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JUDITH (LIVRE DE), THÉOLOGIE


que pour le Juif le nom représente la personne ; que le « nom » (de Jahvé) ut sic jouait un grand rôle dans le culte du second temple : qu’on < exorcisait ((adjurait) en Israël, II 1 Esdr., i. 18 : ôpxiaGeiç -<û> ôv6(LaTi xuptoo (conip. Marc, ix, 38 ; Luc, ix. 49) et même en dehors d’Israël, dans le monde païen, par contamination juive (cf. Ad. xix, MO. au nom saint de (Jahvé) Sabaoth » : ôzyJZa ce… tC) ôvôfxaTi tco àyîcp (i.aco) Aa>0 Aoatoô. Deissmann, Bible studies, Edimbourg, 1901, p. 274 sq.

— La Vulgate, a traduit, ou compris en ce sens de « manifestation. d’< liypostase » divine, se conformant du reste en cela à l’acception native du male’dk hébraïque, l’intervent ion protectrice de Jahvé à l’égard le Judith chez Holopherne, xiii, 20 : Vivit autem ipse Dominus, quoniam cuslodivil me angélus ejus et hinc euntem, et ibi commorantem, et inde hue revertentem (Grec, xiii, 10 : xal Çfj xôpioç Ôç SiefpôXaÇév px èv tjj oScô nou fj ênopeûô^v). Il semble bien qu’il ne s’agit point ici d’un esprit angélique détaché de la cour divine comme dans Job, v, 1 ; xv, 15 ; Eccli., xlii. 17 : Tob„ xi, 14 ; xit, 15 ; Dan., iv, 13 etc. (àyioi ééyyeXo’.).

Attributs de Dieu.

On ne connaît pas toutefois

Dieu réellement, tel qu’il est en lui-même ; on a beau « le sonder », on ne peut arriver à savoir ce qu’il pense, rèv voûv, ou ce qu’il médite, tôv Xoyiajjiôv, viii, 1 1. On ne l’apprécie que par ses œuvres, dont chacune révèle quelqu’un de ses attributs. — C’est ainsi qu’on le reconnaît créateur. Il est « le Dieu qui a fait toutes l > hoses viii, 14 : tôv Geov ôç ènoii)GS) -rà roiv-ra Taùra (cf. xvi, 14 : côxoSo^asv) ; et la notion de cette œuvre se définit et se précise, à la suite, dans les termes appropriés : xtÎctt7 ; ç « créateur », ix, 12 ; xiii, 18 (exTtccv), XTtctç « création », ix, 12 ; xvi, 14 (Vulg., creator, ix, 17 ; xiii, 24 (creavit), creatura ; xvi, 17). Il est maître absolu, roi de cette création, ix, 12 : SsoTtoxa twv oùpavcov xal ttjç YÎfc—i fJaaiXEÔ nâar^ç xtCoscoç (Vulg., ix, 17 : Dominus cwlorum…, dominus totius creaturse). — Dieu est juste, ici d’une justice qui s’exerce spécialement par le châtiment des « nations » ennemies d’Israël, xvi, 2, 4, 17 (Vulg., xvi, 4, 6, 20-21), soit aux jours de Judith, soit « au jour du jugement ». Mais c’est précisément parce qu’il est « le Dieu des humbles, le soutien des petits, le défenseur des faibles, le protecteur des méprisés, le sauveur des désespérés. » ix. 1 ! (Vulg., ix, 10 : liumilium et mansuctorum semper libi placu.it deprecatio). Ces « humbles », etc., sont les Juifs, ainsi que l’indique le contexte de la prière de Judith ; le CTWT/jpdes Septante n’étant, du reste, qu’une traduction du go’ël (yeêou’ah, yêia’) hébraïque, « vengeur > du peuple opprimé. — C’est en secourant ainsi les siens que Dieu fait paraître sa miséricorde, xiii, 14 : to eXeoç (Vulg., xiii, 18 et 21 : misericordia ; cf. aussi, ix, 17). Mais cette miséricorde louche de près à la colère ; et sous la reconnaissance de la bonté de Dieu, frémil le sentiment de la crainte de ses jugements, viii, 1 1-2 :  ; (Vulg., viii, 12 fort explicite : non est isle sermo, qui misebicordiam provocel, sed potius çui iram excitet, et i urorem accendat). De la sorte, l’épreuve, nsiptx<xii ; éç, vin, 2°>, 27, vient à être considérée comme une grâce, eîç /âpw, viii, 23 ; le châtiment, comme possédant une vertu éducative. Vulg., viii, 27 : quasi servi corripimur ad emendationem, non ad pcrditionrm… Comp. Job, xxxiu-xxxvii (discours d’Elihu). Les Juifs sont les < enfants » de Dieu, ix, 1. 13 : uioî aoo (Vulg, ix, I : servi lui) ; il suit que Dieu les éprouve « comme un père qui veut avertir » (Sap. xi, 10).

3° L’homme.- 1. Anthropologie juive. — La philosophie hébraïque distinguait dans l’être humain comme trois parties constitutives : le corps (chair et sang), l’esprit, l’âme vivante. Le corps était limon terrestre ou poussière ; l’esprit, souille de Dieu ; l’âme vivante, nne née de la réunion de l’un et de l’autre. Gen., il, 7 ; Eccl., ni. 19-21 : Job, xxviii, 3 ; xxxiv. 14- |

15 ; Ps. civ, 29-30, cf. t. iv, col. 2018. L’esprit et l’âme ne sont pas toutefois â distinguer réellement ; ce sont plutôt deux aspects d’un seul et même principe, la vie - deux ternies synonymes dont le second met l’accent sur l’existence individuelle réalisée par l’infusion du souille, de l’esprit. Le judaïsme les confond en effet, * comp. Sap., xv, 8, 16, 4 lu Xi = ^veùfia, et, en vertu du parallélisme des membres, Sap., xv, Il b et c ; xvi, Il bel c. Il partage l’homme simplement en corps et âme (vie), Judith, x, 13 : oiç>^, 7rveôu, a Çwîjç. Cf. II Mæch., vi. 30 ; vu. 37(Vulg.) ; xiv, 38 ; xv, 30. L’âme est le siège profond des sentiments humains, tô fiâOoç xocpStaç àvOpwrcou, de la parole intérieure où s’explicite la raison, 6 Xôyoç tt)ç Siavoiaç aùfoG, viii, 1 1 : la pensée, voûç, le dessein réfléchi, Xoyia|i.6ç (prêtés à Dieu par anthropomorphisme), en sont comme l’expression native et demeurent par essence « impénétrables ».

2. Éthique juive — Certaines données du livre de Judith nous permettent de présenter ici une courte esquisse de la morale particulière du judaïsme considérée dans ses motifs fondamentaux, dans son idée du péché et de la pénitence, dans quelques-unes de ses pratiques et observances ajoutées à celles de la Loi. dans son caractère remarquablement individualiste et dans son aboutissement possible à l’ascétisme. — Les Juifs trouvent une raison déterminante de pratiquer les règles de la loi morale, religieuse ou sociale, qui leur a été transmise traditionnellement, dans la croyance à une sûre et stricte rétribution pour le bien et pour le mal en cette i te. C’est le principe allirmé par Achior, porte-parole de la vérité séculaire qui v réaliser une fois de plus dans le cas présent, v, 17-1 s. 2021, comme par Judith elle-même dans son discours aux chefs « lu peuple, vra, 17-20, et concrétisé dans le l’ait de la longue vie de l’héroïne récompensée ainsi île ses vertus, xvi, 23. Il n’est point question dans le livre de sort particulier réservé, , au jour du jugement », aux Juifs méchants ou apostats, car on ne suppose pas qu’il y en ait encore de tels, viii, 18-20. L’n autre motif est la crainte de Dieu : thème souvent traité, et avec mainte variation, dans la littérature proprement juive depuis Eccli., i, 11-20, thème que reprend et résume le cantique, xvi, 15 et 16 :

Mais à ceux qui te craignent

Tu te montres propice…

Et’qui craint le Seigneur

Est grand à tout jamais.

La conscience du péché joue aussi son rôle dans les préoccupations de l’âme juive vis-à-vis de la loi morale. Le juif pieux et fidèle à Dieu paraît avoir éprouvé la sentiment profond d’être chargé des péchés de ses pères comme des siens propres, vil, 28 (Vulg., mi, 17 et 19). Judith conçoit la faute, l’iniquité, comme une sorte de « possession » dans l’être humain, xi, 11, comme une « souillure » et une « honte », xiii, 16 (Vulg., xiii, 20 : poUulio peccaii). Ce sentiment est si fort, qu’il nécessite la « conversion », v, 19, la « pénitence i < Vulg. : panitucrunl), comprise de la « prière » pénitentielle non moins que des signes extérieurs du repentir et de l’humiliation, le jeûne, les prosternements, le sac, la cendre. iv, 9-12 ; ix, 1-x, 3. — Le jeûne, la prière sont (avec Y aumône, cf. Tob., ii, 14 ; xii, 8 cod. B ; xiv, 9 cod n ; 11, cod. 15 : Dan., iv, 21 Grec) comme les piliers fondamentaux de la vie judaïque religieuse en dehors du temple, une sorte de nouveau service divin dépouillé de toute pompe extérieure, et qui déborde

de la synagogue sur la vie privée. Le jeûne apparaît dans le livre de Judith comme un renforcement de la prière, iv, 11,.13, comme une préparation nécessaire à la manifestation de la puissance divine, iv, 12. 1 I (Vulg.). Hors les cas de grande détresse, il était réglé