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JOACHIM DE FLORE. VIE

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    1. JOACHIM DE FLORE##


JOACHIM DE FLORE. LE JOACIIIMISME

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sera — tant toutes choses sont VUi ! pal les yeux d’un spirituel - la condamnation de la doctrine de la pauvreté évangélique, qui semblera détruire l’ordre franciscain. Mais le Christ triomphera. A son image., François ressuscitera : son ordre se relèvera avec lui. et régnera sur toute la terre durant la septième époque désormais inaugurée. Olivi a bien l’air de dire que c’est François qui gouvernera l’Église, à lui que passera la primauté, enlevée à l’F.glise romaine à cause de ses vices. Cf. Dôllinger, op. cit., p. 537. Et tout cela est prochain ; du Christ à la crucifixion des pauvres évangéliques, il doit s’écouler 1300 ans ; la septième époque en durera 600 ou 700.

Il convient de remarquer qu’Olivi n’a pas emprunté à Joachim, en les transposant, ses idées apocalyptiques seulement, niais aussi, semble-t-il, l’esprit, au moins, de sa théologie trinitaire, suivant en cela les traces de Jean de Parme. M. Fournier, Études, p. 36, a bien montré la continuité et l’importance de cette tradition. Le mémoire rédigé en mars 1311 au nom du parti de la communauté par Raymond de Fronsac et Buonagrazia de Bergame, cf. Ehrle, Archiv…, t. n. ]). 365 sq., l’accuse, p. 368, d’avoir enseigné : dici posse, quod essentiel divina, proul est in Paire, général essentiam, proutest in Filio ; et prouteslin Filio, est genita ; et proui est in Spiritu sancto, est produrtu. Et quod essentiel Filii, in quantum est Filii, personaliter distinguitur a Pâtre sicut et persona Filii. Et quod essenlia divina in tribus personis est Iriplicata, geminala et ter ut ita dicant replieata ; et circa hec plura alia contra diffinilionem prefati concilii Ecclesise (il s’agit du quatrième concile de Latran). Tout cela paraît bien voisin du livre de Joachim contre Pierre Lombard, l’bertino de Casale, sur ce point, défend Olivi, ibid., p. 392-3, un peu gauchement et en faisant dévier le débat. On ne pourra juger de la valeur de l’accusation que lorsque les ouvrages d’Olivi auront été étudiés plus à fond. Le décret du concile île Vienne, Denzinger-Bannwart, n. 480, qui, sans le nommer, est dirigé contre quelques-unes de ses thèses, ne mentionne pas celle-là, pour laquelle d’ailleurs une condamnation pouvait sembler inutile après celle de 1215.

2. V bei lino de Casale.

Pierre Olivi a trouvé en Ubertino de Casale, plus jeune que lui de quelques années (1259-1330 ?), un disciple qui l’a personnellement connu à Florence vers 12cS7, un imitateur, on pourrait presque dire un plagiaire, si le mot n’avait un sens péjoratif, et un défenseur. Voir sur lui, outre les livres cités de Balthasar et du P. René de Nantes, lis travaux spéciaux de Huck, de Knoth et surtout du P. Callæy.

Ubertino a écrit son grand ouvrage : Arbor vitir rrucifix ; r Jesu, edit. Venise, 1485, à 1 Alverne.en 1305. Lorsqu’il y arriva, pour une retraite à demi volontaire, en 1304, il est caractéristique qu’une des premières choses que lui aient demandée ses confrères, c’est de leur écrire un commentaire de l’Apocalypse. Le Y’livre de V Arbor en est à peu près l’équivalent. Il’n’est guère qu’un démarquage dePierreOlivi. Knoth, op. cit., p. 40-42, a noté les imitations et les emprunts littéraux ; c’est nié me une question de savoir si Joachim, souvent cité, a été directement connu d’Ubertino, ou seulement pari eut remise d’Olivi. Les seules différences viennent du tempérament d’Llberlino, plus violent et moins prudent. C’est ainsi qu’il assimile beaucoup plus (ruinent la papauté dégénérée à la prostituée de l’Apocalypse ; et qu’il combat la légitimité de Boniface VI 11, qu’avait admise Olivi, cf. son De renuntiutione papes. Ce djfféren es viennent aussi du souci de l’actualité : il fallait bien remettre sans cesse au courant, au fur et à mesure que ce qui avait été L’avenir très incertain devenait un passé 1res bien connu, le grand système prophétique auquel avaient collaboré

plusieurs générations. Mais par ailleurs tout l’essentiel de la Poslilla se retrouve dans Y Arbor : les trois états, les sept époques, le rôle capital dévolu à l’ordre franciscain, li" parallélisme entre François et le Christ.

Toutes ces idées ont joué un certain rôle dans les travaux préparatoires du concile de Vienne, auxquels Ubertino a été mêlé. Entre autres choses, l’assemblée devait régler les querelles de l’ordre franciscain. Sollicité de divers côtés, Clément V nomma, à l’automne de 1309, une commission chargée de préparer une solution. Des représentants de la communauté et des spirituels y furent convoqués ; parmi ces derniers, Ubertino. Comme l’a bien montré le P. Ehrle, Archiv…, t. ii, p. 362, les deux groupes ont des tactiques opposées ; les spirituels mettent toujours en avant la réforme et le retour à la règle ; la communauté cherche à discréditer ses adversaires par une diversion contre les erreurs doctrinales d’Olivi (le quatrième point soumis à l’enquête était de savoir si les livres de celui-ci contenaient des doctrines pernicieuses et s’il avait été condamné). D’ailleurs, autant que nous pouvons en juger par ce qui nous reste des mémoires échangés, et qui ont été publiés par Ehrle, loc. cit., t. ii, p. 353-61, t. iii, p. 1-196 (cf. aussi R. P. Chiappini, Communitatis responsio « Religiosi viri » ad rotulum Fr. Ubertini de Casale, dans Archivium Franciscanum, t.vnsq.), les représentants de la communauté s’étendirent beaucoup plus sur les erreurs philosophicothéologiques que sur les spéculations eschatologiques. C’est toujours la même chose : l’eschatologie semble un domaine où quelques divagations ne tirent pas trop à conséquence. Tout ce que dit sur ce point le mémoire de Raymond de Fronsac et de Buonagrazia de Bergame, ce sont ces quelques lignes : « Il (Olivi) a dit, écrit et enseigné des prophéties fausses et fantastiques sur l’Église…, surtout dans la postille qu’il a écrite sur l’Apocalypse, appelant l’Église la grande prostituée et dogmatisant beaucoup d’autres choses injurieuses contre elle. » Ehrle, t. ii, p. 370. A quoi Ubertino répond, p. 407, en citant des textes pleins de respect pour l’autorité du Saint-Siège ; argument moins probant qu’il ne semble, car l’un des traits de ces demirévoltés qu’étaient Olivi, et Ubertino lui-même, était de se contredire, choisissant entre les papes, vénérant le pape en soi, attaquant violemment les papes réels.

3. Ange de Clareno. — A côté d’Ubertino se place son contemporain et admirateur Angelo de Clareno. l’historien du spiritualisme, donte grand ouvrage est intitulé Hisloria seplem tribulationum ordinis minorum. Cf. Ehrle, Archiv…, t. ii, p. 108-165 et 248-336, qui a publié les troisième, quatrième, cinquième et sixième tribulations ; la septième n’a jamais été écrite ; et Tocco, Rendieonti délia R. Accademia dei Lincei, série V, t. xvii, p. 1-32 et 299-328, qui a puMié la première et la seconde. Cette histoire, comme l’a montré le P. Ehrle, est inspirée dans son plan même de la division chronologique où se complaisait Joachim. Très crédule à l’égard de toutes les prophéties joachimiles, ou pseudo-joachimites et analogues (comme la Sibylle et Cyrille), qu’il cite souvent, rempli de vénéîation pour des personnages comme Jean de Parme et Olivi, Ange sfsffqr.ee même, ainsi qu’on l’a vii, de justifier ce qu’il y a de plus compromettant, comme la doctrine trinitaire de Joachim, ou l’Évangile éternel de Gérard^, en alléguant que les adversaires n’ont pas compris, ou en feignant de ne pas voir les objections.

4. La Notifia sireuli. - -Mais d’ailleurs spiritualisme et joachiniisme ne restent pas renfermés dans l’ordre franciscain.

Je ne ci ois pas qu’il faille attacher une grande importance au joachiniisme qu’on a nu apercevoir dans la Xolitia sivculi, publiée par Wilhchn, dans Mitllwilungen des Instituts fur Œslerreicliische Ge-