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JUENIN — JUGEMENT, DOCTRINE DE L’ÉGLISE


vogue ; 4° Dissertation sur la messe de paroisse, Besançon, in-12, elle est suivie d’une réponse à un écrit contre la dissertation, ibid. ; 5° Dissertation sur l’obligation de la communion pascale, ibid. ; 6° Dénonciation des théologies de Bécan, d’Abelly, etc., aux (vécues de Chartres et de Noyon ; 1° Disserlatio quæ sit Ecclesiæ Parisiensis doctrina de di"inis auxiliis, in-16, et in-12 ; 8° Théorie et pratique des sacrements, Paris, 1713, 3 vol., in-12, 1727 ; 1764, 4 vol., in-12, ouvrage très estimé en son temps, plusieurs fois imprimé en français sans nom d’auteur ; sous le même litre de Théorie et pratique des sacrements, les trois volumes parus d’abord, devaient être suivis d’environ neuf autres que Juénin avait laissés manuscrits, l’édition de 1761 comprend un quatrième volume ; 9° Theologia moralis, Paris, 1741, 2 vol. in-12 ; 10" Résolution de cas de conscience de jure et de justilia, Paris, 1761, 4 vol. in-12.

Journal des Savants, xlix, 162 ; Mémoires de Trévoux, 1709, t. ii, p. 844-881 ; 1710, t. î, p. 239-247 ; t. ii, p. 771 ; Dupin, Bibliothèque des auteurs ecclésiastiques du dix-septième siècle, partie VII, p. 94 ; Moreri, Grand Dictionnaire historique ; Chandon et Delandine, Dictionnaire universel, historique, critique et bibliographique ; Michaud, Biographie universelle ; Hœfer, Nouvelle biographie générale ; Hurter, Nomenclator literarius, 3e édit., t. iv, col. 737-739 ; 1086.

A. Thouvenin.


JUGEMENT. —
I. Doctrine de l’Église.
II. Croyances du paganisme (col. 1727).
III. Données de l’Écriture : Ancien Testament (col. 1734).
IV. Données de l’Écriture : Nouveau Testament (col. 1751).
V. Tradition patristique (col. 1765).
VI. Synthèse théologique : Le jugement particulier (col. 1804).
VII. Synthèse théologique : Le jugement général (col. 1812).

I. Doctrine de l’Église. —

Sous le nom de jugement, la foi catholique désigne la double manifestation de la justice divine, qui doit se produire : l’une au terme de l’existence individuelle, ou jugement particulier, l’autre à la fin des temps pour l’ensemble de l’humanité, ou jugement général. Non seulement cette doctrine est aujourd’hui nettement affirmée par l’Église, mais elle présiu cà toute la théologie des fins dernières, cependant que la prédication ecclésiastique et la méditation personnelle tendent à en faire un des principaux ressorts de l’ascétisme chrétien. Elle est entrée dans l’enseignement officiel de l’Église à la suite d’un développement dont les actes de magistère marquent les étapes.

I. période primitive (i"-xme siècles). — Cette période est caractérisée par l’absence d’erreurs ou du inoins de controverses graves en matière eschatologique. Aussi l’Église se contente-t-elle de fixer dans ses symboles les traits essentiels de la foi.

Texte des anciens symboles.

1. Dans toutes les

rédactions du symbole romain, après l’article 6 qui mentionne Jésus monté au ciel et assis à la droite du Père, se lit un article 7 ainsi conçu : Inde venturus est judicare vivos et mortuos. Formule qui semble avoir été arrêtée de très bonne heure, puisqu’on la retrouve communément chez la plupart des écrivains du second siècle. Voir art. Apotrt.s (Symbole des), t. i, col. 16611673. Elle est adoptée également par le symbole de Nicée. Denzinger-Bannwart, n. 54.

2. Ce même texte forme aussi la base du symbole oriental ; mais il y est accompagné de quelques compléments : ’EpxôfAEVov èv 86E, f] xpïvou Çwvxaç xal vsxpoôç, ou "rîjç pacnXetaç oôx èa-ccci téXoç. Telle est la leçon fournie par saint Cyrille de Jérusalem, Denzinger-Bannwart, n.9, et saint Épiphane, ibid., n. 13, et qui est passée de là dans le symbole dit de Constantinople, ibid., n. 86, avec cette simple variante : ji-exà S6Çt)ç.

Les deux formes orientale et occidentale du symbole ont ceci de commun que la résurrection de la chair et la vie éternelle y sont rejetées à la fin, séparées de

l’article précédent par les affirmations relatives à l’Église et au Saint-Esprit.

3. On ne trouve plus, au contraire, cette séparation dans le symbole Quicumque, qui adopte d’abord le texte abrégé du symbole romain : Sedet ad dexleram Dei Palris omnipotentis, inde venturus est judicare vivos et mortuos. puis continue immédiatement : Ad cujus adventum omnes homines resurgere habent cum corporibus suis et reddiluri sunt de /actis propriis rationem… Ft qui bona egerunt ibunt in vitam œternam ; qui vero mala in ignem œternum. Denzinger-Bannwart, n. 40. Le jugement est ainsi rapproché de la résurrection générale et des sanctions définitives qni en sont la suite.

Caractères de cet enseignement.

Deux traits

distinctifs marquent cet enseignement de la primitive Église.

1. La direction en est principalement cluistologique. Si les divers symboles font intervenir le jugement, ce n’est pas pour lui-même, mais pour souligner qu’il est une fonction du Fils de Dieu. C’est toujours le Christ qui est le sujet grammatical de la proposition eschatologique. et plus encore le centre logique de son contenu. Le terme venturus est, qui exprime la parousie ou retour du Christ, est une allusion manifeste à son premier avènement : TtâXiv èp^ô^evov, ilerum venturus est, comme précise le texte de Constantinople. Mais ce retour se fera « dans la gloire » et doit être le commencement d’un « règne qui n’aura pas de fin ». Dans ces perspectives majestueuses, le jugement n’est pas seulement le terme, l’achèvement normal de la carrière du Christ : il est la compensation des humiliations et des mécomptes qui ont marqué sa première venue dans la chair.

On s’est plaint quelquefois que la doctrine des fins dernières fût une sorte de hors-d’œuvre : il n’est pas sans intérêt d’observer que, dans nos plus anciens symboles, elle est étroitement reliée, comme couronnement de l’Incarnation, au coeur même du plan divin. Ce qui préoccupe l’Église, semble-t-il, c’est moins d’affirmer le jugement, qui ne fait pas de doute pour elle, que d’indiquer le rôle du Christ à son endroit et, si l’on peut dire, le rôle du jugement à l’endroit du Christ.

2. Il s’ensuit qu’au point de vue proprement eschatologique c’est le jugement général qui est mis en évidence. Si l’on regarde au juge, le jugement dont il est parlé est l’œuvre du Christ glorieux, qui inaugure son règne définitif. Comme date, il coïncide avec la parousie ; comme sujets, il embrasse tous les hommes, vivants et morts ; comme modalité, il comporte un éclat solennel. En ajoutant que ce jugement aura lieu sttI cuVTsXeôa toû aîcôvoç, le texte des Constitutions Apostoliques, Denzinger-Bannwart, n. 11, ne fait qu’expliciter la signification évidente des autres.

C’est dire que, pour être reportées à la fin du symbole, la résurrection de la chair et la vie éternelle n’en font pas moins partie du même ensemble. Des textes, contemporains rattachent d’ailleurs expressément au. dernier jour l’application des sanctions. Ainsi en est-il du symbole Quicumque, où l’on voit se succéder le second avènement du Christ, la résurrection, la reddition des comptes, suivie de la vie éternelle ou de l’enfer éternel. La même économie se déroule dans la vieille formule anonyme, connue sous le nom de Fides Damasi, et qui appartient sans doute à la fin du ive siècle : Credimus. nos ab eo ressuscitandos die novissima. .. et habemus spem nos consecuturos ab ipso aut vitam œternam præmium boni meriti aut peenam pro peccalis œterni supplicii. Denzinger-Bannwart, n. 16.

Tous ces détails convergents montrent que le seul jugement dont il soit question dans les symboles de la primitive Église est le jugement général. Non pas que cette affirmation soit aucunement incompatible avec