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JUDÉO-CHRÉTIENS. — JUDITH (LIVRE DEj


Die Judenclirisllichen Sitten, Leipzig, 1883 ; Hilgenield, Die Ketzergeschichte des Urchristentums, Leipzig, 1884 ; Judentum undJudenchristentum, l.eipzig, G ; Hara.a.ck, Lehrbueh der Dogmengeschichte, 4° édit., Tubingue, 1909, t. i, p. 310334 ; Die altchristliche Lilteratur, t. ii, Die Chronologie, Leipzig, 1897-1904 ; Mission imd Ausbreitung des Christentums in den ersten drei Jahrhunderten, 2 vol., 2e édit., Leipzig, 1906 ; Belser, Die Selbstvertheidigung des heiligen Paulus im Galaterbriefe I, Il bis II, 21, dans les Biblische Studien, 1. 1, fasc. 3, Fribourg-en-B., 1896 ; Holtzmann, Lehrbuch der neutestamentlichen Théologie, Leipzig, 1897 ; Thomas, L’Église et les judaïsantsà l’âge apostolique, dans Mélanges d’histoire et de littérature rc/ig ! >usc, Paris, 1899 ; A.Schlatter, Die Kirche Jerusalems vom Jahre 70-130, dans les Beitrûge zur Fôrderung ehristlirher Théologie, IIe année, 1898, fasc. 3 ; Schiirer, Geschichte des judischen Volkes imZeitalter J.-C, 4e édit., Leipzig, 1901-1909 ; Knopf, Das nachapostolische Zeitalter. Geschichte der christlichen Getneinden vom Begiiui der Flavien Dynastie bis zum Ende Hadrians, Tubingue, 1 905 ; Duchesne, Les origines chrétiennes(ithogr.), Paris ; Histoire ancienne de l’Église, t. i, 5e édit., Paris, 1911 ; Schmidtke, Neue Fragmente und Untersuchungen ru den judenchristlichen Evangelien, dans les Texte und Untersuch., t. xxxvii, fasc. 1. Leipzig, 1911 ; A. de Boysson, La Loi et la l’oi. Études sur saint Paul et les judaïsants, Paris, 1912 ; G. Bardy, Cérinthe, dans la Revue biblique, 1921, p. 344373 ; J.-M. Lagrange, L’Évangile selon les Hébreux, dans la Revue biblique, 1922, p. 161 sq., 321 sq.

L. Marchal.


JUDITH (Livre DE). —
I. Analyse du livre : son but religieux ; son caractère moral. --
II. Canonicité (col. 1712). —
III. Théologie (col. 1714). —
IV. Histoire du livre (col. 1717).

I. Analyse du livre : son but religieux ; son caractère moral. — (D’après la Vulgate). —

1° Analyse. — Un puissant roi oriental, dont ni la critique historique ni les découvertes modernes n’ont pu jusqu’ici déterminer le nom véritable, l’exacte nationalité, le siècle approximatif, a rêvé de soumettre toute la terre à son empire, et particulièrement l’Occident qui, sous les espèces des peuples de Cilicie, de Syrie, de Palestine et d’Egypte, lui a refusé l’hommage. i-ii, 6. A cet effet il envoie contre les réfractaires son général en chef, Holopherne, à la tête d’une armée formidable, comparable aux essaims pressés d’une nuée de sauterelles, ii, 7-11. Holopherne, réduisant à merci tout ce qui résiste, occupant toute province qui se livre de bon gré, mais saccageant avec férocité, malgré l’accueil, les sanctuaires « afin qu’il ne restât plus d’autre dieu que son roi », arrive aux frontières septentrionales de la Judée, ii, 12-m, 15.

Tout récemment revenus de la captivité (v, 23), les Juifs, saisis de terreur, et redoutant surtout que le temple du Seigneur ne partageât le sort des temples étrangers, mettent rapidement en état de défense les hauteurs et les défilés qui commandent l’accès du pays. iv, 1-7. Le grand prêtre qui les gouverne, Éliacim, parcourant Jérusalem et la contrée, exhorte tous et chacun à la persévérance dans les holocaustes, les jeûnes et les prières, affirmant hautement qu’à cette condition Dieu visitera son peuple et détournera le danger, iv, 8-17.

Irrité déjà que la nation israélite osât penser lui résister. Holopherne, sur ces entrefaites, apprend avec plus de fureur encore du chef ammonite Achior, qui est devenu son auxiliaire, qu’Israël est invincible s’il est fidèle à Dieu, ainsi que le prouve toute son histoire, et que si cette nation n’a péché, Dieu même la défendra pour la ruine et la honte de toute l’armée assaillante. v, 1-25. Par son ordre Achior est exposé, chargé de liens, à la vue des gens de Béthulie, cité juive sous les murs de laquelle on se trouve alors, afin d’apprendre, quand il aura partagé le terrible sort réservé aux enfants d’Israël, que « Xabuchodonosor » seul est dieu, v, 26-vi, 9.

Recueilli par les habitants de Béthulie, Achior

explique sa disgrâce ; c’est pour avoir affirmé que le « Dieu du ciel est le défenseur » des Juifs. Les chefs du peuple, Ozias et Gharmi, avec le conseil des anciens, le rassurent et le consolent : Ici l’on prie et l’on pleure ; mais le Seigneur Dieu accordera la délivrance, et Achior verra la déconfiture de ses persécuteurs. Puis l’on fait fête à Achior et l’on revient à la prière, vi, 10-21. Malheureusement Holopherne fait couper l’aqueduc et garder les sources qui ravitaillent d’eau la ville ; les citernes s’épuisent bientôt, et le peuple se trouve ainsi réduit à la soif la plus ardente et au désespoir. On parle de se rendre à l’assiégeant ; et Ozias impressionné finit par consentir a la reddition si dans les cinq jours le secours de Dieu n’est point venu. vu.

C’est alors que Judith, riche veuve, jeune encore et de la plus grande beauté, mais sainte et vouée depuis son veuvage à l’ascétisme le plus absolu, jouissant, enfin, de la vénération universelle, s’élève avec indignation contre la faiblesse d’Ozias et des anciens : « Qui êtes-vous donc pour ainsi tenter Dieu ? est-ce bien au Seigneur que l’on assigne un jour ? n’est-ce pas plutôt dans l’humilité qu’Israël, désormais fidèle à Dieu, doit attendre la manifestation de son bon vouloir et l’humiliation de l’ennemi ? » viii, 1-29. Du reste, c’est au nom de Dieu qu’elle parle et de par lui qu’elle s’affermit dans un extraordinaire dessein : cette nuit même, elle sortira de la ville accompagnée seulement de sa servante, et avant cinq jours, en effet, Dieu aura secouru Israël, son peuple, viii, 30-34.

Et Judith, rentrée dans son « oratoire », prie le Seigneur d’abattre, comme il l’a toujours fait, l’orgueil de l’ennemi qui s’est promis de violer son sanctuaire, de souiller son temple, de ruiner son autel. Puisse-t-il permettre qu’Holopherne se prenne au piège de la beauté d’une simple femme et trouve sa perte ex labiis charitalis meæ. Puisse-t-il vouloir que la maison divine demeure inviolée, et que les nations apprennent qu’il y a un Dieu, un seul Dieu, le Dieu d’Israël et de toute créature, ix, 1-19. Puis splendidement Judith se pare, recevant du Seigneur lui-même incomparable aspect, charge sa suivante de quelques modestes provisions de bouche, et franchit la porte de la ville devant les anciens stupéfaits de sa beauté rayonnante. Ceux-ci l’accompagnent de leurs vœux pour la gloire de Jérusalem, pour celle de son propre nom inscrit désormais au nombre des saints et des justes, x, 1-10.

La voilà au camp ennemi. Comme un philtre puissant son charme opère. Holopherne l’interroge : « Et pourquoi vous a-t-il plu de venir à nous ? » Juditlr répond : « J’ai fui une nation condamnée. Achior a dit vrai, Israël a péché et il pèche encore : pressés par la soif et la famine, les Juifs boivent le sang des bêtes abattues, mangent les offrandes sacrées faites au Seigneur. Ta servante est sortie t’en avertir… qu’on veuille la laisser aller et venir, prier hors du camp, xii, 5-6, Dieu lui dira l’heure qu’il aura choisie pour châtier son peuple ; elle-même conduira le général jusqu’au milieu de Jérusalem. » x, 11-xi, 21. Littéralement ensorcelés, Holopherne et ses gens la reçoivent et lui laissent toute liberté, xii, 1-9.

Au bout de quatre jours, Holopherne veut traiter ses familiers. Pensant amener Judith à ses amoureux désirs, il la fait inviter au festin. Docilement elle accepte. Le soudard enflammé boit outre mesure ; alourdi par le viii, il s’endort sur le divan. Chacun s’éloigne alors discrètement, xii, 10-xiir, 4. C’est l’ « heure » de Dieu. Deux fois Judith en larmes prie le Seigneur de l’affermir en son dessein conçu dans la foi la plus entière au secours divin ; puis, avisant le cimeterre suspendu à la colonne du lit de repos, elle saisit l’arme, et en deux coups rapides tranche la tête d’Holopherne. Le tronc ensanglanté prestement roulé à bas, la tête enveloppée dans la moustiquaire et mise dans