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judaïsme, rapports avec le milieu païen


b eux que les prosélytes proprement dits. On les rencontre constamment dans les Actes des Apôtres : c’est principalement par eux que la Diaspora juive a préparé les voies au christianisme.

2 Influence du milieu païen. Si, par suite de la Diaspora le judaïsme a exercé sur les milieux avec lesquels i ! prenait contact une influence bien plus grande que l’ancien Israël : il était, en revanche, davantage expose à l’infiltration d’idées et de mœurs étran : ude de ce qu’il a pu recevoir du d(

es ! d’une suprême importance. En effet, comme après l’exil les doctrines et le ; institutions du Jahvisme se sonl beaucoup développées, en partie même transformées d’une façon essentielle, il est indispensable d’examiner ;, i l’influence d’autres religions i n ei i la causi ou si le progrès constaté est uniquement dû aux forces vitales de la loi mosaïque et prophétique. De la solution qu’on donne à ce problème dépend la valeur de ces éléments nouveaux, dont les plus importants ont i.assé (u judaïsme au christianisme.

Quelques religions doivent toul d’abord être certainement exclues. Bien que les Juifs aient été transportés en Babylonie et qu’ils y aient fait un long séjour, leur religion n’en a pas reçu d’empreinte. Ce fait est reconnu si l’on lait exception de quelques panbabylonistes, par tous les historiens des religions. I.a tradition rabbinique ne relève qu’un seul élément dogmatique, bien insignifiant d’ailleurs, qui dériverait des conceptions babyloniennes, savoir les noms des anges. Ces noms auraient été rapportés par eux (c’est-à-dire les rapatriés i de l’exil. Talmud Pal., Rosch fta-Schana, r, 2. On doit sans doute y ajouter la notion des sept cieux qui se rencontre dans la littérature apocryphe el rabbinique, Test, des Douze Patriarches, J.ri’i. n sq. ; Ascens. 7s., vu-xi, H en. slave, xxii sq., Talmud Babyl., Chagiga, 12 b ; voir Weber, op. cit., p. 162 sq., Erich Bischotï, Babylonischvstrales im Wellbild tirs Talmud und Midrasch, Leipzig, 1907, [>. 104. Elle rellète très probablement la conception babylonienne de sept espaces, tubukâti, qui se trouveraient dans l’univers l’un au-dessus de l’autre. D’une source chaldéenne proviennent aussi beaucoup de conceptions astrologiques du judaïsme tardif. Toutes les autres ressemblances accessoires qui se constatent entre les idées juives et babyloniennes, p. ex. au sujet des sept archanges et des sept dieux planétaires, sont des parallèles qui ne supposent pas de dépendance. Voir E. Konig, op. cit.. p. 499-504, qui réfute les systèmes opposés de H. Winckler et de II. Zimmern, Die Keilinschriften und dus Alte Testament,

i" édit., Leipzig, 1903, passim.

La religion égyptienne entre moins encore en ligne de compte. Aucun culte idolâtre n’a été autant méprisé par les Juifs. Sap., xui-xiv. Ils n’eurent pas davantage d’attrait pour le syncrétisme qui résultait de l’union de l’hellénisme et de plusieurs éléments égyptiens. L’influence de ces doctrines sur la religion juive est loin d’être aussi forte que Reitzenstein, Poimandres, Leipzig, 1904, s’efforce de le prouver : voir la réplique de Boussel dans Gôttinger Gelehrten Anzeiger, 1905, p. 705 sq., 709 sq. C’est dans le livre slave d’Hérioch qu’elle est le pins marquée. Voir Bousset, tbid., [>. 71’i sq. Philon, dans ses spéculations i héosophiques et mystiques, pourrait aussi parfois dépendre, mais de loin, d’éléments égyptiens. Houssct. Die Religion des Judentums, p. 553.

Il ne reste donc que le parsisme et l’hellénisme qui méritent d’èi re retenus.

1. Le parsisme. Par suite des victoires de Cyrus. le gouvernement brutal des Babyloniens céda son pouvoir sur l’Asie antérieure au gouvernement plus humain des Perses. C’est grâce à la bienveillance des nouveaux maîtres que le retour d’Israël en Palestine

put avoir lieu. Pendant deux siècles, les rapatriés comme les membres de la Diaspora babylonienne appartinrent au royaume perse et y vécurent paisiblement. I a sympathie ainsi que la force des choses ont doue exposé les Juifs à subir l’influence de la culture Dans le domaine religieux, cette influence était d’autan ! plus facile que le mazdéisme était la religion la plus pure et la plus élevée de l’Orient païen. Par son 1ère monothéiste très prononcé, par sa haute morale et ses croyances sur les fins dernières, il devait -n imposer même aux adorateurs de Jahvé. Or les éléments les plus nouveaux de la foi judaïque, savoir l’angélologie et l’eschatologie transcendante, apparaissent justement à partir de l’époque perse et ils présentent sans conteste de grandes ressemblances avec les doctrines analogues du parsisme. La question se pose donc de savoir, si et dans quelle mesure le judaïsme a évolué sous l’influence du mazdéisme.

Les réponses sont absolument contradictoires. Les uns non seulement nient toute dépendance des croyances juives par rapport à celles des Perses, mais prétendent que la relation entre ces deux groupes est proprement inverse : les autres mettent le judaïsme complètement à la remorque du parsisme. D’autres enfin supposent des infiltrations perses uniquement pour des conceptions accessoires.

Le premier groupe admet que du temps des Achéménides (554-331 av. J.-C. i. la religion perse n’avait pas encore la forme sous laquelle elle apparaît dans l’Avesta. Ce livre daterait en toutes ses parties, même pour les Gdtha, regardés d’ordinaire comme très anciens, des premiers siècles de notre ère et serait influencé par les spéculations de Philon..1. Darmesteter. Le Zend-Avesta. Paris. 1892-1893, t. i-m, préfaces ; F. Cumont, Textes et monuments relatifs aux mystères de Mithra, Paris-Bruxelles, 1896 t.i.p. 3sq. : Aiken, The Avesta and the Bible, Washington, 1X97. p. 2rS7 sq. ; Lagrange, La religion des Perses, dans Revue biblique, 1904, p. 204 sq. Cependant, bien que l’Avesta soit un recueil assez récent, dû aux Arsacides (depuis 250 av. J.-C.) et surtout aux Sassanides (a partir de 226 après J.-C), le caractère archaïque des Gdtha et la vénération avec laquelle ils sont mentionnés dans le reste de VA vesla, semblent plutôt donner raison à d’autres spécialistes, tels que K. Geldner, dans P. Hinneberg. Die Kulturder Gegenwart. Leipzig, 1900, t. i, 7, p. 214-232 ; Die altpersische Lileratur. p. 230, et H. Oldenberg, ibid., 2e édit., 1923, t. i, 3. p. 90-99 ; Die iranische Religion, p. 91-92, qui font remonter les Gâlha au delà de l’époque des Achéménides. Il en résulte que du temps de Cyrus. la religion mazdéenne, fondée par Loroastre (antér. à 600 avant J.-C.), avait déjà la plupart de ses traits essentiels. Toutefois deux doctrines eschatologiques, celle de la résurrection et de Vapncatastasis, ont été peut-être ajoutées plus tard ; car elles ne se trouvent pas encore exprimées dans les Gdtha, comme le montrent Sôrierblom. La vie future d’après le Mazdéisme à la lumière des croyances parallèles. Angers, 1898, p. 243, el J. Schellelovvitz, Die altpersische Religion und das Jiidentum, Giessen, 1920, p. 194 sq. D’autre part l’idée de la résurrection qui seule entre en ligne de compte car le judaïsme n’a jamais avant le Talmud enseigné Vapocatastasis — se constate dans le parsisme dès le ive siècle avanl notre ère, comme en témoigne Théopompe, écrivain grec, né en 378, cité par Plularque. De Iside et Osiridc. ni.vii. Les Juifs auraient donc pu emprunter cette conception aux Perses, étant donné surtout que déjà sous les Achéménides le mazdéisme élail devenu, même eu Babylonie, le culte prédominant. Lorsque Alexandre le Grand entra en triomphe à Babylone, ce n’étaient pas les prêtres babyloniens, mais les prêtres perses, qui