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mit JUDITH (LIVRE DE), HISTOIRE DU LIVRE — JUÉNIN

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codices tout ce qui ne correspondait point clairement au texte araméen, sola ea quæ intelligentia intégra in verbis chaldseis inrenire potui, lalinis expressi. Il fit cette traduction comme malgré lui, estimant peu ce livre, et s’attachant à rendre le sens plutôt que le mot à mot : cujus (libri) auctoritas… minus idonea judicatur. Acquievi poslulotioni veslnv, immo exacliuni…, magis sensume sensu quam ex verbo verbum trans/erens. Prse/al. in librum Judith, P. L., t. xxix, col. 39-40. C’est apparemment par le fait de ces restrictions du saint docteur, dont on eut connaissance dans les scripioria monacaux, que le texte de l’ancienne latine de Judith (et de Tobie, jugé également « apocryphe » ) se maintint longtemps dans les manuscrits de la Vulgate seul ou parallèlement à la nouvelle traduction hiéronymienne. S. Berger, loc. cit. Cette dernière difïère donc beaucoup du texte grec. Bien que passablement plus courte — d’un cinquième environ — elle contient par ailleurs nombre d’additions, parfois de versets entiers, et de développements différents, véritables amplifications qui trahiraient peut-être le midrasch. Ces divergences < portent sur des faits accessoires, étrangers à l’objet principal du livre ». Voir Dictionnaire de la Bible, t. iii, col. 1824-1825 ; Tony André, Les Apocryphes, p. 164-168 : tableau des additions, des différences dans les noms propres et dans les chiffres.

c)Versions syriaques. — a. Celle de la Peschitt ». — b. La syro-hexaplaire, dans un manuscrit aujourd’hui disparu.

On ne trouve de commentaires proprement dits du livre de Judith qu’à partir du Moyen Age : Raban Maur, P.L., t. cix, col. 539 ; W. Strabon, t. cxiii, col. 731 ; Hugues de Saint-Victor, t. clxxv, col. 744, etc., puis, dans les temps modernes, Corneille de Lapierre, Ménochius, Calmet, etc., dans leurs commentaires d’ensemble sur la Bible.

Commentaires spéciaux. — 1. Catholiques : Serarius, Mayence, 1599 ; Sanctius, Lyon, 1628 ; Pamelius, Cologne, 1628 ; Diego de Celada, Lyon, 1637 ; Joseph de la Cerda, Lyon, 1644 ; Vellosus, Lyon, 1649 ; Neuville, Paris, 1728 ; Nickes, Breslau, 1851 ; Gillet, Paris, 1879 ; Scholz, Wiirzbourg et Leipzig, 1887, 1898.

2. Non catholiques.

Fritzsche, Das Buch Judith, Leipzig, 1853 ; Wolff, Das B. Judith, Leipzig, 1861 ; Zôckler, Das B. Judith, dans Die Apokryphen des Alten Testaments, Munich, 1891, p. 185 sq.

Bibliographie abondante dans Zockler, op. cit., et Tony André, op. cit., p. 147-148.

L. Bigot.


JUÉNIN Gaspard, théologien de l’Oratoire, né en 1650, à Varambon, en Bresse. Il fut professeur en plusieurs maisons de sa congrégation, mais surtout au séminaire de Saint-Magloire, à Paris, où il donnait des conférences sur la théologie. C’est là qu’il mourut en 1713. Il fit paraître à Lyon d’abord, en 1696, puis à Paris en 1700 ses Inslilutiones theologicæ ad usum seminariorum. L’ouvrage fut aussitôt adopté par plusieurs évêques de France dans leurs diocèses. Cependant il ne tarda pas à soulever une vive polémique, comme entaché de jansénisme. Les professeurs du séminaire de Besançon donnèrent le signal, l’attaquant avec âpreté et demandant qu’il fût proscrit. Quelques évêques ensuite relevèrent dans le manuel des expressions qui leur parurent suspectes ainsi que des omissions regrettables, et ils en interdirent l’usage dans leurs séminaires. Ils le dénoncèrent même au cardinal de Noailles, archevêque de Paris, comme favorable aux jansénistes. Le cardinal, afin de s’épargner des difficultés dans la suite, avait dès l’année 1700, déclaré que l’auteur ni dans ses principes ni dans ses conclusions ne soutenait les cinq propositions, et que, touchant le fait janséniste condamné, il n’enseignait rien de contraire à la soumission extérieure qu’on doit à l’Église ; que le susdit auteur avait déparé son ouvrage par quelques omissions fâcheuses et des expressions peu circonspectes qui le faisaient suspecter de jansénisme,

mais qu’il était prêt à suppléer aux unes et à corriger les autres. » Cependant Noailles avertissait le P. Juénin d’avoir à souscrire aux constitutions d’Innocent XI et d’Alexandre VII, à signer l’engagement de faire subir à son cours les retouches nécessaires. Juénin donna une édition nouvelle des Institutions théologiques ; elle parut à Lyon en 1705, avec de nombreuses corrections et additions. Il l’avait auparavant soumise à l’approbation du vicaire général de l’archevêque, Pirot, puis expédiée à Rome, l’accompagnant d’une lettre fort déférante, où il professait s’en rapporter au jugement du Saint-Siège. Le cardinal Palucci, au nom du souverain pontife, lui répondit en termes très bienveillants, le félicitant de l’esprit qui l’animait, mais ne lui adressa ni approbation ni désaveu. Dans le même temps les évêques poursuivait ut leur campagne contre l’ouvrage du P. Juénin, qu’ils ne se contentaient plus d’estimer dangereux, suspect de jansénisme, mais qu’ils déclaraient hérétique, parsemé de propositions fausses, téméraires, erronées ; enfin ils le dénonçaient au souverain pontife. L’évêque de Chartres, Godet des Marais, l’avait, en 1705 ; interdit dans son diocèse. Par son ordonnance du 16 juin 1706, le cardinal de Noailles lui-même suspendit dans son archidiocèse l’usage de l’édition de Paris de 1700, avec la clause donec corrigatur. L’auteur, admis à se faire entendre, donna des explications que l’archevêque jugea satisfaisantes et qu’il fit imprimer à la suite de son mandement. Le cardinal de son côté convenait « que les Institutions théologiques avaient eu l’approbation de docteurs éclairés et zélés pour la saine doctrine et qu’elles avaient été professées dans quelques-uns des séminaires de l’archidiocèse et quelques autres séminaires par ordre des évêques. > A Rome, le pape Clément XI chargea des théologiens d’examiner mûrement les Institutions théologiques, et un décret suivit, les condamnant avec la clause donec corrigatur, 28 mai 1708. L’évêque de JNIeaux, futur cardinal de Bissy, devait, peu après, dans un mandement où il affirmait le droit de l’Église de définir les faits dogmatiques, soumettre la théologie de Juénin à une critique solide et remarquable et la proscrire dans son diocèse, 16 avril 1710.

Le P. Juénin jouit parmi ses contemporains d’une grande réputation de science théologique, que ses nombreux travaux connus non seulement en France mais encore à l’étranger, lui avaient acquise. Cependant, comme le prouvent les dillicultés au milieu desquelles il eut à se débattre, il donna des gages au jansénisme par certaines propositions glissées avec beaucoup d’art dans son cours. En morale, c’est un théologien sévère.

Outre les publications que Juénin a fait paraître pour sa défense et dont une nomenclature serait peu utile, nous avons de lui : 1° Commentarius hisloricus et dogmalicus de Sacramentis, Lyon, 1696 et 1705, 2 vol. in-fol., Venise, 1778. Ce commentaire est suivi de trois dissertations sur les censures, les irrégularités et les indulgences. Pour la première fois, la matière de tous les sacrements y est traitée avec quelque étendue. L’auteur y est fidèle à la méthode scolastique, mais il en évite la sécheresse par une foule de détails instructifs sur la liturgie des différentes Kglises anciennes et modernes, sur la discipline des sacrements au cours îles âges et sur les dispositions avec lesquelles il est nécessaire de les donner et de les recevoir ; 2° Instituliones theologicæ ad usum seminariorum, Lyon, 1696, 1705, 4 vol. in-12 ; Paris, 1700, 7 vol., même format ; 1736, 2 vol., in-fol., 1717 ; Venise, 1701, 1705, 1773 ; Anvers, 1746 ; 3° Compendium theologiee, Paris, L708, in-12, Anvers, 1759, lies bon abrégé par demandes et par

réponses, des Institutions théologiquès et du Commentaire, a l’usage des onlinands, qui a eu beaucoup de