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    1. JUDÉO-CHRÉTIENS##


JUDÉO-CHRÉTIENS. APRÈS L’AGE APOSTOLIQUE

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Chaldéens et aux Syriens, c’est-à-dire en araméen. Jérôme, Dialog. adv. Pelag., ni, 2, P. L., t. xxiii, -ol. 570. Cet évangile est signalé comme étant utilisé à l’exclusion de tout autre par les nazaréens de Bérée. Épiphane, Hwr.. xxix, il, P. G., t. xii, col. 405 ; Jérôme, De vir. ill., 3, P. I.., t. x.iiu, col. 613 ; In Malth., xii, 13 ; xxiii, 35, P. L., t. xvi, col. 78 et 174 ; In ls., xi, 2 ; xl, 9 sq. ; prætat. in t. XVIII, P. L., t. xxiv, col. 144-145, 405, 628 ; In Ex., xvi, 13 ; xviii, 7, P. L., t. xxv, col. 137, 174 ; Dialog. adi>. Pelag., iii, 2, P. L., t. xxiii, 570 II est certain que cet évangile était adopté par les autres communautés judéochrétiennes de la Palestine et de la Transjordane. Eusèbe laisse entendre qu’il avait une très large ditlusion : « nous avons trouvé dit-il, cet enseignement quelque part dans l’évangile qui est (répandu) parmi les juifs, en langue hébraïque. » Théophanie, iv, 12, Corpus de Berlin, Eusebius Werke, t. ni b, p. 183. Ailleurs, il parle de l’Évangile selon les Hébreux, dont les juifs qui ont reçu le Christ, aiment à se servir. H. E., III, 25, P. G., t. xx, col. 269.

U Évangile des Nazaréens, dont parlent Épiphane et Jérôme, et 1 Évangile selon les Hébreux, dont il est question ailleurs, sont un seul et même évangile. Jérôme ne doute pas qu’il y ait identité entre les deux : In evangelio quod iuxta llebreeos scriplum Xazarœi legiùmt. In ls.. xl, 9 sq., P. L., t. xxiv, col. 405. Cf. E. Amann, Recension de Schmidtke, dans le Bulletin d’are, litl. et d’archéol. chrél., 1912, p. 51. Jérôme a bien connu cet évangile. Il se trouvait, à la fin du IVe siècle, à la bibliothèque de Césarée ; les nazaréens de Bérée en avaient un exemplaire. Le solitaire de Bethléem put transcrire ce dernier, et en faire, pour son usage personnel, une traduction en grec et en latin. De vir. ill.. 2, 3, 16, P. L., t. xxiii, col. 611, 613, 633 ; In Malth., xii, 13, t. xxvi, col. 78 ; Dialog. adv. Pelag., ni, 2, t. xxiv, col. 570. C’est la traduction grecque de Jérôme, qui a été utilisée pour les variantes insérées en marge de quelques manuscrits grecs, sous la rubrique tô’IouSatxév. I.agrange, op. cit., p. 349.

Cet évangile a joui d’une certaine autorité dans l’Église, en dehors même des cercles judéo-chrétiens. Suivant le témoignage d’Eusèbe, certains le faisaient rentrer dans la catégorie des ouvrages contestés. II. L’., III, xxv, P. G., t. xx, col. 269. De même il est placé parmi les antilegomena du Nouveau Test ainent, après l’Apocalypse de Jean, celle de Pierre et l’Épître de Barnabe, dans une stichomélrie du IVe siècle, ajoutée aux œuvres de Nicéphore, vers 850. Lagrange, op. cit., p. 1X0. Epiphane le considère comme l’original de Matthieu. liai., xxix, 9, P. G., t. xii. col. 405. La pensée de Jérôme est plus flottante. Il rappelle l’opinion de ceux qui le regardent comme l’original de notre premier évangile canonique : in evangelio quo uluntur Nazarset et Iibionilæ (quod nuper in græeum de sermone hebraieo transtulimus et quod vocatur a plcrisque Mattluvi autlienticum). Comm. in Malth., xii, ’13, P. L., t. xxvi, col. 78. Il reproduit la même opinion dans le Dialog. adv. Pelag., ta, 2, t. xxiii, cit. 570 : In evangelio nixla Hebrœos, quod a chaldaim quidem syroque sermone, sed hebraicis titteris scriptum est, quo uluntiir usqiie hodie Nazareni, secundum Apostotolos, sive ut plerique uulumant juxta Matthseum, quod et in Cwsariensi habetur bibliotheca, nuirai historia, ete. Lui-même le cite comme texte de Matthieu, In hebraieo evangelio secundum Matthseum, Tract, in l’s. r.v.v.v i, renvoi a Matth., VI, 1 1, Anccdota Maxtdsolana, t. m b, p. 262 ; Mattlueua qui et Levi, ex publieuno apostolus, primus in Judwa, propter eos qui ex circumeisione crediderunt, Evangelium Chrùtt hebrseis litteris verbisque composuit… Port » ipsum hebraicum habetur usque hodie in Csesariemi bibliolheea. De vir. M., 3, P. L., t. xxiii, col. 618. Ailleurs,

cependant, il est loin d’être aussi allirmalif. Dans un texte du pseudo-Origène latin, texte vraisemblablement trouvé par le traducteur latin d’Origène dans les œuvres de Jérôme. Lagrange, op. cit., ; >. 335, on lit en effet : in evangelio quodam, quod dicitur secundum Hebricos. si tamen plucet alieui suscipere illud, non ad auctoritalem, sed ad mani/cstalionem proposilse quæslionis. P. G., t. xiii, col. 1293-129 1.

C’est à tort que cet évangile a été considéré par plusieurs Pères comme l’original de notre Matthieu canonique. L’opinion de Schmidtke, qui voit dans l’Évangile des Nazaréens une sorte de targum araméen du Matthieu grec, et dans YÉvangile selon les Hébreux, un écrit, grec d’origine, et en usage chez les ébionites, n’est pas’plus fondée L’Évangile des Nazaréens, identique à [’Évangile selon les Hébreux, est un remaniement du texte original de Matthieu ? Son texte n’est pas mutilé, comme le sera celui des ébionites r/ouenv Se -ô v.y.-.à MaTOaïov sùaYY^iov 7TX-/)péaTaxov’Ëêpaïcm, Épiphane, Hier, xxix, 9, P. G., t. xii, col. 105 ; mais ils l’enrichissent d’éléments anciens ou peut-être traditionnels. Jérôme, De vir. ill. 2, P. L., t. xxiii, col. 613 : In Matth., vi, 11 : xii, 13. t. xxvi, col. 43, 78. On peut même se demander si certains de ces textes ne représentent pas des paroles authentiques de Jésus, comme celle-ci : « Ne soyez jamais joyeux, si ce n’est quand vous voyez votre frère en charité. » Jérôme, In Eph., v, 4, P. L., t. xxvi, col. 520 ; ou cette autre : « Si vous étiez dans mon sein, et que vous ne fassiez pas la volonté de mon Père qui est au ciel, je vous arracherais de mon sein. » Var. de Matth., vii, 5, cod. S 30, dans Schmidtke, op. cit., p. 39. L’influence des autres évangiles, Marc et Luc en particulier, sur l’Évangile selon les Hébreux, est insignifiante et négligeable. Les judéo-chrétiens s’en sont tenus à ce texte de Matthieu, arrangé suivant leurs préoccupations. Cela explique sans doute la perte de l’original sémitique de Matthieu : les judéo-chrétiens avaient leur évangile selon les Hébreux, les chrétiens de la gentilité leur traduction grecque du premier évangile ; on ne s’occupa plus du texte original.

Ce remaniement judéo-chrétien de l’évangile selon saint Matthieu dut prendre naissance vers l’an 100, puisque saint Ignace le connaît et l’utilise. Jérôme, De vir. ill, 16, P.L., t.xxiir, col.633. C’est donc entre la publication de l’évangile sémitique de saint Matthieu et celle dernière date, qu’il faut en placer la rédaction.

Il ne reste que de rares citations de cet évangile. Cependant les quelques passages que l’on en trouve dans l’ancienne littérature chrétienne, avec les variantes tirées du Judaïque, tô’Iouo"<xïx6v, permettent de dégager quelques-unes des particularités doctrinales des communautés judéo-chrétiennes. Il n’y a rien d’ailleurs que d’orthodoxe dans les passages qui nous ont été conservés.

3. Doctrine sur le Christ. - L’ensemble des croyances nazaréennes est conforme à l’enseignement de la grande Église. Saint Justin parle de chrétiens, issus du judaïsme, qui acceptent tout l’Évangile, mais qui restent attachés à fa Loi de Moïse. Il croit qu’ils pourront se sauver, et qu’on doit les regarder comme des frères avec qui on est en communion, pourvu qu’ils ne prétendent pas imposer aux chrétiens de la gentililé ces mêmes observances. Dialog., 47, P. G., t. vi, col. 576 sq. Un peu plus tard. Hégéslppe, qui était judéo chrétien, constatait, dans son empiète parmi les Églises, que leur doctrine était conforme à la sienne, que toutes étaient lidèles à renseignement de la Loi, des Prophètes et du Seigneur. Kusèhc, II. E., IX, xxii, P. G., I. xx, col. 370 <|.

Saint Jérôme déclare à saint Augustin qu’Us croient « au Christ, lils de Dieu, né de la vierge Marie, qui a souffert sous l’once l’ilale. est ressuscité, en qui nous