Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 8.2.djvu/226

Cette page n’a pas encore été corrigée

1861

JUGES (LIVRE DES) — JUGES (OBLIGATIONS DES)

INIÏ2

guerre était aux portes, » qui pourrait, dans un texte ancien, servir à appuyer la thèse générale du Livre des Juges. Mais ce sens, que ne suivent ni la Vulgate ni le syriaque, n’est pas établi d’une fa<on sûre, car le texte est clairement en mauvais état. Toutefois, si cette thèse n’est pas présentée par les anciens récits, il n’y a pas lieu de douter qu’elle était à la portée des esprits religieux de ce temps ; eile domine toute l’histoire de l’antiquité, pour qui un ll"au, de quelque nature qu’il fût, était un châtiment de la divinité, et pour qui il n’y avait qu’un moyen d’apaiser le courroux de celle-ci, à savoir : la mieux servir. Du reste l’idée de la rétribution du mal est suffisamment mise en lumière par un texte ancien, Jud., ix, 16-20, 56, 57, à propos d’Abiméléch et des Sichémites, et c’est là un point de vue moral et religieux à peine différent de la thèse des rédacteurs plus récents du Livre des Juges.

I. Textes et Versions.

1° Texte hébreu. — Sauf pour

le Cantique de Débora, Jud., v, le texte hébreu du Livre des Juges est relativement meilleur que celui des Livres de Samuel, et, pour les parties historiques, que ceux de Josué et des Rois. On trouvera dans Burney, The Book of Judges, 2e édit., p. cxxiii, cxxiv, une liste des altérations et additions, qui peuvent être considérées comme étrangères au texte primitif et dues à des négligences de scribes ou à l’insertion de gloses.

Texte grec.

L’édition la plus complète et la plus

récente est contenue dans Brooke et Mac Lean, The OUI Testament in Greek according to te Text of Codex Vaiicanus, 1. 1, The Oclaleuch ; part. iv, Joshaa, Judges and Ruth, Cambridge, 1917. Cette édition a été précédée par The Book of Judges in Greek according to the Text of codex Alexandrinus, Cambridge, 1897, par les deux mêmes auteurs. Cette double édition indique à elle seule la question que soulève le texte grec des Juges. Ce texte est, en fait, représenté par deux groupes de traductions, qui, d’après l’avis des deux éditeurs précités, ne représentent probablement ni l’une ni l’autre le vrai texte des Septante ; celui-ci ne pourrait être établi que par une critique textuelle qui saurait utiliser les diverses traductions, les restes des Hexaples et le texte hébreu. Les deux groupes de traductions grecques se répartissent ainsi : 1° Alexandrinus A, Coislianus, Basilico-Vaticanus, Sarravianus, pour les onciaux ; le texte de Lagarde, dans Librorum Veteris Testamenti canonicorum pars prior, Gœttingue, 1883, que l’on croit représenter la revision de Lucien, celui de la Polyglotte d’Alcala, des mss. 54, 59, 75, 82 de Holmes et Parsons.de l’édition vénitienne Aldine et des mss. 120, 121 de Holmes, pour les cursiis ; — 2° Vaticanus B, codex du British Muséum Add. 20 002, pour les onciaux ; treize mss. de Holmes et Parsons et le texte imprimé dans la Calena Nicephori, Leipzig, 1773. Cette classification est due a i.agarde (Septuaginta Sludien, part, i, 1891) et à Moore. Quant à la valeur de ces deux groupes, les conclusions générales sont résumées ainsi par Burney, loc. cit., p. cxxvii : A et B représentent des traductions distinctes de deux originaux hébreux différents, qui présentaient des variations de détail importantes ; celui qu’a suivi B est plus voisin de notre texte hébreu ; celui qu’a suivi A présente maintes lectures meilleures ; mais il y a tout lieu de croire que la traduction la plus récente, qu’elle soit A ou B, a utilisé la plus ancienne ; celle de A a été remaniée et contient plusieurs doublets. D’après les citations des Pères, Moore a essayé de dater les deux groupes principaux de versions ; pour lui, A serait la première en date. Mais ce jugement aurait besoin d’être revu.

3° Vulgate, Peshittà, Targum. — Ces trois versions sont très voisines de notre texte hébreu.

4 8 Autres versions. — Au groupe grec A se rattachent l’arménien, la Vêtus Latina, la syro-hexaplaire et l’éthiopienne ; au groupe B, les quelques fragments connus des versions sahidique et bohatrique.

IL Commentateurs. — 1° Pères. — Origène, In Judices, P. G., t. xii, col. 345-350 ; In Judices homilise, ibid., col. 951-930 et dans P.Batiffol.Tracfafus Origenis^), Paris, 1900 ; Adnotat. in Jud., P. G., t. xviii, col. 37-40 ; S. Éphrem, In librum Jud., dans Opéra, Rome, 1737, t. i, p. 308-330 ; S. Augustin, Locutiones in Heplal., 1. VII ; Quæst. in Heptat., t. VII, P. L., t. xxxiv, col. 541-548, et 791-824 ; Xhéodoret, In Jud., P. G., t. lxxx, col. 485-518 ; Procope de Gaza, In

Jud., ibid., t. Lxxxvii a, col. 1041-1080 ; S. Isidore de Séville, Quæst in Jud., P. L., t. Lxxxiii, col. 379-392. — 2° Moyen Age. — Bède, P. L., t. xciii, col. 423-430 ; S. Patère, Expositio, t. VI, t. lxxjx, col. 785-730 ; Raban Maur, t. cviii, col. 1109-1200 ; Walafrid Strabon, Glossa, t. cxiii, col. 521540 ; Rupert, De Trinilate et operibus ejus. In libr. Jud., t. CLxvii, col. 1023-1060 ; Hugues de S. Victor, Adnot. elucidaloriæ in libr. Jud., t. clxxv, col. 87-95 ; Hugues de Saint-Cher, Pastilla, Cologne, 1621, 1. 1, p. 195-214 ; Nicolas de Lyre, Poslilla, Venise, 1588, t. n ; Denys le Chartreux, Opéra, Cologne, 1533, t. n. — 3° Modernes. — 1. Catholiques.

— Tostat, Opéra, Cologne, 1613, t.ve ; Arias Montanus, De varia republica’seu comment, in libr. Jud., Anvers, 1592 ; Marcellinus Evangelista, In libr. Jud., Venise, 1598 ; Serarius, Judices et Ruth explanaii, Mayence, 1603 ; Bonfrère, Josue, Judices, Rutli commentario illustrati, Paris, 1631 (reproduit dans le Cursus Script. Sacrai de Migne, t. viii, col. 525-1114 ; Magalian, In Judices, Lyon, 1626 ; Villaroèl Judices commeniariis… illustrati, Madrid, 1635 ; Vega, Comment., in Judices, 3 in-fol., Lyon, 1671 ; Fellibien, Pentateuchus hisloricus, Paris, 1704 ; Helbig, In lib. Josue, Judicum, Ruth, Cologne, 1717 ; Calmet, Commentaire, 2e édit., Paris, 1724, t. u ; Clair, Les Juges et Ruth, Paris, 1878 ; F. von Hummelauer, Comment, in lib. Jud. et Ruth, Paris, 1889 ; Neteler, Das Buch der Richter, 1900 ; Lagrange, Le livre des Juges, Paris, 1903 ; Zapletal, Das Buch der Richter, 1923. — 2. Protestants. Parmi les modernes citons : Rosenniiiller, Leipzig, 1835 ; Studer, Das Buch der Richter, 1835, 2e édit., 1842 ; Berteau, Leipzig, 1845 ; Cassel, Das Buch der Richter, Bielefeld, 1865, 2° édit., 1887 ; Bachmann Das Buch der Richter, c. I-IV, 1868 ; Keil, Comment, uber das A. T., t. m a, Josua, Richter und Ruth, Leipzig, 1863, 2’édit., 1874 ; Black, The Book of Judges, Cambridge, 1892 ; Œttli.Deuferon., Josua und Richter, Munich, 1893 ; Budde, Richter und Samuel, Giessen, 1890 ; Moore, Judges, Edimbourg, 1895 ; Budde, Das Buch der Richter, l’ribourg-en-Brisgau, 1837 ; Nowack, Richterbuch, 1900 ; Lias, The Book of Judges, Cambridge, 1902 ; Cooke, The Book of Judges, 1913 ; Burney, The Book of Judges, 2’édit., Londres, 1920.

III. Travaux.

Buhl, Kanander und Hebracr, Leipzig, 1911 ; Breosted, Ancien/ Records of Egypt, t. iv, Chicago, 1907 ; L. Desnoyers, Histoire du peuple hébreu, t. i, La période des Juges, Paris, 1922 ; Dhorme, Les livres de Samuel, Paris, 1910 ; Driver, Notes on the Hebrew Text and the Topography of the Books of Samuel, 2 : édit., Oxford, 1913 ; E. Konig, article Judges (Book of the) dans Dictionary of the Bible, t. ii, p. 809-820 ; Lagrange, Études sur les religions sémitiques, 2 r édit., Paris, 1905 ; Maspero, Histoire ancienne des peuples de l’Orient classique, t. ii, Paris, 1897 ; Moore, The Book of Judges, traduction anglaise (1898) et texte critique polychrome, Leipzig, 1900 ; W. Max Muller, Asien und Europu nach altàgyptischen Denkmàlern, Leipzig, 1893 ; IL P. Smith, The Book of Samuel, Edimbourg, 1899 ; W.R. Smith, The religionof the Sémites, 2e édit., Londres, 1894 ; Stade, Geschichte des Volkes Israël, t. i, Berlin, 1887 ; Vincent, Canaan d’après l’exploration récente, Paris, 1907 ; Guthe, Geschichte des Volkes Israël, Tubingue, 1914 ; Kittel, Geschichte des Volkes Israël, Gotha, 1909.

L. Desnoyers

    1. JUGES (Obligations des)##


JUGES (Obligations des). — 1. Qualités nécessaires. — 2. Obligations des juges. — 3. Obligations analogues.

I. Les qualités indispensables au juge.

Un juge est un homme public légitimement investi du pouvoir de rendre la justice. Il a pour fonction de déclarer et d’appliquer le droit dans les cas particuliers sous forme d’arrêt ou de sentence et d’une manière authentique. Selon qu’il tient son autorité de l’Église ou de l’État, il est juge ecclésiastique ou juge séculier. Il prend pour règle des sentences qu’il rend, les lois en vigueur soit canoniques soit civiles ; mais il est une loi antérieure à toute procédure, à toute légalité, à tout code, c’est la loi morale, révélée ou naturelle, dont les préceptes s’imposent universellement, et à laquelle un juge est tenu de se conformer dans les devoirs de sa charge. Le présent article a précisément en vue les obligations mondes du juge : autrement dit, il représente un chapitre du traité îles états particuliers. 1° Une qualité d’abord dont un juge ne peut abso-