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JUGEMENT. PÈRES GRECS : IVe -VIII « >IÈCLES


eJle-niênu’une preuve de la justice divine : comment espérerait-on échapper au jugement divin, alors que nous ne pouvons pas échapper à notre jugement ? In Rom., hom. v, 1-2, t. i.x, col. 423-425. A titre subsidiaire, notre docteur en appelle également au témoignage des païens. In II Cor., hom. ix, 3, t. lxi, col. 464. Là et ailleurs il expose que, si Dieu retarde ce règlement de comptes, c’est pour ne pas détruire le genre humain, dont tous les membres ont mérité, une fois ou l’autre, d’être éternellement punis pour leurs péchés.

Saint Basile s’appuie uniquement sur les Écritures, où il relève que la doctrine du jugement revient à plusieurs reprises en raison de son importance souveraine dans la vie morale : X6yoç àvayxaiÔTocTO !  ; xqtl auveTixcoTaTOç sic SiSaax.aXîav eùaepeîaç. In Ps. VII, 3, P. G., t. xxix, col. 237.

b) Raison d’être du jugement. — Mais le jugement a aussi une signification théologique, en ce qu’il permet à Dieu de justifier sa conduite à l’égard des pécheurs. Saint Basile, ibid. C’est ainsi que saint Jean Chrysostome interprète les paroles prononcées par Abraham dans la parabole du mauvais riche. De Laz., hom. iv, 1-2, P. G., t. xlviii, col. 1007-1009. Plus tard saint Maxime prête aux damnés un long monologue où ils proclament la justice de Dieu à leur endroit. Episl., i, P. G., t. xci, col. 384-390. Texte reproduit mot pour mot dans un traité de basse époque qui a usurpé le nom de saint Athanase, Serm. ad Antiochum, P. G., t. xxviii, col. 589-597.

Saint Isidore de Péluse seul semble avoir connu de véritables adversaires, puisqu’il se croit obligé de consacrer une de ses lettres presque tout entière à établir contre eux la réalité du jugement. Epist., ii, 257, P. G., t. Lxxviii, col. 609-612. Ce qui lui fournit l’occasion de résumer en quelques mots précis les fondements théologiques de ce dogme. « Prédit parle Christ, reconnu d’ailleurs par les plus nombreux et les plus illustres des sages, il est juste et convenable, conforme à la raison, en harmonie avec la Providence divine qu’il est propre à défendre contre les anomalies apparentes d’ici-bas. » Ces t sages » sont sans nul doute les païens dont l’auteur se plaît à invoquer ailleurs le témoignage. Epist., v, 186, col. 1444.

c) Qualités du jugement. — Pour atteindre son but, ce jugement doit être juste. Saint Jean Chrysostome souligne énergiquement les traits qui le distinguent à cet égard des jugements humains. De cruce et latr., hom. i, 3, P. G., t. xlix, col. 402-403. La raison en est que chacun sera jugé, non d’après les apparences, mais d’après ses œuvres.

En cette vue, nos actions sont inscrites sur un livre irréprochablement tenu, d’après lequel Dieu nous jugera sans acception de personnes. Grégoire de Nazianze, Oral., xix, 15, P. G., t. xxxv, col. 1061. Sa sentence sera parfaite, parce qu’elle tiendra compte de la qualité, de la quantité et de la grandeur de nos fautes. Isidore de Péluse, Epist., H, 172. P. G.. t. lxxviii, col. 624. Critère objectif auquel il faut ajouter la considération île la responsabilité subjective, évidemment variable suivant les grâces accordées à chacun. Basile, In Ps. VII, 5, P. G., I. i. col. 240, cf. Keij. t>r., 2(17, t. xxxi, col. 1265.

Aussi le jugement sera-t-il strictement personne], sans diversion possible, et, si nos œuvres nous condamnent, personne ne pourra nous venir en aide. Jean Chrys., In Il Cor., hom. ix, 4, P. G., i. lxi, col 465 ; Grégoire de Nazianze, Oral., xvi, 9, I’. G., t. xxxv, col. 945.

La conclusion parénétique unaniincinr.it tirée, <’< -t qu’il tant vivre dans la perspective du jugement divin poui se anctifler en mmde cetti edoutable éventualité. < Quand on se met en mémoire li’terrible

jugement du Christ, qui ne se sentirait aussitôt la conscience troublée et saisie d’angoisse ? Celui-là même qui peut se rendre témoignage d’une vie bien passée, quand il songe à la rigueur de ce jugement où les moindres défaillances seront examinées, se prend à trembler ne sachant quel en sera le résultat, o S. Grégoire de Nysse, In Ps. VI, P. G., t. xliv, col. 612. Le florilège que des mains postérieures ont tiré des homélies de saint Jean Chrysostome contient un chapitre sur les fins dernières. Eclog., hom. xxv, P. G., t. LXin, col. 742-754. On y peut voir en abrégé un spécimen des développements que le thème du jugement suggérait dès lors à l’éloquence de la chaire et la preuve de l’importance que l’Église attachait à ce dogme, au iv c siècle comme aujourd’hui, dans l’éducation du sens moral.

2. Jugement général.

Conformément au langage de l’Écriture et de la tradition antérieure, c’est toujours le jugement final qui reste le jugement par excellence.

a) Existence du jugement général. — On en parle d’ordinaire au singulier, comme d’une réalité absolue et qui présente une signification connue de tous. Voir Athanase, Apol. contr. Arian., 35, P. G., t. xxv, col. 308 ; Grégoire de Nazianze, Poem. mor., viii, 194 et x, 130-132, P. G., t. xxxvii, col. 662 et 690 ; Grégoire de Nysse, Orat. catech. magna, 40, P. G., t. xlv, col. 105 ; Jean Chrysostome, In Mutin., hom. xui, 5, P. G., t. lvii, col. 215-218. Au cours de son développement, ce dernier parle bien du tribunal qui nous attend « après cette vie », u.ETà tîjv èvteùŒv à7roSï)(i.tav, ibid., col. 216, et cette expression, lue suivant nos habitudes actuelles, pourrait faire croire qu’il pense là au jugement particulier qui suit la mort. Cependant on voit à côté que ce jugement est situé en un jour précis et que, si nous n’avons pas fait pénitence, Dieu nous y condamnera à la face du monde. Ibid., hom. xiv, 4, col. 221-222.

Un peu plus tard. Isidore de Péluse parle également du jugement en général. Epist., iii, 2, P. G., t. Lxxviii, col. 728-729 ; iii, 37, col. 757 : cf. iv, 229, col. 1324. Et, si ce jugement est par lui placé en termes vagues » après la mort <, to SixaCT^ptov tô (xexà tôv ôàvocrov, iv, 146, col. 1229, cf. iv, 426. col. 1577, on voit d’autre part qu’il coïncide avec* le grand jour du Seigneur », i, 94, col. 248, et avec le second avènement du Christ, n, 157, col. 612. Ces rapprochements nous avertissent que le jugement sine addito. dans la terminologie grecque du ive et du ve siècle, doit s’entendre de celui qui attend l’ensemble des hommes à la fin des temps.

Il en est de même au terme du vi° siècle. Voir Gré goire d’Agrigente, In EcclL, iii, 19-20, P. G., t. xcviii, col. 880-885. L’exemple de saint Jean Damascène montre qu’à l’extrême fin de la patristique grecque la langue théologique n’a pas encore acquis plus tic précision. « Nous ressusciterons, dit-il. par l’union de nos âmes avec des corps désormais incorruptibles et. nous comparaîtrons de van lie tribunal redoutable du Christ. » De fi.de orlh., iv, 27, P. G., t. xciv, col. 1228. A l’appui de ce jugement et de cette justice de Dieu, qui attribuera à chacun ce qui lui revient sans acception de personnes », il a réuni ailleurs un dossier de textes scrip turaires et patristiques. Sacra parallela, l.ilt. K. tl. P. G., t. xc.vi. col. 84-88. Mais ce jugement iudéter miné est antérieurement rapproché, dans le même ouvrage, de la résurrection et. non moins que le titre. les citations qui suivent, ou figurent « le nombreux textes de l’Ancien Testament sur le jour de Jahvé et les déclarations du Nouveau sur la parousie, attestent qu’ici encore le Damascène n’envisage, sous le nom de jugement, que le jugement final. Ibid.. litt. A. là. P. (, ’., t. xcv. col V’I. ibid.. 71. P. G.,

. xevi, col. 184-485.