Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/233

Cette page n’a pas encore été corrigée

1875

    1. JUIFS (CONTROVERSES AVEC EES)##


JUIFS (CONTROVERSES AVEC EES), DE 313 A 1100

1876

(saint Justin) : p. 77-78 (Clément d’Alexandrie) ; p. 9293, 97-99, 101-114 (Origène).

c) Nécessité des dispositions morales. — Au surplus, les prophéties sont difficiles, souvent obscures. Dieu les rend intelligibles à ceux qui sont bien disposés. Pour les entendre, pour discerner leur accomplissement, il faut une âme préparée, humble, détachée d’elle-même. « Seul l’homme vraiment sage dans le Christ est en état d’exposer la suite des discours prophétiques obscurs et embarrassés, » dit Origène, Kcerà KeXaoû, t. VII, C. xi, l>. G., t. xi, col. 1130. Et pareillement, pour l’Évangile, il lait observer, t. I, c. xlii, col. 737, que « la lecture de cette histoire demande une âme sincère, une recherche attentive, et, s’il est permis de parler de ta sorte, l’aptitude à pénétrer dans l’esprit des écrivains. » Cf. J. Martin, 1. 1, p. 14-35 (saint Justin) ; 82-85 (Tertullien) ; 90 (saint Cyprien) ; 92-114 (Origène).

2. Partie négative.

On réfute les arguments des Juifs. — a) L’abandon de la Loi. — On repousse le grief tiré de cet abandon. On insiste sur le fait que les Juifs, fidèles pour la première fois au Dieu de leurs pères et attachés à la loi cérémonielle, sont réduits à l’impuissance de la pratiquer puisque l’accès du temple leur est interdit. Et l’on indique le double rôle des observances de l’Ancien Testament, pédagogiques et figuratives : pédagogiques, elles avaient pour but d’empêcher les Juifs de tomber dans l’oubli de Dieu et dans l’idolâtrie ; figuratives, elles représentaient et esquissaient d’avance les réalités supérieures de la foi chrétienne. Cf. K. Werner, Geschichte der apologetischen und polemischen Literatur der christlichen Théologie, 2e édit., Ratisbonne, 1889, 1. 1, p. 5058, 67-72.

b) La Trinité divine. — On écarte le reproche de détruire l’unité divine de nature en affirmant la trinité des personnes et, tout particulièrement, la divinité du Christ. Point important, le seul auquel aient trait les rares vestiges de polémique que l’on retrouve dans les écrits des rabbins. Cf. M. J.Lagrange, Le messianisme chez les Juifs, Paris, 1909, p. 295-300.

c) La vie et la mort du Christ. — On se libère aisément de l’objection tirée du supplice ignominieux infligé au Christ, de sa vie pauvre et humble, qui n’échappe pas à la calomnie et à l’outrage grossier. Ces attaques des rabbins, simplement odieuses, ont été connues de Justin, de Tertullien, d’Origène, du martyr Pionius. Cf. H. L. Strack, Jésus, die Hûrctiker und die Christen nach den alteslen jùdischen Angaben, Leipzig, 1910, p. 8-10, 14. Celse les met dans la bouche du Juif qu’il fait parler contre le christianisme ; elles sont relevées comme elles le méritent par Origène.

La valeur des écrits.

Tout n’est pas d’égale

valeur dans ces écrits, mais les bons matériaux n’y manquent pas. I.e recueil de saint Cyprien est utile. Le Dialogue avec Trgphon, même l’Adversus Judscos de Tertullien, qui n’est pas son meilleur ouvrage, et le traité d’Origène Contre Celse ont donné à l’apologie du christianisme une partie de sa forme définitive. Le problème des rapports entre l’Ancien Testament et le Nouveau est exactement résolu. L’argument des prophéties tient compte à bon droit de L’ensemble biblique : c’est l’Ancien Testament tout entier, ce n’est pas tel ou tel document isolé plus ou moins discutable, qui rend témoignage au Nouveau Testament tout entier, En outre, les anciens controversistes ont bien compris que la force probante < ! < l’argument prophétique demande, pour être aeeeplée, de bonnes dispositions d’âme et que le fait de l’Église garantit la divinité de son origine.’1res juste l’idée qu’ils développent, et qui sera constamment reprise, que

plusieurs des observances capitales de la Loi mosaïque

sont devenues d’une exécution matériellement impos sible après la destruction du temple. Notons encore que saint Justin est au courant de l’exégèse juive : Origène connaît l’hébreu, il s’est entretenu avec des rabbins et ses Hexaples furent une œuvre scientifique de portée considérable.

.Malheureusement les autres controversistes ne surent pas l’hébreu ; c’était une infériorité de ne pouvoir recourir au texte original. Puis, le texte des Septante qu’ils employèrent avait des interpolations, et leur exégèse fut parfois fautive ; à côté d’interprétations parfaitement fondées, ils en offrent de douteuses, d’erronées, de puériles. La subtilité excessive et l’allégorisme intempérant gâtent par endroits les écrits de Justin, de Tertullien et d’Origène ; combien plus les autres I Le pseudo-Barnabe, par exemple, et l’auteur du De mont i bus Sina et S ion excèdent par trop. Sans doute les rabbins affectionnaient la même méthode allégorique, qui consistait à déduire des moindres détails d’un texte des conclusions dogmatiques. Mais, en matière d’allégorie, le difficile n’est pas de trouver ; c’est de faire accepter par les autres ce qu’on trouve. Dans l’ardeur de la lutte et dans cette lièvre d’allégorie, quelques-uns sacrifient à tort l’Ancien Testament : à lire le pseudo-Barnabe et la Lettre à Diognète on croirait que les observances judaïques furent vaines et que le culte que les Juifs rendirent à Dieu est presque assimilable à l’idolâtrie. Enfin, le ton de ces écrits est assez dur et, par intervalles, virulent, spécialement dans le pseudo-Barnabe, Tertullien, YAdversus Judieos du pseudo-Cyprien, Commodien. L’invective est une arme mauvaise pour gagner les adversaires, et, quand le pseudo-Cyprien termine son Adversus Judseos, P. L., t. iv, col. 924925, en invitant les Juifs à se convertir, on se rend compte qu’il s’y est mal pris. Saint Justin qui, sur toute la ligne, l’emporte, en dépit de l’absence de composition et d’une, certaine gaucherie littéraire, sur les écrivains antijuifs de cette période, est, lui d’un tempérament irénique. S’il relève avec vigueur les excès des Juifs, il a pour eux et leur témoigne une charité évangélique : « Nous ne vous haïssons pas, dit-il, ni ceux qui ont reçu de vous la mauvaise opinion qu’ils ont de nous, mais nous prions afin que tous vous obteniez miséricorde. » Dial., c. cviii, cf. XVIII, xcvi.

Travaux. — A. Harnack, Die Altercatio Simonis judivi et Theophili christiani nebst Uniersuchungen ùber die antijiidische Polemik in der alten Kirche (Texte uiul Untérsuclnmgen, t. r.fasc., 3), Leipzig, 1883 ; Judentum undJudenehristentum in Justin’s Dialog mit Trypho, Leipzig, 1913 ; E. Le 151ant, La controverse des chrétiens et des Juifs aux premiers siècles de l’Église, dans les Mémoires de la sociétè nationale des antiquaires de France, VI* série, Paris, 1898, t. vii, p. 229-250 (cite aussi les écrivains postérieurs a la paix de l’Église) ; P. Monceaux, Histoire littéraire de l’Afrique clirétienne, Paris, 1902-1906, t. i, p. 293-301 (Tertullien) ; t. ii, p. 277-2.si (Cyprien) ; t. iii, p. 468-476 (Commodien) ; J. Martin, L’apologétique traditionnelle, Paris, 1905, t. i, p. 1-111, 199-202, 227-237 ; A. d’Alès, La théologie de Tertullien, Paris, 1905, p..">22 ; J. Rivière, Saint Justin et les apologistes du second siècle, Paris, 1907, p. 250-274 ; G. Ziegler, Der Kampf zwischen Judenthum und Christenthum in derersten tlrei Jahrlninderten, Berlin, 1907 ; M. J. Lagrange, Saint Justin (Les saints), Paris, 1914, p. 24-66.

II. De 313 A 1100. — 1° Les écrivains orientaux.

— 1. IV siècle. — Eusèbe de Ccsarée combattit le judaïsme dans le grand ouvrage de controverse dont la IIp07rapaaxsuTj eùaYyeXt>c/), P. G., t. xxr, et l’EùaYYeXixY) à7168et. !  ; t, ç, t. xxii, col. 13-791. sont comme les deux parties, surtout dans r’A^SeiÇiç, commencées probablement avant 313 mais terminées longtemps après, ainsi que dans la 0eo<pâveix, une des dernières œuvres d’Eusèbe, qui est une sorte