tiré des prophéties, réponse aux objections juives.

1. Partie positive de la controverse.

a) L’argument prophétique. — On répète ce qui a été dit de bon et de moins bon : on y ajoute aussi parfois. Par exemple, on ne se lasse pas de revenir sur la date de l’époque messianique, sur les semaines de Daniel, etc. On traite avec ampleur tel ou tel point de l’argument prophétique : Basile de Séleucie calcule avant tout les années qui séparent Daniel du Christ ; Julien de Tolède s’attache à prouver que le 6e âge, celui du Messie, est précisément celui où est né Jésus, et Fulbert de Chartres a tout un traité sur la prophétie de Jacob. Tel écrit, par ailleurs assez faible, les Trophées de Damas, a une page excellente, et en partie neuve, sur les prophéties faites par le Christ et réalisées, iv, 5-6, P. O., t. xv, p. 269-273. Eusèbe était déjà entré dans cette voie : sa Théophanie contient un très bon développement sur l’annonce de la conquête du monde par les apôtres, pêcheurs ignorants transformés en pêcheurs d’hommes, v, P. G., t. xxiv, col. 623-634, et un autre, vi, col. 633-656, sur la destruction du temple et les maux de la nation juive. Saint Jean Chrysostome avait mis en lumière les mêmes arguments dans ses discours Contre les Juifs, iv, 4-6 ; v, 1-6 ; vi, 3 ; P. G., t. XLvm, col. 876-881, 883-893, 905-908, et aussi, que ce soit ou non Chrysostome, l’auteur de la Démonstration contre les Juifs et les gentils que le Christ est Dieu, 6-7, 11-16, P. G., t. xlviii, col. 820823, 829-835.

b) Le fait de l’Église. — Plus complètement que leurs prédécesseurs, nos controversistes exposent, comme un élément capital de la démonstration chrétienne, le fait de l’Église, de son existence, de sa diiïusion, de son action dans le monde. Eusèbe, au passage indiqué et dans la Démonstration évangélique, surtout le 1. III ; saint Jean Chrysostome, aux passages indiqués ; saint Augustin, Contra Faustum munichœum, t. XII, c. xxiv, P. L., t. xxii, col. 278 ; le pseudo-Anastase le Sinaïte, Dispute contre les Juifs, P. G., t. lxxxix, col. 1219-1226 ; saint Idelphonsc. De virginitate perpétua S. Maries, c. vii, P. L., t. xevi, col. 83-84, etc., insistent là-dessus.

c) Nécessité des dispositions morales. — Us n’insistent pas moins sur les bonnes dispositions requises pour saisir la force probante des prophéties. Cà et là ils taxent les Juifs de mauvaise foi ; c’est le cas de Paul Alvare, Ep., xviii, 4, et d’Isidore de Séville. Mais ce langage est exceptionnel, et Alvare et Isidore le démentent Aile. Cf. J..Martin, L’apologétique traditionnelle. Taris, 1905, t. ii, p. 7-10, 15-19. Ce qu’on leur reproche ce n’est pas la mauvaise foi qui nie la lumière, c’est l’impossibilité « le comprendre qu’ils ont créée en eux, c’esl l’endurcissement volontaire du cœur qui s’est rendu incapable d’être touché. Cœci, obstinali, ces épithètes servent constamment à les caractériser.

2. Partie négative.

On réfute les arguments des Juifs. — a) L’abandon de la Loi. — A cet argument on répond comme précédemment. La dispersion des

Juifs, prophétisée, accomplie, a paru de bonne heure

une preuve décisive de la divinité du christianisme contre les Juifs. Cf. Le Nourry, Dissert, in Apolog. Tertulliani, P. L., t. I, col. 783-786. A mesure que le